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2098. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume, il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de le faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire….. […] On ferait des têtes de chapitres sous lesquelles on n’aurait rien à mettre ; ces trous, devant lesquels le lecteur serait brusquement arrêté, l’empêcheraient de nous suivre où nous voulons le mener, et lui ôteraient toute confiance.

2099. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

Jodelle mourant s’écrie au roi qui l’a employé et ne l’a pas nourri : Qui se sert de la lampe, au moins de l’huile y met. […] Enfin Pascal invite l’homme à regarder le soleil, « cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers ».

2100. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

L’Adoration des Mages, la Tentation de Botticelli et surtout le Glaive et la Rose sont d’admirables offrandes expiatoires qui mettent aux pieds du sphinx le cerveau du poète avec toutes ses chimères et ses vaines splendeurs. […] Après avoir manié pendant quelque temps le martelet du joaillier et fabriqué de fins rondels, il a pris le lourd marteau de Vulcain et, dans une auréole d’étincelles et de flammes, il s’est mis à façonner son rêve à l’image de son âme.

2101. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Tant que les idées de la bonne Comédie subsisteront, son nom sera mis à la tête de tous les Disciples de Thalie, soit anciens, soit modernes. […] C’est ici le lieu de s’étonner que Louis XIV, qui protégeoit les talens & sentoit le prix de ceux de Moliere, [à qui il donna plus d’une fois des marques d’estime], n’ait pas eu la pensée de le mettre, par ses bienfaits, au dessus de son état, & de lui faire quitter une profession qui ne pouvoit que nuire à la perfection de son génie.

2102. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

« L'inscription que l'amitié vous a dictée, pour être mise au bas de mon portrait, indisposeroit contre moi le Public : il suffit de mettre dans l'exergue mon nom, mon âge, & ma patrie, en ces termes : Joannes-Baptista Rousseau, Parisinus anno ætatis 66.

2103. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

Elle implore ensuite l’Amour, pour qu’il daigne, au moins, lui faire partager ses feux, & qu’il mette dans le cœur de son nouvel amant autant ou plus, s’il est possible, d’ardeur pour son amante, qu’elle en ressent pour lui : Ah ! […] Elle avoit jusques-là mis sa gloire à contribuer à celle de Louise Labbé, à vanter ses ouvrages : mais, dès ce moment, elle ferma les yeux à toutes leurs beautés ; elle n’y vit que d’horribles défauts.

2104. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

Il faut que l’esprit ait contracté l’habitude de mettre en ordre ses idées et de penser sur ce qu’il lit ; car la lecture où l’esprit n’agit point et qu’il ne soutient pas en faisant des reflexions sur ce qu’il lit, devient bientôt sujette à l’ennui. […] Cette conversation avec soi-même met ceux qui la sçavent faire à l’abri de l’état de langueur et de misere dont nous venons de parler.

2105. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Il n’est pas surprenant que la posterité les mette au rang de ces mémoires satyriques, qui sont curieux uniquement par les faits qu’ils apprennent ou par les circonstances des faits qu’ils rappellent. […] Le plus grand effet des préjugez que les peintres et les poëtes sement dans le monde contre un nouvel ouvrage, vient de ce que les personnes qui parlent d’un poëme ou d’un tableau sur la foi d’autrui, aiment mieux en passer par l’avis des gens du métier, elles aiment mieux le repeter, que de redire le sentiment de gens qui n’ont pas mis l’enseigne de la profession à laquelle l’ouvrage ressortit.

2106. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

Il convient cependant de mettre à point quelques-unes de ses opinions. […] Mais pourquoi me prêter des intentions ridicules, comme celle-ci : « On pouvait, dit-il, mettre M. 

2107. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Faibles de donnée et d’exécution, entre Scarron et mademoiselle de Scudéry, sans les qualités et le relief de l’un et de l’autre, les Mémoires de Hollande pouvaient rester dans l’ombre où le Temps, juste, cette fois, les avait mis. […] Du reste, le plus étonnant, dans les Mémoires du Diable, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, le souffle vraiment diabolique qui met en danse les faits, les personnages, les épisodes, les histoires ; mais c’est surtout l’immense psychologie qui circule à travers ces fantastiques créations.

2108. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Mérimée, j’ai bien envie de mettre le pluriel au singulier, et de n’admettre qu’un Faux Démétrius. […] Quelques persécutions exercées contre le clergé et les couvents mirent le comble aux rancunes nationales. […] Joseph Autran marque la maturité suprême de son talent, et met le sceau à sa renommée. […] Ce moment qui le met en présence des réalités brutales le corrige-t-il des utopies décevantes ? […] Albert de Broglie, et nul n’y a mis plus de vigueur, de résolution et de talent.

2109. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Voilà quelle est la première idée que le comte de Maistre met en relief. […] On avait mis un siècle à détruire tous les ports de refuge où la société chrétienne et monarchique aurait pu s’abriter. […] Quand il en fut là, il se mit en relation avec le roi exilé, qui représentait le principe dont il jugeait l’accession nécessaire pour faire entrer la société française dans le domaine du droit ; quelque chose de plus, il fut son correspondant. […] La conscription, nécessaire à l’immense dépense de sang humain qu’on faisait alors, devenait un dogme que toute voix écoutée devait prêcher à la France, et le prêtre était coupable de ne pas la mettre au nombre des vérités révélées. […] Il n’attachait à ses vers que le prix qu’on met à ces épanchements qui soulagent l’âme ; c’était un souvenir entre lui et un tombeau bien cher, un secret entre lui et la muse.

2110. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Il fallait y mettre le temps, et tout le temps nécessaire. […] Mettons que ce soit peu de chose. […] Elle met une âme dans une cohue d’appétits. […] Les Gaulois mettent le feu à la forêt ; de chêne en chêne, le feu se propage. […] Elle apprend que Marie-Dorothée a mis au monde un enfant : le fils de François.

2111. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Le naturaliste, qui en dissèque un, sait d’avance ce qu’il trouvera dans le reste ; d’après l’apparence extérieure, il prédit la structure intérieure et peut dessiner la forme de l’estomac, du cerveau, du cœur, du squelette, avant de les avoir mis à nu. […] Car, par hypothèse, il n’y a rien de plus en lui que ce qu’on y a mis, et on n’y a mis que certains éléments groupés dans un certain ordre, lesquels, ainsi que leur ordre, sont exprimés par la définition. […] Dans celui qu’on nomme parallélogramme, on met deux couples de parallèles qui se coupent. Dans celui qu’on nomme cercle, on met une infinité de lignes droites égales, qui ont un point commun. […] Ayant construit les premières, je sais tout ce qu’elles contiennent, puisque, par supposition, elles ne contiennent rien que ce que j’y ai mis.

2112. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Mais il ne faut pas le mettre en musique, ou l’on est peu poète. […] Bottom n’est pas si rustre qu’on pense : il est peut-être poète lauréat ; en tous cas, la fée met un art incomparable à le lire. […] Tu l’aidais à mettre en ordre dans une petite valise de toile, ses poupées et son ballon. […] Amour et Bonté, voici les deux mets essentiels de l’Expressionniste. […] J’ai mis de la malice aussi dans cette étude.

2113. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Mais la conscience connaît si mal nos événements intérieurs, qu’elle range sur la même ligne, à titre de couleurs, nos sensations et nos manques de sensation ; ce qui la frappe, ce sont des différences entre nos états, et, à cause de cela, elle met ensemble, comme des faits semblables, le passage du repos à l’action et le passage de l’action au repos, en les notant comme contraires, sans démêler que l’un est négatif et l’autre positif. […] Tantôt la sensation élémentaire correspond, trait pour trait, à l’élément dont la répétition constitue tel événement extérieur ; en ce cas, la sensation élémentaire transcrit, une à une, avec leur ordre et leur grandeur, toutes les variations de cet élément ; mais, si on la met en rapport avec des éléments d’une autre espèce, elle est nulle, ou confuse, ou extrême, et impropre à les bien représenter. […] Par exemple, le malade ne sent pas les petits corps qu’on lui met entre les extrémités de deux doigts ; « cependant, dans les mêmes points, les piqûres, même les plus superficielles, sont très bien senties ». — D’autre part, chaque type de sensation peut subsister seul, les deux autres étant abolis. […] Cet exemple nous met sur la voie de l’explication qui nous manquait. […] Le total est la sensation de l’accord ut mi, un composé du cinquième degré, comme tel produit en chimie organique. — Pareillement, la sensation du blanc est d’abord composée d’autant de sensations de blanc partielles et simultanées qu’il y a de filets nerveux mis en action ; sur la rétine.

2114. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Ronsard, en effet, regorgeait de grec quand il se mit à l’œuvre. […] Mais ce qui frappe, c’est qu’il met Virgile et Claudien bout à bout ; il les coud, il les accole et ne les fond pas ; ce n’est pas un tissu qu’il fait, c’est un placage. […] Et au lieu de : « Frugibus alternis, non consule, computat annum », sans entrer dans une antithèse difficile, il dira nonchalamment : Il tient par les moissons registre des années… Mais surtout il y met à chaque instant ses impressions vraies, et les associe aux tons primitifs sans qu’on puisse les démêler. […] [NdA] Chapelain ne met pas épithète au féminin ; il se souvient du latin et du grec, où le mot est neutre.

2115. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Quand vous voudrez nous donner du Joseph de Maistre, donnez-nous-en, nous vous en remercierons, mais ne vous mettez pas en travers et devant nous en guise d’écran avec votre opacité philosophique. […] Ses débuts sont faits ; il est à cette cour, sur le pied où il a su s’y mettre en vertu de son propre caractère et de son mérite. […] lui qui reproche à d’autres de s’être laissés séduire par Napoléon, n’avait-il pas désiré un moment se mettre à cette rude épreuve, et s’exposer au péril d’être séduit à son tour en se flattant de le persuader ! […] On avait mal traduit en français l’endroit de l’Ukase ou l’on parlait de ces conversions de quelques dames, de quelques personnes du sexe le plus faible, ainsi que le portait le texte officiel ; on avait mis dans la traduction, quelques femmes d’un esprit faible et inconséquent.

2116. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

C’en est déjà une preuve que de s’être avisé de se raconter à la troisième personne et de s’être mis en scène continuellement sous le nom d’Étienne, qui est un de ses prénoms. […] Mais Étienne met une grande importance à tout ce qui arrive à Étienne ; et, à voir sa bonne foi, les détails dans lesquels il entre, les particularités instructives ou curieuses qu’il y rattache, on finit par s’intéresser à lui avec lui. […] Je ne sais, mais cela parut excessif et ne mit nullement en goût. […] On a grandement abusé de ce titre d’élève de David ; il y en eut un des plus obscurs dont Étienne ne parle pas ou qu’il ne met que dans sa liste de la fin, et qui dut être de ce temps ou d’un peu après.

2117. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Hetzel, y a mis le soin et le goût qu’il apporte à ces sortes de publications ; il s’est piqué d’honneur comme toujours, ainsi que M.  […] Il y a en tête, de ce manuscrit : Discours des choses de Lesbos ; de ce mot discours (λόγοι) lu de travers, on aurait fait Longus, qui a si peu l’air en effet d’un nom grec ; la faute une fois mise en circulation, et voilà un auteur célèbre de plus à l’adresse de la postérité11. […] On est au printemps, dès les premiers moments de l’idylle : toute fleur fleurit, toute créature s’égaie ; Daphnis et Chloé de même : « Toutes choses adonc faisant bien leur devoir de s’égayer à la saison nouvelle, eux aussi tendres, jeunes d’âge, se mirent à imiter ce qu’ils entendaient, et voyaient. […] Courier, qui a passé sur la version d’Amyot, pour la revoir et la compléter, y a mis toute l’exactitude et la précision désirables, et l’on peut dire que ce petit chef-d’œuvre est nôtre désormais.

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