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413. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Parmi les écrits qui peuvent donner une juste idée de la reine Marie-Antoinette et de son caractère aux années de sa prospérité et de sa jeunesse, je n’en sais pas qui porte mieux la conviction dans l’esprit du lecteur que la simple Notice du comte de La Marck, insérée par M. de Bacourt dans l’Introduction de l’ouvrage récemment publié sur Mirabeau. […] Or, maintenant, dans l’état actuel des renseignements historiques sur Marie-Antoinette, en se rendant compte des vrais témoignages, et en se souvenant aussi de ce qu’on a ouï raconter à des contemporains assez bien informés, il est très permis de penser qu’en effet cette personne affectueuse et vive, tout entière à ses impressions, amie des manières élégantes et des formes chevaleresques, ayant besoin tout simplement aussi d’épanchement et de protection, a pu avoir durant ces quinze années de sa jeunesse quelque préférence de cœur : ce serait plutôt le contraire qui serait bien étrange. […] La beauté de la reine dans sa jeunesse a été fort célébrée.

414. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Dans ce monde d’ailleurs qu’il savait si bien, et parmi les amis particuliers de sa mère, se trouvaient deux hommes qu’il ne saurait avoir été indifférent à aucun bon esprit d’avoir connus et pratiqués dès la jeunesse. […] qui vous écoutent et qui vous répondent aussi, et le tout fait une réunion délicieuse, totam suavissimam gentem , disait Voltaire en parlant de la plus aimable des sociétés philosophiques de sa jeunesse. […] que les causes que l’on épousait ont moins duré que la vie des hommes, moins que leur jeunesse même, moins que leur talent ! […] Il continue, en toute rencontre, de porter respect aux pensées et aux vœux de sa jeunesse. […] C’est au Marais aussi que, l’année précédente, il avait lu, pour la première fois, quelque chose de lui, le morceau sur la jeunesse, qui commence les Mélanges.

415. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

La vieillesse réconcilie l’homme avec sa jeunesse. […] II Entre nos jeunesses et vieillesses nous fûmes, à mon grand regret, souvent séparés. […] relève ton courage ; N’use point ta jeunesse à sécher dans le deuil ; Il est pour les humains un plus noble partage        Avant de descendre au cercueil ! […] Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ; De biens évanouis tu parles à mon cœur ; Et d’un bonheur prochain ta riante promesse M’apporte un long regret de mon premier bonheur. […] Ou bien, si d’un pinceau la légère finesse Sur l’ovale d’ivoire avait peint ses attraits, Le velours de sa joue, et sa fleur de jeunesse, Et ses grands sourcils noirs couronnant tous ses traits : Ah !

416. (1894) Critique de combat

Mais qui a le droit de parler au nom de cette formidable inconnue, la jeunesse ? […] Il ne vous déplaît pas que la jeunesse des écoles regarde vers les grands faubourgs énigmatiques et silencieux. […] La jeunesse, elle aussi, entend qu’on marche drapeau claquant au vent et flottant au soleil. […] Cela sent bon la vie, la jeunesse, la santé. […] On extraira des derniers ouvrages de l’élu les passages les plus propres à faire l’éducation de la jeunesse.

417. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Il faut bien, comme dit le proverbe, que jeunesse se passe ; soyez bien né, ayez un fonds d’honnêteté première, et, nonobstant quelques écarts faits pour être pardonnés, tout, en fin de compte, ira bien. […] Parmi les pièces représentées sur un autre théâtre que le Théâtre-Français, la commission, même après un premier choix, avait à en examiner plusieurs de mérite inégal et de genre fort divers ; mais elle ne pouvait ne point se préoccuper, avant tout, d’un ouvrage qui lui était désigné par le plus brillant succès, par la jeunesse et la maturité du talent, et qui est, sans contredit, la plus remarquable des pièces représentées pendant l’année.

418. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Engagé aujourd’hui dans les fonctions saintes du ministère, il a cru, à l’une de ses courtes heures de loisir, pouvoir reproduire, sous un pseudonyme, d’anciens vers de jeunesse, que, plus heureux que Bèze, il n’a pas eu à rougir de refeuilleter. […] Montesquieu a dit quelque part : « Dans ma jeunesse, j’ai aimé des femmes que je croyais qui m’aimaient » ; il n’a pas dit : que je croyais qu’elles m’aimaient.

419. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Là-bas ils auraient des enfants encore, leur jeunesse en répondait ; ils n’auraient point à se dire : « Nourrirons-nous celui qui viendra ?  […] Je suis tenté de ne plus croire ceux qui parlent de décadence et qui nous montrent la jeunesse d’aujourd’hui tristement ballottée du naturalisme au dilettantisme.

420. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Suit-on, durant quelques siècles le développement du vers français de douze syllabes ; on remarque facilement que chez les poètes de la Pléiade il est souple, libre, aisé, qu’il se permet beaucoup d’enjambements et de rejets en même temps qu’il est richement rime ; qu’à partir de Malherbe et de Boileau, surtout au xviiie  siècle, une césure presque immuable le divise en deux parties égales, tandis que la rime devient souvent pauvre et banale ; que les romantiques, en disloquant, comme ils disaient, « ce grand niais d’alexandrin », rendent à la rime une plénitude de sonorité dont elle avait perdu l’habitude ; que Musset semble, il est vrai, faire exception en lançant aux partisans de la consonne d’appui cette moqueuse profession de foi : C’est un bon clou de plus qu’on met à la pensée ; mais qu’aussi ses vers, sauf dans ses poésies de jeunesse où il s’abandonne à sa fantaisie gamine, sont restés, bien plus que ceux de Victor Hugo ou de Sainte-Beuve, fidèles à la coupe classique. […] Parce qu’il avait dans sa jeunesse contemplé de près la splendeur des montagnes et des lacs, vécu dans leur, intimité, respiré dans l’air pur l’âme des paysages alpestres ; parce qu’il avait parcouru à pied la Suisse et la Savoie, deux pays où des contrastes grandioses et charmants parlaient plus qu’ailleurs aux yeux et aux cœurs, où les fêtes, les usages, la vie de tous les jours avaient encore la saveur d’une agreste simplicité ; parce qu’enfin cet être si sensible, écrivant en un moment où la sensibilité se réveillait en France, rencontrait des lecteurs préparés aux émotions qu’il allait leur communiquer.

421. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

En 1620, il avait dix-neuf ans, et la reine dix-huit ; leur jeunesse ne les empêchait pas de vivre ensemble très froidement. […] Et enfin, il n’est pas déraisonnable de penser que l’état d’humiliation où la première jeunesse du roi fut tenue par sa déraisonnable mère, lui rendait impossible cette confiance en lui-même et dans les autres, qui est le premier véhicule de l’amour ; qu’il ne voyait dans Anne d’Autriche qu’une femme attachée à lui par le devoir ; qu’il avait besoin d’être relevé de cette dépression par la tendresse de personnes désintéressées.

422. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Gustave Kahn ne s’est pas trompé en écrivant que Fécondité plairait beaucoup à la jeunesse naturiste. […] La partie sérieuse et pensante de la jeunesse veut agir sur le monde et ne se contente pas du tout de célébrer le printemps.

423. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Voyez cette femme qui a perdu les yeux dans sa jeunesse. […] Mais appelez la nature, présentez-lui ce col, ces épaules, cette gorge ; et la nature vous dira, Cela c’est le col, ce sont les épaules, c’est la gorge d’une femme qui a perdu les yeux dans sa jeunesse.

424. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Ce goût se forme en nous-mêmes et sans que nous y pensions. à force de voir des tableaux durant la jeunesse, l’idée, l’image d’une douzaine d’excellens tableaux se grave et s’imprime profondément dans notre cerveau encore tendre. […] Il faut, principalement durant la jeunesse, avoir eu des occasions fréquentes de voir dans une assiete d’esprit tranquille des tableaux.

425. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

… Et s’il n’y avait que les enfants, ivres du mérite de leur père, qui crussent le continuer, on pardonnerait cette illusion à la jeunesse et à l’admiration filiale ; mais la société tout entière daube là-dedans, avec une incomparable naïveté !! […] La maison Dumas, pour l’esprit qui l’a habitée, est la guérite de l’adultère, du duel, de toutes les rengaines dramatiques sur lesquelles cette grande pauvreté qui se croit un luxe, Je théâtre vit depuis des siècles, et quand on y a passé une partie de sa jeunesse, on reste imprégné de ces idées de duels et d’adultères, on les respire ; on les transpire ; on n’est plus capable de rendre autre chose, de créer autre chose que cela.

426. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Dans son extrême jeunesse, quand il eut l’âge d’écouter et de suivre la voix de la vocation, cette sirène qui n’a pas d’écueil, la Révolution l’avait déjeté, comme tant d’autres, du chemin où naturellement ses facultés l’auraient mis. […] Il n’y a que pour Barbaroux qu’il ait gardé la tendresse d’une camaraderie de jeunesse.

427. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Je pourrais, si je le voulais, suivre longtemps cette comparaison et ces contrastes entre le père et le fils, le plus sage ouvrage de son père, qui peuvent dire tous deux plaisamment, l’un : « Je vous présente un fils qui est plus vieux que moi », et l’autre : « J’ai l’honneur de vous présenter un père bien jeune, et dont la jeunesse inconséquente donne beaucoup de souci et d’inquiétude à la vieillesse de son fils !  […] Est-il possible d’être moins homme que cet homme, qui a été chaste dans sa jeunesse, la force des forces pour qui connaît le cœur humain, et qui, après avoir été trompé, berné, humilié, trahi et raillé par sa femme, dont il se sépare, en redevient l’amant une dernière fois, et, pour s’achever, se cocufie lui-même ; car de telles bassesses, de telles abjections, rappellent les vieux mots bannis qui ne faisaient pas peur à nos ancêtres !

428. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

La piété intelligente qui a réuni ses lettres de jeunesse a respecté cette pudeur et elle a eu raison. […] En 1884 comme en 1830, il croyait à la valeur de ce qu’il appelle, dans cette même lettre de jeunesse «  l’instinct aveugle mais sûr ». […] Ces deux caractères se distinguent, dès ces lettres de jeunesse, dans leur descendant. […] Les lettres de jeunesse de M.  […] Il est visible que deux courants se partagent cette jeunesse qui ne peut plus supporter de ne pas vivre, de ne pas agir, de ne pas croire.

429. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Elle lui vaut l’influence très réelle qu’il exerce sur la jeunesse. […] Son action sur la jeunesse. […] Il est bon que la jeunesse les entende. […] — Leur part dans l’éducation de la jeunesse a diminué. […] La Jeunesse du grand Frédéric.

430. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il eut pourtant, en ces années de jeunesse, son ardeur de prosélytisme et son essor impétueux ; la cause patriotique et philosophique l’enrôla du premier jour dans ses rangs. […] Je cherchais bien loin celui qui était alors tout près de nous, et qui semblait avoir oublié ses premiers essais de jeunesse. […] Il était venu à Paris dans sa première jeunesse, il y revint à l’époque du Consulat et fut accueilli avec cordialité dans les cercles d’Auteuil et de la Maisonnette. […] Manzoni d’ailleurs, en ces années de jeunesse, recueillait ses idées et les mûrissait tour à tour sous les soleils de France et de Lombardie, plutôt qu’il ne se hâtait de les produire. […] Voulant raconter la vie et les aventures de jeunesse de Lope, M.

431. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Ne lui demandez pas des figures de fraîcheur, une jeunesse, et cette aurore toute neuve qui se lève chaque matin sur la mer. […] Dès lors, obscurément d’abord et consciemment ensuite, toute l’adolescence et la jeunesse de Fromentin tendent à une évasion. […] Dominique, roman de classe moyenne, reste le meilleur des romans qui figurent en France, d’après un vieux rythme humain, une jeunesse qui se dépouille et une classe moyenne qui s’établit. […] Il a fait en trois voyages de jeunesse, relativement courts, sa provision complète de nature algérienne, nature d’ailleurs intelligemment comprise comme une somme, comme un système clos d’êtres et de rapports. […] Ce voyage pendant lequel son absence a fait cristalliser l’amour de Dominique, il a produit en elle cette mutation brusque ordinaire à la jeunesse.

432. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

On se rappelle aussi Olympia Morata, enflammant d’enthousiasme la studieuse jeunesse de Ferrare. […] Sa jeunesse a été la proie des passions. […] La plupart des amours de sa jeunesse sont malheureuses ; il aime souvent sans espoir. […] L’autorité professorale, honorée encore en apparence, avait perdu crédit sur la jeunesse. […] Comme tous les êtres bien doués de force et de jeunesse, Gœthe veut le bonheur.

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