Il a écrit sur diverses matières d’économie et de commerce, et même il a laissé un poème épique, sur la chute de Constantin Paléologue, qui aura le tort de tous les poèmes épiques et français ; mais ce qu’il a fait de mieux, ou plutôt ce qu’il a fait seulement, c’est de l’histoire.
Hatin, qui aurait pu les rappeler avec un juste mépris et passer outre, les a trop rappelées, et s’est attardé dans des citations qui donneront à croire que le besoin de compléter un volume, où la matière d’un volume manque évidemment, était furieusement impérieux !
… Le livre d’aujourd’hui est divisé en deux parties : la première est l’histoire discursive et critique des philosophes antérieurs et contemporains et de leurs systèmes, Descartes, Mallebranche, Spinosa, Newton, Leibnitz, Kant, Fichte, Schelling et Hegel, et dans un temps où la philosophie n’est plus que l’histoire de la philosophie, cette partie du livre, dans laquelle il y a l’habitude des matières traitées qui singe assez bien le talent, se recommande par l’intérêt d’une discussion menée grand train et avec aisance ; mais d’importance de sujet, elle est bien inférieure à cette seconde partie où l’esprit s’attend à trouver contre toutes les erreurs et les extravagances signalées par l’auteur dans toutes les philosophies, un boulevard doctrinal solide, et s’achoppe assez tristement contre ces infiniment petits philosophiques : — le déisme de la psychologie et ses conséquences inductives et probables, ce déisme dont Bossuet disait, avec la péremptoire autorité de sa parole, « qu’il n’est qu’un athéisme déguisé !
En si haute matière, il s’agit vraiment bien de cela !
C’est, en matière d’idées, avec ces pantoufles-là que se chaussent les Académies.
Mais l’Académie, qui a retiré de ses programmes futurs la question posée par elle dans ce brumeux français qui la distingue, l’a comblé de compliments par l’organe de son rapporteur, Baudrillart, très compétent, comme on sait, en matière d’analyses morales, pour les avoir étudiées dans le Faste funéraire et les Fêtes publiques sous l’ancienne monarchie.
Ce poème du Faust moderne donne le volume d’une voix qui chantera prochainement dans un registre plus à elle, — le registre de sa propre originalité… Maurice Bouchor qui, aujourd’hui, a voulu ranimer le vieux Faust et le rajeunir, a fini par le tuer dans un épilogue qui est la revanche de l’âme contre la matière, comme tout le poème est la revanche du sentiment religieux contre l’athéisme pleurant le dieu qu’il dit n’être pas, — inconséquence vengeresse !
Mais le poète devait passer d’abord, parce qu’en toute matière il est le premier par l’invention, et aussi parce qu’il est universel, car, au fond de toute invention, il faut qu’il y ait plus ou moins de poète.
Il est des gens qui s’y tromperont sans doute, qui prendront le mur plein d’ombre pour l’homme qui s’y appuie, la matière qui se montre, en ces poésies, pour l’âme qui s’y cache, et le dessus pour le dessous.
Ils considéreraient sans orgueil, comme leur devoir, l’acte de donner leur avis en ces matières.
Les Grecs observèrent encore qu’il y avait eu partout un caractère poétique de bergers parlant en vers ; chez eux c’était Évandre l’Arcadien ; Évandre ne manqua pas de passer de l’Arcadie dans le Latium, où il donna l’hospitalité à l’Hercule grec, son compatriote, et prit pour femme Carmenta, ainsi nommée de carmina, vers ; elle trouva chez les Latins les lettres, c’est-à-dire, les formes des sons articulés qui sont la matière des vers.
Les interprètes du droit romain ont fait consister toute la gloire de la métaphysique légale dans l’examen de l’indivisibilité des droits en traitant la fameuse matière de dividuis et individuis.
viendroit-il de sa matière ? […] D’abord, on a travaillé sur la terre & sur la cire, qui sont des matières flexibles & plus aisées à traiter que le bois & la pierre. […] Chaque parti saisissoit les circonstances qu’il croyoit favorables : mais, les règlemens faits sur cette matière tant contestée, ont laissé la chose indécise. […] Les deux avocats, Versoris & Pasquier, n’ayant plus rien à dire, Jean-Baptiste Du Menil, qui faisoit la charge de procureur général, discuta la matière. […] Personne n’étoit plus en état que Paul V de prononcer sur cette matière.
La Notice est parfaite, simple, grave et sentie ; mais l’éditeur, astreint à des volontés particulières rigides, et les respectant avec scrupule, a fait entrer dans le recueil trop de matière, et sur des sujets dès longtemps éteints ; il n’a pas tout mis, il aurait dû retrancher plus encore, couper, tailler, sacrifier sans merci dans l’intérêt du mort et pour dégager la statue. […] Littré intervint, et du moment qu’il eut l’œil sur ces matières, il les démêla, il les traita de manière à les éclaircir pour tous. […] Et surtout l’esprit d’un nouveau confrère, rigoureux, exact et plus savant (sans mentir), plus sûr de son fait en ces matières que nous ne le sommes généralement, eût pu nous être d’un usage et d’un recours journalier.
Quoique bien novice et inexpérimenté alors en matière d’histoire et en jugement politique, quoique mal édifié sur la vraie grandeur de Richelieu, j’en savais assez déjà pour relever dans cet ingénieux roman la fausseté de la couleur, le travestissement des caractères, les anachronismes de ton perpétuels : non, quoi que de complaisants amis pussent dire, non, ce n’était pas là du Walter Scott français ; M. de Vigny n’eut jamais, pour réussir à pareil rôle, la première des conditions, le sentiment et la vue de la réalité, — j’entends aussi cette seconde vue qui s’applique au passé. […] Jeune, il avait vécu dans l’intimité de Fontanes, de Joubert, de Chateaubriand ; il était resté des plus délicats en matière littéraire, et même chatouilleux, si l’on peut dire. […] Nous eûmes là sous les yeux, comme matière de méditation, au besoin, et comme sujet d’étude morale, la plaie exposée à nu, l’image d’une mortification froide et incurable.
A tous deux la voix humaine sert d’instrument ; à tous deux les mouvements de l’âme sont une matière inépuisable. […] L’exactitude en pareille matière, à moins que l’auteur n’ait pris la peine de commenter ses intentions, est chimère pure. […] Mais je laisse aux historiens de l’évolution musicale, plus compétents que moi en la matière, le soin de décider si la musique ne s’est pas trompée parfois sur la portée de ses forces, et je passe à l’étude des œuvres où les deux rivales, appelées à travailler ensemble et de concert, ont dû contracter une union d’autant plus fertile en conflits qu’elle était plus intime.
Mais il ne put que la pétrir dans l’argile, au lieu de la tailler dans le marbre ; la matière lui manqua, non point le génie. […] — Mais souvent la lettre tue en matière d’oracle, et elle tua, en effet, ceux qui traduisirent littéralement celui-ci, puisqu’ils périrent dans leur rempart vermoulu. […] Tout un monde d’art et de matières précieuses était là : statues et vases, trépieds d’or et d’argent, de marbre et de bronze ; les ex-voto d’un peuple d’artistes s’y étaient accumulés depuis de longs siècles.
Paul a l’inquiétude du penseur ; le texte et la formule sont peu pour lui ; la lettre ne lui suffit pas ; la lettre, c’est la matière. […] Le ventre étant le centre de la matière est notre satisfaction et notre danger ; il contient l’appétit, la satiété et la pourriture. […] La civilisation, n’est plus qu’une masse, la science est matière, la religion a pris des flancs, la féodalité digère, la royauté est obèse ; qu’est-ce que Henri VIII ?
Âmes solitaires Toute connaissance étant comme forme d’une matière, l’unité d’une multiplicité, je ne vois pourtant en sa matière qu’une quantité évanouissante, conséquemment nulle s’il me plaît, et cela seul et véritablement réel qu’on oppose au vulgairement dénommé réel (à quoi je laisse ce sens antiphrastique), la Forme ou Idée en son existence indépendante. […] Semblable à l’Animal-Glaçon qui bataille contre la Bête-à-Feu, de Cyrano de Bergerac, d’abord elle fondrait avant de triompher, et triompherait-elle qu’elle serait fort honorée d’appendre à sa cheminée le cadavre de la bête-soleil, et d’éclairer sa matière adipeuse des rayons de cette forme si différente d’elle qu’elle est à elle, quoique extérieure, comme à un corps une âme.
Mais cette matière et cet esprit ne s’équilibrent pas toujours, et, comme dans les individus, l’esprit peut transcender le corps ou la matérialité commander l’esprit. […] L’autorité du passé reste la matière rigide et résistante dont sont faits les cadres qui la commandent et l’utilisent. […] Le radicalisme, par ces intermédiaires, a hérité de la Révolution et la forme des sociétés de pensée, et la matière que pensent ces sociétés, et la ligne de leur action politique. […] La laïcité apparaît alors comme le système complet d’une société de pensée, Il ne s’agit nullement de la neutralité en matière religieuse. […] Comme la géographie humaine, elle ne voit dans les matières politiques que des faits de civilisation.