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16. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Just Olivier lire quelques pages de J. […] J’ai analysé Les Martyrs et lu plusieurs épisodes. J’ai lu en partie Atala. […] Xavier de Maistre. — J’ai lu Le Lépreux avec succès. […] On lisait pour inscription sur la porte du sanctuaire : « Odi profanum vulgus !

17. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

Ils auront donc mieux aimé réciter leurs vers que de les donner à lire. […] Au contraire, l’action de lire est en quelque façon une peine. […] En écoutant réciter des vers, nous n’avons pas la peine de lire, et nous sentons leur cadence et leur harmonie. […] Aussi voïons-nous que tous les poëtes, ou par instinct ou par connoissance de leurs interêts, aiment mieux réciter leurs vers que de les donner à lire, même aux premiers confidens de leurs productions. […] Si mon lecteur, dit-il, n’est pas des plus habiles dans sa profession, les vers qu’il nous lira sont si beaux, qu’ils ne laisseront pas de nous faire plaisir.

18. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Errata Du Tome second. » pp. -

Pag. 103. lig. 9. tous les ; lisez la plûpart des. […] Armenien ; lisez Arminien. […] lisez, il a été dirigé pendant long-tems par M. […] M. de Marmontel ; lisez toujours M. […] Hocquet ; lisez Hecquet.

19. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « [Errata] — Fautes à corriger dans le quatrième Volume. »

 8, fussent intervenues, lis. […]  20, titrés, lis. […]  4, pardonner, lis. […]  18, l’emporre, lis. […]  16, Montpellier, lis.

20. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Ils doivent être lus d’abord tout bas et ensuite tout haut. […] Il faut donc lire sur une édition bien ponctuée et il faut faire une attention scrupuleuse à la ponctuation. […] Vous observerez peut-être que Delille, qui est extrêmement estimable comme versificateur, ne peut pas se lire à haute voix. […] Et si vous me dites qu’à faire ainsi, l’on finit par dénaturer le poète, l’on finit par ne plus chercher en lui que le musicien et par ne plus le trouver poète quand il ne fait plus de la musique ; je vous répondrai que, quand on commence à sentir cela, on doit faire taire l’orchestre comme on éteint une lampe ; qu’on doit cesser de lire tout haut et recommencer à lire tout bas et que, de même que pour saisir l’idée et s’en pénétrer on doit d’abord lire tout bas, de même, après avoir assez longtemps lu tout haut, on doit revenir à la lecture intime pour retrouver devant soi l’homme qui pense. […] Mais nous sortons un peu de l’art de lire proprement dit.

21. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Ballanche, inconnu alors, et loin de cette renommée douce et sereine qui le couronne aujourd’hui, lisait Oberman, et y saisissait peut-être des affinités douloureuses. Latouche, qui a donné sa mesure comme homme d’esprit, mais qui ne l’a pas donnée pour d’autres facultés bien supérieures qu’il a et qui lui pèsent, a lu Oberman avec anxiété, en fils de la même famille, et il en a visité l’auteur dans ce modeste jardin de la Cérisaye, sous ce beau lilas dont le sage est surtout fier. […] Ampère, Albert Stapfer ; dans une correspondance curieuse et touchante que j’ai sous les yeux, et qui, entre les mains de l’ami qui me la confie, pourra devenir un jour la matière d’un beau livre de souvenirs, je lis d’autres noms encore de cette jeune intimité ; j’en lis un que j’efface, parce que l’oubli lui vaut mieux ; j’en lis deux inséparables, qui me sont chers comme si je les avais connus, parce qu’un grand charme de pureté les enveloppe, Edmond et Lydia, amants et fiancés. […] J’y ai encore lu ce matin la dernière que tu m’as écrite de Berne. […] En Suisse, on a lu le livre en présence des lieux, et cette lecture est d’un grand effet.

22. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Il suffit de se défier un peu de soi et de ne pas lire chez lui seulement ce qu’on y met. […] Relire apprend l’art de lire. […] Peu de romans lus avec ivresse à vingt ans plaisent à quarante. […] Relire, c’est lire ses mémoires sans se donner la peine de les écrire. […] Un médiocre roman oublié, et qu’on croit n’avoir pas lu, et que l’on reprend en mains vous donne une singulière impression quand on s’aperçoit qu’on l’a lu déjà.

23. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Il est certains livres qu’on ne sait guère comment lire et pour lesquels on sent que l’on n’a point de critérium. […] Moi, tout compte fait, je ne saurais trop dire comment il faut lire ces livres-ci. […] Il méprise ceux qui lisent les journaux ; il méprise un peu ceux qui lisent les livres pratiques et les livres d’histoire. […] Ils avaient été inventés pour qu’on eût du plaisir à lire Virgile, pour qu’on ne le lût pas comme de l’Aulu-Gelle et par des gens qui savaient qu’ils goûtaient Mozart parce qu’ils avaient joué du violon, et Virgile parce qu’ils avaient fait des vers latins. […] Savoir lire en latin et lire Virgile sans intervention de professeur, c’est la condition la meilleure pour se plaire à Virgile, et c’est la condition où se trouvent généralement nos écoliers d’aujourd’hui.

24. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Je ne recule pas devant ce devoir, et j’ai lu souvent cinq cents pages pour n’en écrire que dix lignes. Sans doute, on ne saurait tout lire, et c’est inutile. […] Avant tout, faut-il donc lire. Il faut encore aimer lire et savoir lire, c’est-à-dire recevoir de ses lectures des impressions vives et des impressions claires. […] « Le livre qu’on peut lire vite est bon », formule bourgeoise, est une formule pratiquée par tous, à peu près.

25. (1925) Comment on devient écrivain

Encore ne lit-on pas ces ouvrages pour le plaisir de les lire, mais pour pouvoir dire qu’on les a lus. […] Quels romans faut-il lire ? […] Quels sont les meilleurs romans à lire ? […] Vous l’avez lu et bien lu. […] Il suffît de savoir lire.

26. (1760) Réflexions sur la poésie

Ce qu’on appelle surtout petits vers a prodigieusement perdu de faveur ; pour se résoudre à les lire, il faut être bien averti qu’ils sont excellents. […] En un mot, quand on prend la peine de lire des vers, on cherche et on espère un plaisir de plus que si on lisait de la prose ; et des vers durs ou faibles font au contraire éprouver un sentiment pénible, et par conséquent un plaisir de moins. […] Chez nous la grammaire des poètes est aussi rigoureuse que celle des prosateurs ; l’inversion est rarement permise, elle nous déplaît pour peu qu’elle soit extraordinaire ou forcée ; et celui qui a dit que le caractère de la poésie française consistait dans l’inversion, n’avait apparemment jamais lu de vers, ou n’en avait lu que de mauvais. […] Mais l’excellent gagne à cette comparaison ; moins on peut lire de vers, plus on goûte ceux que le vrai talent fait produire. […] On peut expliquer, si je ne me trompe, par ce même principe, l’impossibilité presque générale de lire de suite et sans ennui un long ouvrage en vers.

27. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Certaines gens lisent sans attention et critiquent avec minutie. […] Quelques-uns se sont fâchés ; d’autres n’ont pas compris ; d’autres nous ont attaqués sans nous avoir lus. […] Il n’a lu que M. […] Uzanne de me prêter des opinions qui feront hausser les épaules à ceux qui m’ont lu.‌ […] Blum, qui nous a lu, ne résiste pas à la tentation de rééditer cette facétie : « M. 

28. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Taine me semble toujours lire en vue de sa thèse. […] » parce qu’il a lu un contresens du philosophe chez un de ses traducteurs. […] Il vaudrait mieux que les lecteurs allemands ne la lussent point, car ils la lisent mal. […] Je m’imagine qu’un jeune Bismarck, encore indécis, peut avoir profit à lire Nietzsche. […] C’est pourquoi les hommes d’État lisent des romans d’aventures.

29. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Il avoue que les anciens, quelque inégaux et peu corrects qu’ils soient, ont de beaux traits ; il les cite, et ils sont si beaux qu’ils font lire sa critique. […] L’on devrait aimer à lire ses ouvrages à ceux qui en savent assez pour les corriger et les estimer. […] La même justesse d’esprit qui nous fait écrire de bonnes choses, nous fait appréhender qu’elles ne le soient pas assez pour mériter d’être lues. […] Ils conçoivent une période par le mot qui la commence, et par une période tout un chapitre : leur avez-vous lu un seul endroit de l’ouvrage, c’est assez, ils sont dans le fait et entendent l’ouvrage. […] J’ai lu Malherbe et Théophile.

30. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

J’ai lu avec une grande émotion votre très vive et très exacte peinture de l’École normale de 1849 à 1852. […] Taine lisait Kant et Spinoza pour se distraire et passait le reste de son temps à feuilleter ses camarades ; c’était son mot. […] Les autres lisaient les journaux ou en faisaient, rimaient des chansons, dont quelques-unes sont restées populaires dans l’Université, lisaient Balzac, George Sand ou Proudhon. […] Gérusez lut la pièce du ton grave dont il nous disait dans la Chanson de Turold : « Compaing Rolland, sonnez votre olifan !  […] Grimblot, qui, dans ses missions et ses fonctions consulaires à l’étranger, ne perd jamais de vue la littérature, non content de rapporter du fond de l’Orient toute une bibliothèque sanskrite et sacrée dont il vient d’enrichir, d’armer la science et l’érudition françaises, veut bien lire nos simples essais d’un œil à la fois vigilant et amical, et il m’a souvent aidé par ses bons avis à les rendre moins imparfaits.

31. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Ils ne se peuvent lasser d’admirer qu’on lise les originaux avec tant de plaisir. D’un autre côté ceux qui sont surpris que des ouvrages dont la lecture les charme, dégoûtent ceux qui les lisent dans des traductions, ont autant de tort que les premiers. Les uns et les autres devroient faire refléxion que ceux qui lisent les odes d’Horace en françois, ne lisent pas les mêmes poësies que ceux qui lisent les odes d’Horace en latin. […] Ceux qui lisent pour s’instruire ne perdent que l’agrément du stile de l’historien, quand ils le lisent dans une bonne traduction. […] C’est l’attrait de l’émotion qui fait lire un poëme.

32. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

On ne parlait que de ses Odes ; dans les collèges, on ne lisait presque que cela. […] Je l’ai lue avec transport, et je n’ai jamais si bien lu. […] Chacun a pu voir l’Italie ; chacun peut lire Goethe, Shakespeare et Byron. […] Qui saura se faire lire ? […] M. de L. n’a lu ni ma première ni ma seconde édition.

33. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

J’exagère un peu, mais enfin que lisait-on au dix-septième siècle du seizième siècle ? On ne lisait que Montaigne et Rabelais, et Rabelais beaucoup moins, j’en suis absolument persuadé, sans avoir pu faire une statistique scientifique, on le lisait beaucoup moins que Montaigne. On lisait continuellement Montaigne. […] J’en lis qui sont du Nord et qui sont du Midi. […] Lisez cela à un enfant, soyez sûr qu’il voudra être le renard.

34. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Il aimerait moins Sénèque, s’il le lisait. […] Le grand Arnauld ne l’avait jamais lu, je pense, et ce qu’il savait de grec, vers la fin de sa vie il l’avait oublié. […] Fléchier, dans sa politesse ingénieuse, écrit toujours et en toute occasion comme quelqu’un qui ne l’a ni lu ni entrevu. […] Fontenelle, La Motte, il ne faut point leur en parler ; ils ne le lisent pas, et ils l’abrègent. […] Je ne pousserai pas plus loin, ni auprès de plus modernes, ma question qui deviendrait indiscrète : « Lisez-vous, avez-vous lu Homère ? 

35. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

C’est dans ce réduit qu’il se plaisait souvent à lire et à méditer, mais il ne s’y confinait pas. […] Il lisait toutes sortes de livres anciens et nouveaux : c’était une nourriture qui lui était nécessaire. « Les jeunes gens surtout, disaii-il, devraient se mettre en tête cette maxime bien véritable, que plus on lit plus on a d’esprit… Celui qui a lu aurait encore plus d’esprit s’il avait lu davantage. » Il lisait toutes les nouveautés, et notait l’impression qu’il en recevait ; il n’était pas de ces dédaîgneurs (comme il les appelle) qui déclaraient d’un livre à première vue que cela ne valait rien ; il lisait jusqu’au bout le livre une fois commencé, biographies, mélanges, anecdotes, même les ana, même les contes de fées ; il les prenait par leur bon côté et y trouvait presque toujours sujet à quelque réflexion, à quelque plaisir : « Je dis à nos amis ordinaires : Que je vous plains de toujours critiquer ! […] D’Argenson a connu et lu Montesquieu. […] Il l’a donc lue avec assez de plaisir une fois, mais il se promet de ne pas la relire. […] Son style se fait donc lire et a sa saveur.

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