Lorsque les mêmes hommes sont chargés de l’enseignement et donnent l’attestation d’habileté à posséder des charges et à remplir les places de la magistrature, maîtres d’accorder le signe de la science, les lettres, les diplômes et autres pancartes, ils négligent d’instruire de la chose ; les étudiants, leurs protecteurs ou leurs parents amollissent leur sévérité ou les corrompent par les sollicitations, par l’intérêt ou par la crainte.
» Il repassa ainsi toute la suite de son développement intellectuel, et je ne sais pas de problème psychique sur lequel on possède de meilleurs renseignements que sur cette vie intérieure de l’auteur des Souvenirs d’enfance et de jeunesse.
Enfin, de même que chaque assujetti à l’impôt sur le revenu est obligé maintenant de déclarer, sous la foi du serment, les biens qu’il possède à l’étranger, le légataire d’un écrivain serait tenu de faire connaître, avec leur description détaillée, tous les manuscrits qu’il a trouvés dans la succession. […] Ainsi l’intellectuel lègue à la société les biens les plus précieux qu’il possède et qu’elle dilapide en barbare. […] Cela n’est souhaité ni demandé ni par ceux qui écrivent ces lettres, ni par ceux qui les reçoivent, ni par ceux qui les possèdent. […] De deux choses l’une, en effet : ou nous sommes trop vieux pour rien refaire de nouveau, et alors à quoi bon conserver ces témoignages d’une puissance que nous ne possédons plus ? […] (Une lettre est une chose vivante : on ne peut pas posséder et ne pas posséder en même temps le sens qui se dégage de sa lecture).
Ce fut (sans citer que très peu les Pères) la substance et comme le tissu de tout ce qu’ils ont de plus beau, plus fort et plus décisif, fondé sur l’Écriture, qu’il possède admirablement.
Andrieux, qui n’eut jamais rien de commun avec l’Allemagne que d’être né dans la capitale alsacienne, et qui faisait fi de tout ce qui était germanique, avait moins de répugnance pour la littérature anglaise, et il la posséda, comme avait fait Suard, par le côté d’Addison, de Pope, de Goldsmith, et des moralistes ou poëtes du siècle de la reine Anne.
Arnault à l’éloge du défunt, il est résulté que M. l’abbé de Montesquiou avait de l’éloquence, qu’il possédait une finesse d’esprit et un piquant de conversation qui auraient pu, dans l’application à la littérature, se réaliser en œuvres délicates, ingénieuses, surtout en œuvres d’un excellent goût, et certainement contraires à la barbarie du jargon moderne.
« L’œuvre, dit à son propos Maurice Hennequin, l’œuvre conçue comme l’intégration de notes prises au cours de la vie ou dans les livres, n’ayant, en somme, de l’auteur que le choix entre ces faits et la recherche de certaines formes verbales, possède l’impassible froideur d’une constatation.
Les mots heurtent le front comme l’eau le récif : Ils fourmillent, ouvrant dans votre esprit pensif Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes ; Comme en un âtre noir errent des étincelles, Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux, Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous : Les mots sont les passants mystérieux de l’âme… Et de même que l’homme est l’animal où vit L’âme, clarté d’en haut par le corps possédée, C’est que Dieu fait du mot la bête de l’idée.
César, dans ses Commentaires, Voltaire, dans sa prose, La Fontaine, dans ses Fables, nous offrent de merveilleux exemples de ce mérite, qu’ils ont possédé tous les trois dans un degré éminent.
Alfred de Musset … Cette autre poésie et cet autre charme des Vêpres siciliennes et de l’École des vieillards, cette fermeté, cette pureté de style que Casimir Delavigne possédait si bien ; cette faculté précieuse qui a fait dire à Buffon : « Le génie, c’est la patience !
Paul Fort, qui possède à un haut degré le sentiment de la légende et de la chanson populaire.
Nous ne comprenons plus, sans études préalables, le vieux français ; la tradition a été rompue le jour où les deux littératures, française et latine, se trouvèrent réunies aux mains des lettrés ; les hommes qui savent deux langues empruntent nécessairement, quand ils écrivent la plus pauvre, les termes qui lui manquent et que l’autre possède en abondance.
A cause de la notion pure qu’ils possèdent de Dieu.
Ce petit Breton possède un grand fond de sagesse, qui lui vient d’une hérédité gasconne. […] Zola a été entraîné par son grand amour de la science à se figurer qu’il la possédait. […] Il est impossible, ou du moins inutile, de les posséder sans en user. […] Pour les comprendre, il faut d’abord les posséder. […] Sans doute, chacun de ceux qui le compose ne les possède pas tous, mais chacun en possède au moins quelques-uns.
Car ce que la préhistoire nous montrera, c’est la densité de la vie dans cette région, l’activité robuste de ses habitants, c’est-à-dire des choses que la Belgique possède toujours. […] Albert Giraud possède les qualités d’un admirable joaillier, il reste trop insensible aux misères et aux gloires de la vie. […] Pour tenir en échec la destinée, nous possédons la sagesse. […] Maurice Wilmotte a beaucoup voyagé, il parle cinq ou six langues et possède les principales littératures européennes. […] Paris, Piaget, 1888. — Ceux de la glèbe (contes), Paris, Savine, 1889. — Le Possédé.
Cette violence force le capitalisme à se préoccuper uniquement de son rôle matériel, et tend à lui rendre les qualités belliqueuses qu’il possédait autrefois. […] Elle possédait cette vertu de créer des groupes où s’inséraient les nouveaux venus, comme les feuilles des arbres s’insèrent sur leurs branches. […] Ce qu’il y a de particulier, c’est que ce mysticisme n’isole pas celui qui en est possédé. […] Sa maison de la rue Jean-Jacques-Rousseau, à Montpellier, ne ressemblait pas non plus au fastueux hôtel, rempli de tableaux de maîtres, que Dieulafoy possédait avenue Montaigne. […] Le panneau de Chantilly mesure 17 centimètres au carré ; or, la National Gallery de Londres possède un autre panneau de Raphaël ayant les mêmes dimensions et provenant, comme celui de Chantilly, de la famille Borghèse.
La figure de ce monde fait partie d’une famille de figures dont nous possédons sans le savoir tous les éléments de groupe infini. […] Mais réellement on appelle philosophe celui qui possède et qui utilise la technique philosophique, et poète celui qui possède et qui utilise la technique poétique. […] Une œuvre demande l’amour, la méditation, l’obéissance à ta plus belle pensée, l’invention de biens pour ton âme, et bien d’autres choses qu’elle tire merveilleusement de toi-même, qui ne soupçonnais pas de les posséder. […] Comme l’architecte est le maître des matériaux, la danseuse la maîtresse des mouvements de son corps, le poète possède les mots de la langue, avec leurs valeurs, leur sonorité, leur timbre, leur qualité. […] Quoiqu’il en soit des découvertes futures et du renouvellement qui pourra jaillir, à tel moment, en lui, n’oublions pas qu’un poète peut fort bien se contenter d’un sujet, ou de quelques sujets, indéfiniment variés par des richesses d’expression que Valéry possède mieux que personne.
Ces faits que j’expose ici, beaucoup trop brièvement, montrent cependant combien il existe de degrés divers dans la structure des yeux de nos crustacés vivants ; et si l’on se rappelle combien le nombre des espèces vivantes est peu de chose par rapport au nombre des espèces éteintes, je ne puis trouver de difficulté réelle, je ne puis trouver surtout une difficulté plus grande qu’à l’égard de tout autre organe, à croire que la sélection naturelle a pu transformer un simple appareil, formé d’un nerf optique revêtu de pigment et recouvert d’une membrane transparente, en un instrument optique aussi parfait que puisse le posséder un représentant quelconque de la grande famille des articulés. […] Les animaux domestiques que possèdent les sauvages de divers pays ont souvent à lutter pour leurs propres moyens de subsistance, et subissent ainsi jusqu’à un certain point l’action sélective de la nature ; de sorte que des individus doués de constitution un peu différente doivent mieux réussir les uns que les autres sous des climats différents. […] Ce fut vers le milieu de la période secondaire que la classe des mammifères elle-même, déjà formée, commençait à diviser entre les espèces alors dominantes de son rameau inférieur, les Marsupiaux, le royaume jusque-là possédé exclusivement par ses aïeux ou ses parents plus ou moins éloignés, les oiseaux et les reptiles. […] Sans que la plupart des poissons aient primitivement possédé des organes électriques, il suffirait que toutes les souches mères des genres de poissons chez lesquels on les observe aujourd’hui en eussent été pourvues, et que cette particularité ne se fût conservée que dans une seule lignée de leurs descendants, en se perdant chez toutes les autres. […] Il paraîtrait aussi probable que l’espèce grimpante le soit devenue en acquérant par sélection les crampons qu’elle possède ; et que les autres espèces qui sont aujourd’hui pourvues de crampons sans être grimpantes soient les descendants modifiés d’espèces qui, dans des circonstances favorables, ont peu à peu cessé de grimper, tout en gardant, en vertu de l’hérédité des caractères, les crampons d’un ancêtre grimpant qui en était pourvu.
Si vous vous donnez le système d’images qui n’a pas de centre, et où chaque élément possède sa grandeur et sa valeur absolues, je ne vois pas pourquoi ce système s’en adjoint un second, où chaque image prend une valeur indéterminée, soumise à toutes les vicissitudes d’une image centrale. […] Surtout, comment imaginer un rapport entre la chose et l’image, entre la matière et la pensée, puisque chacun de ces deux termes ne possède, par définition, que ce qui manque à l’autre ? […] Mais cela ne revient-il pas à dire que l’affection possède, dès le début, une certaine détermination extensive ? […] Et elle y est amenée justement par l’expérience de la double faculté que ce corps possède d’accomplir des actions et d’éprouver des affections, en un mot par l’expérience du pouvoir sensori-moteur d’une certaine image, privilégiée entre toutes les images. […] Pour prendre un exemple bien défini, celui d’ailleurs qui nous intéresse le plus, nous dirons que le système nerveux, masse matérielle présentant certaines qualités de couleur, de résistance, de cohésion, etc., possède peut-être des propriétés physiques inaperçues, mais des propriétés physiques seulement.
Je trouve, dans des papiers et des notes d’un temps un peu postérieur, l’expression et le regret de son bonheur si complet d’alors, auprès d’une mère qu’elle ne devait pas longtemps posséder : « Il me semble la voir encore (écrivait-elle pour son fils) dans cette petite maison que vous vous rappellerez peut-être. […] L’une de ses filles, celle qui nous occupe, développera plutôt le côté sérieux et philosophique, si je puis ainsi l’appeler ; on possède, on retrouve chaque jour chez l’autre (j’allais dire, on applaudit) l’ingénieuse et riante fertilité, le brillant d’imagination238 ; tandis que de cette veine originale primitive, de cette haute source d’excellente raillerie, il restera encore assez pour rejaillir en dons heureux et piquants sur le petit-fils dont elle chérissait et charmait l’enfance. […] On voit une personne qui connaît le cœur, qui possède à fond la réalité des cours, et qui ne dit pas tout.