On écrivait en vers avec son naturel, comme Marot et comme Saint-Gelais ; la poésie n’était qu’un jeu, comme la musique, ou la danse, ou l’amour ; et, tout d’un coup, voici qu’avec Ronsard, la poésie devient son propre but à elle-même, son principe, et sa fin. […] Personne de nous — c’est la loi du genre ou la règle du jeu, si je puis ainsi dire, — n’a le droit de supposer que, lorsqu’il promet de parler de Molière ou de Racine, ce soit à lui, qui en parle, et non pas à l’auteur d’Andromaque ou à celui de l’École des femmes que l’on coure. […] J’irai plus loin : si l’on le contestait, ce ne pourrait être que par un jeu d’esprit, puisque nous sommes ainsi faits, selon le mot du poète, que nous ne saurions sortir de la nature que par des moyens qui sont eux-mêmes encore de la nature. […] Tels sont chez nous Marivaux, dans ses comédies : la Surprise de l’Amour, les Fausses confidences, le Jeu de l’Amour et du Hasard, ou encore le peintre de l’Embarquement pour Cythère ; tel autrefois l’auteur de l’Astrée, le mélancolique, le sentimental, et pourtant aussi le reposant Honoré d’Urfé ; tels peut-être, dans l’histoire de la littérature italienne, l’auteur du Roland furieux, celui de la Jérusalem, et à coup sûr celui de l’Aminte.
On lui commande des pageants ou parades, des déguisements pour la compagnie des orfévres ; un masque devant le roi, un jeu de mai pour les shérifs de Londres, une mise en scène de la création pour la fête de Corpus-Christi, une mascarade, un noël ; il donne le plan et fournit les vers.
« Il y a un jeu atroce, commun aux enfants du Midi ; tout le monde le sait.
Il paraît que c’est un conservateur en herbe, que son père appelle le petit éteignoir — et avec cela casseur en diable, — et dans une partie de jeu, ces temps-ci, un jour où son père ne l’avait pas mené au spectacle où il comptait aller, ayant brisé pour quarante mille francs de petits modèles de soldats exécutés par le sculpteur Frémiet : l’armée en réduction minuscule que l’Empereur a dans une armoire de sa chambre… * * * — Par le froid, les petits musiciens passent dans les rues, leur violon sous l’aisselle, perdus dans d’immenses redingotes, un képi sur le sommet de la tête : caricaturaux et sinistres, ayant l’air de petits singes en carrick.
Gibbon, écrivant ou lisant dans une charmille à l’angle de son propre jardin, admirait et écoutait ces jeux et ces voix d’une jeune Française et de son enfant.
Or, l’essence de tout matérialisme est de soutenir le contraire, puisqu’il prétend faire naître la conscience avec toutes ses fonctions du seul jeu des éléments matériels.
Sous ce rapport on peut le rapprocher, d’une manière bien inattendue, du vieux philosophe d’Ephèse, Heraclite, dont les sentences voulant montrer dans la mort l’œuvre même de toute vie, s’appuie sur l’analogie des mots, en grec, désignent la vie et l’arc (βίος et βίός) il s’écrie : l’arc a pour nom vie et pour œuvre mort. » Malgré ces jeux de mots et d’idées, niera-t-on la profondeur d’Heraclite, l’un des penseurs qui ont été le plus avant au cœur des choses ?
C’est ici que l’importance du bénéfice dérivé de la divergence des caractères entre en jeu ; car ce principe aura généralement pour conséquence que ce seront les variations les plus divergentes, c’est-à-dire les plus différentes, soit entre elles, soit par rapport à la souche mère, qui seront conservées et accumulées par sélection naturelle, ainsi que les lignes pointées de la figure le représentent.
» Ce nom revenait invariablement par séries presque ininterrompues, comme une couleur qui s’acharne à sortir au jeu de la roulette, et chaque fois qu’il éclatait dans la salle d’étude envahie par la foule, c’était un frisson de victoire et de joie, bientôt coupé par quelques éclats de rire et les lazzis que faisait naître ce nom jeté à de rares intervalles : Brot-Lechesne ! […] Les femmes, et en particulier l’excellente Angélique-Paule, se plaisaient à ce jeu, qui ne laissait pas, il faut le dire, d’intéresser vivement Mlle Jeanne. […] Élevé par une veuve pieuse et souffrante, il ne connut jamais les jeux riants de l’enfance.
Sous les formes parlementaires, à travers l’équilibre assez peu compliqué des pouvoirs et le jeu suffisamment modéré de l’élection, il y a une administration qui fonctionne de mieux en mieux et se perfectionne.
Il y a deux grandes catégories de romanciers : les romanciers-nés, dont la grande affaire est de raconter une histoire, laquelle peut être significative par surcroît, mais peut aussi ne vouloir rien dire, et n’amuser que par le jeu des péripéties ; puis ceux qui se proposent avant tout de dire quelque chose et se servent du récit comme d’un moyen d’expression.
. — Les Œuvres de J. du Bellay se composent : — 1º d’un recueil de sonnets amoureux, l’Olive, suivi, dans sa première édition, du Recueil à Mme Marguerite ; — 2º d’un autre recueil de sonnets, Les Regrets ; — 3º d’un troisième recueil, Les Antiquités de Rome, avec Les Jeux Rustiques ; — et enfin 4º d’une traduction en vers des livres IV et VI de l’Énéide.
Plus de bourgeois rappelant par l’attitude de la phrase et de la pensée les bourgeois drapés, posés et idéalisés par David dans son serment du Jeu de Paume, dont, à coup sûr, Diderot eût fait partie s’il eût vécu jusqu’à la Révolution.
Ne serait-il pas amené à chercher au dehors cet intérêt que le pays trouvait naguère dans le jeu de ses institutions ? […] Tout ce que je veux ajouter, c’est que si, abandonnée plus tard par le mari qui aurait dû la soutenir, indignement sacrifiée à un compagnon de jeu, Sophie cède à des circonstances qui l’excusent aux yeux du monde, du moins elle ne se glorifie pas, elle ne s’amnistie pas elle-même. […] Feuillet, en homme qui sait ses auteurs, n’ignore pas les lois du crescendo littéraire et leur analogie avec celles du crescendo musical, Maxime se trouve exposé à de graves périls, à des périls auprès desquels la course frénétique de don Quichotte fondant tête baissée et la lance en arrêt contre les moulins à vent me semble un véritable jeu d’enfant. […] Il y a là, je l’ai dit, un jeu périlleux qu’il est imprudent de jouer.
Il admire d’abord les cathédrales pour l’harmonie et l’équilibre de leurs masses, et pour la maîtrise avec laquelle les plans y sont adaptés aux jeux des lumières et des ombres. […] Mais ce n’est qu’un jeu pour tout véritable lettré, j’entends qui a fait ses humanités, et même les autres en doivent venir aisément à bout, en s’aidant un peu d’un glossaire. […] Pierre Lasserre ne s’y est pas trompé, puisqu’il écrit : « Quand j’observe telle tentative pour créer ou forger à Goethe sa part de responsabilité dans les atrocités allemandes en lui attribuant à lui-même des maximes cyniques prises dans la bouche des personnages de son théâtre, le jeu m’apparaît fort déplaisant ; et si je comprends trop le genre de satisfaction que certains peuvent trouver à profiter des circonstances actuelles pour déshonorer l’esprit de Goethe, je comprends également que cette satisfaction n’a rien à voir avec les sentiments du patriotisme).
À ce jeu charmant, qui est un jeu noble et magnifique, on gagne une gloire très pure. […] C’est surtout un beau joueur et d’un admirable « estomac », comme on dit dans le jargon de tous les jeux, qu’ils soient du tripot, de l’amour, de la politique ou du hasard.
Bien que tous les talents ne soient pas identiques, il n’indique jamais leur différence ; son jeu reste le même, quel que soit l’instrument : on n’aperçoit à travers sa critique ni des œuvres, ni le rang des écrivains, ni le classement des originalités. […] Aicard ; mais je crois qu’il y a encore des choses à dire ; et, s’il est difficile de l’égaler, on peut du moins le continuer, car le champ est infini : la vie quotidienne de l’enfant, ses larmes, ses jeux, son sourire, tout cela est un poème inépuisable d’observations. […] C’est la vie même de la littérature qui est en jeu dans la question qui nous occupe.
En demander tant même aux critiques serait bien dur, quoique les critiques se fassent un jeu de l’exiger tous les jours des écrivains.
Un trapéziste extraordinaire, un homme volant dans l’espace, et c’est singulier, comme cet exercice a un retentissement chez moi, comme il n’est pas suivi seulement par mes yeux, mais par un jeu émotionné et presque actif de mes muscles et de mes nerfs, dans l’immobilité.
Ce qu’ils avoient de mieux dans la troupe étoit un acteur & une actrice qui, sans être des premiers d’Italie, ne laissoient pas de plaire ; l’un (Manelli) par le jeu de sa physionomie faite pour le comique, par la précision & l’intelligence de son art ; & l’autre (mademoiselle Tonelli) par sa jeunesse & par les agrémens de sa figure, par la légéreté, l’éclat & la justesse admirables de sa voix. […] La sale de l’opéra redeviendra un jeu de paume : les plus habiles gens ressembleront, pour la stupidité à l’onagre du désert : ils auront l’oreille aussi endurcie que la corne du bufle de la forêt : ils n’aimeront que les Lécluse, les Raton & les décorateurs du pont Notredame.