… Comment lui, dont les premiers chants furent des cris étouffés si poignants, et les peintures d’une réalité qui saisissait le cœur comme la vie même, comment ce Rembrandt du clair-obscur poétique qui s’annonçait alors, est-il devenu, la vie aidant, avec les expériences, ses blessures et les ombres sinistres qu’elle finit par jeter sur toutes choses, moins pénétrant, moins mordant, moins noir et or (la pointe d’or dans un fond noir), qu’en ces jeunes années où l’on est épris des roses lumières ? […] Le vrai Joseph Delorme ne commence qu’à la quinzième pièce du volume (et il y en a cinquante-six en tout) ; il ne se révèle pour la première fois que dans celle-là que le poète a intitulée Bonheur champêtre, et dans laquelle pourtant le vieux lyrisme du moment, jeune alors, mais connu, usé, poncif à présent, et qui retentissait en métaphores sur la lyre des Hugo et des Lamartine, couvre encore la voix neuve, la note unique qui, tout à coup, çà et là, y vibre : Lorsqu’un peu de loisir me rend à la campagne Et qu’un beau soir d’automne, à travers champs, je gagne Les grands bois jaunissants, etc., etc. […] Le carabin s’est converti en abbé, mais en un abbé comme celui-là qui dit, avec un sentiment qui n’est pas de Port-Royal encore, dans Le Crucifix de M. de Lamartine, en prenant la croix sur le sein de la jeune trépassée : Voilà le souvenir et voilà l’espérance ; Emportez-les, mon fils !
Le petit séminaire s’était emparé de son jeune être, lui avait façonné « une âme artificielle, ardente, de sensibilité suraiguë » en le préparant à son rôle d’« être exclu ». […] Et quant à ces mouvements profonds de l’instinct et du cœur par où s’annonce bien plus communément encore chez une âme jeune l’éternel amour de la vie, si elle ne parvient pas à les détruire, du moins y jette-t-elle, par la terreur du péché et les hideuses images de la souillure, assez de trouble, de honte et d’alarmes, pour en chasser à jamais toute franchise et toute joie. […] C’est à tous qu’il importe d’ouvrir les yeux à la réalité ; mais c’est aux jeunes êtres voués au Minotaure-Église qu’il serait nécessaire d’adresser les plus pressantes paroles, les plus chauds et les plus directs avis.
On mêle au lait des jeunes chiens du sang de fauve pour les rendre meilleurs chasseurs. […] De Singapour, la ville étrange dont un jeune écrivain, M. […] Et même, plus les enfants sont jeunes, plus ils seraient sensibles. […] Deux jeunes écrivains toulousains, MM. […] On ressemble alors à ces jeunes viveurs qui se parent d’une sensibilité dorsale.
En ce temps-là le jeune Lavisse avait des opinions de jeune homme. Il collaborait aux petits journaux du quartier latin : la jeune France, etc. […] Il alarme tous les jeunes prêtres. […] Du Lac ne demanda pas au jeune néophyte qu’il lui sacrifiât sa vie. […] Clair et d’autres qui sont beaucoup plus jeunes.
On entend de nos jours couramment dire dans les milieux jeunes : « Hugo ? […] Une jeune dame, grande lectrice, me disait, il y a trois ans, sur une plage : — Le livre de vous que j’aime le plus, c’est Fromont jeune et Risler aîné. […] Je sais un jeune docteur de lettres qui a noté ainsi tous les couchers de soleil dans l’œuvre de J. […] Ces questions valaient la peine d’être traitées, même par de jeunes esprits critiques. […] Un jeune licencié ès lettres, candidat à l’agrégation, fut admis un jour dans un journal.
S’il avait un peu de tendresse dans le cœur, c’était plutôt pour une jeune et belle fille de Frascati.
. — Quant aux adversaires, au clergé, malgré les avantages partiels et paternels que peuvent présenter deux ou trois de leurs écoles, il est certain que, si on les laissait faire, ils paralyseraient le mouvement d’études et fanatiseraient ou abêtiraient les jeunes esprits.
Précédemment, bien jeune, et sous l’inspiration première et les conseils de M.
Le lecteur est instruit de l’ancienne grandeur morale de Pipabs, et ce même lecteur souffrira lui-même du martyre de cet ancien brave, minaudant, gambadant, rampant, déclamant, marivaudant, pour obtenir de ses jeunes bourreaux… quoi ?
Par cette fiction hardie, on est transporté tout d’abord dans un univers primitif, au sein d’une jeune nature, encore toute ruisselante de la vie et comme imprégnée du souffle des dieux.
Charles Frémine Toi qui soupes d’un rêve et d’une fleur déjeunes, Toujours l’âme à la joie et la lèvre au cruchon, Nul barde, dans la gloire et le respect des jeunes, Ne s’élance plus haut que toi, Raoul Ponchon.
De clairs paysages de nature jeune, un crépuscule sur un bois d’avril, des plaintes d’oiseaux parmi les branches, une forêt effeuillée par la brise, des processions pieuses de jeunes filles dans un lointain discret, et puis les sanglots et les joies d’une âme fraîche et calme, voilà tous les aspects qu’a présentés, à notre vue, le poète du Lis dans son récent ouvrage.
Celui-ci étoit fort jeune lorsqu’il débuta dans les Lettres par la Tragédie de Coligni, & par des Poésies légeres dont il prépare une édition plus digne du Public, que celle qui a paru en trois volumes, & qu’il désavoue.
Quelles scenes horribles à offrir à des François, à de jeunes Princes, &c » ?
Cet homme est la ruine de tous les jeunes élèves en peinture.
Un poëme, dont le sujet principal est la mort violente d’une jeune princesse, entre dans l’ordonnance d’une fête ; et l’on destine cette tragedie à faire le plus grand plaisir d’une compagnie qui s’assemblera pour se divertir.
Comme eux, il a écouté la voix du jeune charpentier, les choses divines que proclamait sa divine ignorance. […] La jeune femme a eu tous les bons exemples sous les yeux ; en outre, elle est d’un sang pâle qui ne la tourmente d’aucun désir. […] Aussi les jeunes critiques qui parlent de M. […] Edmond Scherer et la jeune école. […] De jeunes talents se groupent autour de M. de Vogüé, faits, semble-t-il, pour comprendre leur rôle comme lui.
En bon diplomate, il fait des sacrifices ; il prête six mille ducats sans intérêt ; il donne une grosse galéasse avec son artillerie, pour l’expédition d’Italie qui tient tant au cœur du jeune roi. […] Mais on a vu en lui un aristocrate, parce qu’il se moque bien fort des chaussetiers et autres bourgeois de Gand, qui veulent se mêler de diriger la politique de la jeune duchesse Marie de Bourgogne. […] Le duc de Bourbon, autre puissant prince, eut l’honneur d’avoir à ses gages un M. de Montferrand qui fit les XII Dômes de rhétorique pour présenter un jeune secrétaire de son maître à un des fameux poètes bourguignons, Georges Chastelain. […] La jeune duchesse Anne, devenue notre reine, amena de Nantes, attira de tous les coins du royaume tout ce qu’elle put trouver de grands, moyens, petits et tout petits rhétoriqueurs.
M. de Chateaubriand, qui aimait peu ses enfants les romantiques plus jeunes, était lui-même (malgré son apprêt de rhétorique renchérie) un grand romantique, et en ce sens qu’il avait remonté à l’inspiration directe de la beauté grecque, et aussi en cet autre sens qu’il avait ouvert, par René, une veine toute neuve de rêve et d’émotion poétique. […] Il y a eu, durant cette période de 1819-1830, dans beaucoup de jeunes âmes (et M. de Sacy ne l’a-t-il pas lui-même observé de bien près dans le généreux auteur des Glanes 12, cette sœur des chantres et des poètes ?)
Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet. […] M. de Viel-Castel était de ces jeunes esprits, éclos non pas au début, mais sur le déclin de la Restauration, qui en avaient reçu pleinement le souffle politique et l’influence, qui en auraient voulu le succès sans les fautes ; il en a gardé le goût sans en avoir le culte, sans en porter le deuil ; il la connaît à fond, hommes et actes ; il la juge.