La cause rectrice est, par elle-même, — indépendamment de la cause efficiente et régie, qui ne peut être pensée isolée, qui ne peut donc, — nos conceptions logiques venant des sens, — exister telle, expérimentalement. […] La gloire, le pouvoir, la richesse, le succès ne s’acquièrent en dernière analyse qu’en suscitant dans des âmes étrangères, des images, des enchaînements de pensées et de sentiments, qui, remplaçant ou doublant les états d’esprit appartenant en propre à ces êtres subjugués, donnent à leur volonté, à leurs muscles, à leur sensibilité, des impulsions qui sont utiles à leur maître. […] Par ces points, l’art touche à la morale sociale et à la morale individuelle, et si ce qui le constitue, les propriétés générales mêmes de ce qui est esthétique, contribuent à modifier la conduite des individus et des masses, la sorte particulière d’émotions et de pensées que chaque ouvrage tend à faire naître chez ses lecteurs et ses admirateurs peut de même exercer une action bonne ou mauvaise sur le cours de leur caractère. […] Tandis que la première ne donne de l’homme que des actes extérieurs et bruts, la seconde nous fait pénétrer dans toute la complexité de sa pensée et de son émotion. […] Que l’on considère en outre que de plus en plus, à mesure que la civilisation s’affine à mesure que les hommes deviennent plus paisibles et plus vertueux, les actes absorbent une moindre partie de l’énergie, et ont derrière la nature brute de la volonté qu’ils expriment, un arrière-fonds plus ténébreux de pensées et d’émotions qu’ils sont impuissants à signifier.
Avec la même intensité d’évocation, le poète compose, d’une série de pensées intimes et muettes, des tableaux réels, visibles, saisissants comme les spectacles familiers qu’éclaire le soleil. […] Et comme je chevauche, Mes pensées marchent, Et m’emportent, légères À la maison de la bien-aimée. […] Ni la perception, normale chez lui et attentive aux mille spectacles du dehors, ni la pensée qui était de force à comprendre les plus hautes spéculations philosophiques, ni même l’imagination dont nous avons constaté la véracité, n’étaient atteintes. […] La diversité constante de son moi eut en sa pensée et en sa vie le résultat que l’on pouvait prévoir : le scepticisme, l’incurie du vrai dans l’ordre de l’esprit et du véritable dans l’ordre de la pensée. […] Mais quelle distraction contre la pensée obsédante et harcelante de sa fin prochaine !
De ces hommes, le premier, parce qu’il agit de toute la puissance de la pensée, c’est Grégoire VII. […] D’où vint à la pensée du Dante ce drame sublime et fécond ? […] Il eut pour inspiration la pensée commune de ses contemporains. Mais il avait le génie qui révèle à cette pensée populaire sa propre grandeur, qu’elle ne savait pas. […] Le style en est original, comme la pensée.
Là il connut le philosophe allemand Herder, neuve, vaste et forte pensée dont M. […] D’honneur, c’est à ravir les yeux et la pensée. […] (L’aspect de cette chambre lui inspire des pensées délicieuses, mais toujours pures. […] Ici Goethe s’étend dans ses pensées aussi loin que l’espace et s’élève aussi haut que les étoiles. […] » s’écrie avec dégoût Faust indigné de voir profaner par cette ironie Dieu, la nature, la pensée, l’amour.
Habitué à ne voir la pensée que noblement vêtue, peut-être lui arriva-t-il quelquefois de prendre le plaisir que faisait son style pour la mesure de ce que valaient ses idées. […] Pour lui, l’âme subsiste indépendamment de la sensation ; la pensée intérieure se manifeste toujours, même dans l’homme auquel manquent la vue, l’ouïe et le toucher. […] Par un autre trait qui lui est commun avec Descartes, Buffon ne s’en fie qu’à sa propre pensée, à ce qu’il appelle la vue de l’esprit. […] Ce que Descartes veut connaître, c’est sa propre nature ; et nul ne peut lui en apprendre des choses plus certaines que sa pensée. […] Sa description n’est que le récit même de ses pensées ; elle n’est pas un hors-d’œuvre ; elle . est l’action au moment même où le goût du lecteur la voulait sous cette forme.
Ses ouvrages font toujours mon admiration par la pensée profonde et toujours élevée qu’il y a. […] Ce serait faire tort à la pensée et au vrai style de Léopold Robert que d’en citer certaines phrases textuelles : ce qu’il faut y voir plutôt, c’est le point où il commence à se distinguer et où il tend à sortir du ton et des habitudes d’alentour : Je ne vois plus ces messieurs aussi souvent, écrivait-il le 25 septembre 1823 ; je vais rarement à l’Académie, mais tous les jours nous nous voyons avec Schnetz et Beauvoir ou chez lui ou chez moi. […] Il veut introduire dans ses tableaux de la pensée et de ce qui donne à réfléchir ; il n’est pas pour la peinture qui parle moins au cœur qu’aux yeux. […] S’il y a un peu de vague dans la fin de la phrase, comme la première partie de la pensée est bien dite et bien rendue ! […] Ce n’est point sur sa fin et sur ce douloureux mystère de sa mort (insondable secret et qui nous échappe) que j’ai dessein aucunement de m’arrêter, c’est bien sur ses pensées et ses maximes de conduite et d’art, quand il était un artiste plein de courage, d’application, de mélancolie déjà et de souffrance sans doute, mais aussi de lutte et de résistance au mal, ayant de l’avenir et, en soi, un croissant désir du mieux, — avant le vertige et avant l’abîme.
Toutefois, la ligne qui sépare les uns des autres se confond souvent, et si l’on prend, par exemple, les noms des grands capitaines, des grands rois et ministres qui ont écrit, et dont la pensée se présente d’abord, César, Henri IV, Richelieu, Louis XIV, Frédéric, Napoléon, on trouvera que César et Frédéric avaient beaucoup du littérateur en eux, qu’il y avait en Richelieu de l’auteur, et de tous ces illustres personnages que je viens de citer, ceux qui sont le moins du métier, les seuls même qui n’en soient pas du tout, c’est encore Louis XIV et Henri IV. […] Berger de Xivrey, et qui sont arrivées déjà jusqu’au tome VI, — si, dis-je, on entamait cette lecture dans une pensée d’agrément littéraire ; c’est avant tout un livre d’étude et une vaste source de renseignements pour l’histoire ; la grâce, la galanterie, la gentillesse d’esprit, qui se rattachent à bon droit au souvenir de Henri IV, n’y sont qu’incidentes et clairsemées. […] Nous aussi nous avons présentes à la pensée les descriptions de Pline le Jeune, sa peinture si nette et si soignée de la source du Clitumme, et celle du lac Vadimon. […] Henri, à cette distance et séparé de ce qu’il aimait, n’était pas homme à être longtemps ni exactement fidèle ; il pouvait l’être de cœur et de pensée, mais cela ne suffisait pas à la comtesse, qui d’ailleurs était défiante, comme n’étant plus de la première jeunesse : elle avait un fils déjà grand qui servait près de Henri. […] On l’entrevoit dans ses lettres à la comtesse tout plein de pensées et d’angoisses qu’il ne peut confier au papier : « Envoyez-moi Licerace.
Thierry ne l’a jamais laissée oisive à la main fidèle140 qui retrace sa pensée. […] Aux purs chefs-d’œuvre du roman, auxquels, lorsqu’on y réussit à ce point, nul genre (il est bon de le maintenir) ne saurait être dit supérieur, il s’est mêlé des essais plus ambitieux dans des sphères moins définies, de ces recherches qu’une pensée ardente et immortelle n’a pas le droit non plus ni le pouvoir de s’interdire. […] Je ne craindrai pas d’éclaircir ma pensée avec trois noms : vers 1829, M. de Carné était au Correspondant, journal catholique, M. […] s’adresse encore plus particulièrement dans notre pensée à ces anciens amis qui, longtemps groupés au Globe, ne se sont plus retrouvés depuis en littérature, ou ne s’y sont rencontrés qu’un peu au hasard et pour se montrer la brèche déserte, pour regretter les lacunes des absents. […] Cet éloge s’adressait surtout dans notre pensée à M.
Je leur dis alors que, mon discours leur ayant fait quelque plaisir, il auroit fait plaisir à toute la terre, si elle avoit pu m’entendre ; qu’il me sembloit qu’il ne seroit pas mal à propos que l’Académie ouvrît ses portes aux jours de réception, et qu’elle se fît voir dans ces sortes de cérémonies lorsqu’elle est parée… Ce que je dis parut raisonnable, et d’ailleurs la plupart s’imaginèrent que cette pensée m’avoit été inspirée par M. […] On sait les hautes qualités de M. de Vigny, son élévation naturelle d’essor, son élégance inévitable d’expression, ce culte de l’art qu’il porte en chacune de ses conceptions, qu’il garde jusque dans les moindres détails de ses pensées, et qui ne lui permet, pour ainsi dire, de se détacher d’aucune avant de l’avoir revêtue de ses plus beaux voiles et d’avoir arrangé au voile chaque pli. […] Cet inconvénient (car c’en est un) a été assez racheté, dans ce discours même, par la richesse des pensées, par le précieux du tissu et tant de magnificence en plus d’un développement. […] Il en est sorti toutefois, il s’est mêlé depuis aux émotions contemporaines par son drame touchant de Chatterton et par ses ouvrages de prose, dans lesquels il n’a cessé de représenter, sous une forme ou sous une autre, cette pensée dont il était rempli, l’idée trop fixe du désaccord et de la lutte entre l’artiste et la société. […] Pourquoi sans cesse revenir tourner dans le même cercle, y confiner sa pensée avec complaisance, et se reprendre, après plus de quinze ans, à des programmes épuisés ?
Mais, s’il voulait tout ce qu’il faisait, il était singulièrement plus modéré en philosophie qu’en art : son style excessif, emporté, enveloppait une pensée sûrement pondérée. Dégageons cette pensée ; allons à l’essentiel : que trouve-t-on ? […] Sa pensée a gagné à s’envelopper de voiles, elle a grandi en se dérobant. […] Il n’y a vraiment pour lui que deux modes d’existence : par la chair, et par l’esprit : d’un côté, la nutrition, et les séries multiples de phénomènes antécédents ou consécutifs ; de l’autre, la pensée, et la poursuite du vrai par la raison, du bien par la volonté. […] Il lui a fallu croire et professer la nature toute bonne, parce qu’il aimait toutes les manifestations de cette nature ; et son jugement moral s’est refusé à supprimer, même en désir et en pensée, aucune des formes de la vie.
Tout ce qui n’est pas pensée est le pur néant ; puisque nous ne pouvons penser que la pensée et que tous les mots dont nous disposons pour parler des choses ne peuvent exprimer que des pensées ; dire qu’il y a autre chose que la pensée, c’est donc une affirmation qui ne peut avoir de sens. Et cependant — étrange contradiction pour ceux qui croient au temps — l’histoire géologique nous montre que la vie n’est qu’un court épisode entre deux éternités de mort, et que, dans cet épisode même, la pensée consciente n’a duré et ne durera qu’un moment. La pensée n’est qu’un éclair au milieu d’une longue nuit.
C’est sous Néron qu’il s’amusa à ces menues questions grammaticales et littéraires ; il n’était pas sûr alors à la pensée de prendre son vol plus haut. […] « On n’est pas né pour la gloire lorsqu’on ne connaît pas le prix du temps. » Cette pensée de Vauvenargues semble avoir été la règle de conduite de Pline. […] Je ne parle pas ici de son courage, de sa fermeté, de cette hauteur de pensée capable d’embrasser tout ce qui est sous le ciel ; mais je parle d’une vigueur qui lui était propre, et d’une rapidité qui semblait de feu. […] Ce que je tiens à marquer, c’est que des pensées comme celles que j’indique, et rendues avec une si forte expression, suffisent à classer un esprit, quoi qu’il puisse dire ensuite et avoir l’air d’accueillir ou de croire. […] Il est peu de sujets de la vie, et surtout de ceux qui tiennent à l’habitude des choses de l’esprit, sur lesquels il ne nous offre quelque pensée ingénieuse, brillante et polie, une de ces expressions qui reluisent comme une pierre gravée antique, ou comme les blancs cailloux qu’il se plaît à nous montrer en nous décrivant les belles eaux de ses fontaines.
Ceux qui ouvriront ces volumes y trouveront à chaque page des pensées qui sembleront à notre adresse ; et l’on a besoin de se rappeler certaines modifications essentielles qui se sont produites dans la société depuis cinquante ans, pour ne pas se laisser aller à ce trop d’analogie et de ressemblance. […] La paix, comme qu’elle fût donnée (c’est une locution genevoise, mais la pensée est bonne), comblerait de joie la nation. […] Quelques mois après, il écrivait à M. de Sainte-Aldegonde à propos de la paix générale considérée comme très prochaine, et en dégageant sa pensée fondamentale de tout ce désarroi universel où chaque État faisait sa paix à part et tirait à soi : Tous ces tracas européens ne signifient plus rien pour nous. […] Pellenc, je définirai Mallet du Pan un Pellenc énergique, d’une trempe supérieure, qui n’a pas peur, qui, consulté par les cabinets, dit ce qu’il pense, mais aime encore mieux le dire à tous, au public, exhalant sa pensée, ses vues, son indignation d’honnête homme et d’homme sensé, sans quoi il est condamné à ce qu’il a appelé lui-même le « tourment du silence ». […] Il tient à rassurer d’abord ceux du dedans qui peuvent se figurer, d’après les déclamations des exagérés, que la monarchie amène nécessairement avec elle l’oppression de la pensée et l’interdiction du raisonnement : Il s’est formé, dit-il, en Europe une ligue de sots et de fanatiques qui, s’ils le pouvaient, interdiraient à l’homme la faculté de voir et de penser.
Jamais il n’y a eu dans toute l’histoire de la pensée humaine un aussi parfait tempérament de démolisseur. […] Il avait le goût de construire : il rêvait d’un beau palais où sa pensée se fût délicieusement reposée. […] Par instants, il apercevait un grand idéal, dans la nuit montante de sa pensée : il voulait le saisir et ne pouvait. […] Il le haïssait de tout son cœur, depuis vingt ans, mêlant cette haine à toutes ses pensées. […] Hauptmann, qui lui sont bien supérieurs pour l’habileté et la largeur de la pensée.
Il avait pris l’habitude de se rendre compte à lui-même de ses jugements et de fixer par écrit ses pensées. […] Le caractère du style aussi bien que de la vie du marquis d’Argenson est le bon sens, comme on le croira sans peine ; ennemi du clinquant et de ce qu’il appelle les épigrammes politiques, il ne l’est pas moins des pointes et des épigrammes du langage ; avide avant tout de vérités proverbiales, de dictons populaires, et heureux d’en confirmer sa pensée, la trivialité même ne l’effraye pas, il ne l’évite jamais ; mais par malheur la raison n’est pas toujours triviale ; il arrive donc souvent aux saillies à force de sens, et beaucoup de ses comparaisons sont piquantes parce, qu’elles sont justes, Qu’Albéroni, par exemple, vivant à Rome après sa disgrâce, entreprenne, au nom du pape, souverain temporel, la conquête de la petite république de Saint-Marin ; M. d’Argenson, qui vient de nous exposer avec précision et peut-être sécheresse les travaux et les talents du cardinal, saura bien ici nommer cette entreprise une parodie des comédies héroïques qu’Albéroni a données à l’Espagne vingt ans auparavant, et, lui-même, le montrer joueur ruiné quoique habile qui se conduit en jouant aux douze sous la fiche, comme il faisait autrefois en jouant au louis le point. […] Je dirai quelques-unes de ses pensées.
Pourtant ne dirait-on pas une pensée d’Anacréon écrite en bon gaulois ? […] Du sein de son loisir, il ne prend d’autre soin que de saisir au passage et d’écrire en vers ses pensées riantes ou tendres, à mesure qu’elles traversent son âme ; et la plupart de ses pièces sont des impromptus de volupté, qui, au milieu de ses jeux, lui échappent sans plus d’effort que les roses effeuillées de sa guirlande. […] Mais, en y regardant de plus près, on reconnut que le travail de M. de Saint-Victor, pour être supérieur à celui de ses devanciers, ne rendait guère mieux son modèle, et que le plus souvent la pensée grecque, si pure et si simple, disparaissait sous un amas d’épithètes oiseuses et d’élégances communes.
Quelles doivent être la pensée maîtresse, la couleur fondamentale, l’impression dominante du développement à faire, voilà ce que tout élève doit savoir distinguer d’abord dans la matière qu’on lui propose, et cela consiste précisément à en extraire l’idée générale. […] L’idée générale guide la pensée dans l’invention du détail particulier, par lequel elle s’exprime et prendra corps. […] Aussi le don Juan français offre-t-il des traits nouveaux qui l’éloignent du type primitif et manifestent la pensée originale du poète : la scène du pauvre, celle de M.
De grandioses symboles comme Vox populi, l’Impatience de la foule, s’y dressent tout à coup à côté de profondes visions d’au-delà de Véra, de l’Intersigne, des railleries aiguës, sinistres ou gravement lyriques des Demoiselles de Bienfilâtre, de la Machine à gloire, du fantaisiste humour qui distingue le Plus Beau Dîner du monde, l’Affichage céleste, etc… Les Contes cruels signalent avec une admirable netteté les deux courants que suit la pensée de Villiers : l’un positif, affirmant les croyances mystiques, les aspirations idéales ; l’autre négatif, dissolvant, aux acides d’une raillerie puissante, la dureté du temps présent abhorré du rêveur… Par sa fidélité, jamais démentie, aux formules de l’idéal romantique, Villiers de l’Isle-Adam s’est condamné à rester étranger aux courants novateurs de la littérature. […] Sa pensée se projette au-dessus des êtres et des choses, franchit les réalités physiques et rapporte les visions des au-delà entrevus. […] Et sa pensée toujours obéit à cette double action.
Elle remarqua le lien nécessaire qui joint la pensée d’un peuple à celle de ses écrivains, et conclut par le célèbre aphorisme : La littérature est l’expression de la société. […] Enfin sanctifiez votre âme comme un temple, et l’ange des nobles pensées ne dédaignera pas d’y apparaître9. » En quoi consiste cette méthode historique, que la critique moderne inaugurait d’une manière si brillante ? […] Elle me fait ancien par la pensée, pour que je goûte une œuvre antique, je ne serai plus choqué de la rudesse héroïque de l’Iliade : me voici par votre exposition savante, contemporain des fiers combattants d’Homère. […] Il voit, à travers toutes les formes matérielles, la vie, la pensée qui s’y cache et s’y révèle à la fois. […] Forcée d’être claire pour les autres, l’idée deviendra plus juste en elle-même ; et, d’autre part, la clarté aura plus de valeur quand elle passera au service d’une pensée élevée.
Il en est par la forme, et je ne dirai pas par la pensée, — mais par l’absence de la pensée. […] La matérialité y étouffe tout : la pensée, l’émotion, la passion, le drame et la vie ! […] La vie n’y est point, la vie de l’intelligence et du cœur, la vie de la réflexion, de la pensée, du pathétique, la vie supérieure enfin, — et cela n’étonne pas chez un naturaliste ! […] Edmond de Goncourt a eu la pensée d’écrire le roman de la comédienne, et cela pouvait être un beau livre, pourvu qu’il fût profond ; car c’était une idée, et une idée neuve. […] Et, de ces hors-d’œuvre sans aucun talent qui les excuse, le plus inutile de tous, qui se trouve être immonde, l’épisode du sadiste sir Georges Selwyn, qui n’a que faire là si ce n’est pour montrer les honteuses hantises que le Naturalisme inflige à la pensée, du côté de toutes les fanges de la vie, pour qu’un homme comme M. de Goncourt en ait rapporté cette tâche-là !