Je connaissais un jeune musicien, un esprit délicat, qui avait reçu en présent d’un écrivain célèbre un livre magnifique accompagné d’une longue dédicace personnelle. […] Inutile d’insister, je pense, sur le service que cela rendrait aux jeunes. […] Après le grand succès de La Jeune Parque, Paul Valéry jouit d’une popularité énorme. […] Il s’agit de Paul Valéry — cité deux pages auparavant — que sa Jeune Parque a entouré d’une réputation d’hermétisme. […] Valéry, La Jeune Parque, v. 347.
Ce fut au milieu d’un tel cercle d’amis que Ballanche essaya sa jeune imagination. […] Le vieillard de Ballanche cherche à détourner une jeune intelligence du culte acharné des idées vaincues, à l’arracher au désespoir social. […] Jamais vieillard n’alla avec plus d’empressement au-devant des hommes et des choses jeunes. […] Une figure de jeune femme a toujours passé pour ce qu’il y a de plus difficile dans la peinture. Il est plus aisé d’imiter exactement des rides, que de copier un front jeune et pur.
et, tout jeune encore, fuyant une ingrate patrie, quand il alla tenter le sort en Russie, la grande Catherine elle-même aurait-elle daigné l’honorer de son impériale faveur ? […] » L’impératrice, en tout cas, s’intéressa bien plus pour « les grands yeux bleus », du jeune officier que pour son projet de coloniser la région de la mer d’Aral. […] « Environné de jeunes personnes, M. de Saint-Pierre se plaisait à les suivre dans leurs promenades champêtres, et quelquefois il leur dictait de petits sujets de composition qu’il revoyait avec intérêt. » L’une de ces jeunes personnes, mademoiselle Désirée de Pelleporc, fit une vive impression sur ce cœur toujours jeune, trop jeune même ; et six mois n’étaient pas encore écoulés depuis la mort de Félicité qu’il volait à de nouvelles amours. […] Ils étaient plus jeunes alors, d’une élégance plus apprêtée peut-être, moins graves aussi ; mais il est bien un peu de leur famille. […] C’est, comme le disait un jeune et habile écrivain, M.
Un des meilleurs, et des mieux doués parmi ceux de mes amis qui sont plus jeunes que moi, Jules Tellier, vient de mourir. […] Il était né vaincu d’avance ; et j’ai toujours été persuadé qu’il mourrait jeune. […] On m’a dit que ces jeunes personnes ne s’ennuyaient pas du tout et qu’elles se parisianisaient grand train. […] L’avenir est promis, dit-on, à des peuples plus jeunes, mais nous avons un long et beau passé. […] Édouard Grenier est encore jeune ; mais il serait également faux de dire qu’il ne l’est plus.
Nous avons perdu le Père Léonce en 1927, et jeune encore. […] Peut-être aussi, ayant très jeune perçu parmi les siens l’écho de la bataille littéraire, s’en exagérait-elle les âpretés. […] L’aventure de Fra Filippo Lippi quittant son couvent puis enlevant Lucrecia Buti, une jeune novice qui lui servait de modèle pour une Madone, suffirait à prouver le contraire. […] Une légende voulait qu’il eût été, jeune, le camarade et le rival d’un trapéziste fameux. […] Or les Borghèse résidaient précisément en cette ville à l’époque de la confirmation du jeune Scipion.
Les esprits très jeunes, et que la réflexion philosophique n’a point affinés, ont une très forte tendance à se méprendre : presque toujours ils sont réalistes, comme on pouvait l’être au temps d’Abailart et de Guillaume de Champeaux.
. — On demande un jeune ménage, un acte, en collaboration avec Em.
Ainsi viennent de jeunes pâtres dont la voix est naturelle.
Albert Giraud Un des plus jeunes poètes du Parnasse belge de 1887.
Barthélemy mourut jeune, en 1843.
Mais ce fier sonnet, que j’ai bien chanté, Gardera le nom dont je le décore Et dans ce temps-là sera jeune encore.
Un trait trop honorable aux Lettres pour être passé sous silence, c’est que notre jeune Monarque, touché du sage emploi que M.
Chardin et Vernet voient leurs ouvrages à douze ans du moment où ils peignent, et ceux qui les jugent ont aussi peu de raison que ces jeunes artistes qui s’en vont copier servilement à Rome des tableaux faits il y a cent cinquante ans ; ne soupçonnant pas l’altération que le temps a faite à la couleur, ils ne soupçonnent pas davantage qu’ils ne verraient pas les morceaux des Carraches tels qu’ils les ont sous les yeux, s’ils avaient été sur le chevalet des Carraches tels qu’ils les voient.
Comme Missa revenait avec la jeune femme, celle-ci qui marchait en avant de lui aperçut un morhoméné ouâra158 (c’est-à-dire une panthère mangeuse d’hommes)159 qui s’avançait à leur rencontre.
Le Dauphin bien jeune, et à l’âge de quatorze ans, commence ce rôle de répression des grands et de réparation du royaume qu’il poursuivra plus tard comme roi ; il parcourt tout le Languedoc, accompagné des principaux de la province : « Il fit son entrée à Toulouse, dit l’abbé Le Grand, vêtu d’une casaque d’écarlate, ayant des manches très larges au milieu et fort serrées sur le poignet, avec une ceinture ou écharpe, etc. » Cette petite vignette de Louis XI à quatorze ans, et préludant à son rôle de roi, a disparu chez Duclos. […] Le premier président de Mesmes ouvre la séance par un compliment au duc de Berry, qui oublie la réponse qu’il devait faire et qui reste court après avoir répété plusieurs fois : « Monsieur… Monsieur… » De là, à son retour à Versailles, une amère douleur du jeune prince qui s’en prend au duc de Beauvilliers, son gouverneur, et au roi, et qui accuse l’éducation qu’on lui a donnée : Ils n’ont songé, s’écrie-t-il, qu’à m’abêtir et à étouffer tout ce que je pouvais être. […] C’est ainsi que, pour être plus piquant et plus vif, Duclos travestit en son propre langage le ton d’une conversation d’intérieur entre une jeune personne et Louis XIV.
Je ne sais trop si M. de Meilhan est exact en ce point et si l’on peut dire que l’Antiquité grecque et romaine ressemble à un génie mort jeune et intercepté avant le temps : il me semble au contraire que les Grecs, et les Romains qu’en ont hérité, ont eu leur cours naturel d’existence et leur âge tout rempli ; qu’ils ont eu, eux aussi, leur épuisement et leur décadence sous des formes monstrueuses ou subtiles, et que, si la civilisation avait à être utilement continuée et renouvelée, ce ne pouvait plus être à la fin par eux. […] Quoique l’auteur ait dit dans une note que ce portrait est le seul qui s’applique réellement à une personne déterminée, je ne saurais croire que le portrait d’Ismène ou de la beauté sans prétention, à qui il n’a manqué pour être célèbre que de mettre enseigne de beauté ; que celui de Glycère, la femme à la mode, et qui « s’est fait jolie femme il y a vingt ans sans beauté, comme on se constitue homme d’esprit sans esprit, avec un peu d’art et beaucoup de hardiesse » ; — je ne puis croire que le portrait d’Herminie si entourée, si pressée d’adorateurs, si habile à les tenir l’un par l’autre en échec, et qui n’aime mystérieusement qu’un seul homme sans esprit, sans figure, qui n’est plus jeune, qui se porte très bien toutefois, et qui est… son mari ; — que le portrait d’Elvire, la femme de cinquante ans, qui s’avise soudainement d’un moyen de se rajeunir en s’attachant à un homme de soixante-quinze ; — que tous ces portraits si nets et si distincts n’aient pas eu leur application dans le monde d’alors. […] [NdA] Comme pendant et contrepartie de cette idée qu’on doit faire peu de confidences à l’âge où l’on vieillit et où l’on perd, M. de Meilhan avait dit, une autre fois, avec beaucoup de justesse : « L’homme a besoin, quand il est jeune, de se répandre ; il se plaît à faire des confidences ; il ne se connaît pas et se croit un être curieux et rare ; il n’a pas enfin la force de garder son secret, et la présomption le porte à croire qu’il inspire un intérêt sincère qui le fera écouter avec plaisir. »
On se rappelle ce grand seigneur qui un jour, dans la galerie de Versailles, devant Boileau, Racine et Valincour, fit taire de jeunes étourdis qui riaient aux éclats de ce qu’Homère avait parlé des Myrmidons ; mais ensuite, prenant à part les trois amis dans l’embrasure d’une fenêtre, le même seigneur leur demanda sérieusement : Maintenant que nous sommes entre nous, dites-moi s’il est bien vrai, messieurs, qu’Homère ait parlé des Myrmidons ? […] Ce petit homme-là n’avait jamais eu quinze ans, n’avait jamais été amoureux comme les bergers, et n’avait jamais appris à jouer de la flûte auprès du divin Daphnis : Il façonnait ma lèvre inhabile et peu sûre À souffler une haleine harmonieuse et pure ; Et ses savantes mains, prenant mes jeunes doigts, Les levaient, les baissaient, recommençaient vingt fois, Leur enseignant ainsi, quoique faibles encore, À fermer tour à tour les trous du buis sonore. […] L’abbé de Pons ne songe même pas aux langues étrangères vivantes, et il en laisse passer le vrai moment : il n’a jamais observé l’enfant à cet âge où il aime à répéter tous les sons, et où tous les ramages ne demandent qu’à se poser sur ses lèvres et à entrer sans effort dans sa jeune mémoire.
Réduit souvent par sa faute à de tristes extrémités et amené, bien que jeune, à songer à sa dernière heure, Villon suppose qu’il fait son testament (il y en a deux de lui, le grand et le petit, sans compter un codicille), et dans cette supposition il lègue à ses amis tout ce qu’un pauvre diable qui n’a pas un sou vaillant peut donner ; parmi ses legs, il y a bon nombre de lays ou de ballades, et il a dû penser au jeu de mots : C’est à un poète une idée singulièrement originale et touchante, nous dit d’abord M. […] Une idylle, composée, il y avait quatre-vingts ans environ, par un ancien évêque de Meaux, Philippe de Vitry, sur le bonheur de la vie champêtre, continuait de faire fureur, et le bûcheron Franc-Gontier et dame Hélène sa femme (un Philémon et une Baucis plus jeunes) recrutaient, parmi les badauds de la cité, bien des admirateurs à froid de la vie des forêts, louant la médiocrité non dorée, l’eau pure du ruisseau et le gland du chêne. […] Campaux, on aura pour tout le reste un commentaire aussi ample qu’utile, et conçu dans un esprit mieux encore que littéraire, je veux dire sympathique et presque filial. — Il a dû y avoir, je m’imagine, du temps de Villon, quelque écolier un peu plus jeune que lui, aussi laborieux, aussi bon sujet que l’autre était mauvais et dérangé, mais grand admirateur du poète, sachant ses premières chansons, récitant à tous venants ses plus jolies ballades, en étant amoureux comme on l’est à cet âge de ce qu’on admire.
Lorsque ce talent à la fois jeune et en pleine maturité s’est annoncé ici avec un si grand éclat, on a cherché à l’écarter en disant que c’était un étranger : le fait est faux ; c’est un Français rendu à la France par le décret philosophique qui réintègre les descendants des protestants réfugiés. […] Un jeune écrivain de mérite, et qui en est à recommencer pour son compte une des phases par lesquelles notre génération a passé, s’étonnait l’autre jour que la France fût restée indocile ou infidèle à tant de belles etjustes leçons professées dans un style clair, limpide, par un écrivain doué de « ce bon sens souverain qui commande même au génie. » Nous lui donnons ici une des mille raisons de ce peu de succès. « On a honte, dit M. […] Je le vois encore, sur les derniers temps de la Restauration, avec son visage fin, amaigri, de jeune vieillard, ses longs cheveux négligés et pendants, sa taille de peuplier, avec son pas traînant et son attitude délabrée, exhalant de toute sa personne je ne sais quelle senteur de musc qui rappelait l’ancien muscadin ; cherchant dans les salons du général La Fayette (moins remplis alors qu’un ou deux ans plus tard) quelqu’un avec qui causer, et ne le trouvant pas toujours, ou faisant le soir à l’Athénée une lecture déjà cent fois redite et qu’il essayait d’animer ; écrivant pour le Courrier français des séries d’articles qu’on ne lisait plus.
MM. de Goncourt sont deux frères jeunes encore, qui ont débuté dans les lettres il y a une douzaine d’années ; qui se sont dès le premier jour jetés en pleine eau pour être plus sûrs d’apprendre à nager ; qui y ont très-bien réussi ; qui ne se sont jamais séparés, qui ont étudié, écrit, vécu ensemble ; qui ont mis tout en commun, y compris leur amour-propre d’auteur ; que cette union si étroite et qui leur semble si facile distingue et honore ; qui ont fait chaque jour de mieux en mieux ; qui, adonnés aux arts, aux curiosités, aux collections tant de livres que d’estampes, ont acquis du xviiie siècle en particulier une connaissance intime, approfondie, secrète, aussi délicate et bien sentie que détaillée. […] Les jeunes femmes de la fin du règne de Louis XIV, et qui entraient dans le monde en même temps que la duchesse de Bourgogne ou un peu auparavant (comme Mme de Caylus), ne sont pas exactement les femmes de la Régence ; celles-ci, écloses en pleine licence et comme vouées à l’orgie (Mme de Parabère, Mme de Prie), ne sont pas tout à fait celles dont l’avènement mondain retarde et se rapporte à l’époque du mariage de Louis XV et à l’arrivée en France de Marie Leczinska. […] En voilà un exemple. » Cette éducation est celle que Mme de Luxembourg avait donnée à sa petite-fille, Amélie de Boufflers, duchesse de Lauzun, la plus accomplie, la plus pure des jeunes femmes d’alors ; en se dévouant à elle, elle s’était elle-même améliorée, et, comme l’ont dit très-bien MM. de Goncourt, cette vieille fée de l’esprit et de la politesse ne se montrait plus qu’accompagnée de cet ange d’innocence et de pudeur, Mme de Lauzun.