Profondément estimé en France de tous ceux qui avaient lu quelques-uns de ses morceaux de morale et de critique dans lesquels une pensée si forte et si fine se revêtait d’un style ingénieux et savant, il laisse un vide bien plus grand que la place même qu’il occupait, et il serait impossible de donner idée de la nature d’une telle perte à quiconque ne l’a pas vu au sein de ce monde un peu extérieur à la France, mais si étendu et si vivant, dont il était l’une des lumières. […] Toutes ses qualités précises et fines ont passé dans ses écrits, mais il restera de lui une plus haute encore et plus chère idée à ceux qui l’ont entendu.
Ces derniers volumes éclairent enfin notre jugement ; nous étions, ce nous semble, et trop incrédules et trop sévères ; nous imputions obstinément à madame de Genlis un vieux péché de philosophie, et même quelques mauvaises pensées de patriotisme dont elle ne se souilla jamais ; jamais idées pareilles ne furent faites pour elle, et n’égarèrent son intelligence : cela nous est démontré, et le sera, nous l’espérons pour elle, & quiconque lira ses récits, d’une si inaltérable et si innocente frivolité. […] Elle a raison d’insister sur cette époque de sa vie et sur les travaux qui la remplirent : on ne peut méconnaître qu’elle eut sur ce sujet des idées justes et vraies sortant des règles de la routine et dont l’application demandait une constance qui ne l’a point effrayée.
Ces idées nous font apprécier l’ensemble des poésies érotiques de M. […] Tissot les avait plus récemment composées, il les eût relevées, n’en doutons pas, par quelques-unes de ces idées qui sont vraiment de notre temps, et qu’il ressent lui-même avec une si honorable chaleur.
Parmi les écrivains polémiques qui inoculent vivement à l’Allemagne les idées pratiques de bon sens et de liberté, dans les mêmes rangs que Heine, Menzel, et autres courageux champions de la presse, M. […] On se formera peut-être une idée de lui en prenant un terme moyen dans tout cela.
Quand les laïcs diront en français ce que disputent les clercs en latin, et quand ils commenceront à se demander pourquoi le réel n’est pas conforme à l’idée, c’en sera fait du moyen âge. […] Il était nécessaire de le dire, car la littérature ici ne reflète pas tout le génie national : si le Parthénon et une tragédie de Sophocle, un discours de Bourdaloue et les jardins de Versailles sont des manifestations étroitement apparentées du même génie, rien dans les formes littéraires du moyen âge français n’évoque l’idée de la conception esthétique qui fit surgir les grands monuments de l’art roman ou gothique.
L’idée de son Pinto est singulière. […] C’est ainsi qu’en ces années-là, de ces échanges d’idées avec tant de natures diverses, de la contemplation des mœurs et de l’observation des individus, naquirent et se développèrent dans M.
Elle n’est que curieuse ; les idées essentielles qu’on y trouve rapidement formulées sont à d’autres pages du livre développées avec plus de suite et de consistance ; il est piquant de noter que M. […] L’Examen de conscience philosophique rassemble sur l’univers connaissable, sur les infinis possibles, sur l’amour, lien ombilical avec la nature, sur l’excellence logiquement nécessaire du monde, sur Dieu, — ce Dieu fuyant, improbable, discuté et finalement admis comme après ballottage, — des idées que par ses dialogues, ses essais, préfaces, etc., on savait déjà être celles de ce penseur.
Car non seulement il a, en quelque sorte, charge d’âmes, mais aussi et surtout, en qualité de penseur, d’artiste, de citoyen, d’homme, il a son rôle à jouer dans la bataille des idées, dans le conflit des écoles, dans la lutte des différents genres de beauté. […] Voir le développement de cette idée dans la préface de mon volume ; Les princes de la jeune critique, pp.
L’idée de ce que nous avons peint est toûjours plus présente à notre esprit que l’idée de ce qu’ont peint les autres.
Tite-Live, après avoir fait l’histoire des premieres représentations théatrales qu’on vit à Rome, après avoir dit concernant les premiers progrez de ces représentations ce que nous avons rapporté dans la section précédente, raconte en continuant l’histoire de la scéne romaine, l’avanture qui donna l’idée de partager la déclamation, pour ainsi dire, en deux tâches, et il dit les raisons qui furent la cause que cet usage s’établit comme le bon usage. […] On peut se faire quelque idée du chant ou de la déclamation harmonieuse de ces cantiques, par ce qu’en dit Quintilien, quoiqu’il n’en parle que par occasion.
Ce sont de plus graves sacrifices qu’il a faits au succès de ses idées. […] Vingt fois il touche à ces brûlantes questions ; vingt fois il est sur le point de réformer nos idées sur le juste et l’injuste, sur le tien et le mien, mais il s’arrête, ce vrai philosophe !
Quatrièmement, elles leur donnaient la facilité d’exposer les idées philosophiques les plus sublimes en se servant des expressions des poètes, héritage heureux qu’ils avaient recueilli. […] Ainsi la Science nouvelle pourra devenir une histoire des idées, coutumes et actions du genre humain.
Le nom seul de Leopardi est connu en France ; ses œuvres elles-mêmes le sont très-peu, tellement qu’aucune idée précise ne s’attache à ce nom résonnant et si bien frappé pour la gloire. […] « Mais non, ce n’est pas pour toi que tu te réjouis, c’est pour cette pauvre patrie, à l’idée que peut-être l’exemple des pères et des aïeux réveillera assez les fils assoupis et malades pour qu’ils relèvent tout d’un coup leur regard. […] Malgré tout, nous croyons avoir mieux réussi de cette façon à donner quelque idée de la muse tendrement sévère149. […] Nos idées et nos lumières ont pu améliorer l’ordre social, mais je ne sais si les hommes des temps modernes sont meilleurs pour être plus faibles, et les progrès ne sont pas des vertus. » Cette page est un beau commentaire de la manière de sentir de Leopardi. […] Leopardi attribuait une grande importance aux bonnes traductions, une importance proportionnée à l’idée qu’il s’était formée de l’excellence des anciens.
A-t-on idée de cela ? […] C’est la hantise de l’Idée fatale, qu’amène un nécessaire Hasard, et qui, sitôt, monte, et qui monte. […] Nous détruirons, ailleurs, l’ordre suivi, afin d’avoir plus nôtre, et plus exacte, l’Idée de l’auteur. […] Œuvre de science et d’art, où sont des documents à l’intelligence de l’idée Wagnérienne et de la civilisation grecque. […] C’est pourtant une idée forte de la Revue, particulièrement de Wyzewa, qui sera reprise par des écrivains de la génération suivante comme André Suarès ou Romain Rolland.
Et à mesure que le drame se déroule, Tissot s’animant, s’exaltant, et toujours parlant avec une voix plus basse, plus profonde, plus religieusement murmurante, prête aux choses représentées, des sentiments, des idées, des exclamations qui feraient une glose curieuse à joindre aux Évangiles apocryphes. […] Dimanche 9 février Aujourd’hui, j’ai donné à Ajalbert l’idée de faire une pièce de La Fille Élisa, dans ces conditions. […] Et aussitôt les conversations cessent, l’échange des idées s’arrête, et chacun redevenu silencieux, les yeux sur l’horloge, n’a plus d’attention que pour la marche invisible de l’aiguille sur le cadran, et son troublant rapprochement de la dix-huitième minute. […] À ce propos quelqu’un cite la phrase que j’ai écrite dans Idées et sensations, sur le remplacement, comme agents de destruction dans les sociétés modernes, des Barbares par les ouvriers. […] J’accepte le reproche et je n’en ai nulle honte, — d’autant plus que mes indiscrétions ne sont pas des divulgations de la vie privée, mais tout bonnement, des divulgations de la pensée et des idées de mes contemporains ; — des documents pour l’histoire intellectuelle du siècle.
La Révolution est idée, et n’est pas conquête. Ce sont les idées, invisibles et invulnérables de leur nature, qui doivent combattre pour elle dans l’esprit des peuples ; mais, pour que ces idées se naturalisent dans l’esprit de ces peuples, il faut désarmer ces idées. […] Rousseau l’établi de l’horloger, pour étendre et pour polir leur intelligence, et pour apprendre la langue du pays des idées, du beau, des arts, avant de parler, d’écrire ou de chanter pour l’univers pensant. […] Qu’importe le mot, quand la latinité de l’idée a passé dans les mœurs et dans le style ? […] Non, elle s’appelle aussi progrès dans les fortes têtes capables de contenir plus d’une idée pendant la durée d’une longue vie.
Le désordre est dans ses idées. […] Le peuple n’est pas une religion pour lui, c’est un instrument ; son dieu, à lui, c’est la gloire ; sa foi, c’est la postérité ; sa conscience n’est que dans son esprit ; le fanatisme de son idée est tout humain ; le froid matérialisme de son siècle enlève à son âme le mobile, la force et le but des choses impérissables. […] Le sang qui souille les hommes ne tache pas l’idée, et, malgré les égoïsmes qui l’avilissent, les lâchetés qui l’entravent, les forfaits qui la déshonorent, la Révolution souillée se purifie, se reconnaît, triomphe et triomphera. » Le seul devoir de l’écrivain honnête était donc de définir cette Révolution, de ne point la laisser confondre comme on le fait tous les jours, aujourd’hui plus que jamais, avec les excès, les iniquités, les spoliations, les échafauds qui la souillèrent. […] « L’Assemblée constituante, composée d’hommes mûrs, assis dans l’État, classés dans la hiérarchie sociale, n’avait eu que l’ambition des idées de la liberté et de la gloire ; l’Assemblée nouvelle avait celle du bruit, de la fortune et du pouvoir. […] Il le dédaignait pour lui-même, et ne le briguait que pour ses idées.
Au reste, je ne vois pas qu’il ait jamais évoqué avec plaisir les souvenirs de son enfance, moins peut-être pour la déplaisante idée qui lui en était restée, que parce qu’il datait sa vie du jour où il avait pu exercer librement sa raison. […] On trouvait au fond des pots les idées hardies ou plaisantes ; d’insolentes facéties, comme le Chapelain décoiffé, et la Métamorphose de la perruque de Chapelain en astre, naissaient comme d’elles-mêmes après boire ; et si l’on examinait souvent quelque point de doctrine, la raison d’un usage ou d’une règle, si ce fut vraisemblablement dans ces conversations autour de la table que nos écrivains prirent conscience de leur rôle, et que Boileau exerça sur leur génie une sorte de direction salutaire par la droiture de son sens critique, il ne faut pas oublier que ces bons compagnons faisaient une besogne sérieuse très peu sérieusement, sans morgue dogmatique, sans tapage et sans pose, n’ayant l’air de songer et ne songeant en effet qu’à se divertir. […] Outre qu’il était difficile de voir et d’écrire la vérité sur Louis XIV de son vivant, on n’avait pas en France au xviie siècle une idée fort juste des qualités et des devoirs de l’historien : quelques bénédictins savaient seuls alors ce qu’il faut de science, de critique et de détachement pour en bien faire le métier. […] Ils se consultent souvent sur leurs productions, défiants d’eux-mêmes, et difficiles à contenter ; car ils ont une idée très haute de la perfection, et ne se lassent point qu’ils ne sentent impossible de s’en approcher davantage : ils donnent et reçoivent des avis et des critiques avec une absolue candeur, et jamais l’amour-propre n’a été plus absent du commerce de deux poètes. […] Les querelles littéraires n’avaient jamais eu d’influence sur son humeur, ni de contre-coup sur sa vie ; l’affaire de Phèdre et les menaces du duc de Nevers n’avaient été qu’un incident vite oublié ; il s’était réconcilié avec Quinault, avec Boursault, avec Perrault, sans effort, et de bon cœur, n’ayant jamais été l’ennemi que des idées, et non des personnes.
Dur aux idées plus qu’aux personnes, il ne croit pas plus licite d’être facile aux dépens de la vérité que libéral avec l’argent d’autrui. […] Les idées de de Maistre sur la papauté ont, à l’heure même où j’écris, l’éclatante fortune de faire réfléchir bien des esprits et de remuer bien des consciences, et sa théorie des révolutions, considérées comme des expiations publiques, où ceux qui tuent n’innocentent pas ceux qui sont tués, est une leçon qui n’est pas près de perdre de son à-propos. […] Le monde moral et le monde physique se confondent ; les sentiments sont des sensations ; les idées ont des contours ; l’abstrait prend un corps, et l’invisible même veut qu’on le voie. […] Une première idée fausse a gâté dans Alfred de Vigny un vrai naturel de poète. Cette idée, c’est que l’isolement est la condition du génie, et que la poésie doit se voiler aux regards vulgaires.
La Revue Wagnérienne tâchera à donner par des statistiques une idée du mouvement wagnérien dans le monde artistique : il est considérable ; l’œuvre de Wagner accapare toute l’attention ; ainsi, à Paris, chacun s’occupe de ses drames que nul théâtre ne peut jouer. […] Je le revois s’agiter sur son siège, se lever, marcher en parlant ; je l’entends encore s’épancher, se retenir, s’impatienter, éclater de rire, entremêler les locutions plaisantes et les idées graves, rebondir d’une anecdote piquante en de grands aperçus. […] Ceux qui nous prêtent d’autres intentions et d’autres idées mentent ou se trompent. […] « J’ai lu et relu, continue-t-il, cette page étrange ; je l’ai écoutée avec l’attention la plus profonde et un vif désir d’en découvrir le sens ; eh bien, il faut l’avouer, je n’ai pas encore la moindre idée de ce que l’auteur a voulu faire… » Berlioz ne pouvait cependant méconnaître absolument la valeur de ce prélude : « Ce compte-rendu sincère, dit-il, met assez en évidence les grandes qualités musicales de Wagner. […] Wagner avait eu l’idée d’une revue consacrée à la diffusion de son œuvre dès 1850 (voir à ce propos l’article de J.