/ 1910
264. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Tous les mots du personnage sont choisis et pesés pour être odieux ou ridicules. […] Sommés de réfléchir sur nos fautes, nous connaissons moins bien le personnage. […] Le personnage, moins complet, est moins vivant ; l’intérêt, moins concentré, est moins vif. […] Cette prévision ôte au personnage une partie de sa vérité, et au lecteur une partie de son illusion. […] Comparons-le à un personnage semblable de Balzac dans les Parents pauvres, Valérie Marneffe.

265. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dujardin, Édouard (1861-1949) »

Ses personnages n’existent qu’à l’état d’entités sentimentales ou symboliques ; ils s’appellent l’Amant, l’Amante, la Courtisane, la Mendiante ; ils ont si peu de réalité extérieure, qu’on ne sait à quelle époque les situer et quels costumes leur donner. […] Les personnages de M. 

266. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Un personnage n’est violent, jaloux, humain, que par ses actions violentes, jalouses, humaines. […] Aussi La Fontaine voit toutes les pensées de ses personnages, les plus légers changements de leurs physionomies, leur vie, leur généalogie, leur patrie. […] Ses personnages, retenus un instant derrière le théâtre, accourent tout de suite sur la scène. […] Pour que la chute soit plus grande, il faut que le personnage bâtisse d’avance tout l’avenir, et s’installe à son aise dans son château en Espagne. […] Pour cela, il faut que le personnage tyrannique soit vingt fois réfuté, et n’en soit pas moins tyrannique.

267. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Après lui, après les deux disciples qu’on ne sépare guère de lui, on n’a que de rares idylles : Méléagre en a fait une sur le Printemps, et qui, dans sa brièveté, mérite d’être comptée à sa date pour le très-vif sentiment de la nature, qui s’y peint en chaque vers ; mais ce n’est qu’un cadre, il y manque les personnages. […] L’ancienne mythologie bucolique, avec tout son charme et son autorité un peu surannée, nous est représentée dans le personnage du bonhomme Philétas, espèce de ménétrier de village, de rhapsode joueur de flûte, tout rempli de vieilles histoires et de légendes populaires qu’il récite à ravir et qu’il fait accroire. […] Le paysage est tout à fait dans le style du Poussin, et quelques traits ont suffi pour dessiner dans la perfection le fond sur lequel se détachent les personnages. » Ils en reparlèrent encore les jours suivants ; mais ce fut dans la conversation du 20 mars 1831, pendant le dîner, que les idées échangées entre Gœthe et son disciple épuisèrent le sujet ; on y trouve le jugement en quelque sorte définitif sur cette production charmante,    Goethe venait de relire l’ouvrage dans le texte de Courrier-Amyot, et il en était plein ; son imagination tout hellénique s’en était sentie consolée et rajeunie : « Le poème est si beau, disait-il, que l’on ne peut garder, dans le temps misérable où nous vivons, l’impression intérieure qu’il nous donne, et chaque fois qu’on le relit, on éprouve toujours une surprise nouvelle. […] il est dessiné en quelques traits, avec tant de précision que nous voyons derrière les personnages, dans les parties hautes, les collines chargées de vignes, les prairies, les potagers, et plus bas les pâturages, la rivière, les petits bois, et dans le lointain la vaste mer. […] Le vice apparaît comme un accompagnement des citadins et à leur suite, et encore n’apparaît-il pas dans un personnage principal, mais bien dans une figure accessoire.

268. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

La différence sera plus sensible encore si vous opposez les personnages décrits par M. Cousin aux personnages du même temps, peints par M.  […] Tout ce qui se rapporte à un homme de génie n’est pas la propriété d’un seul homme, mais le patrimoine de l’humanité… Retenir, altérer, détruire la correspondance d’un tel personnage, c’est dérober le public, et, à quelque parti qu’on appartienne, c’est soulever contre soi les honnêtes gens de tous les partis. […] Le cardinal de Retz, dom Robert des Gabets, Roberval, M. de La Clausure, l’abbé Gautier, tous les personnages d’une académie cartésienne, une foule de pièces de Leibnitz, Malebranche et Descartes, des lettres de Spinoza, quantité de morceaux sur Mme de Longueville, Mme de Sablé, Pascal, sa famille : il a fourni des mémoires et des documents sur tous les personnages illustres de ce temps.

269. (1886) Le naturalisme

Personnages, sujets et écrivains changent. […] Tout est vulgaire dans Madame Bovary, le sujet, le lieu de la scène, les personnages. […] On lui fera même un procès comme à Zola, pour le nom d’un personnage. […] que dans la galerie de ses personnages il n’y en a aucun qui ne souffre de l’âme ou du corps, ou des deux à la fois. […] Par malheur, on ne peut nier non plus que personne ne parle plus ainsi, comme un personnage de Cervantès.

270. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

La tête de Brutus est fidèlement copiée d’après le buste antique de ce personnage, conservé au Capitole. […] Le personnage est couché sur un lit. […] Là étaient les deux esquisses préparatoires ; celle où les personnages sont vêtus et l’autre où ils sont nus. […] Le peintre combina cette idée avec le passage des Alpes par Bonaparte, et arrêta la composition du portrait équestre de ce célèbre personnage. […] Ce sont des personnages de cristal qu’il nous a faits là… Quel dommage !

271. (1927) Approximations. Deuxième série

Il est aussi frappé par la part d’improvisation lorsque se rencontrent les personnages possédant par ailleurs une véritable profondeur psychologique. […] L’auteur transmet à son personnage sa sensibilité intellectuelle dans la conscience de la brièveté de la vie. […] Ce livre, marqué par l’exigence de sincérité, présente des personnages ayant pour souci premier la possession de soi, raison pour laquelle ils reculent l’échéance de l’amour. […] En lisant Le Rouge et le Noir, j’ai eu fréquemment la vision de me trouver devant une glace de devanture derrière laquelle, de temps à autre, un personnage apparaissait, les lèvres appuyées contre la vitre et une buée montant tout à l’entour, puis le personnage disparaissait, un temps s’écoulait et un autre personnage apparaissait dans la même attitude, et l’on sentait obscurément que tout le pathétique venait de ce que ces deux personnages passaient exactement au même point mais que jamais ils ne pourraient y passer ensemble. […] Lui-même ne rencontre pas en son récit un seul personnage qui y joue un rôle important qu’il n’en prenne la mesure : pour faire son portrait il choisit le moment où l’astre du personnage prévaut, grâce à quoi le portrait s’incorpore au récit sans que ce dernier en soit suspendu.

272. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Ce personnage est le principal mobile de l’action ; & sans agir pour lui-même, sans affoiblir l’intérêt qui roule sur les Amans, ni emprunter aucun secours étranger, il parvient à faire sortir le dénouement du fond du sujet ; ce qui est très-rare dans un Valet intrigant, & peut-être même sans exemple chez nos meilleurs Comiques anciens & modernes. […] D’ailleurs, il est amené par un personnage qui n’a eu aucune part à l’action.

273. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Ses personnages idéaux. —  Ses paysages vivants. —  Tendance générale de la littérature nouvelle. —  Introduction graduelle des idées continentales. […] Mais la grande vérité, qui consiste à entrer dans les sentiments des personnages, leur échappe : ces sentiments sont trop étranges et immoraux. […] D’ailleurs il n’a ni le talent ni le loisir de pénétrer jusqu’au fond des personnages. […] Prenons pour personnage un enfant idiot, une vieille paysanne qui grelotte, un colporteur, une servante arrêtée dans la rue. […] Il cause donc avec le colporteur, personnage méditatif, qui s’est instruit par une longue expérience des hommes et des choses, qui parle fort bien (trop bien !)

274. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

quelle sorte de réduction et d’appropriation toute française (en y laissant une couleur très-suffisamment espagnole) lui a-t-il fait subir, quel compromis a-t-il su trouver quant au lieu, au temps, quant au nombre et aux sentiments des personnages, à leur ton et à leur façon de parler ou d’agir ? […] Faute de place et d’espace, l’infante, dans la pièce française, n’est pas un personnage vivant, et s’il est permis de dire, en chair et en os ; ce n’est qu’un double ou triple sentiment dialogué : le sentiment de l’amour pur en opposition avec celui du devoir ou de la dignité. […] Le Cid, pour les Espagnols, était, depuis des siècles, un personnage épique : aussi le poète dramatique, Guillem de Castro, se sent à l’aise avec lui et y taille en pleine étoffe. […] Corneille n’a pas et n’aura jamais ce sentiment du ridicule qui s’attache à certains de ses personnages nobles. […] Même quand le Cid est joué médiocrement, ce personnage de don Diègue a toute chance de se tenir debout et de ravir les auditeurs.

275. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Dans le Combat des Montagnes (1817), où se trouve ce personnage de Calicot, qui fit émeute, je distingue encore le mouvant panorama de Paris en rimes dignes de Panard : Paris est comme autrefois, Et chaque semaine Amène, etc., etc. […] Il a su nouer avec trois ou quatre personnages des comédies qui ne languissent pas un seul instant70. […] Chez tel auteur comique (notez-bien), c’est dans chaque pièce un personnage inconnu, mystérieux, qui revient et qui donne lieu à toute une variété d’incidents ; chez tel autre, c’est une épreuve, un semblant auquel on soumet un personnage ; pour le guérir d’un défaut, par exemple, on feindra de l’avoir71. […] En tout genre, les personnages célèbres morts ne sont-ils pas des marionnettes aux mains des vivants ? […] Décidément ce petit Masham si adoré est un personnage sacrifié : en niaiserie et en bonheur il reproduit l’Edmond de Varennes de la Camaraderie.

276. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Cette idée est en quelque sorte le personnage intéressant et vivant, l’héroïne de l’ouvrage ; suivons-en l’histoire, selon M. de Saint-Priest, en ne touchant que légèrement aux épisodes dont elle se trouve, chemin faisant, enveloppée. […] Ces trois personnages, saint Grégoire, saint Colomban et Brunehaut, se balancent à merveille. […] Le personnage sanglant de Frédégonde n’est qu’un détail, un accident de la barbarie ; Brunehaut tient à l’histoire de l’esprit humain. […] C’est au contraire la première race qu’il faut lire et relire aujourd’hui pour s’intéresser, pour jouir des scènes neuves, de personnages imprévus, et de tout l’esprit, de tout l’art qu’on y emploie. M. de Saint-Priest est parvenu à rendre beaucoup de physionomie et de lustre à ce personnage de Dagobert, pris d’un certain côté.

277. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ce personnage est silencieux, grave et tranquille ; il a une physionomie sauvage, fière et imposante, figure supérieurement ajustée, draperies bien raides et bien lourdes ; grands et longs plis bien droits comme les affectent toutes les étoffes d’or et d’argent. […] C’est une faiblesse de pinceau, un négligé, un manque d’effet qui désespèrent ; c’est dommage, car tout est naturellement ordonné, les personnages, le tartare surtout bien posé, les objets bien distribués ; la femme tartare, en fourrure rouge, a les pieds posés sur un coussin. […] Au centre du tableau une portion de buffet, un personnage qui écoute ; cet homme assurément aime fort la musique. […] Au contraire l’habillement des orientaux, des asiatiques, des grecs, des romains dévelope le talent du peintre habile et augmente celui du peintre médiocre. à la place de cette figure de tartare qui est à la droite dans le tableau de la bonne aventure, et qui est si richement, si noblement vêtue, imaginez un de nos cent-suisses, et vous sentirez tout le plat, tout le ridicule de ce dernier personnage. […] Il n’y a point de tableau de grand maître qu’on ne dégradât en habillant les personnages, en les coëffant à la française, quelque bien peint, quelque bien composé qu’il fût d’ailleurs.

278. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Les trois amants successifs, le commandant Garnier, Mornac et le jeune Boisgontier, sont des personnages d’aujourd’hui, du dernier vrai, saisis dans leur relief et assemblés, contrastés entre eux dans des situations habiles où le pathétique d’un moment cède vite au comique et à l’ironie. M. de Pomenars, le vieil oncle, si fringant, et qui est le malin génie de l’aventure, semble avoir soufflé son esprit au romancier et tenir la plume en ricanant ; ou plutôt personne ne tient la plume ; chaque personnage agit, se comporte, parle comme il doit ; et si l’auteur se montre, ce n’est que pour les aider encore à mieux ressortir, comme un maître de maison plein d’aisance, qui s’efface ou reparaît à propos, et sait la vie. […] La délicate et distinguée figure de Clémence se détache entre le roide et maigre personnage de sa vieille tante, mademoiselle Yolande de Corandeuil, et le frais visage, la gaieté étourdie de la sœur du baron, la charmante pensionnaire Aline.

279. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Bien des personnages passèrent aussi d’une scène à l’autre, non les plus originaux, mais les plus actifs et les plus utiles : les Zanni, Mascarille, Scapin, Sbrigani, Pierrot ; les soubrettes : Marinette, Lisette, Nérine, Dorine, Toinette. […] Et, sauf ce dernier type que le progrès de la décence publique fit supprimer définitivement, tous ces personnages jeunes ou vieux, maîtres ou valets, furent transmis par Molière à ses successeurs et se perpétuèrent sur notre scène classique. […] Ainsi, lorsque les personnages se cherchent à tâtons dans la nuit noire, se prennent les uns pour les autres, et que Lubin, croyant avoir affaire à Claudine, révèle à George Dandin la trahison d’Angélique, nous sommes en plein sur le terrain de la comédie italienne ; ces jeux nocturnes, ces échanges, ces méprises abondent dans les canevas des Gelosi.

280. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

La grandeur d’ame, tous les sentimens élevez d’un beau naturel que le poëte peut prêter à Iphigenie, nous affectionnent bien plus à un personnage de tragédie, que les qualitez extérieures dont un peintre peut orner le personnage d’un tableau, ne nous affectionnent à ce personnage qui ne parle presque pas.

281. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Les grands personnages. —  Les excès et les maladies de l’imagination. —  Lear, Othello, Cléopatre, Coriolan, Macbeth, Hamlet. […] Les personnages de Shakspeare n’en choisissent aucun et se les permettent tous. […] Les personnages de Shakspeare ont le sang bouillant et la main prompte. […] Ses personnages appellent les choses par leurs noms sales, et traînent la pensée sur les images précises de l’amour physique. […] Ces personnages sont tous de la même famille.

282. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Un jeune feuillant, frère André, avait publié un petit écrit « De la Conformité de l’éloquence de M. de Balzac avec celle des plus grands personnages du temps passé et du présent.  » Cet écrit était injuste. […] Quoi de moins ressemblant au portrait du prince que Machiavel a tracé d’après nature, et dont chaque détail est pris à quelque personnage connu, que ce vain idéal, mélange de souvenirs de lecture échauffés par le travail, et de digressions où Balzac tantôt fait sa cour au roi, tantôt défend sa réputation attaquée ? […] Quoique à en croire Balzac, l’idée lui en fût venue de conversations entre de grands personnages, où il avait été mêlé, ces spéculations sur la cour, sur les bons et les mauvais ministres, sur le caractère des gens de la cour, n’étaient pas plus près de la réalité que la chimère de son Prince. […] Mais ce que Balzac appelle Discours, et qu’il adresse à un personnage imaginaire du nom pompeux de Ménandre, par-dessus la tête du général des feuillants et de tout son ordre, Pascal l’appellera Petites lettres, et les adressera, comme autant de flèches mortelles, droit au cœur de la Société de Jésus. […] Celles-là n’étaient ni commandées, ni attendues à la porte de l’auteur par le courrier de quelque grand personnage ; elles étaient écrites à propos, pour un besoin d’esprit ou de cœur, pour causer de loin, pour le simple plaisir de les écrire.

283. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Pour peu qu'on y fasse réflexion, on trouvera que c'est peut-être à cet avantage que la Henriade a dû son succès ; avantage que n'ont pas eu les autres Poëtes, qui ont été obliges de créer leur Personnage principal, & tous les événement de leur Poëme. […] Les Personnages de la Discorde, du Fanatisme, & de la Politique, sont sans doute puisés dans le systême du merveilleux ; mais on sent au premier coup d'œil, qu'ils ont une maniere d'exister & d'agir, dans son Poëme, absolument contraire à toute vraisemblance. […] Dans la Henriade, au contraire, la Discorde & la Fanatisme sont des êtres bizarres, fantastiques ; on ne les voit point, quoique l'Auteur les fasse agir & discourir avec ses autres Personnages*. […] Quel que soit le nom qui lui convienne, le Lutrin lui est, sans contredit, très-supérieur, du côté de l'invention, & l'emporteroit à tous égards, si les Personnages qui y figurent étoient plus nobles, & l'action plus importante. […] Qui ne s'apperçoit en effet que ses Personnages montrent trop de penchant à discourir ; qu'ils raisonnent le plus souvent, lorsqu'ils devroient agir ; que le Poëte se met indiscrétement à leur place, mal-adresse qui nuit toujours à l'illusion & affoiblit l'intérêt ?

/ 1910