L’expliquer en détail, ce serait développer toute la théorie wagnérienne sur l’œuvre d’art de l’avenir ; je préfère renvoyer mes lecteurs à Opéra et Drame (III et IV), à la Musique dans le drame (X), etc. […] Et je crains, si je dis d’elles ce que j’en pense, que ceux de mes lecteurs qui ignorent la langue allemande ne croient que j’exagère. […] Il suffira que nous marquions quelques-uns des points principaux, la compréhension du drame exigeant une connaissance sensorielle que l’analyse critique ne peut donner au lecteur, lequel se doit d’ailleurs à lui-même de voir jouer et de lire les drames wagnériens le plus souvent et le plus attentivement possible. […] Ces deux parties exigent aussi du lecteur une analyse spéciale que nous ne pouvons nous permettre ici. […] Il suffira, pensons-nous, que les numéros des motifs renvoient aux pages de la grande partition pour piano, et que nous fassions un examen rapide de l’économie de notre tableau, laissant à nos lecteurs le plaisir de pénétrer plus intimement dans la vie de ce drame que nous ne pouvons disséquer plus finement ici.
Je vais tâcher d’expliquer la chose aussi clairement que possible, et je prie le lecteur, quelle que soit son opinion personnelle sur Wagner, de bien vouloir me suivre. […] Ayant cru devoir, à la fin de 1886, intervenir activement dans la rédaction de la Revue Wagnérienne, je m’efforçai d’en modifier la tendance primitive, d’en élargir la propagande et l’idée, tâchant réparer les maux issus d’un conflit récent, que nos lecteurs n’ont pas oublié, et sur lequel je n’ai pas à porter d’appréciation. […] Mais au défaut de renseignements plus précis sur le wagnérisme français, voulez-vous quelques observations sur une entreprise dont vous avez déjà entretenu vos lecteurs, et sur laquelle je voudrais précisément attirer l’attention de tous les Wagnériens ? […] Vienne n’est pas loin de Bayreuth ; je conseille à vos lecteurs d’y aller le mois prochain, pour voir cette précieuse collection. […] Mais ce que vos lecteurs ne verront pas à Vienne, et ce qui fait le véritable intérêt du Musée Œsterlein, c’est la multitude de choses relatives à Wagner qui sont accumulées dans les armoires du Musée, d’ans la bibliothèque privée de M.
Si tant d’auteurs ont échoué, c’est principalement parce qu’ils n’ont pas mis assez de ces morceaux & que le lecteur trouve trop de récits & trop peu de scènes. […] Ce poëme, étant à la portée d’un plus grand nombre de lecteurs que l’Iliade, s’est trouvé aussi le sujet de plus de contestations. […] En effet, que peut avoir à desirer le lecteur, après avoir vu l’implacable Junon appaisée, la mort de Turnus, Lavinie & l’empire du Latium, devenir le partage du héros ? […] Ce n’est pas que Dumarsais proscrivit les romanciers ; mais il eut voulu qu’ils tournassent leur talent à l’instruction du lecteur. […] La narration en est moins embarrassée : elle en devient plus naturelle, plus vive, plus intéressante, & le lecteur plus curieux, plus attentif, plus ému.
Ces personnages ne concourent à aucune action une ou collective ; ils passent, comme une revue de fantômes, devant les yeux du poète et du lecteur ; c’est la procession des ombres dans la nuit des temps ; c’est comme la Danse des Morts des peintres allemands du moyen âge. […] Le vertige du poète donne le vertige au lecteur. […] Dans la Divine Comédie, au contraire, il n’y a, comme on voit, ni unité de personnages, ni unité d’action ; c’est une succession d’épisodes sans rapport les uns avec les autres, où l’intérêt se noue et se brise à chaque nouvelle apparition de personnages devant l’esprit, et où cet intérêt, sans cesse noué, sans cesse brisé, finit par se perdre dans la multiplicité même de personnages, et par donner au lecteur l’éblouissement d’une foule. […] XXIII Un retour de l’esprit du poète vers l’ingrate Florence, au dix-septième chant, ramène enfin à quelque chose d’humain et de réel l’esprit du lecteur. […] Quant à nous, lecteur de bonne foi et sans prévention, nous répétons hardiment en finissant ce que nous avons dit en commençant : sublime poète, déplorable poème, mais impérissable monument de l’esprit humain !
Et d’ailleurs n’a-t-il pas dit : On n’a jamais été aussi ingrat que tous les lecteurs de Voltaire le sont à son égard ; j’ai vu de ces lecteurs transportés d’admiration, mais, le livre fermé, se récrier contre l’auteur, et, à force de le haïr, ils trouvent moyen de priser peu ce qui vient de leur donner tant de plaisir. […] Il a bien jugé les autres et s’est mal jugé lui-même ; il s’est éloigné de son bonheur, et est plutôt le juif errant que le philosophe Socrate, il est tout nerf et tout feu ; il est malheureux pour lui, et délicieux pour ses lecteurs. […] Ce qui plaît dans ces remarques manuscrites et ce qui permettrait d’en tirer avec choix et discrétion un volume tout à fait agréable et qui prendrait le lecteur, c’est le naturel franc, et aussi la manière de dire.
Très-Français et très-Normand malgré l’origine allemande de son nom, lecteur d’Oswald et de René, il était de ces âmes que l’élégie et la romance de Millevoye attiraient plus que les joyaux de l’abbé Delille, et auxquelles la voix de Lamartine et de Victor Hugo est venue apprendre ce qu’elles pressentaient, ce qu’elles soupiraient vaguement. […] Au reste, homme du monde, et très-semblable à ce que les lecteurs pourront voir dans Arthur, le travail et l’idée de la gloire ne furent que des éclairs dans une vie donnée plutôt aux sentiments et aux émotions. […] Quelques lettres finales éclairent et apaisent le lecteur sur la situation où on laisse Arthur converti. […] Je prends sur moi de corriger la faute, et je cite la pièce que le désireux lecteur ne saurait où trouver : LES ÉTOILES.
La description du Bocage, dans le troisième chapitre, était toute de lui ; la préface en prévenait le lecteur, sans quoi on n’eût point songé à isoler le morceau, tant le tout se fondait avec goût et courait avec une grâce sévère. […] Il sembla donc à M. de Barante que, par une construction artistement faite de ces scènes originales et en se dérobant soi-même historien, il était possible de produire dans l’esprit du lecteur, à l’occasion des aventures retracées de ces âges et avec l’intérêt d’amusement qui s’y mêlerait, une connaissance effective et insensiblement raisonnée, un jugement gradué et fidèle. […] Il n’en restera pas moins vrai en principe que, puisqu’après tout l’historien fait toujours quelque peu l’histoire, soit qu’il articule à l’occasion ses pensées, soit qu’il se borne à extraire, à disposer les faits de manière à produire indirectement l’effet qu’il désire, il n’y a pas lieu, dans le champ ordinaire de ce noble genre, à tant de scrupule artificiel, à tant d’effacement de soi, à tant de confiance surtout en la réflexion du lecteur. Il est des moments, rares, il est vrai, mais indiqués, où l’historien intervient à bon droit dans le fait et le prend en main ; et, quand le lecteur sent qu’il a affaire à une pensée ferme et sûre, il aime cela.
Victor Hugo fait ce tour de force78 d’apitoyer les lecteurs sur un personnage sans nom, dont ils ignorent et les antécédents et l’état civil et le crime même, dont ils ne savent rien sinon qu’il est un homme retranché par d’autres hommes du nombre des vivants et condamné non seulement à la mort par la guillotine, mais à l’agonie lente qui la précède. […] Il semble que l’on s’achemine doucement vers cette conclusion : le livre est justiciable de la conscience des lecteurs ; il ne relève de la loi qu’en des cas très exceptionnels, par exemple quand il prend le caractère d’une tentative avérée de corruption sur des mineurs. […] L’autre, compact et volumineux, veut des lecteurs attentifs qui aient des loisirs. […] Une assemblée est plus facile à remuer qu’un lecteur isolé.
Par ces points, l’art touche à la morale sociale et à la morale individuelle, et si ce qui le constitue, les propriétés générales mêmes de ce qui est esthétique, contribuent à modifier la conduite des individus et des masses, la sorte particulière d’émotions et de pensées que chaque ouvrage tend à faire naître chez ses lecteurs et ses admirateurs peut de même exercer une action bonne ou mauvaise sur le cours de leur caractère. […] Nous savons remonter d’un livre à son lecteur, d’une symphonie à ses auditeurs, et nous pouvons déterminer en gros, mais cependant avec une suffisante exactitude, d’une part, l’organisation psychologique que présuppose la jouissance de telle œuvre d’art, et de l’autre, la fréquence de cette organisation dans un groupe national ou de classe donné. […] L’historien Augustin Thierry (1795-1856), Normalien, secrétaire de Saint-Simon, grand lecteur de Chateaubriand et de Walter Scott, défenseur de la Révolution de 1830, s’est penché sur l’histoire de l’Angleterre féodale (Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 1825), avant se consacrer à la France mérovingienne dans un ouvrage qui, par son style mêlant érudition et imagination, eut un large succès en dehors du cercle des spécialistes (Récits des temps mérovingiens, 1840). […] Juriste de formation, philosophe lecteur de Leibniz, criminologue opposé à Lombroso, psycho-sociologue rival de Durkheim, collaborateur depuis 1880 de la Revue philosophique de Ribot, co-directeur avec Lacassagne des Archives de l’anthropologie criminelle à partir de 1893, Tarde occupera en 1900 la chaire de « Philosophie moderne » du Collège de France.
D’ailleurs, il s’énonce par-tout avec tant de précision, de netteté, de pureté même & de clarté, qu’il est à la fois à la mesure des lecteurs les plus exercés dans les discussions de l’art grammatical, & à la portée de tous les autres. […] Il découvre à ses lecteurs toutes les finesses de notre langue, & il les emploie lui-même avec beaucoup d’art. […] Le principal & le seul mérite de ce livre, si ce n’est pas un vice, est d’avoir accumulé une foule d’exemples tirés d’auteurs connus ; mais ces exemples ainsi entassés, fatiguent bien plus le lecteur qu’ils ne l’instruisent. […] Un défaut d’ailleurs remarquable dans le Dictionnaire de le Roux, & dans les autres où l’on rapporte nos proverbes, c’est qu’on s’arrête à expliquer certaines façons de parler, certains proverbes si intelligibles, qu’ils s’entendent d’eux-mêmes ; & qu’on en abandonne à la pénétration du lecteur, d’autres dont l’intelligence est beaucoup plus difficile.
Après cela que mon lecteur trouve bon que je le renvoïe sur la difficulté de rimer à l’épitre que Despreaux adressa au roi Louis XIV sur le passage du Rhin, comme à l’épitre que le même poete a écrite à Moliere. […] Le lecteur n’en trouvera pas moins dans les vers que j’insererai ici pour le délasser de tant de discussions grammaticales. […] Je voudrois pouvoir ici publier l’ouvrage tout entier, et pour preuve de ma bonne volonté, je vais donner encore au lecteur deux fragmens d’une lettre écrite par le même auteur à monsieur le prince d’Auvergne. […] Le lecteur qui se donnera la peine de prononcer tout haut ces vers de l’abbé De Chaulieu, sentira bien que le rithme qui tient l’oreille dans une attention continuelle, et que l’harmonie qui rend cette attention agréable, et qui acheve pour ainsi dire d’asservir l’oreille, font bien un autre effet que la richesse des rimes.
Adressé « À nos lecteurs », il souligne son indépendance vis-à-vis des écoles et met en avant les valeurs d’énergie et de nouveauté, la revue se voulant paradoxalement inscrite dans le présent, mais « dépassant l’actualité ». […] À nos lecteurs ACTION n’est point faite pour la satisfaction de quelques écrivains mais pour celle des lecteurs attachés à la révélation d’œuvres ardentes et novatrices qui garantissent notre force vitale. […] Lecteur, avec Franz Werfel et Walter Hasenclever chez l’éditeur Kurt Wolff à Leipzig, il contribue à faire de lui le principal diffuseur des textes expressionnistes.
Quant à l’Oraison funèbre du maréchal Bessières, qui fut demandée à l’auteur par Napoléon, et qui ne put être prononcée à cause des événements, l’éditeur nous dit en produisant aujourd’hui jusqu’aux variantes du morceau : « Je laisse aux lecteurs qui ont senti l’élévation de Bossuet et la profondeur de Tacite, le soin d’indiquer le rang où l’on doit placer Victorin Fabre. » Mais les lecteurs ne s’aviseront pas de donner le moins du monde dans ces rapprochements : l’oraison funèbre de Fabre est trop évidemment une copie, presque un pastiche de celles du grand Condé ou de Turenne.
Que le lecteur veuille bien songer qu’entre les naissances des jeunes hommes qui commencent à écrire et celles des écrivains précédents, un grand fait de l’histoire contemporaine a eu lieu, la guerre de 1870-71, à laquelle succédèrent les ensanglantements de la Commune. […] Entre tous, je me permettrai de transcrire ce passage d’une méditation sur le Foyer, et qui donnera au lecteur un exemple tout à fait exact des admirables effets que l’on peut tirer de la théorie naturiste : « … Cette béatifiante communion, partout j’en distingue le pressentiment.
J’ai dû attendre que mon lecteur se fut mis peu à peu au fait pour lui faire lire cette derniere explication, au hazard de tomber dans quelques redites. Le lecteur se souviendra de ce que nous avons déja dit, que la musique hypocritique présidoit à la saltation.
Quant à passer en revue les diverses pièces de ce recueil, je ne le crois point nécessaire : le lecteur saura fort bien, sans mon secours, distinguer celles qui sont les plus dignes de fixer son attention. […] Après avoir parcouru les pièces que je viens d’indiquer, le lecteur ne saurait se refuser sans doute à reconnaître le talent de M. […] Mais il est fort possible que le lecteur ne sache point ce que ce terme signifie. […] Mais j’oubliais une chose importante ; il faut encore, cher lecteur, que je vous fasse faire connaissance avec mon compagnon. […] Le lecteur doit comprendre maintenant pourquoi je regardais Arina avec tant d’intérêt.
Un véritable talent, vital, coloré, dissimula aux lecteurs les contradictions de la méthode plus réaliste de nom que de fait ; elles passèrent quasi inaperçues. […] Sans en ajouter davantage, le lecteur, immédiatement, entrevoit les différences d’humeur des individus ; humeur plus ou moins violente, plus ou moins irritable, plus ou moins mélancolique. […] Il en résulte que la clientèle lectrice n’a plus le moindre scrupule. […] Zola convie ses lecteurs à une véritable débauche d’infection, d’indigestion et de dévergondage. […] Le lecteur alors est en droit de se persuader que l’action qui va se dérouler est en rapport direct avec le milieu si longuement et si minutieusement analysé.
C’est donc, selon la logique, le moment où il faut dire au lecteur : Voilà quel était ce personnage, voilà d’où il venait, voilà comment il était sorti de l’obscurité, voilà dans quelles dispositions de famille, de corps, d’esprit, de passion il arrivait pour participer à l’événement. […] Ce qu’il faut alors au lecteur, ce n’est pas le portrait, c’est le jugement historique et moral sur le rôle héroïque ou odieux de cet homme, c’est l’épitaphe lapidaire de son nom. […] Sa biographie, plus romanesque qu’un roman, attache tout de suite le lecteur, par toutes les curiosités de l’esprit et par toutes les émotions de l’âme, au drame dont ce grand acteur va remuer la scène. […] Il est tout du temps ; il n’imprime à son œuvre rien d’infini. » IX Ici, je laisse respirer le lecteur et je caractérise l’esprit de la Révolution. […] J’engage mes lecteurs à les lire ; on y verra combien j’ai changé d’impression sur ce faux prophète d’une liberté anarchique, d’une liberté sans limites, d’une égalité impraticable.
Entre ces deux sortes de lecteurs passionnés, il peut se trouver un homme qui voit bien, qui, sans être indifférent, est impartial, qui, quoique prévenu pour ou contre les personnes, peut rester témoin véridique des œuvres ; un esprit capable de regarder la gloire elle-même, comme l’aigle le soleil, sans en être ébloui. […] Mais comme il ne me plairait point de paraître un témoin indifférent, et surtout un lecteur ingrat de tout ce qui s’y est écrit d’excellent, je risquerai de dire, en quelques pages, mon impression dernière sur les œuvres que l’accord persévérant des bons juges a consacrées, ce qui équivaut à un commencement de gloire131. […] Nous avons, vers la fin du premier tiers de ce siècle, admiré comme auditeurs, et nous admirons aujourd’hui comme lecteurs, une brillante application de la critique à l’histoire de la philosophie. […] Le lecteur est à deux de jeu avec l’auteur. […] Si je ne craignais d’être doublement dans l’illusion, comme contemporain et comme ami, j’oserais prédire à deux conteurs charmants et populaires, aussi heureux dans le roman qu’au théâtre, que leurs œuvres auront des lecteurs en France, tant qu’on y goûtera les délicatesses du sentiment et de la pensée exprimées dans la langue des bons écrivains.
Avant d’entrer dans cette exposition, indiquons une vue originale sur le « spectre psychologique » que l’auteur propose aux méditations du lecteur. […] Si l’on combine cette conception avec la loi de Fechner sur le rapport proportionnel de la sensation à l’excitation, le lecteur comprendra peut-être que le calcul puisse être un jour appliqué à la psychologie ; quoique pour le moment, ajoute M. […] Il n’y a pas à en douter ; car, d’une part, on ne sait pas ce qui a été dit ou lu, et d’autre part, si le lecteur cesse subitement, nous nous éveillons, ce qui montre que nous avions la sensation des sons. […] Le lecteur peut rejeter cette opinion ; mais elle lui est soumise après bien des années de méditation, et avec cette hésitation naturelle à produire tout ce qui n’est pas susceptible de preuve265. » Si nous cherchons maintenant266 sous quelles divisions principales peuvent se grouper les phénomènes psychiques, nous trouverons que la classification populaire en sentir et penser, ou esprit et cœur, indique en gros les premiers groupes. […] Beaucoup d’objections qui se présenteront peut-être au lecteur y sont exposées et débattues