Une chaîne continuelle de généalogies, de noms de Princes, destinés, par leur peu de mérite, à ne servir qu'à établir les dates de la Chronologie, des portraits de Généraux, de Ministres, tracés d'imagination, sans aucune vraisemblance, l'Esprit de Parti toujours prompt à répandre la louange & le blâme, sans aucun discernement, formoient le tissu principal de leur narration.
Je n’ignore pas que les modèles de Chardin, les natures inanimées qu’il imite ne changent ni de place, ni de couleur, ni de formes ; et qu’à perfection égale, un portrait de La Tour a plus de mérite qu’un morceau de genre de Chardin.
Montaigne, dans une lettre à son père, a raconté en détail les principales circonstances de cette mort à la fois stoïque et chrétienne : surtout il nous a tracé, dans son chapitre sur l’amitié, un admirable portrait de sa liaison avec celui qu’il appelait presque dès le premier jour du nom de frère. […] Ce portrait qui commence ainsi : « Je n’ai connu aucune femme aussi parfaitement raisonnable, et dont la raison eût aussi peu d’âpreté… » ; est à mettre pour l’expression du sentiment et la tendresse du regret à côté de celui de M. d’Aubigny par Saint-Évremond, et tous deux supportent le voisinage de celui de La Boétie par Montaigne. […] Pour corriger ce que le Discours de La Boétie, ainsi reproduit, semblait avoir de provoquant en face de Louis XVI, on y disait par précaution, à la fin de la préface : « Le Discours de La Boétie ne convient que dans ces cas où il y a de grandes injustices. » Puis on faisait un portrait supposé, ou par allusion, d’un chef de la noblesse oppresseur, d’un chef de la justice prévaricateur, d’un Premier ministre despote : Voilà peut-être, concluait-on, contre qui le Discours de La Boétie peut avoir quelque force ; mais contre la monarchie il n’en peut avoir, au moins parmi nous.
Doumie, Portraits d’écrivains ; Larroumet, Nouvelles Études de litt. et d’art. […] Brunetière, le Roman naturaliste ; Doumie, Portraits d’écrivains. […] Autres ouvrages : Essais de psychologie contemporaine, 2 séries, 1883-85 ; Études et portraits, 2 vol., 1888 ; Sensations d’Italie, 1891.
On pourrait se demander si le portrait que M. Lichtenberger nous trace de l’homme complet, de la belle personnalité de la Renaissance n’est pas un portrait purement idéal. On peut croire en tous cas que même dans les conditions les plus favorables, cet idéal d’humanité ne s’est jamais réalisé qu’en un assez petit nombre d’individualités privilégiées. — Quoi qu’il en soit, le portrait de l’homme moderne s’éloigne aussi loin que possible de cet idéal.
Comme la plupart des écrivains d’alors, Choisy excelle à faire des portraits. […] L’avare (Le Tellier) amassa de l’argent ; l’orgueilleux (Colbert) fronça le sourcil ; le voluptueux (Lionne) ne se cacha plus dans les ténèbres. » Suivent les portraits détaillés de Fouquet, de Le Tellier et de Lionne. […] Si Choisy trace si bien les portraits d’hommes, à plus forte raison il excelle à ceux des femmes.
L’abbé de Choisy nous conduit assez naturellement à Mme de La Vallière par le gracieux portrait qu’il a tracé d’elle et que nous avons cité. […] Les portraits gravés, les portraits peints eux-mêmes, ne donneraient pas aujourd’hui une juste idée de ce genre de charme qui lui était propre.
Dimanche 16 janvier Aujourd’hui, au milieu d’une bronchite tournant à la fluxion de poitrine, de Nittis est soudainement entré avec mon immense portrait à l’esquisse un peu spectrale, et aussitôt s’établissant dans mon cabinet, il s’est mis à peindre, comme fond, la neige qui tombait dans mon jardin. Un autre jour ça ne m’aurait pas frappé, mais aujourd’hui ce portrait de l’autre monde avec son jardin de cimetière, m’a parlé comme un vilain présage. […] — Mais il n’y a pas que son nom… il y est tout entier… Sa brutalité, sa crânerie dans les affaires, son tempérament haussier… Il se trouvait que j’avais fait le vrai portrait, et avec son nom encore, d’un boursier mort, il y a dix-huit mois.
En même temps on met en vente les portraits des deux professeurs, comme des deux héros du jour.
[Portraits du prochain siècle (1894).]
[Portraits du prochain siècle (1894).]
L’Histoire du Parlement d’Angleterre & celle du Stathoudérat, ressemblent à ces portraits où la vérité est sacrifiée au coloris, & encore plus à ces étoffes dont la broderie couvre le fond.
le portrait en relief de feu l’impératrice de Russie . du même.
Jules Simon a publié quatre portraits : ceux de Lamartine, du cardinal Lavigerie, d’Ernest Renan et de l’empereur Guillaume II. […] Maurice Talmeyr publie la troisième série de : Sur le banc, impressions et portraits d’audience. […] Puis, dans ce livre, il avait fait le portrait idéal du pape prédestiné qui serait chargé du salut des peuples. […] De même que, sans avoir vu le personnage qui a posé pour un portrait, on peut, d’après la façon dont il est peint, « sentir » ce portrait ressemblant, on peut aussi sentir que la traduction de M. […] Je n’en veux pour preuve que ce portrait qu’il fait de son héros, qui n’est que lui-même.
Dans Paul et Virginie, Marguerite, à force de regarder durant sa grossesse le portrait de l’ermite Paul qu’elle porte à son cou, communique un peu de sa ressemblance à l’enfant qu’elle baptise pour cela du nom de Paul. […] Il fait de vous un portrait extérieur auquel Jenny (M me Coignet) n’a pas voulu vous reconnaître. Des yeux bleus, des cheveux blonds… ma femme assure que c’est tout le portrait d’Ondine (fille aînée de Mme Valmore), et que vous, vous avez de beaux cheveux châtains, avec de grands yeux noirs… Le croirez-vous ? […] J’en avais presque honte ; mais je me suis souvenu à propos de ce que vous m’avez dit un jour, qu’il vous serait difficile de faire le portrait physique de ceux que vous aimez.
Pour un milan, il s’en ira : Ventre affamé n’a pas d’oreilles. »127 Que de portraits dans la classe moyenne ! […] Toutes les aventures d’Ysengrin finissent de même ; et ce portrait demi-sérieux, demi-moqueur, est plus vrai que la sombre et terrible peinture de Buffon : « Il est l’ennemi de toute société, il ne fait pas même compagnie à ceux de son espèce. […] Il fait un joli portrait de la chèvre, vive, capricieuse et vagabonde : « Elle aime à s’écarter dans les solitudes, à grimper sur les lieux escarpés, à se placer et même à dormir sur la pointe des rochers et sur le bord des précipices. […] combien les comparaisons humaines abrègent et animent le portrait !
De ses portraits, quelques-uns sont de véritables chefs-d’œuvre, et Balzac, s’il vivait, les reconnaîtrait comme il les voyait dans sa pensée. […] La courtisane Impéria dans toutes ses effigies, l’évêque de Coire, le cardinal de Raguse, le François Ier de La Mye du Roy, l’hôtelier des Trois Barbeaux, le moine Amador, le sire Julien de Boys-Bourredon, si mélancoliquement beau de regards et surtout de bouche, sont des portraits pensés et qui honorent autant l’intelligence que la main Mais dans cette longue galerie il y a aussi des figures manquées, ou répétées, ce qui est bien pis ; car la puissance trahie n’est pas de l’impuissance, tandis que la stérilité est bien plus qu’un malheur : c’est une misère. […] Et ce qui est arrivé à Doré pour les portraits a eu lieu aussi pour les tableaux. […] C’est ainsi que, dans ce roman sublime, Le Succube, quand il veut exprimer la dévorante séduction de cette Goule des cœurs, qui les suçait avec un simple regard jusque dans le fond de la poitrine, il figure cette puissance du regard par un rayon qui ressemble à un effet de soleil entrant par une porte ouverte et terminé par une griffe énorme… Un tel symbolisme est grossier et parfaitement indigne de l’artiste qui, dans Le Frère d’armes, a trouvé les deux yeux vivants du portrait, luisant si bien dans les ténèbres, et tirant, de leur expression seule, tout ce qu’ils ont de terrible et de merveilleux !
Dans un très bon chapitre du dernier tome, intitulé « Du déclin de la Ligue », l’historien en vient à un double portrait des deux chefs, du roi de Navarre et de Mayenne, et celui-ci, en cédant le pas au vainqueur, n’est pas du tout sacrifié : Le duc de Mayenne avait une probité humaine, une facilité et libéralité qui le rendait très agréable aux siens ; c’était un esprit judicieux et qui se servait de ses expériences, qui mesurait tout à la raison, un courage plus ferme que gaillard, et en tout se pouvait dire capitaine excellent. […] Et continuant le portrait de celui qu’il connaissait si bien pour l’avoir servi de près, d’Aubigné insiste sur ce que Henri IV, dans sa grande promptitude d’esprit, était servi par deux sens dont la nature l’avait merveilleusement doué, l’ouïe et la vue, qu’il avait perspicaces, aiguisées et sûres à un degré inimaginable : d’Aubigné en cite des exemples.
» — On sait son mot à Mme Geoffrin qui, après une soirée passée entre eux deux en tête-à-tête, et où elle avait tiré de lui tout le parti possible, lui faisait compliment : « Je suis un mauvais instrument dont vous avez bien joué. » — Âgé de quatre-vingt-cinq ans et près de sa fin, il répondit à Voltaire qui lui demandait comment il considérait ce passage de la vie à la mort : « Comme un voyage à la campagne. » — Avec une suite de ces mots-là on ferait de lui un portrait agréable et un peu menteur. […] Il a surtout rassemblé les principaux points de sa doctrine dans le portrait d’Agaton, archevêque très vertueux, très sage et très heureux ; c’est son vicaire savoyard à lui, et, s’il a échappé aux tracasseries du Parlement et de la Sorbonne, c’est qu’on ne le lisait pas et que, de son vivant, personne ne le prenait au sérieux.
Voir aussi au tome III, page 239, des Portraits contemporains et divers. […] J’avais déjà parlé de Rancé à propos de sa Vie par M. de Chateaubriand (Voir au tome Ier, page 36, des Portraits contemporains) ; depuis j’ai reparlé de Rancé tout à fait à fond, au tome III de Port-Royal, pages 532 et suiv.