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1369. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il s’est concentré : un seul homme l’intéresse, qui est M. de Chateaubriand. […] L’orgueilleux enfantillage de son pessimisme a même source : il croit pleurer des larmes que nul homme n’a pleurées, pour des plaies dont nul homme n’a saigné. […] L’homme a le respect des tombeaux. […] Dans les Natchez, œuvre de jeunesse, bien que publiée tardivement, le Nouveau Monde et l’Ancien Monde, l’homme de la nature, le sauvage, et l’homme de la civilisation, l’Européen ; il semble que la première idée de l’œuvre soit née d’une lecture de Rousseau. […] La méditation de René voyageant, et la pièce de l’Homme, adressée à Byron.

1370. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Ces hommes alors aiment la guerre pour la guerre, et ils la cherchent en un lieu quand ils ne la trouvent pas dans un autre. […] L’individualité disparaît dans l’homme, en raison de ce qu’il cesse d’être un but, et de ce qu’il devient un moyen. […] Guillaume Tell est de la même classe que ces hommes qui marchent ainsi dans l’insouciance. […] Tout ce qui n’est pas civilisé, tout ce qui n’est pas soumis à la domination artificielle de l’homme, répond à son cœur. […] Sous le premier point de vue, l’amour est commun à l’homme et aux animaux ; sous le second, il est commun à l’homme et à Dieu.

1371. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Flaubert explique l’homme par son éducation, disant que ces trois éducations, ces trois institutions de l’homme : l’éducation religieuse, l’armée, l’école normale, marquent d’un cachet indélébile l’individu. […] Il n’y a pas huit hommes de lettres qui aient lu Voltaire, — lu, vous m’entendez. […] beugle exaspéré Flaubert. — Vous qui êtes un physiologiste, vous n’avez donc jamais regardé la bouche de cet homme-là ? […] Les hommes chantent, quand ils sont entre eux. […] Les religions antiques étaient les religions des joies de l’homme, des fêtes de la vie.

1372. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Un homme comme lui ne se décourage pas pour si peu. […] Bourjot, qui ne veut pour gendre qu’un homme titré. […] Homme du monde ! […] En homme de goût, M.  […] tu as bien choisi ton homme !

1373. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

On éprouva ces mêmes sentiments à la vue des belles actions des hommes. […] Il n’en est aucune que puisse approfondir un seul homme. […] Cette réunion d’hommes savants et d’hommes du monde fut profitable à tous. […] C’est la seule qui mérite le titre d’école des grands hommes. […] Et par qui cet homme est-il si cruellement traité ?

1374. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Quelque habile que soit un éclectique, c’est un homme faible ; car c’est un homme sans amour. […] Un éclectique n’est donc pas un homme. […] Guignet porte toujours deux hommes dans son cerveau, Salvator et M.  […] Biard est un homme universel. […] Peu d’hommes ont le droit de régner, car peu d’hommes ont une grande passion.

1375. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Les devanciers déjà vieux doivent ce premier témoignage d’estime aux hommes nouveaux qui comptent, de les regarder et de les bien connaître. […] C’est un court récit, une vive morale en action, où figurent en général des animaux, des plantes, des êtres plus ou moins voisins de l’homme, et qui représentent ses vices ou ses vertus, ses défauts ou ses qualités. Dès que le récit est terminé, la moralité sort et on la déduit ; elle se grave dans l’esprit par l’exemple : car ce que l’homme aperçoit moins quand il s’agit d’hommes ses semblables, et ce qui glisse sur lui, le frappe davantage quand cela se transpose et se réfléchit par allégorie chez des êtres d’une espèce différente. […] Les caractères, suivant lui, les personnages des fables de La Fontaine, quels qu’ils soient, animaux, hommes ou dieux, ce sont toujours des hommes et des contemporains du poète ; et il s’applique à de démontrer, en parcourant les principales catégories sociales, roi, courtisans, noblesse, clergé, bourgeoisie, peuple, et en les retrouvant en mille traits dans sire lion, dans maître renard, maître Bertrand, ours, loups, chats et rats, mulets et baudets, etc., etc. […] Le grand homme, jusque-là si bien mené par son guide, serait comme forcé d’avancer avec le lecteur : ce ne serait qu’un lecteur de plus, et le plus intéressé de tous.

1376. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Or, les hommes sont ainsi faits qu’ils se sentent portés à mépriser jusqu’à la bonté en personne chez un supérieur, s’il est faible. […] Près d’elle, grâce à je ne sais quelle particularité obscure, ce roi de 22 ans n’osait être un homme ; il ne paraissait pas songer à donner au trône un héritier. […] Ce serait seulement un homme qui s’est trompé ! […] La reine se prêta vivement à cette idée sans se rendre assez compte que Brienne dès lors était un homme perdu sans ressources ; elle en a bien le soupçon, non la vue nette. […] Necker refusait absolument ; mais je le crois un très malhonnête homme, et la confiance ne s’établirait pas avec lui.

1377. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Il n’en faut pas tant pour faire impression sur l’esprit faible d’un enfant ; pareils discours en auraient fait une considérable sur l’esprit d’un homme même raisonnable. […] XIII, p. 255), quand l’homme heureux se sent arrivé de tout point et repu. […] D’Antin, en homme modeste, n’en dit rien dans ses petits Mémoires. […] Voilà l’homme connu ; après un tel aveu que pourrait-on ajouter ? […] Pauvre homme !

1378. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Comme nature, les guinné sont intermédiaires entre l’homme et le dieu supérieur dénommé ou pressenti. […] Le ouokolo est un guinné intermédiaire entre le grand guinné et l’homme. […] L’homme assez brave pour rester calme à leur aspect a des chances de se tirer indemne du mauvais pas. […] Parfois même il fait payer à l’espèce humaine sans discernement le tort qu’un homme lui aura fait subir (v. […] Le grigri de bravoure (L’homme au piti).

1379. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

La nouveauté même de cette association qu’ils venaient installer sur une terre vierge devait inviter les hommes à faire abstraction des distinctions sociales antérieures. […] Le spectacle que présente aux esprits une société unifiée est donc bien fait pour les porter à égaliser les hommes. […] Flach, l’individualité n’existe pas ; l’individu humain est absorbé par le groupe221. » Dans l’absence de pouvoir central, l’homme est obligé de s’inféoder à une collectivité dans l’unité de laquelle se fondent en quelque sorte ses droits propres : c’est seulement dans les États constitués que l’homme isolé peut lever la tête. […] Ces groupements « uniques » risqueraient de perdre l’idée des droits, non seulement des hommes qui leur seraient étrangers, mais encore de leurs membres mêmes. […] Un État qui, comme disait Bodeau 225 « fait des hommes tout ce qu’il veut », doit bientôt perdre la notion de la valeur des hommes.

1380. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Si les hommes voyaient cela nettement et s’en appliquaient les conséquences, ils se délivreraient d’une grande angoisse de douleur et de crainte. […] CHŒUR DE JEUNES HOMMES. […] CHŒUR DE JEUNES HOMMES. […] CHŒUR DE JEUNES HOMMES. […] Car, dans les chastes maisons des hommes, les dieux alors avaient pour usage de descendre et de se montrer aux yeux mortels, la piété n’ayant pas encore cessé d’être en honneur.

1381. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Les hommes se révolteraient s’ils savaient qu’ils sont ainsi exploités. […] Les hommes de bonne volonté ont toujours ainsi la conscience en repos. […] Mais ce n’est pas d’aujourd’hui que le bonheur et la noblesse de l’homme reposent sur un porte-à-faux. […] L’homme formé selon ces disciplines vaut mieux en définitive que l’homme instinctif des âges de foi. […] Elle a trouvé des merveilles, qui ont prodigieusement multiplié le pouvoir de l’homme.

1382. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

On sent que l’homme qui raconte ainsi est un homme de bon sens, et d’un bon sens rendu plus solide encore par cet admirable et assainissant catholicisme qui guérirait le cerveau d’un fou, s’il y entrait ! Et ce n’est pas tout : on sent aussi que c’est là un homme d’un grand caractère. […] « Quand les hommes sont ensemble, ils s’écoutent, les filles et les femmes se regardent. […] « On mesure les tours parleur ombre, et les grands hommes par leurs envieux. […] « L’homme peut se courber vers la vertu, mais la vertu ne se courbe jamais vers l’homme. » Et tout est de ce style ou à peu près.

1383. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Ces saints hommes goûtaient trop les belles-lettres. […] il est bien homme de lettres, celui-là ! […] Ce n’est pas encore l’homme poursuivi par les Furies. […] le brave homme !  […] si Pradon était peut-être l’homme le plus bête de son temps, Racine en était l’homme le plus sensible.

1384. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

L’homme est déconcertant. […] L’homme de lettres voulut protester. […] Peu d’hommes ont été plus serviables. […] L’auteur de Mireille était déjà plus qu’un homme. […] Quelqu’un écrira un jour la vie et le martyre de cet homme.

1385. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Ce mépris n’a rien de l’homme de lettres supérieur, il est tout orgueil de cour. […] Mais Trissotin est un homme à marier, qui veut attraper une honnête famille, et Cottin était ecclésiastique. Trissotin est un malhonnête homme, et l’abbé Cottin avait une réputation intacte ; un coquin ne prêche pas dix-sept carêmes de suite à Notre-Dame. Montausier ne se laissait pas approcher familièrement par des hommes tarés. […] Ne serait-ce pas comme si je me tourmentais à soutenir que je ne suis pas un malhonnête homme, un homme sans pudeur, sans mœurs, sans conscience ?

1386. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Il simula la débauche, l’ivrognerie, à ce point, qu’un homme de Satzuma, le trouvant étendu dans un ruisseau, à la porte d’une maison de thé, et le croyant ivre-mort, lui cria : « Oh ! […] » Et l’homme de Satzuma, en lui disant cela, le poussait du pied et urinait sur sa figure. […] » Cet homme énergique et brave arpentait la chambre, et dans son angoisse, il se tordait les bras et grinçait des dents. […] * * * Telle est l’histoire de ces quarante-sept hommes dont faisait partie le fabricateur de la petite écritoire de poche. […] L’émotion subite rend souvent malade un homme robuste. ».

1387. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

C’était, d’ailleurs, un écrémage des lettres de l’abbé Galiani, et voici tout le poli… Galiani est un de ces hommes qui doivent vivre plus par la correspondance que par les livres qu’il a écrits, malgré leur perfection, sur des questions dont le temps a emporté l’intérêt, passionné alors qu’il les écrivait. […] Sa vie eût été différente, et sa gloire, dans la mémoire des hommes, serait mieux que ce trait de feu qui l’a traversée, mais qui a passé, et que le but de cette Correspondance est de raviver. […] L’une de ces lettres, très grave, très noble et très éloquente, est de la Reine Caroline, qui exhorte avec ferveur l’homme qu’elle admire à mourir en chrétien, et l’autre est la réponse du mourant, qui déclare que, malgré ses erreurs et ses péchés, il n’a pas cessé d’être chrétien et de demander à Dieu sa miséricorde. […] » L’anecdote est bien jolie pour être vraie, mais si elle l’est, il y avait un Galiani et un autre monsieur qu’on ne faisait pas descendre des hauteurs où lui-même s’était mis, et c’était l’homme d’esprit tout-puissant, qui n’en disait pas moins en parlant de lui-même à Madame d’Épinay : « votre petite chose », et qui était la démonstration vivante et glorieuse du spiritualisme, alors si profondément méconnu. […] Antiquaire, il avait trouvé l’épée de César Borgia, et c’est à propos de cette épée qu’il pensa à écrire la vie de l’homme indéchiffrable de scélératesse qui l’avait portée.

1388. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Ce singe qui s’amusa à gambader sur le tombeau de l’homme qui mérita le plus ce nom d’un homme, n’est certainement pas traité, dans ce livre, avec le mépris strident qu’il mérite, mais M.  […] Mais où il l’a le mieux vue, c’est là où elle est le plus dans des hommes d’autant de sentiment et de pensée que Corneille, c’est-à-dire dans ses écrits. […] Corneille est un des hommes comme les voulait Pascal. […] Son soleil, c’était le cœur de l’homme. […] Lui, l’homme des héros et d’un Idéal trop haut pour n’être pas étroit, l’homme à qui on a reproché de pousser la nature humaine jusqu’à l’abstraction, à la plus impossible des abstractions, sentit sur le tard de sa vie combien cette malheureuse nature humaine est concrète.

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