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18. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Dieu met en lui la passion ; la société y met l’action ; la nature y met la rêverie. […] Mais, à notre sens, un poëte complet, que le hasard ou sa volonté aurait mis à l’écart, du moins pour le temps qui lui serait nécessaire, et préservé, pendant ce temps, de tout contact immédiat avec les gouvernements et les partis, pourrait faire aussi, lui, une grande œuvre. […] Dans ses drames, vers et prose, pièces et romans, il mettrait l’histoire et l’invention, la vie des peuples et la vie des individus, le haut enseignement des crimes royaux comme dans la tragédie antique, l’utile peinture des vices populaires comme dans la vieille comédie. […] Dieu a mis une étincelle qu’un souffle d’en haut peut toujours raviver, que la cendre ne cache point, que la fange même n’éteint pas, — l’âme. […] À chaque ouvrage nouveau qu’il met au jour, il soulève un coin du voile qui cache sa pensée et déjà peut-être les esprits attentifs aperçoivent-ils quelque unité dans cette collection d’œuvres au premier aspect isolées et divergentes.

19. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

À peine mariée, la petite duchesse mit la main sur son timide époux, et l’assujettit en tout à sa volonté. […] Il assista aux conférences de physique du fameux Rohault, et, par une idée assez bizarre, il s’appliqua à mettre la philosophie de Descartes en vers. […] Louis XIV une fois mort et le testament cassé, outrée de colère, elle n’eut de cesse qu’elle n’eut mis cette mauvaise parole à exécution. […] En un mot, pour reprendre une comparaison précédente, elle ressembla à une personne qui est tombée un jour par mégarde du premier étage sans trop se faire mal, mais qui pour cela n’a pas mis et ne mettra jamais la tête à la fenêtre. […] Le bel esprit aveugle se mit à jouer l’amoureux, et Mme du Maine la bergère et l’ingénue.

20. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M.  […] Au monde de Versailles, il pouvait sembler, à première vue, n’avoir pas l’habitude du grand monde ; mais au monde de Paris et à tout ce qui n’était pas de la Cour et des petits appartements, il semblait dans sa mise, dans son geste et dans ses manières, et même en ses familiarités, un grand seigneur d’autrefois qui se mettait avec luxe et caprice. […] Puis il fit quelques tentatives auprès d’un des membres du ministère, M. de Cicé, archevêque de Bordeaux, alors garde des Sceaux, pour voir si la bonne volonté de Mirabeau ne pourrait pas être mise à profit pour le bien de tous. […] C’était dégrader, en effet, la royauté et l’abaisser, sans vouloir pourtant la république ; car M. de La Fayette, toutes les fois qu’il la vit autre part qu’en Amérique, recula devant et se mit en travers. […] On admire, en le lisant, à quel point il est homme à idées et à ressources ; il en a plutôt un trop grand nombre ; et si, au lieu de conseiller, il était mis en mesure d’agir, il aurait certainement à choisir et à élaguer.

21. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Quoi qu’il en soit, il y a tant d’esprit dans cet ouvrage et une si grande pénétration pour connaître le véritable état de l’homme, à ne regarder que sa nature, que toutes les personnes de bon sens y trouveront une infinité de choses qu’ils (sic) auraient peut-être ignorées toute leur vie, si cet auteur ne les avait tirées du chaos du cœur de l’homme pour les mettre dans un jour où quasi tout le monde peut les voir et les comprendre sans peine. » En envoyant ce projet d’article à M. de La Rochefoucauld, Mme de Sablé y joignait le petit billet suivant, daté du 18 février 1665 : Je vous envoie ce que j’ai pu tirer de ma tête pour mettre dans le Journal des savants. J’y ai mis cet endroit qui vous est si sensible…., et je n’ai pas craint de le mettre parce que je suis assurée que vous ne le ferez pas imprimer, quand même le reste vous plairait. […] Elle y faisait en quelque sorte l’office de rapporteur ; elle exposait les deux opinions qui partageaient sa société, et à côté de grands éloges elle avait mis quelques réserves. […] Cousin donne le billet que j’avais déjà publié, en y mettant les quelques mots assez insignifiants que j’avais remplacés par des points, et il continue) » : La Rochefoucauld prit au mot Mme de Sablé ; il usa très librement de son article, il supprima les critiques, garda les éloges, et le fit mettre dans le Journal des savants ainsi amendé et pur de toute prévention à l’impartialité. […] Cousin met en note et en les présentant en regard le projet d’article et l’article imprimé, « afin, dit-il, qu’on en saisisse mieux les différences. » Je le demande à tout littérateur de bonne foi ou, pour mieux dire, à tout homme honnête, est-ce que lorsqu’on s’empare ainsi d’une remarque, peu importante sans doute, mais qui a son prix et son piquant dans l’histoire littéraire, il est permis de le faire sans indiquer et mentionner celui qui vous a précédé et à qui on la doit ?

22. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Mauvaise rime qu’on appelle suffisante ; La Fontaine pouvait mettre d’un pas dégagé. […] La Fontaine ne manque pas, du moins autant qu’il le peut, l’occasion de mettre la morale de son Apologue dans la bouche d’un de ses acteurs. […] Voilà certainement une mauvaise fable que La Fontaine a mise en vers d’après Phèdre. […] Cela rappelle un peu le peintre qui mettait au bas de ses figures, d’un coq, par exemple, ceci est un coq. […] La Fontaine met en Europe la scène où il suppose que fut fait le récit de cette aventure, récit que les Orientaux mettent dans la bouche du fameux Gengiskan, à l’occasion du Grand Mogol, prince qui dépendait en quelque sorte de ses grands vassaux.

23. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Poinsinet de Sivry a mise à la suite de celle d’Anacréon que nous avons citée plus haut avec éloge. […] Ces deux défauts cependant n’ont point empêché que l’on ne l’ait mis à la tête des Poëtes Comiques Latins. […] Remi, a mis plus de feu dans sa traduction de Virgile. […] Partout il met de nouveaux titres & de nouveaux argumens. […] Je ne sçais pas si l’on ne doit pas mettre aussi au rang des traductions burlesques les Métamorphoses d’Ovide, mises en rondeau par le doucereux Benserade ?

24. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Si vous voulez le définir, mettez dans votre définition Electre et Marton. […] Mettez, par exemple, en présence d’Hélène, ces deux poëtes, Homère et Eschyle. […] Thespis ne mettait en scène qu’un acteur parlant ; voilà Eschyle qui en met deux. Bientôt on en mettra trois. […] Maintenant ôtez du drame l’Orient et mettez-y le Nord, ôtez la Grèce et mettez l’Angleterre, ôtez l’Inde et mettez l’Allemagne, cette autre mère immense, All-men, Tous-les-Hommes, ôtez Periclès et mettez Élisabeth, ôtez le Parthénon et mettez la Tour de Londres, ôtez la plebs et mettez la mob, ôtez la fatalité et mettez la mélancolie, ôtez la gorgone et mettez la sorcière, ôtez l’aigle et mettez la nuée, ôtez le soleil et mettez sur la bruyère frissonnante au vent le livide lever de la lune, et vous avez Shakespeare.

25. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Trois savants s’y mirent successivement, et, deux étant morts à l’œuvre, le troisième, Capperonnier, acheva de publier un vrai et pur Joinville (1761). […] C’est pourquoi j’aime mieux mettre ma personne et ma femme et mes enfants en la main de Dieu, que de faire tel dommage à tant de monde qu’il y a céans. […] Guillaume d’Auvergne, et lui dit de lui mettre sur l’épaule la croix du voyage d’outre-mer, ce qui signifiait l’engagement. […] Pour suffire à tout il met ses terres en gage ; il a avec lui neuf chevaliers et sept cents soldats. […] Le succès de cette tentative a mis M. de Wailly en goût.

26. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

Cet écrivain prétend que l’affectation à mettre de l’amour dans toutes les intrigues des tragedies, et dans presque tous les caracteres des personnages, ait fait tomber nos poëtes en plusieurs fautes. […] Ce qui prouve seul qu’ils ne sont pas veritablement amoureux ; ils prétendent mettre d’accord l’amour avec la raison, deux choses aussi peu compatibles que la fievre et la santé. […] Ils mettront ces poëmes dans la même classe que le Virgile travesti. […] Un autre s’est mis au hazard de se rompre vingt fois le col, parce qu’il trouvoit plus galand de se guinder à l’aide d’une échelle de corde dans l’appartement de sa femme, que d’y entrer par la porte. […] Ainsi l’amour que les bons poëtes de la Grece avoient mis dans leurs ouvrages touchoit infiniment les romains, parce que les grecs avoient dépeint cette passion avec ses couleurs naturelles.

27. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Et maintenant, mettons-lui un crayon en main. […] Pourquoi n’en pas mettre le plus possible ? […] L’artiste entendait bien l’y mettre lui-même, il l’y a mise en effet, et nous ne faisons que l’y retrouver. […] Dans cette composition saisissante, Albert Dürer n’a pas mis seulement des images, il a mis un effort de pensée philosophique. […] On se met fort en peine pour en trouver.

28. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Vierge Marie, qu’est-ce qu’on a mis dedans ? […] En un mot, tout s’améliora dans ce que l’on appelle la mise en scène. […] Il avouait avoir mis plus d’un an à faire le scenario. […] le chef-d’œuvre, mis à la scène, eut le succès le plus négatif ! […] Le conseil lui paraît bon ; il se met de la partie.

29. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Elles prenaient plaisir à les mettre ensemble dans le même bain et à les coucher dans le même berceau. […] L’idée lui vint de mettre le feu au pied de ce palmiste. […] Le bruit de ses eaux effraya Virginie ; elle n’osa y mettre les pieds, pour la passer à gué. […] Il sentit alors, par son expérience, toute la faiblesse de ses ressources, et il se mit à pleurer. […] Domingue et moi, nous nous mîmes à genoux à son exemple, et nous priâmes avec lui.

30. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Par Saint-Amant, ce guide de joyeuse humeur, il se mit à entamer la lecture des autres poètes et écrivains de l’époque de Louis XIII, et depuis quelques années il n’a cessé de s’en occuper et de travailler à les faire connaître. […] Elle mit bien des gens en goût de solitude : il leur prenait, en la lisant, comme un soudain accès, un accès anticipé de pittoresque et de romantique. […] Il y a des poèmes de lui que je ne puis souffrir ; sa Rome ridicule, imprimée furtivement en 1643, et pour laquelle l’imprimeur fut mis en prison, me révolte. […] J’ai nommé Scarron : il ne serait pas juste de le mettre tout à côté de Saint-Amant. […] On peut dire qu’il mourut à temps, au moment où la noble figure de Louis XIV allait mettre en déroute tous ces grotesques de l’art, et avant d’avoir essuyé les traits satiriques de Boileau.

31. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Son ami s’était rasé cheveux, sourcils, barbe, moustaches, et il confesse à de Belloy que, devenu amoureux de sa maîtresse, il a voulu se mettre dans l’impossibilité de la revoir. […] La fillette est mise à la porte du château avec, pour tout argent, une montre garnie de perles, et deux boucles d’oreilles en diamants. […] » Et il s’approchait de l’élève pour le jeter dehors, mais, voyant le bambin se mettre en état de défense, on l’entendait s’écrier : « Madame Cerceau ! […] mettez cet homme à la porte !  […] Faut-il que je me mette à tes genoux ?

32. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Il voulait qu’on mît l’amour à sa place, et qu’on ne le mît pas où il n’avait que faire : pourquoi l’amour serait-il le seul ressort de la tragédie ? […] Il ne mettra point d’amour dans Mérope ; il n’en mettra pas dans Oreste, qu’il opposera à la trop galante Électre de Crébillon. […] Il se moquait de la malencontreuse idée que la Comédie eut un jour de mettre en action le dénouement d’Iphigénie. […] Asservi donc aux timidités du goût mondain, Voltaire ne pouvait pas non plus mettre dans ses pièces l’action qu’il rêvait. […] La pompe du spectacle, les machines, les costumes, tout l’éclat de la mise en scène flatte les yeux et amuse la frivolité du public mondain.

33. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le seul malheur en ce premier moment fut qu’en quittant la place ils mirent le feu au bazar où étaient toutes les marchandises et ce qui se vend au poids : « Aussi advint-il de cette chose, dit Joinville, comme si quelqu’un demain mettait le feu, Dieu nous en garde ! […] Il s’était mis à l’arrière-garde, et cheminait monté sur un petit roussin couvert d’une housse de soie, n’ayant avec lui que messire Geoffroi de Sergines, qui, seul, lui demeurait de tous ses chevaliers. […] Il était de ceux qui s’étaient mis en route par eau vers Damiette. […] Hissé par ses soins et transporté sur la première galère ennemie dans un grand état de faiblesse, Joinville se sent mettre plus d’une fois le couteau sur la gorge. […] [1re éd.] un chaperon que je mis en ma tête.

34. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Nos critiques mettent les poëmes et les autres ouvrages à une épreuve où l’on ne les mit jamais. […] Il a mis en évidence plusieurs faits que les anciens ignoroient, et ausquels ils substituoient des opinions fausses qui leur faisoient faire cent mauvais raisonnemens. […] Les distances et les positions des lieux qu’ils connoissoient, et qu’ils nous ont laissées, mettent en droit de faire cette supposition. […] Il faut pour les convaincre pleinement de ces veritez, en pouvoir mettre du moins quelque circonstance essentielle à portée de leurs sens. […] Mais dès que ces veritez ont été mises en évidence, elles nous conduisent comme par la main à une infinité d’autres connoissances.

35. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Car on se trouve arrêté, empêché à chaque moment : cette idée qu’on rencontre, est-ce bien là qu’il faut la mettre ? […] Chaque vérité est mise à sa place par rapport au but : elle prépare, elle amène, elle appuie une autre vérité qui a besoin de son secours….. « Tout le discours est un : il se réduit à une seule proposition mise au plus grand jour par des tours variés. […] La Fontaine refait les fables d’Ésope et de Pilpay, Corneille met en français le Cid de Guilhem de Castro, et Racine prend à Euripide sa Phèdre et son Iphigénie. […] Virgile met à contribution Ennius et Lucrèce, Homère et les Alexandrins.

36. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Ensuite tu pourras aller soit au Casino lire le journal, soit faire un tour aux champs, pour te mettre en appétit. […] mettre mes sabots ? […] « David, criait Sourlé dans la cuisine, le dîner est prêt, mets donc la table !  […] — Mon père m’envoie vous prévenir que les grilles sont prêtes et qu’on va les mettre. […] fit Kobus, qui venait de mettre sa capote et décrochait son feutre.

37. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Son portrait a été mis en regard avec le portrait de Jésus-Christ. […] Les Anglois se croyoient offensés qu’on osât mettre en parallèle Newton avec Léibnitz. […] Elle fut mise entre les mains des grands inquisiteurs du royaume. […] La division se mit dans la Sorbonne & dans le clergé. […] Ils ne purent pas faire mettre à l’index sa Morale pratique, tandis que le livre du père Le Tellier, sur les chrétiens de la Chine, y fut mis.

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