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1843. (1896) Études et portraits littéraires

Vous avez fait, mon cher Vincent, un livre original, vigoureux, plein de pensée, puissamment écrit, et pour tout dire, un fier livre. […] Gens de loisir et de plaisir, pour la plupart, dissimulant mal, par l’élégance des façons, leur vulgarité foncière, entêtés de parchemins, férus de généalogies, mais bornant là leur savoir, esprits sans culture, cœurs sans aspirations, ne se connaissant de devoir au monde que la vanité des parades de salon, à moins que ce ne soit encore le turf ou le sport ; quels originaux pour un peintre satirique !

1844. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Sainte-Beuve était un poète, et même si original que Baudelaire et Coppée dérivent de lui. […] Mesdames, Messieurs, Nous sommes venus ici pour honorer un des poètes les plus originaux de notre dix-neuvième siècle, un des plus profondément, des plus intimement français.

1845. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Les conceptions romantiques, comme elles font le principal et le plus original de la littérature romantique, depuis les années qui précèdent 1830, constitueront donc l’objet de notre étude dans cette troisième partie.

1846. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Je la signale comme une œuvre originale et forte. […] Son livre est bien curieux et tout à fait original.

1847. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Prevost-Paradol, analysant ce livre dans les Débats, disait : « Jamais la vie de Mme Récamier n’a été mieux racontée que dans les cent premières pages du livre original et spirituel que nous avons sous les yeux. » Mais il ajoutait : « Ce livre est d’une Anglaise, et il ne serait pas écrit en anglais10 qu’on le devinerait sans peine à l’indépendance un peu brusque des jugements, au ton sérieux qui y est soutenu dans les passages les plus agréables, à l’esprit pratique et réformateur qu’on y surprend de temps en temps, non parfois sans sourire. […] Laissons de côté le premier des quatre âges, quoique même pour celui-là la démonstration ne fût pas impossible : car il y a des enfants qui écrivent ce qu’ils ont vu ou ce qui leur passe par la tête, et qui ont des idées très caractérisées et des expressions très originales, révélant déjà tout une personnalité en cette primeur inimitable.

1848. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

La province fidèle a gardé beaucoup de l’ancienne vie française, qui était plus variée, originale que la nôtre, plus riche en belles singularités. […] Réelle, ce serait trop beau : nous aurions autant d’écrivains originaux que d’écrivains.

1849. (1925) Dissociations

Il n’eut donc rien d’original.

1850. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

L’Avocat Patelin semble peint de nos jours ; l’Avare de Plaute a ses originaux à Paris ; le Misantrope de Molière eût trouvé les siens à Rome.

1851. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Pour Victor Jacquemont, c’est tout simplement un original.

1852. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Mais si un simple arrêt de l’action génératrice de la forme pouvait en constituer la matière (les lignes originales dessinées par l’artiste ne sont-elles pas déjà, elles-mêmes, la fixation et comme la congélation d’un mouvement ?)

1853. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

À la fin, Chateaubriand se découvre sa vraie nature originale ; mais elle était mêlée comme le poil de Polyphème. […] George Sand parle de Stendhal comme d’un homme éminent, d’un talent original et véritable.

1854. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Enfin, c’est dans le Discours sur l’histoire universelle, et particulièrement dans cette troisième partie, la plus haute expression de l’esprit français dans la prose, que Bossuet est le plus original.

1855. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Tandis que, pour la plupart des anciens psychologues, l’image était une sorte de fantôme sans siège déterminé, existant « dans l’âme », différant de la perception non en degré, mais eu nature, lui ressemblant « tout au plus comme un portrait ressemble à l’original » ; pour la psychologie physiologique, entre la perception et l’image, il y a identité de nature, identité de siège et seulement différence de degré.

1856. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Chaque poème est une création originale, qu’on n’avait pas vue encore : qu’on ne verra pas deux fois ; mais l’idée même de poésie est universelle, comme l’idée d’homme ou d’oiseau.

1857. (1897) Aspects pp. -215

… Il y a seulement là l’effort d’un esprit stérile qui se veut original — quand même… Obscuritate rerum verba saepe obscurantur répondait Gervais Tilbert, sorbonniaque, à Jacques Lehode lui reprochant le vague de ses propositions en faveur de la Trinité. […] De la sorte, s’il a du talent, il remplira les deux conditions qui donnent de l’intérêt à la critique : il se prouvera original dans ses jugements, il témoignera de sa bonne foi En somme cela revient à dire que : tant vaut le producteur, tant vaut sa critique.

1858. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Le corps diplomatique accrédité à la cour du Grand-Turc était, en ce temps-là comme aujourd’hui, une sorte de colonie cosmopolite où les originaux ne manquaient pas. […] Celle-ci n’est pas la plus inusitée ni la moins originale.

1859. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Auteurs dramatiques, ils laissent se perdre toute la valeur d’une pensée parfois originale, par la gaucherie et l’insuffisance des moyens scéniques. […] Il s’y appelle Le Brissard, ce gendre qui trouve original et bien lendemain d’Exposition de devenir l’amant de sa belle-mère.

1860. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il s’exprime sur ce sujet d’une manière originale et remarquable : « Chacun, comme dict Pline, est à soy mesme une très bonne discipline, pourvu qu’il ayt la suffisance de s’espier de prez. » Il espère par là s’améliorer, et comment ? […] Je suis homme, en oultre, qui me commets volontiers à la fortune, et me laisse aller à corps perdu entre ses bras ; de quoy jusques à cette heure j’ay eu plus d’occasion de me louer que de me plaindre, et l’ay trouvée et plus advisee, et plus amie de mes affaires, que je ne suis43. » Sans doute il est précieux de rencontrer une nature si ouverte et si transparente, et tout lecteur de Montaigne conviendra qu’en qualité d’échantillon, d’original, il est excellent à étudier.

1861. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il ne songe point à ennoblir, mais à copier la vie humaine, et n’aspire qu’à rendre sa copie plus énergique et plus frappante que l’original.

1862. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

En vain La Bruyère l’a replacée dans un des coins les plus vifs et les mieux éclairés de son immense comédie ; en vain, de temps à autre, par un soin littéraire qui se retrouve à toutes les époques, a-t-on voulu rétablir la scène du pauvre, j’ai presque dit la scène du monstre (pour parler comme l’affiche de l’Opéra), telle qu’elle fut jouée à la première représentation… La tentative était inutile ; Don Juan et Sganarelle furent respectés, le pauvre disparut pour toujours ; pour toujours, on le croyait, on le disait du moins, car le texte même de Molière, le texte du Don Juan original, avait été remplacé par l’improvisation du second Corneille ; qui se garda bien de nous ramener ce mendiant qui était le si mal venu dans ce drame de joie, de duels, de dettes non payées, d’enfants railleurs, de filles abusées, de pères conspués ; un drame où tout abonde de ce qui est le vice, l’ironie, la grâce, l’éloquence, l’art, la passion, le plaisir, la fête, le bon goût, la parodie des choses divines, le mépris de l’autorité humaine, jusqu’à ce qu’enfin, de péril en péril, de folies en paradoxes, de cruautés en trahisons, le héros merveilleux de cette fantaisie abominable et charmante tombe, la tête la première, dans son dernier abîme, dans le dernier de tous les abîmes, l’hypocrisie.

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