C’étaient le plus souvent des circonstances fortuites ou insignifiantes de la vie du maître qui rappelaient aux disciples certains passages des Psaumes et des prophètes, où, par suite de leur constante préoccupation, ils voyaient des images de lui 733.
Les murs auraient amplement contenu Toute sa vie…………………………… Au fond du temple on eût vu son image, Avec ses traits, son souris, ses appas, Son art de plaire et de n’y penser pas… J’aurais fait voir à ses pieds, des mortels, Et des héros, des demi-dieux encore, Même des dieux : ce que le monde adore Vient quelquefois parfumer ses autels.
Pour nous, Carlyle, le plus connu relativement des deux écrivains en question, est celui-là qu’on voudrait le plus connaître davantage, car c’est une espèce de poète métaphysicien qui a par conséquent deux poésies l’une sur l’autre, la poésie de l’idée et la poésie de l’image, la poésie de l’abstraction profonde sous la poésie de la concrétion toute-puissante.
Son style, très mâle, a la clarté comme il a le muscle et la carrure, et avec — çà et là — de grandes images qui couvrent toujours quelques forts aperçus.
met les lettres de madame de Maintenon bien au-dessous du gracieux caquetage de madame de Sévigné, et cela seul n’est-il pas comme une image de sa destinée et de sa vie ?
Elle avait, à elle seule, la grâce bonne enfant du délicieux prince de Ligne, l’image opulente de Rivarol et la morsure de Chamfort.
La langue du xve siècle plus étoffée, plus concrète, plus vivante enfin, a un mouvement, une mollesse et des images que l’ascétique auteur de l’Imitation se serait peut-être interdites comme un péché et qui ôtent à sa pensée la rigidité et sa frigidité monacales.
Mais ce qu’on sait moins, ce qu’on n’explique pas et ce que le livre de Mgr Salvado nous montre avec une évidence nouvelle sur laquelle nous croyons utile d’insister, c’est que l’apport de la vie sociale aux brutes de la horde humaine n’est jamais que le fait du prêtre catholique, et qu’en dehors du prêtre catholique rien n’est possible, même aux gouvernements les plus forts qui veulent créer des sociétés à leur image et les frapper à leur effigie, sous le coup de balancier de leurs colonisations !
Il a voulu faire passer un chameau par le trou d’une aiguille ; mais le chameau n’y passe jamais, et les Livres Saints se servent même de cette image pour dire l’impossibilité.
Ce poète, ce grand seigneur, cet homme de cour, qui n’aima jamais que deux paysannes, deux filles tout près de la nature, rencontrées au bord des rivières et des bois : Simples glayeuls, à couleur arc-en-cine, et qu’il engrava en ses vers sous les noms, de Marie et de Cassandre, — car la troisième, qu’on y trouve aussi sous le nom de Synope, il n’est pas bien sûr qu’il l’ait aimée, — aima donc au-dessous de lui, comme les hommes vraiment grands, qui descendent presque toujours vers la femme qu’ils aiment, tandis que les petits veulent monter vers elle, — et il eut dans l’expression de son double amour une ampleur d’embrassement, un si vaste réchauffement de cœur, un emportement de geste si impérieux dans la caresse, que ses Sonnets et ses autres pièces intitulées : Amours, effacent par la passion, le mouvement et l’image, tout ce qui a jamais parlé d’amour.
Les grâces dans le même temps avaient, au rapport des anciens, embelli l’esprit, le caractère et l’âme de Socrate ; il allait quelquefois les étudier chez Aspasie : il en inspirait le goût aux artistes, il les enseignait à ses disciples, et probablement Xénophon et Platon les reçurent de lui ; mais Platon, né avec une imagination vaste, leur donna un caractère plus élevé, et associa pour ainsi dire à leur simplicité un air de grandeur ; Xénophon leur laissa cette douceur et cette élégante pureté de la nature qui enchante sans le savoir, qui fait que la grâce glisse légèrement sur les objets et les éclaire comme d’un demi-jour ; qui fait que peut-être on ne la sent pas, on ne la voit pas d’abord, mais qu’elle gagne peu à peu, s’empare de l’âme par degrés et y laisse à la fin le plus doux des sentiments : à peu près comme ces amitiés qui n’ont d’abord rien de tumultueux, ni de vif, mais qui, sans agitation et sans secousses, pénètrent l’âme, offrent plus l’image du bonheur que d’une passion, et dont le charme insensible augmente à mesure qu’on s’y habitue.
Massillon y a prodigué toute la richesse de l’élocution et la magnificence des images.
Ecrit en majestueux hexamètres, sans les détours impétueux de la strophe et les variétés du rhythme, avec des paroles simples et de grandes images, cet hymne, chanté sans doute sur les tons de quelque ancienne et austère mélodie, nous semble le plus beau démenti des abaissements où se laissait réduire la Grèce, comme des erreurs brillantes qui l’avaient jadis égarée.
Et une belle éclosion vivace d’idées hardies et de rares images lui fleurissaient l’esprit. […] Mais combien de fois les délices de l’émotion communiquée sont interrompus par quelque négligence de langage ou de rythme, par l’insuffisance dans l’expression et surtout par l’incohérence des images ! […] Puis il s’envolait dans des emportements : sublimes images, calembours, barbarismes, un flot incessant, toujours heurté, toujours renouvelé, de paroles superbes, tendres, violentes ou bouffonnes. […] Surtout, ne concluez pas de mes paroles que Leconte de Lisle ait jamais été un de ces génies exclusifs, désireux de créer des poètes à leur image et n’aimant dans leurs fils littéraires que leur propre ressemblance ! […] Écoutez le poème intitulé : les Astres, où se montrent si admirablement les qualités principales d’Armand Silvestre : la magnificence des images, l’ample et profonde harmonie des vers.
Presque dans le même moment, il nie les dieux et les aime ; il les raille dans les puérilités de leur légende, mais il les adore dans leur beauté et dans l’image épurée qu’il se forme d’eux. […] Et c’est pourquoi l’Anneau de Çakountala abonde en images qui nous sont encore neuves après dix-neuf siècles, parce qu’elles furent directement senties et perçues. […] Ce que Carmosine aime en don Pèdre, c’est, je l’ai dit, l’image idéale que la vue de don Pèdre lui a suggérée. […] Et maintenant ils l’aiment ; et, eux, ils ne peuvent plus s’aimer, parce qu’il y a entre eux l’image de ce cadavre d’enfant et de cette béquille flottante… 3º — La troisième scène est celle de l’« expiation ». […] Le malaise que donnent toujours les images de la folie y est compensé par le grand intérêt de la question morale débattue, et comme allégé par la beauté et la sublimité de sentiment des trois personnages.
S’ils ont appris à lire dans Mahomet et dans Zaïre, c’est dans les images de l’Histoire naturelle qu’ils ont appris à voir les « bêtes ». […] « Substituer l’image à l’abstraction, le mot propre à la périphrase, le pittoresque au descriptif », ce fut son œuvre, comme le dit M. […] « Parmi tous les poètes de l’humanité, nous dit-il, Victor Hugo est celui qui a inventé le plus d’images, les mieux suivies, les plus frappantes, les plus magnifiques », et « la poésie vit d’images ». […] Car ce n’est pas seulement la poésie qui vit d’images, mais ce sont les langues elles-mêmes, dont une perpétuelle invention de métaphores nouvelles peut seule contrebalancer la tendance à devenir de pures algèbres. […] quelles images ?
D’ailleurs il a de la sensibilité, de la grâce et des images. […] Moréas ait retrouvé dans le verbe français le mètre pindarique ou qu’il y ait réalisé le système d’images de Théocrite. […] Mais, d’un autre côté, je tremble et je m’exaspère quand je lis sous la plume de Proudhon des phrases comme celle-ci : « Le culte des grands hommes, que certains soi-disant humanistes voudraient établir aujourd’hui en guise de religion, est une continuation de la théologie ou symbolique religieuse, un reste d’idolâtrie. » Je n’aime point les destructions de légende, et Proudhon m’apparaît trop ici comme un briseur d’images. […] Aussi, le poète doit-il travailler à la sublime purification des âmes, s’efforcer d’orner nos cœurs d’images adorables. […] Tel est le rôle du poète, ses préceptes revivent en des êtres étrangers, ses frissons se communiquent et se perpétuent dans la tribu des hommes, la fragile argile des âmes prend l’apparence de ses songes et se modèle selon l’image de ses suaves sentiments.
Nous verrons qu’à côté de beaucoup d’actes explicables par l’imitation, ou par l’association automatique des images, il en est que nous n’hésitons pas à déclarer intelligents ; en première ligne figurent ceux qui témoignent d’une pensée de fabrication, soit que l’animal arrive à façonner lui-même un instrument grossier, soit qu’il utilise à son profit un objet fabriqué par l’homme. […] Il pourra donc s’étendre, non seulement d’une chose perçue à une autre chose perçue, mais encore de la chose perçue au souvenir de cette chose, du souvenir précis a une image plus fuyante, d’une image fuyante, mais pourtant représentée encore, à la représentation de l’acte par lequel on se la représente, c’est-à-dire à l’idée. […] Ils constituent, réunis, un « monde intelligible » qui ressemble par ses caractères essentiels au monde des solides, mais dont les éléments sont plus légers, plus diaphanes, plus faciles à manier pour l’intelligence que l’image pure et simple des choses concrètes ; ils ne sont plus, en effet, la perception même des choses, mais la représentation de l’acte par lequel l’intelligence se fixe sur elles. Ce ne sont donc plus des images, mais des symboles.
Vous avez vu de ces beautés vraies et naturelles qui éclatent et se font jour du milieu de la misère, de l’air malsain, de la vie chétive ; vous avez, bien que rarement, rencontré de ces admirables filles du peuple, qui vous apparaissent formées et éclairées on ne sait d’où, avec une haute perfection de l’ensemble, et dont l’ongle même est élégant : elles empêchent de périr l’idée de cette noble race humaine, image des Dieux. […] De redites sans nombre il fatigue les yeux, Et, plein de son image, il se peint en tous lieux. […] Mademoiselle Poisson, femme du comédien de ce nom, a donné de Molière le portrait suivant15, que ceux qu’a laissés Mignard ne démentent pas pour les traits physiques, et qui satisfait l’esprit par l’image franche qu’il suggère : « Molière, dit-elle, n’était ni trop gras, ni trop maigre ; il avoit la taille plus grande que petite ; le port noble, la jambe belle ; il marchoit gravement, avoit l’air très-sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnoit lui rendoient la physionomie extrêmement comique. […] Les grands génies dramatiques créent toujours leurs personnages avec les éléments intérieurs dont ils disposent ; ils les créent à leur image, non pas en se peignant individuellement en eux, mais en les peignant de la même nature humaine qu’ils sont eux-mêmes, sauf les différences de proportions qu’ils combinent à dessein.
Les idées générales elles-mêmes sont des signes présents dans l’esprit, en d’autres termes, des images mentales ayant la propriété de n’être évoquées que par une certaine classe d’expériences et de n’évoquer qu’une certaine classe de souvenirs. Une image mentale est une sensation spontanément renaissante. […] Constituées par des groupes de sensations élémentaires, les sensations totales des centres sensitifs se répètent dans les lobes cérébraux par leurs images. Ces images, ayant la propriété de ressusciter spontanément, s’associent et s’évoquent entre elles, selon leur tendance plus ou moins grande à renaître, et forment ainsi des groupes.