. — On n’aurait vraiment pas soupçonné dans ce parfait gentleman le chef de ces bandes échevelées et barbues, terreur des bourgeois à menton glabre. […] Il rappelait encore ce Merckle en qui Goethe voyait le type le plus parfait de Méphistophélès. […] Avec cette intelligence parfaite du coloris, qui ne lui a jamais fait défaut, M. […] “C’est certain, dit Goethe, car l’imagination plus parfaite d’un artiste nous force à nous représenter les situations comme il se les est représentées à lui-même. […] Mais les peintres romantiques ne tenaient pas à réaliser l’idéal du parfait notaire ; ils recherchaient tout ce qui pouvait les distinguer des philistins.
Cela n’est point parfait, assurément ; mais cela est simple, franc et tragique.
Un rassasiement parfait. […] C’est une symétrie de construction, d’usage, d’emploi, de destination parfaite. […] La netteté en est parfaite, et la grandeur, l’agrandissement n’en est pas moins infini. La grandeur du texte est parfaite et totale et la grandeur de l’extratexte n’en reçoit pourtant aucune limitation. […] Et cette communion, cette communication qui n’en est que plus parfaite, que plus totale.
Palissot : sa Tragi-Comédie, intitulée l'Amour tyrannique, que le Poëte Sarasin compare à tout ce qu'il y avoit alors de plus parfait, ne mérite pas le grand succès qu'elle eut dans le temps qu'on la donna, mais elle ne mérite pas non plus le mépris qu'on en fait à présent ; ses Observations sur le Cid sont au dessus de toutes les Critiques de son Siecle, sans en excepter celle de Barbier d'Aucourt.
Mme de Sévigné, et Mme de La Fayette, plus jeune de six ou sept ans que son amie, ajoutèrent donc à un fonds excellent une culture parfaite. […] Mariée en 1655 au comte de La Fayette, ce qu’il y eut probablement de plus remarquable et de plus d’accord avec l’imagination dans ce mariage, ce fut qu’elle devint ainsi la belle-sœur de la Mère Angélique de La Fayette, supérieure du couvent de Chaillot, autrefois fille d’honneur d’Anne d’Autriche, et dont les parfaites amours avec Louis XIII composent un roman chaste et simple, tout semblable à ceux que représente Mme de Clèves. […] Il était la bienséance parfaite, continue, et gagnait chaque jour à être vu de plus près. […] Pour se convaincre de l’insuffisance de telles amitiés, même des meilleures et des plus chères, qu’on lise la lettre de Mme de La Fayette à Mme de Sévigné, du 8 octobre 1689, si parfaite, si impérieuse et si sans façon à force de tendresse, et qu’on lise ensuite le commentaire qu’en fait Mme de Sévigné écrivant à sa fille : « Mon Dieu ! […] Ce que sa maîtresse lui aura dit en termes polis, il va le rendre grossièrement, il l’estropie ; plus il y avoit de délicatesse dans le compliment, moins ce laquais s’en tire bien : et voilà en un mot la plus parfaite image d’un mauvais traducteur. » Boileau paraît donc certifier, en quelque sorte, lui-même cette ressemblance, cet accord d’elle à lui, que nous indiquons.
Rêves pour rêves, nous aimerions mieux rêver avec les Brahmanes, ces théologiens philosophes de l’Inde primitive, ces précurseurs de la philosophie chrétienne, nous aimerions mieux rêver que le Créateur, apparemment aussi sage, aussi puissant et aussi bon alors qu’aujourd’hui, a créé dès le premier jour tout être et toute race d’êtres au degré de perfection que comporte la nature de ces êtres ou de cette race d’êtres dans l’économie divine de son plan parfait. […] Mais il était nécessaire dans le plan divin que cet instinct du bonheur parfait mentît à l’homme, pour lui faire supporter l’existence et poursuivre pas à pas dans la vie la route de l’éternité. […] La vie est le témoignage de la vie. » Elle dit : « Ce Dieu, Être des êtres, est infini, parfait, éternel. […] … Il n’y a rien là, quoi qu’on en dise, de contradictoire à l’idée du Dieu parfait. […] De même que l’ignorant remplit les devoirs de la vie dans l’espoir d’un salaire, de même le sage parfait doit les remplir sans motif personnel d’intérêt, mais pour le bien ; et le bien, il le fait pour Dieu !
Il est si bon orateur qu’il est sophiste ; sa façon d’exclure le fils de Phèdre est parfaite ; il semble ici qu’il soit né jésuite autant que roi. […] Pour relever l’homme et le conduire à cet état parfait, trois révélations ont été données, celle de Moïse, celle de Jésus-Christ, et celle de Joseph Smith. […] Il n’y a qu’un être parfait, la nature ; il n’y a qu’une idée parfaite, celle de la nature ; il n’y a qu’une vie parfaite, celle où la volonté de la nature devient notre volonté. Il n’y a qu’une consolation parfaite, et c’est elle aussi qui la donne. […] C’est justement dans ce renoncement parfait que la charité trouve sa racine.
Iwan Gilkin mérite toujours l’estime pour sa probe intransigeance et l’applaudissement quelquefois, ayant écrit, entre autres, Arbre de Jessé, Le Banquet et Roses saintes, trois morceaux de pleine et de parfaite enrythmie.
Les trouvailles ingénieuses y abondent, sans compter les drôleries les plus imprévues qui donnent l’éclat de rire, les originalités les plus exquises qui y fourmillent, l’érudition la plus parfaite mise au service de l’esprit le plus mordant, le plus incisif.
Louis Aurenche Nous faisons la connaissance des quatre frères Tisseur : Barthélemy, un sensitif et un amoureux ; Jean, savant et poète, plus savant que poète ; Alexandre, voyageur à la narration colorée, et enfin le dernier disparu, Clair, le plus poète des quatre, littérateur du plus haut mérite, d’un parfait et pur hellénisme, dans l’œuvre duquel se joue doucement un rayon de l’art antique.
Cet Eloge n’empêche pas qu’il n’y ait des fautes dans son Histoire : ces sortes d’Ouvrages ne deviennent parfaits qu’avec le temps, qui offre chaque jour de nouvelles découvertes ; le meilleur ne sauroit être que celui qui a le moins de défauts.
Si elle ne donne pas cela, une œuvre, quelque parfaite qu’on la juge, est tout ce qu’il y a de pire et de méprisable ; elle est inutile et laide puisque rien n’est plus absolument utile que la beauté. […] M. de Régnier sait dire en vers tout ce qu’il veut, sa subtilité est infinie ; il note d’indéfinissables nuances de rêve, d’imperceptibles apparitions, de fugitifs décors ; une main nue qui s’appuie un peu crispée sur une table de marbre, un fruit qui oscille sous le vent et qui tombe, un étang abandonné, ces riens lui suffisent et le poème surgit, parfait et pur. […] Qu’on y voie encore un exemple de vers libres vraiment parfaits et maniés par un maître. […] Ce point élucidé, on avouera que Villiers, être d’une effroyable complexité, se prête naturellement à des interprétations contradictoires ; il fut tout ; nouveau Goethe, mais, si moins conscient, si moins parfait, plus acéré, plus tortueux, plus mystérieux, et plus humain, et plus familier. […] La parfaite connaissance que M.
Là où je verrais une contradiction et une séparation tranchée, ce serait si l’on comparait cette vie nouvelle qui s’essaie en tous sens à ce qu’étaient les vieilles femmes spirituelles du dernier grand monde avant l’ouverture du siècle et avant la renaissance de 1800, Mme Du Deffand, Mme de Créqui par exemple ; il y avait là goût parfait, jugement net, mais sécheresse ; rien au-delà. […] j’aperçus vingt petites têtes et vingt petits corps rangés avec la plus parfaite symétrie dans ce petit réduit qui n’était guère plus grand que le creux de la main. […] Elle en était venue à dire, elle que nous avons vue si légère et toute propre au cortège de la reine des fées dans ce voyage de Plombières : Il n’y a point d’autre jeunesse que la parfaite santé et la vigueur d’esprit : quand on possède ces avantages, on est toujours jeune, lors même qu’on aurait cent ans.
Il me fait l’effet, à ce naturel parfait et sans mélange, d’un Gil Blas en voyage, — un Gil Blas en képi. […] Un jour, dans une de ses courses en Algérie, il avait fait une première remarque : il lisait la Bible, et voyant une jeune femme arabe venir chercher de l’eau à un puit, il crut avoir sous les yeux la parfaite représentation de Rebecca à la fontaine, lorsque la fille de Bathuel, portant sa cruche sur son épaule gauche, la laissait glisser sur son bras droit pour donner à boire au serviteur d’Abraham : c’est ainsi du moins qu’il s’expliquait ce mouvement et ce jeu de scène. […] Un jour, dans le salon impérial, il s’était amusé machinalement, et pour occuper ses doigts, à façonner avec de la cire un petit casque : l’empereur y jette les yeux, trouve le modèle parfait, et dès le lendemain le fait adopter par une partie de sa cavalerie.
Catinat ne s’est pas trompé ; il n’y a pas de retour de la part d’un jaloux : « Le parfait silence de M. de Rubentel, écrit-il quelques jours après, ne t’a point surpris ainsi que moi ; je suis bien sûr que ce sera très fort malgré lui s’il se trouve dans quelque endroit où tu seras. » Cherchez vite si vous êtes curieux, lisez dans Saint-Simon le portrait de ce Rubentel, ancien lieutenant colonel du régiment des gardes, ancien lieutenant général, brave homme de guerre, mais difficile à vivre, d’une humeur à faire damner les gens, d’autant plus roide et plus cassant qu’on lui fait plus d’avances, et furieux si on le néglige ; enfin un fagot d’épines. […] Camille Rousset est des plus piquantes et souvent des plus comiques ; ces lettres d’un homme de qualité que Mme de Maintenon appelait « la politesse même » font le plus parfait contraste avec le ton et le sans-façon assez rudes de celles de Catinat. […] La victoire fut des plus complètes et vraiment parfaite selon l’art, exécutée et gagnée (en grande partie au pas de charge et à la baïonnette) dans l’ordre même où elle avait été conçue.
Toujours alerte, infatigable, se montrer partout, paraître et disparaître, se diviser, se rejoindre, se multiplier comme par enchantement ; à la tête d’une vaillante élite, simuler le nombre, décupler le chiffre par la qualité et la vélocité ; en couvrant les siens, en les éclairant, tromper l’ennemi, lui donner le change, lui faire craindre un piège, lui faire croire qu’on est appuyé ; dans les retraites profiter des moindres replis, d’un ruisseau, d’un mur, du moindre obstacle, pour le chicaner, pour le retarder, « pour l’obliger à mettre trois ou quatre heures à faire une lieue de chemin » ; victorieux, le soir ou le lendemain des grandes journées, fondre et donner sans répit, à bride abattue, s’imposer à force d’assurance, et avec une poignée de braves ramasser des colonnes entières d’infanterie, les ramener prisonnières ; à chaque instant, à nouveaux frais, sur un échiquier nouveau, proportionner son jeu à l’action voulue, y faire des prodiges de coup d’œil, d’adresse, de tactique non moins que d’élan et d’intrépidité : — si tel est le rôle d’un parfait officier de cavalerie légère, nul n’y surpassa Franceschi. […] À de si mauvais traitements il n’opposait que le calme le plus parfait, une patience admirable : nous fîmes nos efforts pour l’imiter, et l’amour que nous lui portions tous ne contribua pas peu à opérer un tel miracle. […] Sur Stengel, « le parfait modèle du général d’avant-poste », qui fait la transition de l’ancienne armée à la nouvelle, il faut voir la belle page que lui a consacrée Napoléon dans le récit de la première campagne d’Italie.
Mérimée : ce sont les deux plus parfaits pourtant que nous ayons, les deux plus habiles, l’un à copier le vrai, l’autre à le figurer. L’auteur du Lépreux, de la Jeune Sibérienne et des Prisonniers du Caucase a, sans doute, bien moins de couleur, de relief et de burin, bien moins d’art, en un mot, que l’auteur de la Prise d’une redoute ou de Matteo Falcone, mais il est également parfait en son genre, il a surtout du naïf et de l’humain. […] Il écrivait en style moins lyrique à un ami, en se faisant tout petit, non sans malice : « Dans l’impossibilité où je suis de comprendre cette faculté (du poëte) et pour ne pas avouer cette supériorité dans les autres, je pense que les poëtes ont quelque chose dans le poignet qui change la prose en vers à mesure qu’elle passe par là pour se rendre de la tête sur le papier ; en sorte qu’un poëte ne serait qu’une filière plus ou moins parfaite.
Mme de Pontivy remarquait par instants ce peu de rayonnement d’un cœur au fond si pénétré, et elle lui en faisait des plaintes tendres qu’apaisaient bientôt de parfaites paroles ou mieux des soupirs brûlants ; et puis, son propre soleil, à elle, couvrait tout. […] Elle en revenait toujours à son idée, que la passion est tout, et le reste insignifiant ou très-secondaire ; ou bien elle accordait que les distinctions de M. de Murçay étaient parfaites, qu’il y avait nécessité pour elle de se rendre plus raisonnable et un peu moins tendre, et qu’elle tâcherait l’un et l’autre ; ce qu’il n’entendait pas du tout ainsi. […] Il y avait un léger échange de rôles entre eux ; ils s’étaient donné l’un à l’autre quelque chose d’eux-mêmes qui s’entre-croisait dans cette seconde moisson ; ou plutôt ils arrivaient à la fusion véritable et parfaite des âmes.
Mais dans le beau et le sublime, et dans tout ce qui y participe en quelque sorte que ce soit, on sort des temps, on ne dépend d’aucun, et, dans quelque siècle qu’on vive, on peut être parfait, seulement avec plus de peine en certains temps que dans d’autres. » Il devint un admirable juge du style et du goût français, mais avec des hauteurs du côté de l’antique qui dominaient et déroutaient un peu les perspectives les plus rapprochées de son siècle. […] « Les plus beaux sont ceux qui ont de l’âme ; ils appartiennent aux trois règnes, mais à la Muse encore plus. » C’est le sentiment de cette Muse qui lui inspirait ces jugements d’une concision ornée, laquelle fait, selon lui, la beauté unique du style : « Racine : — son élégance est parfaite ; mais elle n’est pas suprême comme celle de Virgile. » « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ? […] Je veux, vous dis-je, être parfait.
Son exposition est incohérente, alors que sa doctrine est d’une parfaite cohésion. […] La querelle des anciens et des modernes, dont nous parlerons en son temps, montra que l’accord n’était pas parfait entre l’auteur de l’Art poétique et le monde qui l’admirait. Mais, au contraire, l’accord était parfait entre Boileau et le groupe des grands écrivains qui ont illustré la fin du siècle : l’art naturaliste qu’il s’est appliqué à définir nous donne la formule même des chefs-d’œuvre.