Il ne lui fut permis de connaître et d’aimer que sa mère ; et, quoiqu’il sût de très bonne heure le secret de sa naissance, il ne s’écarta jamais du respect et de l’amour d’un fils. […] « Il y a une certaine énergie ardente, a-t-il dit lui-même, mère ou compagne nécessaire de telle espèce de salent, laquelle, pour l’ordinaire, condamne ceux qui les possèdent au malheur, non pas d’être sans morale, de n’avoir pas de très beaux mouvements, mais de se livrer fréquemment à des écarts qui supposeraient l’absence de toute morale.
Gracieuse idée de mère qui a épuisé dans ce mot toute sa grâce ; car, d’elle-même, Mme André Léo est peu gracieuse. […] comme dit Michelet) et toute mère qu’elle se trahisse encore » fait l’effet d’une vieille fille, à l’imagination de son lecteur.
C’était Isabelle de Lorraine, qui, par ses qualités, put lui rappeler sa mère, la grande Yolande d’Aragon. […] Sa mère, sa femme et sa sœur firent ombre de leurs facultés sur les siennes.
C’est Elzéar de Sabran lui-même qui a désiré que les Lettres de sa mère fussent publiées, et les éditeurs se sont conformés à ce désir. […] Bien plus, elle l’aima à travers ses enfants qu’elle aimait, et qui ne furent point pour lui des bourreaux comme ils le sont presque toujours des cœurs assez insensés pour aimer des mères.
Que j’en ai connu, d’âge de mères, qui s’apaisaient d’une autre tendresse que de la tendresse maternelle en vous appelant du nom de fils ! […] Les femmes ne doivent nous faire que comme nous font nos mères ; autrement, c’est pour les hommes— les fissent-elles Rois !
Ribot, était un fort commerçant, qui voulait faire de son fils un marchand comme lui, et sa mère, un bas-bleu, sans cœur et sans bon sens comme tous les bas-bleus, qui voulut peut-être qu’il fût un homme de lettres… comme elle ! […] Original seulement par l’idée mère de son système, qu’il creuse et qu’il cisèle avec un art et une patience de prisonnier (ne l’est-il pas de sa métaphysique ?)
La Méditation — cette Muse réfléchie — ne l’a pas ingénieusement combiné, et ce n’est pas non plus une volonté laborieuse et tenace qui l’a arraché de l’esprit de l’écrivain comme on arrache l’enfant du sein de sa mère. […] Un berceau dans lequel et autour duquel il n’y a plus personne, et, comme dit Dargaud, des foyers éteints, ces foyers auxquels nous nous sommes assis dans les plis traînants de la robe de notre mère et que voilà noirs, solitaires et froids à jamais, pendant qu’en nous la vie dure toujours, comme si c’était une ironie, tel est, dans sa simplicité féconde, le sujet de ce livre touchant.
Cela doit-il donc tant coûter au poète qui a écrit les vers A ma mère et cette fière et religieuse épître à M. […] Roger de Beauvoir, ce qui nous a toujours empêché de le confondre, malgré ses erreurs d’homme et de poète, avec les Gentils de notre temps, avec les Idolâtres de la Forme qui n’ont d’autre dieu que le fétiche qu’ils ont eux-mêmes sculpté, c’est le parfum des croyances premières et flétries, mais qu’on retrouve toujours à certaines places de ses écrits ; c’est ce christianisme ressouvenu qu’il tient peut-être de sa mère et qui revient de temps en temps et comme malgré lui, dans sa voix : D’où vient, qu’après avoir dormi sous les platanes, Après avoir sur l’herbe épanché les flacons, Puis être revenus, Ô brunes courtisanes, En rapportant chez nous les fleurs de vos balcons, La tristesse nous prend comme fait la duègne Qui de la jeune Inès s’en vient prendre la main, Et que nous n’arrivons jamais au lendemain Sans qu’aux pensers d’hier tout notre cœur ne saigne ?
Ou bien, c’était l’enfant mort par l’opiniâtreté imprudente de sa mère qui, à son tour, pouvait tuer le sentiment qu’on avait pour elle. […] Élevé par son gendarme sauveur et marraine, obligé de fuir la maison dans laquelle il avait été recueilli, parce qu’il avait vu enlever un jour par des Bohémiens sa petite sœur d’adoption, Gigonnette, sans que son bouillant courage d’enfant pût la sauver, cause involontaire de la tragique folie de la mère de la jeune fille, il fut d’abord berger aux Pyrénées, puis soldat dans la campagne d’Espagne et en Afrique. — Tel est ce Jean Gigon dont Gandon s’est fait le chroniqueur.
La mère véritable est la barbarie germanique. […] Michelet, il devait avoir eu, dès le ventre de sa mère, l’horreur des épées nues. […] Que s’était-il passé pendant ces vingt années entre la mère et le fils ? […] Un âne mort était pour lui plus important qu’une mère vivante. » L’épigramme finale est mordante, mais porte à faux, car il est douteux que, lorsque Sterne écrivit l’épisode de l’âne mort, sa mère vécût encore. […] Cette personne, qui habitait York avec sa mère, se nommait miss Catherine Béranger de Fourmantelle.
Sa mère est pieuse aussi et ridicule aussi et même grotesque. […] Et dès lors que devient Martine représentant la pensée de Molière et Molière confiant aux filles de la nature la défense de leur mère ? […] Il semble que sa mère est morte jeune ; elle a été élevée par Harpagon qui ne peut songer qu’à son argent. […] Elle est très redoutablement spirituelle et presque toute en épigrammes, avec sa sœur, avec Trissotin, avec Vadius, avec sa tante, presque avec sa mère, car lorsqu’elle vise sa tante, elle atteint sa mère par ricochet. […] Elle a vécu isolée dans cette maison d’Orgon, ayant perdu sa mère peut-être de bonne heure, n’ayant peut-être pas grande sympathie pour cette brillante Elmire qui s’en va vêtue ainsi qu’une princesse.
Et tandis que la foule s’étonne, et ne comprend point le mystère, la nouvelle mère, radieuse, couve son fils du plus ardent amour : “Crois, ô mon fils, ô mon demi-dieu ! […] À l’âge de deux ans, sa mère l’emmène dans un magique château des Alpes de Bavière, et là au milieu des splendeurs vierges de la nature, parmi des paysages radieux ou terribles, le demi-dieu prend conscience de lui-même. […] Il est fier de sa force, et sa mère est éblouie d’avoir enfanté ce génie, cet être de légende : « Elle se mirait, ma mère, en mes yeux splendides, adorablement clairs, et pénétrés du feu des profonds azurs, en ces yeux, disait-elle, faits de saphir, de cristal et de miel. […] Sa mère aussi est morte comme lady Lilian. […] Les idées s’associent par ressemblance ou par contiguïté ; l’œuvre peu à peu se forme, elle prend corps ; le travail de gestation de toute œuvre est, on l’a déjà remarqué, tout à fait comparable au travail de gestation d’une mère.
Voici la suite : « Enfant par la foi, vieillard par l’expérience, homme par le cerveau, femme par le cœur, géant par l’espérance, mère par la douleur et poëte par les rêves ; à toi qui es encore la Beauté, cet ouvrage où ton amour et ta fantaisie, ta foi, ton expérience, ta douleur, ton espoir et tes rêves sont comme les chaînes qui soutiennent une trame moins brillante que la poésie de la pensée, que le poëme gardé dans ton âme, semblable à l’hymne d’un langage perdu dont les caractères irritent la curiosité des savants. »
François Fabié est né dans le Rouergue, d’une mère paysanne et d’un père bûcheron.
Manuel a la franchise et la vigueur ; Boileau, qui aimait les antithèses, n’a jamais rien trouvé d’aussi beau comme alliance et opposition de mots que ces deux vers sur une fille de quinze ans que le vice précoce va rendre mère : Elle portait effrontément Le poids sacré de cette honte.
IV Le cardinal Consalvi naquit à Rome, le 8 juin 1755, et fut baptisé sous le nom d’Hercule ; il était l’aîné de quatre frères et d’une sœur ; son père était le marquis Consalvi, de Rome, et la marquise Carandini, de Modène, sa mère. […] Il n’avait que six ans quand il perdit son père ; sa mère alla demander asile à la maison du cardinal Carandini, son frère de prédilection ; il resta, ainsi que ses petits frères, sous la tutelle du marquis Gregorio Consalvi. […] « Ma mère et notre tuteur le firent revenir à Rome pour le soigner. […] « Le cardinal tuteur, voyant que, par suite de ce trépas, notre mère en voulait toujours au collège d’Urbino, nous rappela, mon frère André et moi, pour nous placer dans le collège Nazaréen à Rome, tenu, lui aussi, par les Scolopii. […] Il nous était impossible de vivre sous le même toit que notre mère, qui, demeurant avec son frère, ne pouvait pas se réunir à nous.
Lorsque la Sœur se relevait, Bouilhet lui mettait dans la main une mèche de cheveux, coupée pour la mère du mort, et qu’elle prenait, sans un merci, sans une parole. […] Il n’avait fait encore que se desniaiser avec une fille de chambre de sa mère. […] Dans Madame Bovary, il nous affirme qu’il n’y a qu’un seul type, esquissé de très loin d’après nature, un certain ancien payeur des armées de l’Empire, bravache, débauché, sacripant, menaçant sa mère de son sabre pour avoir de l’argent, toujours en bottes, en pantalon de peau, en bonnet de police, pilier du cirque Lalanne, dont les écuyers venaient prendre chez lui du vin chaud fait dans des cuvettes, et dont les écuyères venaient aussi accoucher sous son toit. […] « Non, je n’ai aimé bien réellement que mon père, ma mère, mon enfant ! […] Ces deux jeunes filles toutes blondes, au bleu sourire des yeux, et dont l’une a le type angélique d’une vierge de Memling, se font apporter deux côtelettes de veau… « Elles ont leurs mères », disent-elles, et nous voici dans un gasthaus d’un faubourg de Berlin, ténébreux comme la caverne de Gil Blas, et verrouillé de serrureries et de ferronneries comme un vieux burg, et servis par un garçon considérant ces femmes avec l’air à la fois niais, cocasse et sensuel de Pierrot, regardant, par une fente, l’intérieur d’une école de natation de femmes… Chez la jeune fille au type de Memling, les yeux dans le plaisir, au lieu de se voiler et de mourir, vous regardent comme des yeux de rêve.
Peut-être parce que l’alouette présente le contraste d’un peu de joie au milieu de cette monotonie de tristesse, et d’un peu d’amour maternel au-dessus de son nid, cette délicieuse réminiscence de nos mères ? […] Ses vagues, quand elles lèchent sans bruit la grève de sable humide, rappellent la respiration douce du sommeil d’un enfant sur le sein de sa mère. — Émotion ! […] Si un navire en perdition apparaît et disparaît tour à tour sur la cime ou dans la profondeur de ses lames, on pense aux périls des hommes embarqués sur ce bâtiment, on voit d’avance les cadavres que le flot roulera le lendemain sur la grève, et que les femmes et les mères des naufragés viendront découvrir sous les algues, tremblant de reconnaître un époux, un père ou un fils. — Émotion ! […] Kora, jeune et pure vierge, fille de Damata, est ravie à sa mère à la fleur de ses jours par le dieu de l’abîme ou de l’enfer. […] Mais le dieu de l’abîme, son époux, la rend chaque année pour un temps aux lamentations de sa mère ; elle y reparaît en été au temps des moissons, saison où les âmes des morts s’occupent particulièrement des vivants, en leur assurant le blé ou le riz, leur nourriture sur la terre.
Julie, qui adore Fortuné, supplie sa mère d’intervenir auprès d’Évariste. Mais Évariste répond à sa mère qu’il dénoncerait sa sœur s’il savait où la trouver. […] Il est l’homme qui, par deux fois, a souhaité la mort de sa mère. […] Lui qui était un fils égoïste et léger, il s’impose comme réparation d’entourer sa mère de soins et de prévenances. […] Thiers sa libération et le ramène à sa mère, qui le rétablit dans ses honneurs et dignités.
On me dit une mère, et je suis une tombe. […] Ma naissance faillit coûter la vie à ma mère. » Cette mère, d’ailleurs, ne l’était guère, que de nom. […] Je vois pâlir et mère et femme et fille ! […] La pauvre mère, si poétique à son insu, meurt dans l’illusion de son vœu accompli. […] Laissons ces détails et attachons-nous à l’idée mère du roman.