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1218. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Chose étrange au premier coup d’œil, mais qui n’étonne pas ceux qui connaissent la philosophie, c’est individuellement (qu’on me passe ce mot !) […] Telle est, en quelques mots, cette Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que toutes les âmes pieuses accueilleront avec applaudissement. […] Pour notre part, nous connaissons des mots sublimes (et un mot sublime c’est de la vertu instantanée) inspirées à des âmes simples par les plus simples images.

1219. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Vous pouvez prendre Mes premières années de Paris pièce par pièce, page par page, vers par vers, mot par mot, et vous reconnaîtrez partout l’ubiquité de Victor Hugo, dans ce livre rempli de son omniprésence ! […] ce n’est plus là le petit bout d’oreille du lion, mais la griffe du lion Hugo tout entière, griffant, griffant les mots, les riens, le rien ; ce sont les rugissements du lion Hugo que j’entends dans ce turlututu sublime ! […] Tout s’éclate et se répand par terre de la magnifique porcelaine, — et c’est ainsi, pour finir par un mot emprunté à la sagesse vulgaire, « qu’on n’est jamais trahi que par les siens » !

1220. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Esprit emphatique (dans le bon sens du mot), il tend, et c’est son mérite, au grandiose, même quand il le manque ; et quand il le manque, ce n’est pas qu’il ait tiré trop bas, mais c’est qu’il a tiré trop haut ! […] … Cela rappelle le mot sur Mirabeau : « Si vous aviez entendu le monstre !  […] L’auteur de La Vie et la mort d’un clown a sur les romanciers du moment, qui ne tiendront qu’un moment, sur cette école de photographes qui se croient si plaisamment le dernier mot de l’art de peindre, l’avantage immense, et qui leur est inconnu, d’avoir de l’âme dans le talent et de la pensée dans le style. Il n’a point, lui, l’immoralité de ces réalistes impassibles, sans tête et sans cœur, qui se font une gloire de ne rien sentir de ce qu’ils décrivent, et, qu’on me pardonne un tel mot qui dit exactement l’abjection de leur procédé, qui ne sont rien de plus que les mouchards de la nature et de toute réalité, quelle qu’elle soit… Devant les monstruosités en ronde-bosse si extraordinairement entassées dans son ouvrage, M. 

1221. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Je le traduirai mot pour mot, et je le laisserai parler presque toujours. […] Cyrus s’émerveilla qui l’avait donné, et demanda le mot. […] Un seul mot, et funeste : Je doute. […] Quant à ces mots, « Aigle ? […] Heureux le grand seigneur qui échange un mot avec Bloin !

1222. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Ces mots semblent indiquer assez clairement un rendez-vous auquel Laure a manqué. […] En un mot, c’est une boutade contre les singes. […] Valérie est coquette dans la meilleure acception du mot. […] Niaiserie et crédulité, tels sont les deux mots qui résument ces deux caractères. […] L’auteur nomme la ville de Padoue, mais sans ajouter un mot pour caractériser le lieu de la scène.

1223. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

 — mot d’un barbier sur le juif errant, en rasant un pair de france. […] — A propos de théâtre, ou plutôt sans aucun propos, un mot sur cette pièce d’Antigone encore et sur la prétention qu’ont affichée les jeunes traducteurs dans leur préface. […] Cette démence sacrée, cette sainte fureur qui saisit les hommes ou les dieux et qu’exprime le mot μέμηνεν, se change en ce terme burlesque de fou qui tombe à la fin du vers, comme dans cette ballade du fou de Tolède, de Victor Hugo, où du moins l’effet est à sa place.

1224. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Pasquier, pour tous en un mot, excepté pour M. […] Napoléon est un homme à la façon de César en effet, et qu’on doit louer comme tel ; mais il n’est pas comme Charlemagne, il ne cherche pas à éveiller le genre humain, à le rendre libre, juste, moral dans la belle acception du mot. […] Ce mot charmant qui veut surenchérir sur le beau, peint à merveille la mignardise et le faux goût venant gâter des inspirations qui promettaient d’être belles.

1225. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Des réflexions si justes et si élevées de mon ami Corréard, je vous engage particulièrement à retenir ceci, que nous ne sommes pas des isolés dans le temps ; que tout ce que la vie a pour nous soit de commodité, soit de noblesse, c’est à nos pères, à nos aïeux, à nos ancêtres que nous le devons ; que nous devons aux morts la culture même d’esprit qui nous permet, sur certains points, de penser autrement qu’eux  et mieux, je l’espère  et qu’enfin, suivant le beau mot d’Auguste Comte, l’humanité est composée de plus de morts que de vivants. […] de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu  Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt  Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions  Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison  Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables  Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face  Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir  Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée. […] Pour tout dire, en un mot, humanisez vos professions, quelles qu’elles soient.

1226. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Les acteurs étaient toujours obligés d’en revenir à la vieille Farce, à la Farce « garnie de mots de gueule », aux jeux des pois pilés, qui continuaient d’avoir la faveur populaire. […] Sans doute les Arlequin, les Pedrolino, les Pantalon, étaient d’excellentes charges (ce mot est la traduction du mot italien caricature, passé depuis lors dans notre langue), c’est-à-dire des copies ressemblantes, quoique outrées, de la nature humaine.

1227. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Malherbe, avec différens auteurs. » pp. 148-156

Enfin Malherbe vint ; &, le premier en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir, &c. […] Jamais sa langue ne put se refuser à un bon mot. […] Une heure avant que de mourir, il reprit sa garde d’un mot qui n’étoit pas bien François.

1228. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Ce mot me prédisposait par amour-propre à l’adoration pour cette beauté qui illuminait encore d’une lueur refroidie la moitié de l’espace que sa vie avait laissé derrière elle. […] — Cela est vrai, dit-elle à Ballanche, M. de Chateaubriand est mon ami, mais de Lamartine est mon….. » La convenance plus que la modestie m’empêche d’écrire le mot qui sortit de ses lèvres ; le mot était trop adulateur pour qu’il puisse sortir de ma plume. […] Il touchait à ses années de grâce ; on ne lui demandait pas d’expliquer ces trois rôles contradictoires ; on était convenu de le laisser mourir en sphinx sans lui demander son mot. […] Or l’innocence du génie c’est sa modestie. » Ce mot charmant la peignait elle-même, car elle avait de l’enfance sur ses joues et de la maturité dans l’esprit. […] ce sera votre faute si je reste entre les mains de cette… » Et comme il vit que la force du mot m’étonnait : — « Oui, de cette…, entendez-vous bien, monsieur de Lamartine !

1229. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

J’ai longtemps réussi à penser et à écrire comme s’il n’y avait pas au monde de religions, ainsi que font tant de philosophes rationalistes, qui ont écrit des volumes sans dire un mot du christianisme. […] Un esprit, voilà le mot essentiel. […] Il serait aussi absurde qu’un système renfermât le dernier mot de la réalité qu’il le serait qu’une épopée épuisât le cercle entier de la beauté. […] Décadence est un mot qu’il faut définitivement bannir de la philosophie de l’histoire. […] Tant il est vrai que le mot de décadence n’a de sens qu’au point de vue étroit de la politique et des nationalités, non au grand et large point de vue de l’œuvre humanitaire.

1230. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Mais, avant de vous donner quelques fragments de ces immenses poèmes épiques de l’Inde primitive récemment découverts, un mot sur ce qu’on entend par la poésie. […] Laissons donc le grammairien ou le théoricien définir, s’il le peut, la poésie ; quant à nous, disons simplement le vrai mot : mystère du langage. […] Nous répondons encore par le même mot : mystère. […] Nous répondons en deux mots : Parce qu’elle a plus d’émotion pour nos yeux, pour notre pensée, pour notre âme. […] Ses vers se façonnent et s’harmonisent sur la succession et sur l’alternation des ondes par le rythme, c’est-à-dire par la mesure musicale des mots.

1231. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Pour cela, d’un seul mot, il suffit de s’entendre. […] Dans tous les sens du mot, quand il progresse, il répare. […] Elles se résument toutes en ces deux mots : expiation, réhabilitation. […] Le mot seul a été inventé après lui. […] Aucun mot précis ne s’y peut appliquer.

1232. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

En un mot, plus bref et plus résumé après réflexion, l’homme est dans cette histoire, Dieu n’y est pas. […] Le mot fameux de Mirabeau : La petite morale tue la grande, est le sophisme d’un ambitieux. […] C’était, en un mot, un ambassadeur accompli, mais point un ministre dirigeant ; bien entendu qu’on ne prend ici cette expression que dans son acception la plus élevée. […] Elle avait déjà entendu les frères du premier Consul prononcer le mot fatal de divorce. […] Thiers, juge léger, superficiel et injuste cette fois, prend ici au mot les boutades de son héros contre M. 

1233. (1925) La fin de l’art

Il paraît qu’on en fit aussi à Lyon, grand centre médical et où le besoin de cette pourriture asphaltée se faisait souvent sentir (avec ou sans jeu de mots). […] Je me suis répété dix fois, au cours de cette lecture, le mot de Flaubert « sur le style coulant, cher aux bourgeois ». […] On ne voit ce mot que sur les prospectus des compagnies d’assurances et encore dans un tout autre sens. […] Guide n’est pas le mot. […] Et l’un d’eux est bien vite allé déterrer ce mot de M. 

1234. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 109

On l’a fondu presque tout entier dans le Dictionnaire Encyclopédique, sans qu’on ait daigné le citer, même dans les articles qu’on en a tirés mot à mot.

1235. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il n’y a pas un mot de vrai dans cette chronologie. […] Puis ces mots de « maestria » et de « verve », appliqués à Lamartine, me font peine : ils me semblent le rapetisser étrangement. […] Oui, Lamartine est le seul de nos poètes qui ait presque constamment improvisé, dans le sens presque rigoureux du mot. […] »    Mais bientôt le torrent repart et les mots se précipitent. […] « Pour lui-même, il en a le droit, et on peut nommer cela, si l’on veut, « la perfection héroïque » (le mot est de M. 

1236. (1929) Amiel ou la part du rêve

Mais ce mot demeura bizarrement l’un des poisons de sa vie. […] L’esprit de Genève n’est pas un vain mot. […] Ne discutons pas la mesure dans laquelle ce mot répond encore à la vérité. […] Il est enveloppé dans un mot stoïcien. […] Simplement le mot puissance a tourné sur lui-même.

1237. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Son goût personnel n’est de rien dans le choix de ces mots. […] Or, encore, et, pour tout dire d’un mot, s’il a « tué le lyrisme », n’a-t-il pas créé « l’éloquence » ? […] « Voilà, Monseigneur, en peu de mots, ce que je crois sur Descartes. […] « Qu’entendons-nous par le mot de Providence ? […] Disons le vrai mot.

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