Et de fait, si vous comparez à la sienne la phrase léonine de Buffon, par exemple, ou l’herculéenne de Bossuet, vous en sentirez la différence. […] Mais à part ces narrations charmantes, toujours plus ou moins personnelles, et qui vont, par exemple, des Lettres de Mme de Sévigné jusqu’aux Memoranda d’Eugénie de Guérin, les femmes ne s’agitent pas dans un grand horizon d’idées.
C’est ainsi qu’elle a pu venir jusqu’à nous, cette petite lampe… et qu’elle a passé, sans s’éteindre, des abbés anonymes du Moyen Âge, friands grignoteurs d’un latin qui n’était pas latin de moines, jusqu’aux abbés scandaleux du xviiie siècle, — l’abbé Galiani, par exemple, ce sapajou fanatique d’Horace, — jusqu’à Louis XVIII lui-même, qui n’était pas abbé, mais qui aurait pu l’être… à la manière de Galiani ! […] ce qui me surprendre l’avoue, n’est pas qu’on répète, millionnième écho, la gloire d’Horace, mais c’est qu’on l’explique, et, comme l’honnête Rigault, par exemple, qu’on cherche à la justifier.
Or, en supposant qu’il ne vint jamais, ce Cuvier de Shakespeare, ou qu’il fût simplement impossible, — par la raison que l’histoire humaine, faite avec des circonstances et du libre arbitre, déconcerte la logique de l’observateur et ne ressemble pas à l’histoire naturelle, faite avec de la pure organisation qui permet toujours de conclure, — il y aurait au moins les faits connus — si peu nombreux qu’ils soient et même si incertains qu’ils puissent être — pour intéresser l’imagination captive, cette imagination humaine qui n’est pas de l’avis d’Emerson non plus, et qui ne prendra jamais son parti de ne pas savoir l’histoire vraie et détaillée du tous les jours de Shakespeare, comme elle sait, par exemple, celle de Goethe et de lord Byron ! […] Si l’espace dont je dispose le permettait, j’aimerais, par exemple, à citer un aperçu sur la comédie que ne pouvait écrire Shakespeare en Angleterre, et que Molière a pu écrire en France, qui me paraît une de ces pages crevant d’idées où il y a certainement plus de choses qu’il n’y a de mots.
Ainsi, par exemple, sa philosophie a péri, et si bien péri que personne n’oserait en relever ou en défendre le cadavre, et qu’à présent c’est le spiritualisme — un spiritualisme antireligieux — qui continue l’œuvre de destruction que le matérialisme avait commencé. […] Ainsi, par exemple, un esprit qui aurait voulu voir, dès le début de son travail, jusqu’à quel point il devait aller et s’arrêter, se serait demandé si la Douleur, contre laquelle la sensibilité se révolte avec tant d’énergie, n’a pas sa raison d’être, sa nécessité profonde, et si tout le progrès humain, toute la civilisation du monde, consiste à de plus en plus la diminuer et l’effacer.
Mais, enfin, quels que soient ses mérites, — et ce chapitre dira s’ils sont grands, — il n’est pourtant pas un de ces hommes qui, comme de Maistre, par exemple, ont trouvé dans l’histoire une place irréductible et cette gloire lente à venir, mais toujours grandissant une fois qu’elle est venue ; car la vraie gloire grandit dans l’éloignement, tandis que tout, ce qui n’est pas elle diminue. […] Le chantage, par exemple, cette réputation qui plane sur toute la vie de Crétineau, dit l’abbé Maynard, et qui est le sort commun, fait par les ennemis, de tous ceux qui mettent la main dans la boue de la politique ; le chantage, cette revanche du fumier d’Augias qui se venge d’Hercule !
Hormis une phrase que nous avons trouvée, il y a quelques années, dans ses Pensées diverses, une phrase charmante sur les sots et dont nous lui avons su un gré infini, nous n’avions rien de Lamennais qui pût faire croire qu’il était spirituel comme de Maistre, par exemple, qui l’est, lui, comme s’il n’était pas Savoyard ! […] » Et, dans toute la Correspondance, il ne cesse pas d’être de ce tour fringant, même quand il se trompe, car il se trompe parfois, et, par exemple, très souvent sur la monarchie.
En supposant que la Gloire, qui est une capricieuse, veuille se gargariser jamais avec les deux syllabes du nom de Gogol, les Âmes mortes, ce long poème en prose, feront moins d’honneur à leur auteur que tel petit poème ou telle petite nouvelle, son Tarass Boulba, par exemple, dont relativement on ne parle pas. […] Par exemple : « L’étang était couvert de végétations épaisses qui jouaient le tapis de billard… Le jour n’était ni clair ni sombre, mais d’un gris déterminé rappelant la teinte générale de l’uniforme de soldats de garnison. » Et ainsi toujours, pendant les dix-neuf chants de ce poème accablant d’idées communes, de sentiments communs, de situations communes, et qui prouverait, si Gogol peignait ressemblant et juste, que la Russie est toujours un colosse, — mais le colosse du Béotisme et de la Vulgarité !
En effet, il ne venait à Paris que dans quelque occasion solennelle, par exemple, pour prononcer un jour, à l’Académie française, le seul discours de réception que la postérité n’ait pas oublié… et il s’en retournait après, reprendre l’immense travail auquel il avait consacré sa vie. […] Le bâton avec lequel il tâtonna et sur lequel il s’appuya en anatomie, par exemple, fut Daubenton, mais par Daubenton (qu’importe le moyen !)
Célestin de Blignières, par exemple, plus enthousiaste, plus empaumé et qui a osé (ô imprudence !) […] En morale, où il n’invente pas plus qu’en métaphysique, par exemple, M.
pour avoir été trop Matliurin Régnier par l’expression, en ce prude temps de République où l’on publie impudemment des livres athées, comme les Dialogues philosophiques de Renan, par exemple, et qu’on ne poursuit pas ! […] Les poètes que Lamartine a inspirés, — car tout grand poète fait semence de poètes, — les Élisées qui ramassent le manteau du prophète et qui cherchent à s’entortiller dans ses plis d’azur et de lumière, ceux, enfin, que j’appelle les lamartiniens, — comme, par exemple, le poète d’Armelle, — ont contre eux maintenant le goût public, qu’ils ont eu pour eux si longtemps.
D’un autre côté, André Chénier, qui, de tempérament, n’avait pas la spontanéité de source et d’épanchement de Lamartine, par exemple, s’affinait poète avec lenteur dans des tentatives d’expression cent fois corrigées, et voilà pourquoi ce que la notice a fait pour l’homme, qu’elle ne grandit pas, les notes et notules dont cette nouvelle édition d’André Chénier est hérissée le font également pour le poète. […] André Chénier n’était pas un athée comme nous avons depuis vu des poètes athées : Shelley, par exemple, et Leopardi.
Il y eut longtemps de ce juif-là dans d’Aubigné, dur même quelquefois et intuitif comme un prophète, quand, par exemple, il sentait chanceler le protestantisme de son ami et de son maître. […] Comparez, par exemple, les vers ravissants de Corneille : À la marquise qui lui reprochait son âge, et l’admirable préface d’Agrippa d’Aubigné, incitable parce qu’elle est trop longue : Livre, celuy qui te donne N’est esclave de personne ; Tu seras donc libre ainsi, Et dédié de ton père À ceux à qui tu veux plaire Et qui te plairont aussi.
Ce sage conteur, qui s’appelle providentiellement Le Sage, ne ressemble guères, par exemple, à cet autre conteur à tous crins qui, dans ses romans et dans ses contes, est toujours le philosophe Diderot, ce diable au corps de Diderot ! […] C’est cette vulgarité qui a fait la réussite de ceux-là qui ont, dans le roman, le plus monstrueusement réussi : l’abbé Prévost, par exemple, au siècle dernier, et, de nos jours, Alexandre Dumas et Dickens, — Dickens, pour le succès, l’Alexandre Dumas de l’Angleterre.
Ainsi, par exemple, il blâme en Balzac le portraitiste, ce qu’il admire dans Saint-Simon. […] L’esprit de Balzac, par exemple, s’en doute-t-il ?
On prend, par exemple, Les Parents pauvres et Les Intimes, et en y ajoutant le perpétuel ricanement de ce personnage d’un des romans de Frédéric Soulié, qui dit, à propos de tout, des choses les plus affreuses ou les plus dégoûtantes : « histoire de rire », on écrit très-bien la Germaine M. […] Par exemple, le chapitre où madame Chermidy demande des renseignements sur les poisons, est dans Les Intimes, sous le titre de Consultation, et là, c’est un chef-d’œuvre.
Il n’est pas un romancier comme Richardson, par exemple, quoique Richardson ait été le premier ou l’un des premiers feuilletonistes de l’Angleterre et que Clarisse ait été publiée par chapitres dans un journal, ni plus ni moins que Le Fils du Diable ou Le Capitaine Fantôme. […] La Critique s’est détournée de lui et de ses œuvres, cette même Critique qui s’arrête, s’assied, et examine longtemps un simple volume, s’il s’appelle, par exemple, Madame Bovary… Et comment ne se détournerait-elle pas ?
Lui, pas plus que nous, ne comparerait jamais, même à perfection égale dans le détail, la plus admirable des Chroniques de la Canon-gate, par exemple, à Old Mortality ou à Redgauntlet, ou encore Madame Firmiani, si épinglée qu’elle soit, à la double épopée domestique des Parents pauvres : le Cousin Pons et la Cousine Bette. […] Ainsi, par exemple, ce n’est guères qu’à la 108e page d’un récit qui n’en a que 219 que l’idée de l’auteur se dégage et qu’on en voit rayonner au loin la portée.
Béranger a, dans la vie privée et dans toute sa conduite, bien du calcul et de l’arrangement ; il tient, par exemple, à amener les autres à lui, en se flattant de n’aller jamais à eux ; il croit peut-être avoir pris Chateaubriand et Lamennais, les avoir convertis et conquis, mais il oublie que de tels hommes ne se hantent pas impunément et qu’on ne saurait les voir beaucoup sans se modifier soi-même.
C’est l’Amour parti, par exemple : Il n’est donc plus, ma pauvrette, Ce triste amour souffreteux.
Jean Lorrain, il y a de bien beaux sonnets, celui d’Hylas, par exemple, qui a toute la pureté d’un marbre grec.