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356. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Plusieurs de ces exilés d’autrefois, au moment où ils croient se ressaisir de la fortune, vont, à leurs dépens, provoquer son caprice encore et son inconstance : « Voilà donc la Cour belle et grande, mais bien embrouillée, nous dit Mme de Motteville qui ne peut s’empêcher de jouir du spectacle. […] En parlant de Cinq-Mars, elle l’appelle « cet aimable criminel » ; en racontant les disgrâces de ceux que frappe la Fortune, elle s’attendrit sur « tant d’illustres malheureux » ; même jeune, elle regrette légèrement le temps d’autrefois. […] Tous les hommes sont naturellement esclaves de la fortune ; et je puis dire n’avoir guère vu personne à la Cour qui ne fût flatteur, les uns plus, les autres moins.

357. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Né sans ambition de fortune, il se trouva placé à un rang qui pouvait sembler médiocre entre les rangs élevés, mais qui n’en était que plus propre à son rôle d’observateur politique. […] Dans les portraits du Fermier, du Directeur, du Casuiste, de l’Homme à bonnes fortunes, de la Femme joueuse, Montesquieu égale La Bruyère en s’en ressouvenant. […] [NdA] « Il aimait beaucoup les femmes », a dit l’abbé de Voisenon, qui ajoute ce malin propos que je donne sans commentaire : « Le Temple de Gnide lui valut de bonnes fortunes, à condition qu’il les cacherait. » b.

358. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

» J’insiste sur ce sentiment instinctif de patriotisme ; je voudrais que l’on nous connaisse mieux, nous autres juifs, qui n’avons pas honte de notre race et qui n’usons pas de notre fortune pour offrir des chasses aux gens ruinés à particule. Je crois que vous ne voyez que deux sortes de juifs :‌ » D’abord la petite aristocratie, aux fortunes énormes, et qui est peu intéressante (caractérisée par sa platitude envers les grands noms du catholicisme).‌ […] » Mais il y a aussi les juifs croyants, sincères, aimant profondément leur pays, ne cherchant pas à éblouir les autres par leur fortune et leur luxe de mauvais goût : bref, la bonne bourgeoisie.

359. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Jules Lefèvre est mort le 13 décembre 1857 : il avait, dans les dernières années, changé son nom en celui de Lefèvre-Deumier ; Mme Deumier, sa tante, l’ayant fait héritier d’une grande fortune, il ajouta ce nom au sien par reconnaissance, ce qui acheva de dérouter la notoriété qui était déjà en retard avec lui. […] La grande fortune dont il avait joui pendant quelques années, et dont il faisait si bien les honneurs à ses amis dans ses soirées de la place Saint-Georges ou à sa charmante campagne de l’abbaye du Val, près l’Ile-Adam, avait été presque toute engloutie après les événements de Février 1848.

360. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

, en faisant sa fortune, à faire celle de plusieurs théâtres ; 3° enfin, qu’à cette misérable anarchie dramatique se joignent d’impudents plagiats, des billets donnés à la claque, et des éloges payés dans les journaux. […] « S’il ne réussissait pas, le jeune auteur, qui avait été trop répandu pour ne s’être pas fait quelques amis, trouvait, comme dédommagement à son infortune, une place dans l’administration ou dans les finances ; et, s’il était sage, il abandonnait pour jamais une carrière qui ne pouvait le conduire à la fortune.

361. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Ce cardinal, dont la grande ame étoit flattée de faire la fortune de tous ceux qui s’attachoient à lui, n’oublia pas l’abbé d’Aubignac, qui sçut lui faire assidument sa cour, & plaire à son élève. […] On empoisonna cette démarche, parce qu’elle le conduisit à la fortune.

362. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Être un regret, c’est une fortune ! […] C’était sa fortune, c’est aussi sa littérature.

363. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Divisant avec un art caché sous une distribution naturelle tout son sujet en trois parties, l’histoire de la fortune, des dépenses et des libéralités de Voltaire, il le prend tour à tour dans ces trois cadres et l’y fait mouvoir avec une grande puissance de reconstruction et de détails. En ce livre d’un renseignement inouï, il y a des chapitres intitulés : « Source de la fortune de Voltaire, Banqueroutes essuyées par Voltaire, Rapports de Voltaire avec ses débiteurs, Comme quoi Voltaire prêtait à des taux exorbitants, Idolâtrie de Voltaire pour les rentes viagères » ; d’autres : « Régime de Voltaire, Voltaire parasite, Voltaire à la recherche d’une résidence somptueuse au meilleur marché possible » ; et vous voyez tour à tour passer devant vous, sous tous les aspects que sa nature de caméléon et de singe lui permettait de revêtir, et sans quitter sa forme de Voltaire, tous les types de la Comédie : Harpagon, le Menteur, Tartuffe, Chicaneau, le Bourgeois gentilhomme et le Malade imaginaire, qui composaient sa mobile et divergente identité !

364. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Il n’était point dédaigneux de la gloire, mais il était bon enfant avec elle, qui devait le prendre au lit, comme l’homme de la fortune, dans La Fontaine, si elle le prenait un jour. […] , ce Roger Bontemps de l’esprit, qui jeta le sien, comme sa fortune, par la fenêtre, sous laquelle personne ne l’a ramassé !

365. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Pourquoi donc cette différence entre la fortune de ces deux livres ?  […] « Après tout, — reprend Limayrac, — cette mauvaise fortune du livre de l’Amour n’est qu’apparente ; car, lorsqu’il aura conquis la popularité qui ne peut lui faire défaut et qui aura été longue à venir seulement, il ne l’aura pas achetée par des concessions, et il sera populaire en conservant sa qualité superfine. » Pour notre compte, nous ne savons pas si un esprit superfin comme Stendhal-Beyle, de cette saveur et de ce haut goût, sera jamais populaire, mais ce que nous savons, c’est qu’il a résolu le problème le plus difficile dans les lettres, comme dans les arts, comme dans la politique, et qui consiste à exercer une grande puissance sans avoir une grande popularité.

366. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Le bon moment pour naître, l’étonnant fanatisme, cela allait jusque-là, d’un critique célèbre, sans enthousiasme, mais, au contraire, habituellement difficile et hargneux, l’influence de la Revue des Deux-Mondes, aussi réelle alors qu’elle est nulle maintenant, tout, jusqu’à la rareté de ses publications, — rareté qui tenait même à la nature de son talent, — facilita la fortune littéraire de M.  […] Mérimée, que, quand, plus tard, ce talent, qu’on disait si concentré, se concentra toujours davantage, et à force de se concentrer… disparut ; quand, littérairement, le conteur tarit et se fît historien et savant, de romancier et de conteur qu’il avait été jusque-là, cette évolution de son esprit lui fut, le croira-t-on, une fortune encore.

367. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

On peut s’intéresser au fils de la duègne et de l’écuyer, parce qu’il n’est pas, comme les picaros espagnols, un rebut de la fortune et de la société. […] Nous en avons un curieux témoignage dans les Mémoires de Gourville ; nous en avons un mémorable exemple dans la fortune de Colbert. […] C’est l’art de s’emparer des cœurs par principes et par règles, ou même des sens ; — et quelquefois aussi des fortunes. […] La coquetterie des femmes fait les hommes à bonnes fortunes. […] L’âge venait, d’ailleurs ; et puis, si ses affaires étaient toujours médiocres, il sentait bien que sa réputation commençait à s’élever au-dessus de sa fortune.

368. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Une semblable conduite était rare dans un temps où les grands de Rome, ruinés par le luxe, sollicitaient une province pour rétablir leur fortune par le pillage. […] Dans les troubles qui suivirent la mort de César, Tiberius Nero, longtemps attaché à la fortune du dictateur, courut de grands périls. […] La défaite de Varus, qui survint à la même époque, fit encore ressortir la fortune et le talent du fils adoptif de l’empereur. […] Fanatique de bonne foi, il avait sacrifié sa médiocre fortune en dons patriotiques, pour la cause du parlement. […] Sa fortune s’étant augmentée par le succès de sa traduction d’Homère, et les généreuses souscriptions de ses amis, il se hâta de chercher quelque agréable retraite.

369. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lapaire, Hugues (1869-1967) »

Marcelle Tynaire ….C’est l’heureuse fortune de M. 

370. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 55-57

Viens donc en ces lieux peu battus, Où la Fortune & ses caresses, L’Amour & toutes ses tendresses Cedent aux solides Vertus, Qui sont nos biens & nos maistresses.

371. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 208-210

Ces hommes courageux, qui ont porté les lumières de la Foi chez tous les Peuples connus, n’ont pas été des hommes qu’on puisse taxer d’ignorance & de fanatisme : la plupart d’entr’eux joignoient à un zele héroïque, des talens distingués, un savoir profond, les espérances de gloire & de fortune les mieux fondées.

372. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 84-86

Un Auteur, dont la gloire & la fortune eussent dépendu du succès d'une Piece, ne se seroit pas livré à des démonstrations aussi peu mesurées.

373. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 353-355

Si sa fortune lui eût permis de remplir son projet en grand, il l'auroit fait exécuter dans une Place publique sur le modele placé aujourd'hui dans la Bibliotheque du Roi.

374. (1774) Correspondance générale

Falconet les a rompus, et ce n’est ni la soif de l’or, ni l’ambition d’une plus grande fortune qui l’ont déterminé. Il méprise l’or, il est âgé, et il a la fortune du sage ; mais il est entraîné par le talent et le désir de s’immortaliser par une grande et belle chose. […] Fenouillot n’est point du tout indigne que vous fassiez pour sa gloire et pour sa fortune ce que vous faites pour la gloire et la fortune de M.  […] Je connais particulièrement le père, la mère, les frères, les sœurs, toute cette malheureuse famille et toute leur petite fortune. […] Monsieur, que vous êtes à plaindre, destiné à prononcer sur l’honneur, la fortune et la vie des citoyens et à ne presque jamais entendre la vérité !

375. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

L’histoire a conservé le souvenir des folies chevaleresques de François Ier, qui envoya un cartel à Charles-Quint ; mais Charles se garda bien de compromettre sa dignité et sa fortune à ce jeu. […] Le même Fouquet avait pour pensionnaires plusieurs gens de lettres, entre autres Pélisson et La Fontaine, qui montrèrent, dans la disgrâce de leur protecteur, que leur âme n’était point mercenaire, et qu’ils aimaient Fouquet encore plus que sa fortune. […] C’était un fervent missionnaire, un excellent apôtre, qui n’avait d’autre but que le triomphe de la raison ; il en oublia même le soin de sa fortune. […] Regnard, par exemple, nous avait montré le Joueur du côté comique ; il avait égayé la scène des désordres d’un jeune homme aimable, qui perd au jeu repos, santé, fortune, maîtresse ; c’était assez : les autres malheurs que cette passion entraîne ne sont plus du ressort de Thalie. […] Dorante arrive de Poitiers à Paris pour y faire son cours de galanterie ; il ne respire que plaisirs ; son imagination est pleine de bonnes fortunes ; sa bonne mine va subjuguer tous les cœurs.

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