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332. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Une très belle femme, en peignoir d’indienne à fleurs bleues, les cheveux épars sur un cou de Clytemnestre et la ceinture dénouée laissant entrevoir des épaules et un sein de statue antique, m’ouvrit la porte. […] Une belle lumière du matin, un peu verdie par le reflet des marronniers en fleurs, se jouait sur les rideaux, sur les glaces et sur les reliures rouges des livres de son cabinet. […] Le parterre ondoyait, les galeries se mouvaient, les loges débordaient, comme des corbeilles trop pleines, de têtes et de fleurs. […] si tu prévois qu’indigne de sa race, Il doive de David abandonner la trace, Qu’il soit comme le fruit en naissant arraché Ou qu’un souffle ennemi dans sa fleur a séché ! […]          Triste reste de nos rois, Chère et dernière fleur d’une tige si belle, Hélas !

333. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Mais d’où vient que nul ne songe à jeter quelques fleurs sincères et à tresser quelques loyaux articles en faveur de M.  […] Lépaulle une femme tenant un vase de fleurs dans ses bras ; — c’est très-joli, c’est très-bien peint, et même — qualité plus grave — c’est naïf […] Janmot, c’est une femme assise avec des fleurs sur les genoux. — Cette simple figure, sérieuse et mélancolique, et dont le dessin fin et la couleur un peu crue rappellent les anciens maîtres allemands, ce gracieux Albert Durer, nous avait donné une excessive curiosité de trouver le reste. […] Tassaert Un petit tableau de religion presque galante. — La Vierge allaite l’enfant Jésus — sous une couronne de fleurs et de petits amours. […] Chabal Des fleurs à la gouache, — consciencieusement étudiées et d’un aspect agréable.

334. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Au septième mois, il commence à dépasser ce procédé primitif, à diriger un peu ses mains d’après son regard, à les relever graduellement vers l’objet, à saisir, après quelques tâtonnements, une fleur, un hochet, une petite cuiller : alors il les garde longtemps, avec attention, comme pour étudier leur poids, leur forme, leur consistance et les diverses apparences optiques qu’ils présentent à mesure qu’ils remuent dans sa main vacillante. […] Ainsi le pli est déjà pris ; une famille de sensations conduit à une autre. — Même opération au jardin sur des fleurs et branches d’arbustes qu’il avait vues depuis longtemps, mais non touchées ; aussitôt qu’il a pu diriger ses mains, on le soulevait à portée de l’arbuste, et il touchait, empoignait les fleurs et les branches, avec une attention et un intérêt très visibles. […] Jusqu’au dix-septième mois, point de mots généraux et compris comme tels. — Ils n’ont apparu que du dix-septième au vingtième mois ; toujours ils ont désigné d’abord un objet individuel et dans cet objet un caractère général ; Loulou (nom du chien, l’enfant l’a très vite appliqué aussi à d’autres chiens), Minet (appliqué tout de suite à plusieurs chats), tuture (voiture, appliqué à ses diverses petites voitures), dada (appliqué à tous les chevaux qui passent sur la route), l’eau, l’eau (appliqué également au lac et aux ruisseaux), cocotte (appliqué également aux oiseaux et aux papillons), fleurs (assez tardivement, et avec un certain embarras, une certaine peine pour reconnaître une similitude entre des couleurs et des formes si différentes). […] En sanscrit, nous trouvons patati, il vole, il plane, il tombe ; patagas et patangas, un oiseau et aussi une sauterelle ; patatram, une aile, la feuille d’une fleur, une feuille de papier, une lettre ; pattrin, un oiseau ; patas, tomber, advenir, accident et aussi chute dans le sens de péché ; — en grec, πέτομαι, je vole ; πετηνός, ailé ; ὡκυπέτης, qui vole ou court rapidement ; ποτή, fuite ; πτερόν et πτέρυξ, plume, aile ; ποταμός, rivière ; πίπτω, je tombe ; ποτμός, chute, accident, destin ; πτῶσις, chute, cas, d’abord dans le sens philosophique, puis dans le sens grammatical ; — en latin, peto, tomber dessus, assaillir, chercher, demander, et ses nombreux dérivatifs : impetus, élan, assaut ; præpes, qui vole rapidement ; penna, plume, anciennement pesna pour petna, etc.

335. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

— A-t-elle des yeux longs et fendus, qui s’ouvrent tout humides comme une large goutte de pluie d’été sur une fleur bleue dans l’ombre ? […] Le malheur voulut que, dans ce moment-là, la petite sortait de laver les agneaux dans le bassin d’eau sombre, où vous voyez reluire le ciel bleu au milieu des joncs fleuris, au fond du pré, sous les lauriers ; elle s’essuyait les pieds, debout, avec une brassée de feuilles de noisetier, avant de remonter vers la cabane ; sa chemise, toute mouillée aux bras et collant sur ses membres, n’était retenue que par la ceinture de son court jupon de drap rouge, qui ne lui tombait qu’à mi-jambes ; ses épaules nues, partageant en deux ses tresses déjà longues et épaisses de cheveux, qui reluisaient comme de l’or au soleil du matin ; elle tournait çà et là son gracieux visage et riait à son image tremblante dans l’eau, à côté des fleurs, ne sachant pas seulement qu’un oiseau des bois la regardait. […] Je dis la même chose à Hyeronimo, et nous nous reconsolâmes comme nous pûmes le soir, en allant visiter, l’un sa fontaine, l’autre ses plants de maïs déjà en fuseaux et commençant à jaunir ; l’autre, ses ceps de vigne en fleur qui embaumaient jusqu’à la maison ; l’autre en comptant ses brebis et ses chèvres ; moi, en touchant le poil et les oreilles dressées de mon chien qui me léchait le visage et les mains, comme s’il avait compris à je ne sais quoi que nous avions besoin d’être consolés. […] » Fior d’Aliza pensait à son pré tout fleuri d’étoiles, de clochettes, de toutes sortes de fleurs dont elle ne ferait plus de couronnes pour la Madone, et dont elle ne rapporterait plus les brassées embaumées à l’étable des bêtes ; Antonio, à ses belles quenouilles de maïs barbues et dorées qui allaient être moissonnées par d’autres et pour d’autres que nous ; Magdalena, à ses vers à soie qui allaient mourir faute de feuilles de mûrier, et dont les cocons blancs et jaunes ne se dévideraient plus sur son rouet pendant les soirs d’hiver pour remplir de sel le bahut de bois de noyer au coin de l’âtre. […] Quant aux sept figuiers, ils nous restaient tous les sept comme des arbres domestiques ; on n’avait pas pu nous en déposséder, parce que leurs racines étaient sous les murs de la maison ; c’était une bonne récolte qui n’était pas à dédaigner dans les années où la fleur des châtaigniers aurait gelé sous le givre ; les figues, séchées sur le toit dans les saisons chaudes, pouvaient bien remplir quatre sacs bien tassés ; c’était quasi de quoi nous empêcher de mourir de faim, en les faisant gonfler et cuire dans le lait des chèvres.

336. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

L’esprit est le but, comme le but de la plante est la fleur ; sans racines, sans feuilles, il n’y a pas de fleurs. […] C’étaient des liens, mais des liens de fleurs. […] Il ne cueille que la fleur : que lui importe que les racines soient amères ? […] Et j’ai vu ton temple s’écrouler pierre à pierre, et le sanctuaire n’a plus d’écho, et, au lieu d’un autel paré de lumières et de fleurs, j’ai vu se dresser devant moi un autel d’airain, contre lequel va se briser la prière, sévère, nu, sans images, sans tabernacle, ensanglanté par la fatalité.

337. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Vinet, à Lausanne, sinon à Bâle, est à sa place ; il a une originalité qui reproduit et condense heureusement les qualités de la Suisse française, et, en même temps, il a une langue en général excellente, attique à sa manière, et qui sent nos meilleures fleurs. […] Frédéric Monneron : il est mort depuis à la fleur de l’âge. […] L’ancienne et précédente culture française, ou plutôt la production et végétation française sans culture régulière, était, au déclin du moyen âge et au xvie  siècle, comme un grand champ libre, soit en France, soit aux pays environnants (Savoie, Vaud, Liége, etc.), et donnait pêlemêle toutes sortes d’herbes, de fleurs, même de longs foins et de folles avoines. […] Monneron ; le fruit comme la fleur.

338. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

D’un sourire il salue le soleil au lacis des ramures, lève ses mains vers les rayons, joue avec les clartés qui ballent au gré des branches ; une fleur le captive, une autre encore le ravit, — les mouvements, les parfums de ces choses l’émerveillent, — il s’étonne des bêtes qui surviennent, surprend des insectes enrichis d’inouïes bigarrures, s’ébahit d’un oiseau qui s’envole aux touffeurs du feuillage. […] Griffin fait grandir ses riches tulipes sont ouverts à tous librement et vastes, vastes comme la vie ; et du milieu de leur étendue en fleurs lorsqu’il nous appelle, nous obéissons à cette voix entendue près de nous et qui peut toujours nous parler de nous. […] Et la cuirasse encore le gêne et la rondache pèse à son bras : alors il rejette tout cet arroi rigide, foule aux pieds l’écrasant appareil de la guerre et marche soudain libre dans les champs et les prés dont il compte les fleurs. […] L’ombre scelle d’un doigt les lèvres du Silence : Je vois fleurir des fleurs de roses à ta main, Et par-delà ta vie autre et comme d’avance De grands soleils mourir derrière ton Destin.

339. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Ceux-là disaient à voix basse, en la voyant monter à la tour de Scée : « Certes, ce n’est pas sans raison que les Troyens et les Achéens aux belles cnémides endurent pour une telle femme des maux si affreux, car elle ressemble par sa beauté aux Déesses immortelles. » Ceux-ci l’appellent, en la maudissant, des noms qu’on donne aux enchanteresses : « Ame sereine comme la mer tranquille… parure de la richesse… trait charmant des yeux… fleur du désir enivrant le cœur. » — Plus tard, dans l’Oreste d’Euripide, Electre insulte d’abord Hélène, lorsqu’elle rentre de nuit dans Argos, « craignant les pères de ceux qui sont morts sous les murs d’Ilion ». […] Elle jouit du sens secret d’exécration et de mort qu’elle donne à cet accueil passionné ; elle met une ironie méchante à couronner la victime, à l’amener sous le couteau, aveuglée de fleurs. […] Cette femme qui m’a suivi, c’est la fleur choisie dans l’amoncellement du butin, c’est le don que m’a fait l’armée. » Ce rôle si court dessine en quelques traits une figure auguste. […] Cette captive assise sur le char royal, muette comme ces statues de Villes conquises qui décoraient les triomphes, et qu’Agamemnon appelait la « fleur du butin », c’est Cassandre, la fille de Priam et la prêtresse d’Apollon.

340. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

La justice scellant enfin son plus intime accord avec la réalité, ou plutôt, la réalité s’élargissant jusqu’à faire entrer dans le cercle d’universelle beauté, jadis étroit et arbitraire, les plus humbles, les plus journalières fleurs de notre existence et de celle du monde ! […] Feuilles et fleurs, tige et racine, la plante entière, humaine ou végétale, participant à la même beauté, c’est-à-dire à la même vie ; n’est-ce pas là, ce me semble, centupler la beauté de la fleur elle-même, que de la sentir liée à la beauté de la racine, à l’incalculable splendeur des moindres folioles ? […] Elle nous disait : L’âme seule dans l’homme est pure, est divine ; le corps est un « sac de fumier » ; le monde est un exil dans le crime et la douleur ; « dans la fleur se cache le démon » ; le ciel est le seul réel séjour de lumière et de beauté.

341. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Or, voici la description : « D’un côté, cette médaille, qui est fort grande ; représente un enfant d’une figure très belle et très noble : on voit Pallas qui le couvre de son égide ; en même temps les-trois Grâces sèment son chemin de fleurs ; Apollon, suivi des Muses, lui offre sa lyre : Vénus paraît en l’air dans son char attelé de colombes, qui laisse tomber sur lui sa ceinture ; la Victoire lui montre d’une main un char de triomphe, et de l’autre lui présente une couronne. […] Il est sensible à nos chansons ; il aime la poésie : elle adoucira son cœur, et le rendra aussi aimable qu’il est fier. » Alors Philomèle continua seule : «  Que ce jeune héros croisse en vertu, comme une fleur que le printemps fait éclore ! […] et que les fleurs naissent sous ses pas ! 

342. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Et s’ils étaient encore académisables, bien des hommes auraient la courageuse franchise de n’admirer ni Salammbô ni Les Fleurs du Mal. […] En tout cas, une distinction, quelle qu’elle soit, n’est qu’une fleur à la boutonnière ; et, en art, l’autorité est personnelle. […] Ceux-ci n’ont jamais causé que des scandales à fleur de société, des scapinades innocentes, qu’il ne leur est point difficile, au moment opportun, de se faire pardonner par cette honnête dame de fort bienveillante austérité.

343. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

On appelle du nom de peintres de genre indistinctement et ceux qui ne s’occupent que des fleurs, des fruits, des animaux, des bois, des forêts, des montagnes, et ceux qui empruntent leurs scènes de la vie commune et domestique ; Tesniere, Wowermans, Greuze, Chardin, Loutherbourg, Vernet même sont des peintres de genre. […] Qu’est-ce que cela signifie, sinon que la peinture d’histoire demande plus d’élévation, d’imagination peut-être, une autre poésie plus étrange ; la peinture de genre, plus de vérité ; et que cette dernière peinture, même réduite au vase et à la corbeille de fleurs, ne se pratiquerait pas sans toute la ressource de l’art et quelque étincelle de génie, si ceux dont elle décore les appartements avaient autant de goût que d’argent ? […] Est-ce que ces fleurs seront plus brillantes dans un pot de la manufacture de Nevers que dans un vase de meilleure forme ?

344. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Baudelaire est ressuscité, et un second volume des Fleurs du mal sort avec lui de son tombeau. » Eh bien, c’est une erreur ! […] Baudelaire fut le rhapsode de ses Fleurs du mal dans les quelques salons qui ne craignaient pas l’odeur, dardant la cervelle, de ces syringas terribles. Il les disait, ces Fleurs du mal, avec cette voix douce et mystificatrice qui hérissait le crin des bourgeois quand il les distillait suavement dans leurs longues oreilles épouvantées.

345. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Il est permis de croire que l’exaltation religieuse de Pascal, son renoncement si brusque et si absolu à la vie du monde, voire même à la vie scientifique, furent dus en grande partie au mal obscur et grave qui l’atteignit à la fleur de l’âge et le coucha si jeune au tombeau. […] Quand je me rappelle que telle Lettre Provinciale a été refaite jusqu’à treize fois ; quand je vois surchargé de ratures le brouillon d’une fable de La Fontaine ; quand je pense à l’implacable, acharnement avec lequel Rousseau et Flaubert retournaient une phrase dans leur tête pour la rendre conforme à leur idéal esthétique, je me dis qu’au nombre des influences qui développent les facultés contenues dans l’organisme initial, qui font sortir la fleur et le fruit du germe où ils étaient cachés, cette action de la pensée sur la pensée ne saurait être laissée de côté comme une quantité négligeable.

346. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Je croyais à la transformation dernière, au brin d’immortelle cueilli enfin, et gardé, de toute cette masse de fleurs, de tous ces bouquets jetés à la tête de tout par une main que tout enivrait et qui, dans l’ivresse, s’est blessée ; et je n’ai pas eu ce que je croyais. […] les pleurs d’une Aurore qui s’en va : J’eus un ami pendant vingt ans, C’était la fleur de mon printemps, Tout cédait à son gai délire, Le plus morose le fêtait ; Comme il buvait, comme il chantait !

347. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Il nous a donné sa poétique, qui n’est pas d’une complication bien difficile, mais qui consiste à nous prouver à l’aide de Beethoven et de Claude Lorrain, et de la musique, et des paysages et du dernier progrès des arts, que le poète n’a plus, pour toute ressource d’invention, qu’à faire parler les arbres, les fleurs, tous les objets de la nature, ce que M.  […] Tout y a sa voix et son personnage, comme dans un drame, avec ces jolies appellations, entre strophes, Les Fleurs, L’Esprit des montagnes, Les Moissonneurs, Bertha, Rosa mystica, etc., appellations que je conçois bien dans un drame fait pour être joué, mais qui me troublent lorsque je lis de la poésie lyrique qui devrait se couler d’un seul jet comme une glace de Venise, et non pas se juxtaposer par morceaux.

348. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

L’Esprit des Fleurs est manifestement Le Sylphe de M.  […] Louis Bouilhet peut faire : ce sont ceux que faisait si bien son compatriote Saint-Amand… La gaieté, cette fleur charmante de la vigueur de l’esprit, blanche et rose comme celle des pommiers de notre pays (ne sommes-nous pas Normands, M. 

349. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

Recueillie dans le sein du bienheureux patriarche, sera-t-elle, comme Lazare, entourée de fleurs, sous les yeux du riche consumé par les flammes ? […] Sa palme lyrique, la fleur inaltérable de son génie, ce sont quelques vers touchants et naïfs sur le premier martyre, celui des enfants innocents immolés par Hérode : Salvete, flores martyrum, Quos, lucis ipso in limine, Christi insecutor sustulit, Ceu turbo nascentes rosas : Vos prima Christi victima, Grex immolatorum tener, Aram ante ipsam simplices, Palma et coronis luditis.

350. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Baudelaire cueillait, dans un jardin empoisonné, ses Fleurs du mal. […] L’esprit est une flamme dangereuse qui, tout en brûlant les mauvaises herbes, dessèche les fleurs d’alentour. […] Heureux l’homme qui, en ce siècle si dur, a passé sa vie à cueillir des fleurs et à écouter les oiseaux. […] Pelouses inclinées, où les fleurs de digitale s’élancent partout comme de longues fusées roses. […] Je ne vois que Loti qui sache faire parler ainsi les lèvres vermeilles, les yeux adolescents et les âmes en fleur.

351. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Tristement le poète songe que nulle fleur n’est à consoler son amère veillée. […] Pourquoi donc ne trouve-t-il pas en lui-même, le poète, cette fleur qu’il désire ? […] Je les comparerais encore à deux grands arbres, dans un jardin où il y a en outre toutes sortes de jolies fleurs et d’arbustes de prix. […] Mais sous la riche variété des fleurs on sent un terrain ferme et sûr ; et l’on retrouve dans le style de M.  […] La Légende des siècles, les Fleurs du Mal, Sagesse, j’aurais lu ces poèmes avec

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