Et il était encore tout à la joie de cette découverte, lorsqu’on l’enferma dans une maison de santé. […] Son père avait à Manchester une maison de commerce, pour laquelle il voyageait sur le continent. […] Mrs Shelton parle d’aller voir notre maison de Fordham, mais je me demande si cela sera possible. […] Le jeune page trouva, dans cette maison, un accueil qui le toucha beaucoup. […] Sur le seuil, Mary lui tendit la main, puis elle se détourna et rentra dans la maison.
Chaque maison qu’il transporte sur la scène est un miroir offert à toutes les maisons habitées par les ridicules qu’il a copiés une fois : tous les hommes se reconnaissent en riant dans ses personnages, et son art les corrige sans les blesser, parce qu’il les raille chacun à leur insu, en ne châtiant que le vice et les ridicules qui leur sont propres. […] Les deux sexes alors se réunissent ; et les Athéniennes, rentrant dans les soins de leur maison, ajoutent au bon exemple de rendre le gouvernement suprême à leurs époux celui de se remettre honnêtement sous la loi conjugale. […] Ses plus dignes serviteurs sont les derniers esclaves de sa maison, tandis qu’un tanneur de cuir la gouverne, et n’est supplanté que par un marchand d’andouilles, homme d’une faction opposée à celle qui mit le premier en tête des affaires. […] La force n’est pas l’exagération ; et qui descendra des plus nobles maisons dans l’intérieur de la dernière bourgeoisie et au-dessous d’elle encore, verra des contrastes plus marquants et plus tranchés que ceux qu’il envisage à la scène comme de folles caricatures. […] Mais cette uniformité n’existe dans aucun pays, ni d’une capitale à une province, ni d’une cité à un village, ni dans l’intérieur d’une seule ville, ni d’une maison à une autre, ni même dans une seule maison.
La drôle de maison, riche de corridors et de greniers ! […] Drôle de maison, charmante maison, d’architecture peu méditée et qui, dans son arrangement, avait admis le hasard : elle en était bien plus humaine et accordée avec nous. […] Parfois, les vitres de la maison frémissaient. […] Courbaud, lui, n’abat ni la maison, ni les échafaudages. […] » Et ils revinrent, du même pas, à leur maison.
… « Mais, le soir venu, je retourne à la maison et j’entre dans mon cabinet de travail ; sur le seuil de la porte je dépouille ces habits de paysan souillés de poussière ou de fange, et je me revêts en idée d’habits royaux et de vêtements de cour. […] Sa mère, Bartholomée Nelli, d’une illustre maison florentine aussi, lui donna le jour le 3 mai 1469. […] Le rapt et l’assassinat fondent et transmettent ces dynasties d’une maison à une autre. […] Les républiques grecques de la Campanie, comme Amalfi, Tarente, Salerne, Crotone, s’étaient fondues dans le royaume de Naples ; les Visconti régnaient à Milan ; Ferrare, Modène et Reggio étaient soumis à la maison d’Este ; Faënza, aux Manfredi ; Imola, aux Alidosi ; Rimini et Pesaro, aux Malatesti ; la Lombardie, moitié aux Vénitiens, moitié aux ducs de Milan ; Mantoue, à la maison de Gonzague ; les Florentins ne possédaient que les vallées de l’Arno ; Pise, Lucques et Sienne florissaient en républiques. […] Naples s’était allié à la maison d’Autriche par le mariage de son roi Ferdinand avec une archiduchesse d’Autriche (cette reine Caroline était sœur de Marie-Antoinette, dernière reine de France).
Soubasson vient à la maison. […] Il ne rêvait personne autre qu’elle pour tenir sa maison, le soigner, le dorloter. […] — Oui, oui, répondit la maîtresse de la maison. […] Il se promenait autour de sa maison. […] Cardinal qui sort de la maison.
Notre poète tenait dans cette maison la charge de l’économat. […] Il aima Suzanne de Lezay, de la maison de Vivonne, et il l’épousa. […] Je crains beaucoup qu’il me pousse Hors de ma propre maison. […] Je chercherai quelques exemples dans une série d’odes intitulée : La maison de Sylvie. […] Guillaume Colletet avait su réaliser un beau rêve : il habita, en haut du faubourg Saint-Marceau, une maison qui avait été à Pierre de Ronsard.
Les Zutistes Il me fut donné de connaître Charles Cros, un des soirs de l’hiver 1883, à la maison de bois. La maison de bois était un chalet suisse à l’usage d’estaminet sis 139, rue de Rennes.
Je ne suis pas de ceux dont la postérité signalera les maisons avec un buste ou une plaque de marbre. […] Dépassant le vœu de Socrate, madame Sophie Gay avait, su remplir d’amis une grande maison. […] Il n’était pas facile de pénétrer dans cette maison, mieux gardée que le jardin des Hespérides. […] J’ai meublé la maison pour un ami qu’on attend. —. […] On s’arrange une maison : « La maison finie, la mort entre », comme dit le proverbe turc.
— Des nippes acquises de mon argent. — Pourquoi les avez-vous déposées hors de la maison paternelle ? […] Il n’y a jamais eu de domestique dans la maison des père et mère. […] Rassurez-vous sur la santé de mon corps et sur celle de mon âme ; la maison entière est en fort bon état. […] J’ai, en dépit de la maîtresse de la maison, suivi, le reste du séjour, un régime si sévère qu’il n’y a plus paru. […] Maison de M.
La chapelle, dont le plafond passait pour le chef-d’œuvre de Lebrun, a été détruite, et de toute l’ancienne maison, il ne reste qu’un tableau de Lebrun représentant la Pentecôte d’une façon qui étonnerait l’auteur des Actes des Apôtres. […] Carbon, tout le soin de la maison de Paris. […] Le ton de la maison est excellent également éloigné de la rusticité, d’un égoïsme grossier et de l’afféterie. […] Leur gouvernement est à peine sensible : c’est la maison qui marche, ce ne sont pas eux qui la conduisent. Le règlement, les usages et l’esprit de la maison font tout ; les hommes sont passifs, ils sont là seulement pour conserver.
Parlez-moi, votre voix me rassurera dans la solitude d’une grande maison où je loge. Cette maison était occupée par l’ambassadeur de France et ensuite par le résident. […] Une petite terre et une petite maison aux environs de Paris suffiraient à mon ambition. […] Hennin, premier commis des Affaires étrangères, à récrire à Pétersbourg pour savoir de vos nouvelles ; et comme je n’en recevais point, l’occasion s’est présentée d’employer tout mon argent comptant dans l’acquisition d’une petite maison avec un petit jardin, à Paris, rue de la Reine-Blanche, près de la rue des Gobelins. […] Quoi qu’il en soit, j’en ai déjà tiré de quoi acheter une petite maison avec son jardin, que j’arrange peu à peu.
On lui enseignait à réciter ces vers aux amis lettrés de la maison avec cette voix, ce regard, ce geste qui transforment la poésie en magie sur les lèvres d’une belle jeune fille, et qui confondent l’admiration avec l’amour. […] On la trouvait trop grande pour la maison d’un époux ordinaire ; on rêvait pour elle on ne sait quel sort plus grand que nature. […] Il parlait peu, on ne le nommait pas ; il paraissait vivre dans une intime familiarité avec les deux dames, comme un frère ou un parent arrivé de quelque voyage lointain, et qui reprenait naturellement sa place dans la maison. […] La porte de sa maison sur l’avenue des Champs-Élysées s’entrouvrit à un battant pour quelques amis. […] Plus tard, la politique domestique de sa maison, qui n’était pas toujours la mienne, commanda quelques réserves réciproques dans notre intimité.
Ils étaient tous les deux voilà ce qui leur est absolument commun ils étaient tous les deux dépensiers, désordonnés, irréguliers, incapables autant l’un que l’autre de tenir un ménage, de soutenir une bonne maison. […] Il entra dans la maison de Fouquet. […] Vous le trouvez dans tous les manuels, mais il n’entra jamais dans la maison de Fouquet, cela est rectifié par M. […] Il n’entra jamais dans la maison de Fouquet. […] Lorsque Mme de La Sablière, d’abord, eut fait sa grande conversion qui rendit sa maison un peu plus froide, un peu plus solitaire, beaucoup moins brillante, beaucoup moins gaie ; lorsque ensuite elle fut morte, La Fontaine fut un peu dépaysé et décontenancé, et il se réfugia, comme vous le savez, chez M. d’Herwart, qui était un homme de haute magistrature, surtout un homme très fastueux, depuis longtemps son ami.
Comme elle arrivait ruinée de son ambassade, il fut question de raccommoder les affaires de sa maison : des amies complaisantes s’entremirent ; on la livra à M. le duc. […] Vers 1725, il s’était formé à Paris, chez l’abbé Alary, de l’Académie française, une conférence politique qui se tenait tous les samedis ; et comme l’abbé demeurait à un entresol, place Vendôme, dans la maison du président Hénault, la société avait pris nom l’Entresol C’était à la fois un essai de club à l’anglaise et un berceau d’Académie des sciences morales et politiques. […] Issu d’une ancienne maison, fils d’un père noble et généreux qui s’était ruiné dans l’ambassade de Venise et qui vivait en Touraine, né dans Venise même où il avait eu pour marraine la République, et salué en naissant d’une lettre complimenteuse de Balzac, il fut d’abord et pendant des années simple lieutenant général du bailliage d’Angoulême : c’est là que dans une tournée de Grands Jours, vers 1691, il fut en quelque sorte découvert par M. de Caumartin, qui se prit aussitôt d’enthousiasme pour lui et le mit en relation étroite avec M. de Pontchartrain, contrôleur général et depuis chancelier. […] Il avait une maison à la ville et une à la campagne que ma grand-mère lui prêtait, c’est la Poyade sur les bords de la Charente, qu’on dit être un séjour charmant ; la charge lui valait un revenu honnête.
J’appuie ma gauche au mont Jura, ma droite aux Alpes, et j’ai le lac de Genève au-devant de mon camp, un beau château sur les limites de la France, l’ermitage des Délices au territoire de Genève, une bonne maison à Lausanne ; rampant ainsi d’une tanière dans l’autre, je me sauve des rois et des armées, soit combinées, soit non combinées… Dans une lettre à Tronchin de Lyon, du 13 décembre 1758, il explique encore plus à nu toute sa stratégie, et comment il cherche son assiette la plus sûre en se mettant à cheval sur trois pays (Genève, Berne, dont Lausanne était la sujette alors, et la France). […] Une maison d’hiver à Lausanne, les Délices ou ce qu’il appelait sa guinguette près de Genève, les châteaux de Ferney et de Tourney pour les étés, voilà tous les gîtes d’agrément et de précaution qu’une expérience chèrement payée lui conseilla de se ménager, et que sa grande fortune lui permit d’acquérir. […] Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la Maison du roi, et surtout à la vérité, me force de vous écrire ainsi… Voltaire, absent de Paris depuis des années, et qui depuis sa première jeunesse n’y avait jamais, à l’en croire, demeuré deux ans de suite, avait contre ce monde parisien dont il était l’idole une prévention invétérée : « L’Europe me suffit, disait-il un peu impertinemment ; je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun. » Il croyait sincèrement à la décadence des lettres, et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : « La littérature n’est à présent (mars 1760) qu’une espèce de brigandage. […] … je lui donnerai à souper, je le mettrai dans mon lit, je lui dirai : Voilà un bon souper ; ce lit est le meilleur de la maison ; faites-moi le plaisir d’accepter l’un et l’autre, et d’être heureux chez moi. » Ce trait, ajoute Grimm, m’a fait un sensible plaisir : il peint M. de Voltaire mieux qu’il ne l’a jamais été ; il fait en deux lignes l’histoire de toute sa vie.
A peu de distance de là, il admire fort le paysage : « Ce vallon semblait à M. de Montaigne représenter le plus agréable paysage qu’il eût jamais vu ; tantôt se resserrant, les montagnes venant à se presser, et puis s’élargissant à cette heure de notre côté, qui étions à main gauche de la rivière, et gagnant du pays à cultiver et à labourer dans la pente même des monts qui n’étaient pas Ri droits, tantôt de l’autre part ; et puis découvrant des plaines à deux ou trois étages l’une sur l’autre, et tout plein de belles maisons de gentilshommes et des églises. […] Tout se voit rempli de clochers et de villages bien haut dans la montagne ; et près de la ville, plusieurs belles maisons très plaisamment bâties et assises. — M. de Montaigne disait : « Qu’il s’était toute sa vie méfié du jugement d’autrui sur le discours des commodités des pays étrangers, chacun ne sachant goûter que selon l’ordonnance de sa coutume et de l’usage de son village, et avoir fait fort peu d’état des avertissements que les voyageurs lui donnaient : mais en ce lieu, il s’émerveillait encore plus de leur bêtise, ayant, et notamment en ce voyagé, ouï dire que l’entre-deux des Alpes en cet endroit était plein de difficultés, les mœurs des hommes étranges, chemins inaccessibles, logis sauvages, l’air insupportable. […] Il juge très bien, à première vue, du changement de configuration du sol, et de l’ensevelissement de l’ancienne Rome : la forme des montagnes et des pentes n’est plus du tout la même, et il tenait pour certain « qu’en plusieurs endroits nous marchions sur la tête des vieux murs et sur le faîte des maisons tout entières. » La liberté de vie à Rome lui paraît bien différente de celle de Venise : la sûreté y manque. […] « Tous ces amusements m’embesognaient assez ; de mélancolie qui est ma mort, et de chagrin, je n’en avais nulle occasion, ni dedans ni hors la maison. » En un mot, il était là comme chez soi, avec une certaine nouveauté de plus.
J’ai le plaisir de les connaître particulièrement, et j’ai tant entendu déraisonner sur eux à propos de ce dernier drame spirituel et passionné, vif et hardi, incomplet et brusque, qui méritait la critique et l’attention, — j’ai tant entendu débiter, à ce sujet, de lieux communs et de fadaises (Melpomène, la dignité des genres, la Maison de Molière, etc.), que l’envie me prend d’esquisser le portrait littéraire de ces deux frères unis, ou plutôt de l’extraire du présent volume qu’ils viennent de publier, Idées et Sensations, — un recueil de pensées, de fantaisies et de petits tableaux, qu’ils ont dédié à Gustave Flaubert. […] Après tout, en parlant ainsi, c’est pour leurs goûts et leurs préférences, c’est pour leur art favori, c’est pour leur maison qu’ils plaident : « Lire les auteurs anciens, quelques centaines de volumes, en tirer des notes sur des cartes, faire un livre sur la façon dont les Romains se chaussaient, ou annoter une inscription — cela s’appelle l’érudition ; on est un savant avec cela ; on est de l’Institut, on est sérieux, on a tout : mais prenez un siècle près du nôtre, un siècle immense ; brassez une mer de documents, trente mille brochures, deux mille journaux, tirez de tout cela non une monographie, mais le tableau d’une société, vous ne serez rien qu’un aimable fureteur, un joli curieux, un gentil indiscret. […] Voici un petit rêve d’élégie bien française, bien moderne, qui vaut certes toutes les réminiscences des Ovide et des Tibulle : c’est léger, délicat, d’une tendresse de dilettante, d’un regret de xviiie siècle dans le xixe ; un idéal rapide de bonheur d’après Fragonard et Denon : « J’ai toujours rêvé ceci, — et ceci ne m’arrivera jamais : Je voudrais, la nuit, entrer par une petite porte que je vois, à serrure rouillée, collée, cachée dans un mur ; je voudrais entrer dans un parc que je ne connaîtrais pas, petit, étroit, mystérieux ; peu ou point de lune ; un petit pavillon ; dedans, une femme que je n’aurais jamais vue et qui ressemblerait à un portrait que j’aurais vu ; un souper froid, point d’embarras, une causerie où l’on ne parlerait d’aucune des choses du moment, ni de l’année présente, un sourire de Belle au bois dormant, point de domestique… Et s’en aller, sans rien savoir, comme d’un bonheur où l’on a été mené les yeux bandés, et ne pas même chercher la femme, la maison, la porte, parce qu’il faut être discret avec un rêve… Mais jamais, jamais cela ne m’arrivera ! […] L’usufruit d’uno agrégation de molécules. » Ils s’arrêtent, d’ailleurs, à temps comme Rivarol, dans l’expression de la non-croyance ; en ce genre ils n’affichent rien : « Lorsque l’incrédulité devient une foi, pensent-ils, elle est moins raisonnable qu’une religion. » Leur incrédulité reste celle de gens comme il faut119. — Moralistes, ils ont des sorties misanthropiques à la Chamfort : « On est dégoûté des choses par ceux qui les obtiennent, des femmes par ceux qu’elles ont aimés, des maisons où on est reçu par ceux qu’on y reçoit. » Je crois avoir assez marqué la variété de ce Recueil, qui gagnerait à ce qu’on en retranchât, à la réimpression, une vingtaine de pensées par trop recherchées et aussi énigmatiques par le fond que par la forme.
Rulhière était d’avis que, dans un cercle, il ne fallait jamais se presser de demander quel était l’homme qu’on voyait entrer et qu’on ne connaissait pas : « Avec un peu de patience et d’attention, on n’importune ni le maître ni la maîtresse de la maison, et l’on se ménage le plaisir de deviner. » Il avait là-dessus toutes sortes de préceptes, de menues remarques très fines, très ingénieuses, dont il faisait la démonstration quand on le voulait, et il ne se trompait guère : Il en fit en ma présence l’application chez Mlle Dornais, raconte Diderot : il survint sur le soir un personnage qu’il ne connaissait pas ; mais ce personnage ne parlait pas haut ; il avait de l’aisance dans le maintien, de la pureté dans l’expression, et une politesse froide dans les manières […] Ils n’auront pas été, j’en suis sûr, à deux rues de ma maison, qu’ils auront dit pis que pendre de moi. […] Si c’est pour dîner, il est trop tôt ; si c’est pour me voir, il est trop tard. » Puis, se ravisant : — « Entrez, je sais ce que vous cherchez, et n’ai rien de caché… même pour vous. » Et Rousseau alors, s’adressant à sa ménagère, entre à dessein dans mille détails de cuisine et de pot-au-feu ; puis se retournant vers Rulhière : « Vous voilà suffisamment instruit des secrets de ma maison, et je défie toute votre sagacité d’y jamais rien trouver qui puisse servir à la comédie que vous faites. » — Il ne se doutait pas, ajoute Rulhière, qu’il venait de m’en fournir le meilleur trait. […] Il s’était fait, près de Saint-Denis, une maison de retraite, d’étude et d’humbles délices, appelée l’Ermitage.
Encadrée comme elle l’était dans la maison de Port-Royal, amenée après des années de recueillement et de paix à être témoin et, qui plus est, champion de contentions opiniâtres, jetée forcément au milieu des luttes, et placée même depuis la mort de sa sœur à la tête de la résistance, elle sut conserver un caractère de douceur inaltérable, une physionomie paisible et presque souriante. […] Ayant quitté la maison de Paris en 1669, et s’étant retiré dans les dehors de la maison des Champs, lorsque les Sœurs y furent réunies, il eut la charitable idée de leur faire bâtir un cloître (car l’ancien bâtiment incomplet était devenu trop étroit), et il fut assez estimé d’elles pour leur faire accepter son bienfait.
Saint-Simon, qui s’est donné carrière en toute rencontre sur le frère aîné de l’abbé et sur les Saint-Pierre, comme il les appelle, indiquant que l’abbé et ses frères étaient cousins germains, par leur mère, du maréchal de Bellefont, ajoute : « Voilà une parenté médiocre, on sait en Normandie quels sont les Gigault (Bellefont). » Mais de loin cela nous paraît être de fort bonne maison, et l’on en jugeait ainsi, même sous Louis XIV, à deux pas de Saint-Simon. […] Le cardinal de Polignac, en dénonçant l’abbé (qui avait été un moment son secrétaire d’ambassade) comme un blasphémateur laps et relaps envers la mémoire de Louis XIV, crut s’honorer par cette explosion de fidélité posthume ; et en même temps on n’était pas fâché, quand on n’aimait pas le Régent, de frapper un homme de sa maison, ou du moins de la maison de sa mère, et qui logeait dans le corridor même du Palais-Royal.