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440. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Diviser un règne comme celui de Louis XIV, ou ne pas étreindre dans son dessein le siècle tout entier dont on dit les premières années, c’est toujours, quelque parti qu’on prenne, fragmenter un ensemble, briser et disjoindre ce qui devrait rester cohérent, altérer la nature des choses. […] Cela dit, et lui parti avec une si pauvre conception de l’Histoire, nous avouerons de fort bonne grâce qu’il va très bien.

441. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

S’il ne s’adressait qu’à cette race de Vésuviennes… licenciées, qui, depuis le coup de foudre épurateur du deux décembre, se sont remises à rêver… en attendant leur émancipation définitive, nous l’aurions laissé aller peut-être à son adresse sans l’intercepter ; car nous sommes de ceux-là qui croient à l’endurcissement des idées fausses et à l’impénitence finale de certains partis. […] car c’est le Sacerdoce qui l’a fait, Lamennais, ce Lamennais qui a donné, par son apostasie, un grand athlète de plus au parti de la Révolution !

442. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Ils furent comme la semaille des dents de ce nouveau dragon de Cadmus… Il y eut, dans des camps d’opinions différentes : Suleau, Loustalot, Camille Desmoulins, Mallet-Dupan, Rivarol, Champcenetz, Mirabeau lui-même qui s’en mêla, et Mirabeau Tonneau, son frère, et, parmi eux, le plus noblement désintéressé des partis qui souillaient tout alors, le plus pur, le plus probe et le plus sublimement énergique, André Chénier, qui mourut pour l’avoir été… Tels furent les premiers clairons de cette légion de trompettes qui sonnèrent la diane de la Révolution, et qui continueront, je le crains bien, de sonner l’anarchie, jusqu’à la trompette, qui les fera taire enfin, du jugement dernier ! […] Dans un temps où le flot furieux des partis ne permettait plus à personne de rester dans sa liberté et dans sa conscience, André Chénier resta dans la force de sa raison, et, ne vous y trompez pas !

443. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

peut-être trop sceptique et trop moderne pour bien écrire l’Histoire, cette suite, non de partis pris, mais de partis à prendre ; car à quoi bon écrire pour l’instruction des autres, si vous augmentez en eux les anxiétés de l’ignorance et les embarras du savoir ?

444. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

L’éditeur, c’est naturellement Madame Lenormant, l’auteur des Mémoires de Madame Récamier, qui n’a jamais eu de Mémoires, mais une nièce qui tira parti de ses petits papiers de famille et qui veut qu’on sache, la bonne nièce ! […] Les partis ont exagéré sa valeur.

445. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Swedenborg avait lancé, comme un météore boréal, les folies de ce mysticisme protestant dont Balzac a tiré un si grand parti dans une de ses plus belles œuvres, mais qui, dans Swedenborg, fait pitié même comme invention poétique, et qui n’en trouva pas moins beaucoup d’esprits disposés à l’accepter. […] Nous nous sommes longtemps demandé comment il avait pu se placer dans de pareilles conditions d’enthousiasme ou de parti vis-à-vis d’un homme si radicalement opposé à sa nature d’inventeur, mais un regard plus assuré sur cette anomalie nous en a donné le secret.

446. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Parti de la philosophie, écossaise, cette pauvre doctrine aphone du sens commun, pour arriver plus tard aux raucités et aux embrouillements de ventriloques de gens comme Kant et Hegel, qu’on n’entendait guères alors que dans leur patrie, Cousin mit toujours une expression, peu sincère, mais éclatante, au service de divers systèmes qu’après tout il vulgarisa. […] Encore une fois, ce fut là un succès très grand, et qui a donné de l’importance à la vie de Cousin, mais ce fut un succès d’époque, de parti, de parole, presque incompréhensible à présent quand on lit ces discours dédoublés de l’homme qui les prononça, ces discours devenus un livre, sans conviction et sans vérité, déshonorés, d’ailleurs, par l’aveu cynique et brutal du philosophe qui, à quatorze ans de là, se félicite d’avoir rencontré un complice de mensonge dans un autre philosophe comme lui.

447. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

… On ne connaît le néant de certaines femmes que quand on en a pressé beaucoup dans ses bras… Ernest Hello, le religieux, presque le théologique Ernest Hello, devrait avoir, avec son talent, parmi les hommes de son opinion religieuse, une position haute et crénelée, et il n’en a pas, et il s’agite désespérément au milieu des égoïsmes et des platitudes de son parti. […] Entant que parti, les catholiques se trouvent assez pieux pour se croire le droit d’être des ingrats.

448. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

En ce sens, dans la mesure où nos sentiments moraux se justifient eux-mêmes par des principes, c’est bien notre métaphysique qui choisit notre parti politique. […] À vouloir tirer trop tôt parti de la science, on risque de l’empêcher de porter ses fruits.

449. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte. […] Et quand on pense que l’homme qu’il avait à peindre donnant ces leçons, était le duc de Montausier, quel parti l’orateur pouvait encore tirer d’un gouverneur qui respectait bien plus la vérité qu’un prince, qui, pour être utile, aurait eu le courage de braver la haine, et se serait indigné même de se souvenir que celui qui était aujourd’hui son élève, pouvait être le lendemain son maître.

450. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Or, combien peu d’hommes peuvent, par leur condition, se contenter de la philosophie de Descartes, ou tirer parti de sa science, pour la conservation de leur vie ? […] Les faits ont pu être contestés ; l’esprit le plus droit, engagé dans un parti, peut-il échapper à des erreurs de fait ? […] Regardons un moment cette piquante image de l’homme de bonne foi dans un parti malhonnête. […] L’interlocuteur ne perd pas une occasion d’en tirer parti. […] Tout homme de parti, s’il peut être vrai avec lui-même, se reconnaîtra dans le bon père jésuite ; s’il ne s’y voit pas, il y verra du moins son contradicteur du côté opposé.

451. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Si les révolutionnaires veulent garder intact et pur leur idéal, il leur faudra conserver aussi leur attitude et rester perpétuellement, quel que soit le régime établi, quel que soit le parti au pouvoir, d’irréductibles opposants. […] Le président d’une assemblée législative, raconte-t-on, voyant un de ses amis politiques attaquer violemment à la tribune ses adversaires, disait tout haut : « Je vais être obligé d’appliquer à l’orateur les sévérités du règlement », et murmurait tout bas : « Tape dessus, tu es en verve. » Il parlait d’une part en président, d’autre part en homme de parti. […] Je me trouve parmi vous sans l’avoir voulu, j’y suis un étranger, et je tâche de tirer, d’une situation fâcheuse, le meilleur parti. […] Ou plutôt, le droit au doute m’est parfois reconnu par les dissidents, par le parti le plus faible, ou par le parti novateur quand il y a indécision sur quelque point et que la société s’est divisée.

452. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Cependant l’horizon politique vint à s’éclaircir ; fatigués de leurs excès divers, tous les partis parurent reconnaître le besoin de la paix et la nécessité du bon ordre ; Geoffroy revint alors à Paris pour y cacher sa vie dans le plus modeste pensionnat. […] Ce qu’il révérait dans Voltaire, ce n’était pas le poète, le bel-esprit ; c’était le chef du parti : il n’estimait ses tragédies que par le fruit que la secte pouvait en retirer. […] Observez que la fière Cornélie n’est pas un être passif qui n’excite qu’une admiration froide et monotone : elle agit, elle espère, elle respire la vengeance ; elle veut relever le parti de son époux. […] La Harpe s’est rangé du parti de Voltaire, et il a très nettement déclaré que Corneille n’avait pas le sens commun, sans considérer à quels dangers il exposait Voltaire, son héros, si on procédait contre lui avec la même rigueur. […] Voudrait-on faire de cette tragédie une affaire de parti ?

453. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Cependant la réaction ultra-républicaine suscitée par Babeuf et son parti donnait de l’inquiétude. […] L’enthousiasme et la confiance qu’inspiraient sa fortune et ses talents étaient tels à ce moment, que tous les partis rattachèrent leurs espérances diverses à lui seul. […] La réaction du parti royaliste contre la révolution agissait sourdement, mais avec force. […] Rien n’est plus gênant pour un parti vaincu et qui a capitulé que la persévérance de ceux qui préfèrent mourir plutôt que de se rendre. […] Heureusement encore ces bourrades de soldats firent croire à la populace que nous faisions parti d’elle-même, mais quelques-uns nous reconnurent.

454. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Pour comble, il entra dans le conflit des partis politiques et des sectes religieuses, combattit pour les tories et les anglicans, puis pour les catholiques, écrivit la Médaille, Absalon et Achitophel contre les whigs, la Religio Laici contre les dissidents et les papistes, puis la Biche et la Panthère pour le roi Jacques II, avec la logique d’un homme de controverse et l’âpreté d’un homme de parti. […] Le roi, d’abord populaire, avait relevé l’opposition par ses vices et par ses fautes, et pliait sous le mécontentement du public comme sous l’intrigue des partis. […] Les idées alors sont aussi petites que les haines sont fortes ; nulle doctrine générale n’ouvre au-dessus du tumulte de la bataille des perspectives poétiques : des textes, des traditions, une triste escorte de raisonnements rigides, voilà les armes ; les préjugés et les passions se valent dans les deux partis. […] Le roi pour lequel il avait écrit était détrôné et chassé ; la religion qu’il avait embrassée était méprisée et opprimée ; catholique et royaliste, il était confiné dans un parti vaincu, que la nation considérait avec ressentiment et avec défiance comme l’adversaire naturel de la liberté et de la raison. […] S’il avait institué la critique et le bon style, cette critique n’avait trouvé place qu’en des traités pédantesques ou des préfaces décousues ; ce bon style restait dépaysé dans des tragédies enflées, dispersé en des traductions multipliées, égaré en des pièces d’occasion, en des odes de commande, en des poëmes de parti, ne rencontrant que de loin en loin un souffle capable de l’employer et un sujet capable de le soutenir.

455. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aurier, Georges-Albert (1865-1892) »

Julien Leclercq Parti trop tôt, — à l’âge où l’artiste se juge à la hauteur de ses projets.

456. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raymond, Louis (1869-1928) »

Parti du vers classique et parnassien, Louis Raymond est arrivé, selon l’évolution normale, au vers libre.

457. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 193-194

Ménage sur-tout fut offensé de la liberté, ou, pour mieux dire, de la justice avec laquelle il s’étoit expliqué à son sujet ; mais les Lecteurs furent du parti de Baillet, & seront toujours de celui de quiconque, sans humeur & sans partialité, fera connoître les défauts de chaque Ecrivain, sans lui rien dérober de la gloire qu’il mérite pour ce qu’il a composé de bon.

458. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 401-402

On sent qu’il n’étoit pas encore parvenu à ce point de maturité que demande la perfection de l’art : mais quand on se rappelle les obstacles que la fortune la plus cruelle n’a cessé d’opposer à son amour pour la gloire littéraire, on a lieu d’être étonné du parti qu’il a tiré de ses talens naturels.

459. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 214-216

Les saillies de son esprit le firent aimer du Cardinal de Retz, qui fut tirer parti, en faveur de la Fronde, de son Génie chansonnier, toujours prêt à la servir.

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