Il avoit conservé à Sophonisbe, fille d’Asdrubal, & Reine de Numidie, le caractere de sa Nation, & plus particuliérement celui de sa famille.
Le rapport établi entre les époques des diverses Nations, depuis le commencement du monde jusqu’à Jésus-Christ, a bien pu lui donner l’idée de cette liaison d’événemens dont il nous a laissé un tableau si sublime.
GUENÉE, [Antoine] Abbé, ci-devant Professeur de Rhétorique au Collége du Plessis, né dans le Diocese de Sens, est principalement connu par un Ouvrage intitulé,Lettres de quelques Juifs Portugais & Allemands à M. de Voltaire, où l’on venge la Nation Juive des calomnies de cet Ecrivain.
Ne paroîtra-t-il pas étrange de voir s’élever, chaque jour, parmi nous, de ces Ecrivains hypocondriaques, qui semblent avoir conjuré contre la gaieté de notre Nation ?
Toutes les Nations connoissent son Anti-Lucrece, Ouvrage où la saine raison est embellie de toutes les graces de la Poésie.
Il est le meilleur qu'on puisse mettre entre les mains des Etrangers qui voudront se perfectionner dans notre Langue, à cause de l'attention qu'il a de relever les fautes particulieres à chaque Nation pour la maniere de la prononcer.
Cette épidemie avoit gagné tous les écrivains, & des écrivains avoit passé au reste de la nation.
S’il est vrai qu’il n’existe point d’écrivain plus ancien qu’Homère, comme Josèphe le soutient contre Apion le grammairien, si les écrivains que nous pourrions consulter ne sont venus que longtemps après lui, il faut bien que nous employions notre critique métaphysique à trouver dans Homère lui-même et son siècle et sa patrie, en le considérant moins comme auteur de livre, que comme auteur ou fondateur de nation ; et en effet, il a été considéré comme le fondateur de la civilisation grecque.
Remercions-le d’avoir réhabilité dans nos souvenirs ces jours incertains, où l’orage grondait toujours, où la liberté luisait déjà, et d’avoir montré qu’après tout, s’ils ne manquèrent pas d’excès ni de fautes, ils ne manquèrent non plus ni de civisme, ni de vertus, ni de victoires, ni de rien de ce qui honore une nation. […] S’il est aisé de concevoir pour une nation libre un gouvernement meilleur, il est encore plus aisé d’en concevoir un pire.
Les comédies rappellent souvent l’état politique de la nation ; mais, dans les tragédies, on peignait sans cesse les malheurs des rois18, on intéressait à leur sort. […] Les auteurs tragiques cherchent toujours à ranimer les impressions que la nation qui les écoute a souvent éprouvées.
Tant qu’il y a eu des masses croyantes, c’est-à-dire des opinions presque universellement professées dans une nation, la liberté de recherche et de discussion n’a pas été possible. […] Tous les siècles d’une nation sont les feuillets d’un même livre.
Vous ressemblez à ces princes qui, en faisant avec la France leurs traités de paix en langue française, ont bien soin de stipuler que, par l’usage de cette langue, ils ne prétendent reconnaître aucune supériorité dans la nation qui la parle. […] Vous avez raison ; c’est encore une chose singulière, mais cependant très vraie, que chez toutes les nations il y a eu de bons poètes avant de bons prosateurs, et que ce sont toujours les poètes qui ont formé les langues.
Qu’importe ce qu’il est pour les autres nations ! […] J’ai rêvé qu’un jour cette « nation, qui a tant aidé à ma réputation, serait la première « à briser le piédestal qu’elle m’a élevé.
En d’autres termes et sans métaphore, cette nation d’émigrés et d’émigrants qui lui transfusent éternellement de ce sang qu’elle se donne les airs de mépriser, est-elle par elle-même si solide qu’elle puisse se permettre, dans l’ivresse de sa force, cette inconséquence de mépris ? […] Mais l’honneur de la pensée n’est-il pas de traverser le milieu épais et physique pour saisir ce qu’il y a de vie, de force réelle et de vraie beauté morale, dont les nations, voyez-vous !
Tel est un autre endroit sur l’utilité de mettre de bonne heure un jeune prince en action ; de familiariser et ses yeux et son âme avec les périls, les combats, les peuples et les armées ; de lui faire connaître par lui-même, dans son empire, la situation des lieux, l’étendue des pays, la puissance des nations, la population des villes, le caractère des peuples, leur force, leur pauvreté, leur richesse. […] Les dieux écoutent les vœux des nations, parce qu’ils ne sont dictés ni par le mensonge, ni par la flatterie, mais par la vérité.
Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte. […] Cela est vrai des individus, comme des nations et des siècles.
Avec la rapidité de l’éclair, l’étincelle électrique communiqua la triste nouvelle de la mort de Humboldt, leur ami commun, à toutes les nations civilisées, de pays en pays, d’un hémisphère à l’autre. […] L’immense domaine des langues, dans la structure si variée desquelles se réfléchissent mystérieusement les aptitudes des peuples, confine de très près à celui de la parenté des races ; et ce que sont capables de produire même les moindres diversités de race, nous l’apprenons par un grand exemple, celui de la culture intellectuelle si diversifiée de la nation grecque. […] Si l’on embrasse dans leur généralité les nations africaines de couleur foncée, sur lesquelles l’ouvrage capital de Prichard a répandu tant de lumières, et si on les compare avec les tribus de l’archipel méridional de l’Inde et des îles de l’Australie occidentale, avec les Papous et les Alfourous (Harafores, Endamènes), on aperçoit clairement que la teinte noire de la peau, les cheveux crépus, et les traits de la physionomie nègre sont loin d’être toujours associés. […] Toutes sont également faites pour la liberté, pour cette liberté qui, dans un état de société peu avancé, n’appartient qu’à l’individu ; mais qui, chez les nations appelées à la jouissance de véritables institutions politiques, est le droit de la communauté tout entière. […] C’est elle qui tend à faire tomber les barrières que des préjugés et des vues intéressées de toute sorte ont élevées entre les hommes, et à faire envisager l’humanité dans son ensemble, sans distinction de religion, de nation, de couleur, comme une grande famille de frères, comme un corps unique, marchant vers un seul et même but, le libre développement des forces morales.
Après la gloire d’avoir donné les premiers modèles de l’esprit français et de la langue dans leur perfection, vient l’honneur d’avoir, par des ouvrages de doctrine, initié le gros de la nation aux raisons et comme aux secrets des beautés de ces modèles. […] Chacun restait libre de suivre son génie particulier, et de se porter vers les genres qui l’attiraient ; mais ce génie devait se régler sur l’image qu’ils s’étaient faite du génie de la nation ; ces genres devaient s’accommoder des convenances générales au nom desquelles Malherbe avait condamné presque tous ses devanciers. […] Ce que je note ici, c’est qu’une institution qui nous est commune avec toutes les nations littéraires de l’Europe moderne, chez celles-ci vient après les modèles, et chez nous vient avant, en sorte que l’esprit français semble faire d’avance ses conditions à tous ceux qui prétendront en donner dans leurs écrits des images ressemblantes. […] Nos écrivains ont été bien avertis que la langue n’est point leur propriété particulière, et que, de même qu’il ne faut rien penser qui ne soit conforme à l’esprit de la nation, il ne faut rien écrire qui ne soit conforme à sa langue. […] Chez les autres nations, qui ont possédé avant nous, ou fondé après nous, sur notre modèle, des institutions académiques, ces compagnies se sont formées sous l’influence d’un autre esprit.
COSSON, [Pierre-Charles] Professeur au Collége des Quatre Nations, né à Mezieres-sur-Meuse en 1736.
Malgré cela on peut le mettre au nombre des hommes estimés chez notre Nation & chez l’Etranger.