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1487. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Ils n’en vivent pas moins, le livre une fois fini et fermé, avec une intensité unique ; mais on a senti cette vie se déposer, se former, cristalliser sans hâte, au fur et à mesure des jours, des circonstances et des péripéties. […] Il y laissa d’ailleurs tout talent, et le romancier finit enlisé dans le gribouillage illisible des Quatre Évangiles. […] L’ange gardien des livres (certains penseront peut-être que c’est un diable) n’a pas fini de veiller sur eux et il leur fera peut-être traverser des pas plus dangereux. […] Estaunié, finit par éteindre la beauté de l’univers et l’univers lui-même. » Ses personnages croient qu’ils se taisent parce qu’ils souffrent. […] Mais cette conclusion n’est pas présentée comme une certitude, et le livre, commencé sur une angoisse, écrit dans l’angoisse, finit sur une angoisse.

1488. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

le centre et le sens de la vie finissent par se transporter insensiblement de l’individu qui va s’éteindre à la famille qui rayonne autour de lui ». […] Quand une fois on s’est mis à laisser aller ses rêves sur cette pente, bientôt on se sent pris de vertige ; il semble qu’on tourne dans un cercle dont il devient impossible de sortir, et l’univers lui-même finit par apparaître à nos troubles regards comme la vision d’un halluciné. […] La matière de l’érudition, en effet, va toujours croissant d’une manière si rapide, soit par des découvertes nouvelles, soit par la multiplication des siècles, qu’elle finira par dépasser de beaucoup la capacité des chercheurs. […] Celles qui me plaisent, je les garde dans ma tête et je les fredonne… Une fois que je tiens mon air, un autre vient bientôt s’ajouter au premier… et tous ces morceaux finissent par former le pâté. […] L’œuvre grandit, je t’étends toujours et la rends de plus en plus distincte ; et la composition finit par être tout entière achevée dans ma tête, bien qu’elle soit longue.

1489. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Au moins, la séance finie, il n’y avait pas besoin de faire ça palette et de nettoyer ses pinceaux. […] La présence de Petrus Borel produisait une impression indéfinissable dont nous finîmes par découvrir la cause. […] s’écria, lorsque la tournée fut finie, un néophyte outrant le zèle. […] On parlait de cabales, d’intrigues ténébreusement ourdies, de guet-apens presque, pour assassiner la pièce et en finir d’un seul coup avec la nouvelle École. […] S’il n’a pas commandé en chef, c’était un officier brillant et hardi ; il a tenu haut son enseigne pendant la bataille, et, le combat fini, il ne l’a pas abaissée.

1490. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Si l’on casse tout, le jeu sera fini. […] Nous sommes du momentané, du limité, du fini. […] On n’a pas fini de les tourmenter : les voici, après les épreuves, pareilles. […] Le Parthénon chancelle, parce qu’en définitive c’est bien fini de l’hellénisme. […] Le monde va finir !

1491. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — Il en est de même pour tous les autres noms de classe ; chacun d’eux finit par évoquer un nombre considérable de jugements généraux, et chacun d’eux peut en évoquer un nombre indéfini. […] Au couple d’idées abstraites associées dans notre esprit correspond, trait pour trait, un couple de caractères abstraits associés dans la nature ; désormais, à chaque cas nouveau que nous observons, notre proposition reçoit une justification nouvelle, et la loi énoncée ne rencontre plus d’exceptions. — Au bout d’un temps fort long, après beaucoup de correspondances ainsi vérifiées, les hommes de certaines races et de certaines civilisations, les Européens modernes par exemple, ont fini par croire qu’il en est ainsi dans tous les cas, que telle est la constitution des choses, que toute la nature est régie par des lois, que tout son cours est uniforme, qu’en tout temps et en tout lieu, dans le monde moral et dans le monde physique, tout caractère donné a des conditions dont la présence entraîne sa présence. […] Car il pourrait se faire que la diminution de l’antécédent et la diminution du conséquent n’allassent point du même pas ; peut-être, à mesure que la résistance diminue de moitié, le ralentissement ne diminue que du quart ou d’une fraction inférieure ; ce serait le cas si le ralentissement avait deux causes, l’une qui serait une propriété inhérente au mouvement lui-même, à savoir la tendance à finir au bout d’un certain temps, l’autre qui appartiendrait aux circonstances, c’est-à-dire à la résistance des corps environnants. […] Une pierre lancée, un pendule qui oscille finissent par s’arrêter, et on est tenté de croire qu’ils s’arrêtent d’eux-mêmes ; un mélange détone, une pomme tombe de son arbre, sans que nos sens démêlent la circonstance nouvelle qui, s’ajoutant à l’ancien état, a provoqué le nouveau. […] Nous avons fini par le former, et l’expérience mieux conduite se trouve aujourd’hui d’accord avec lui.

1492. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Les grosses masses finissent toujours par faire le sang, et le plus souvent l’esprit et la langue. […] » Ainsi finissent beaucoup de ballades. […] Telle est la classe obscure encore, mais chaque siècle plus riche et plus puissante, qui, fondée par l’aristocratie saxonne rabaissée et soutenue par le caractère saxon conservé, a fini, sous la conduite de la petite noblesse normande et sous le patronage de la grande noblesse normande, par établir et asseoir une constitution libre et une nation digne de la liberté. XI Quand des hommes sont, comme ceux-ci, doués d’un naturel sérieux, munis d’un esprit décidé, et pourvus d’habitudes indépendantes, ils s’occupent de leur conscience comme de leurs affaires, et finissent par mettre la main dans l’Église comme dans l’État. […] » Avec les mêmes inquiétudes, Piers Plowman part pour chercher Bien-Faire, et demande à chacun de lui enseigner où il le trouvera. « Chez nous », lui disent deux moines. « Non, dit-il, puisque l’homme juste pèche sept fois par jour, vous péchez, et ainsi la vraie justice n’est pas chez vous. » C’est à « l’étude et à l’écriture », comme Luther, qu’il a recours ; les clercs parlent bien de Dieu à table et aussi de la Trinité, « en citant saint Bernard, avec force beaux arguments pompeux, quand les ménestrels ont fini leur musique ; mais pendant ce temps les pauvres peuvent pleurer à la porte et trembler de froid sans que nul les soulage. » Au contraire, on crie contre eux comme après des chiens, et on les chasse. « Tous ces grands maîtres ont Dieu à la bouche, ce sont les pauvres gens qui l’ont dans le cœur168 », et c’est le cœur, c’est la foi intérieure, c’est la vertu vivante qui font la religion vraie.

1493. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

On finira par m’exorciser, ici comme le diable du théâtre. […] À cet âge, en littérature généralement les injures s’arrêtent, et il en est fini de la critique insultante. […] » Cette froideur s’accentue au second acte, dans la scène pathétique des deux femmes, pendant l’attaque des Tuileries, et finit sur un maigre claquement de mains. […] Lundi 25 mars Tristesse, en pensant que ma carrière littéraire est finie — et que ma dernière cartouche a raté — et cependant La Patrie en danger est une œuvre, qui méritait mieux qu’une chute au Théâtre-Libre. […] … une longue application m’est défendue depuis ma maladie. » Et revenant aux jouissances qu’il éprouve encore ; il cite la conversation avec un être qui a l’intelligence des choses qu’il aime, et il finit en me demandant d’une voix caressante, et presque humble, de l’inviter à déjeuner.

1494. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Mais lorsqu’on a pondu vingt ou trente mille vers, on finit par s’apercevoir que les mêmes rimes vous rivent plus ou moins aux mêmes images et aux mêmes idées, ce n’est donc que pour affranchir l’inspiration de ce penchant que je me suis décidé à essayer des vers sans rime. […] Et Catulle Mendès finit, avec un geste un peu douloureux, en parodiant le sonnet fameux… — Bah ! […] On a dit que tout finit par des chansons ; tout commence peut-être aussi par des poèmes. […] Il faut que cette blague du progrès en politique finisse une fois pour toutes. […] , finit par une si plaisante boutade que nous voici dans l’obligation de donner la parole à — Universitaires, réjouissez-vous ! 

1495. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

On regarde ses bonnes grâces comme la source de tous les biens ; on ne croit s’élever qu’à mesure qu’on approche de sa personne et de son estime. » On s’éblouit et on se croit dieu quand on ne sent plus rien au-dessus de sa tête. « Qui considérera que le visage du prince fait la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit pendant toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu peut faire toute la gloire et la félicité des saints. »37 Un homme « pour qui on est à bout de bronze et d’encens », si bon et si grand qu’il soit né, finit par se dire que choses et gens ne sont faits que pour le servir. […] Ainsi, dans Sheridan, l’hypocrite anglais, Joseph surface, se surprend à faire de grandes phrases devant son ami Shake, A force de prêcher, on finit par ne plus pouvoir parler qu’en sermons. […] Ce qui est ridicule est laid, et, après l’avoir raillé, on finit par le plaindre. […] Retournons à la cour, nos travaux sont finis.

1496. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

L’audience finie, le roi voulut monter à cheval, et, par malheur pour le premier ministre, il sortit par le grand portail du palais, par où il passe fort rarement, parce qu’il est le plus éloigné du sérail. […] L’allée finit à une maison de plaisance du roi, qui en occupe la largeur, et qui est si grande, qu’on la nomme Mille-Arpents. […] C’est par là que je saurai vous ôter le moyen de ne pouvoir plus faire de mauvais choix ; vous serez bien alors contraints de porter la couronne à l’aîné, et je vous laisse à penser de quelle manière il la recevra de vous, quand il verra que vous ne vous serez rendus à votre devoir qu’après une extrémité si fâcheuse. » Il finit son discours avec cette menace, et laissa les seigneurs de l’assemblée tellement surpris, que si une montagne fût tombée à leurs pieds, comme on parle en Perse, ils n’eussent pas témoigné tant d’étonnement. […] « Le Zendéh-roûd d’Issfahàn (certains manuscrits portent Zâyendéh-roùd) coule de la montagne Zerdéh (jaune), et autres montagnes du grand Lor, sur les confins de Djouycerd ; il traverse le canton de Roùd-Bàr, dans le Loristàn ; il arrose Feyroùzan et Issfahàn, et finit sous le terrain de Kâoù Khâny, dans le canton de Roùyd Chétyn.

1497. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Et pleins de respect pour le grand siècle qui va finir, le Siècle de la Science, dont il sont les fils, ils en distinguent chez Zola la vivante incarnation, et dans l’épopée des Rougon-Macquart, le grandiose déroulement. […] De même que Napoléon Bonaparte sut accaparer à son profit et finit par incarner la Révolution française, Victor Hugo, peu à peu, parvint à confondre ses destinées particulières avec celles du Romantisme. […] La sève ancestrale se divise en deux grandes branches, d’un côté la branche légitime, forte et puissante, aboutissant à Eugène Rougon, « l’aigle de la famille se dégage des vulgaires intérêts, aimant la force pour la force et conquérant Paris en vieilles bottes » ; de l’autre, la branche bâtarde, pleine de vitalité et de sang, elle aussi, mais qui, jetée dans les bas-fonds prolétariens, victime de l’alcool, de la faim, de la misère finit par produire les Gervaise Macquart, les Lantier ou les Nana, ces déchets de l’arbre social. […] Tant de scélératesses ont été révélées au cours de ce procès, du côté de l’accusation comme du côté de la défense, tant d’autres ont été devinées, que le peuple finira peut-être par voir clair.

1498. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Les excitations uniformes des sens émoussent la sensibilité ; c’est une loi générale : une sensation d’odeur uniforme et répétée finit par user l’odorat ; de même pour le goût. […] Vous faites boire au sujet, sous le nom de champagne, un verre d’eau vinaigrée, il trouve le champagne excellent et finit même par présenter tous les signes de l’ivresse. […] L’hypnotisée se représente avec intensité une brûlure, un vésicatoire, un stigmate ; elle finit par sentir la brûlure et par la réaliser ainsi en ses effets cérébraux ; puis l’effet devient cause, et la chaleur sentie dans le cerveau va rayonnant jusqu’à la peau même, dans telles limites déterminées par ce que les psychologues appellent « les signes locaux ». […] Une science plus avancée que la nôtre découvrira la vie partout, et, avec la vie, du mental à un degré quelconque, de la sensation et de l’appétit ; si bien qu’on aura fini par exorciser le fantôme de l’inconscient et par reconnaître ce que nous avons proposé d’appeler l’ubiquité de la conscience.

1499. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Rome calque la Grèce, Virgile copie Homère ; et, comme pour finir dignement, la poésie épique expire dans ce dernier enfantement. […] Elle lui montre qu’il est double comme sa destinée, qu’il y a en lui un animal et une intelligence, une âme et un corps ; en un mot, qu’il est le point d’intersection, l’anneau commun des deux chaînes d’êtres qui embrassent la création, de la série des êtres matériels et de la série des êtres incorporels, la première, partant de la pierre pour arriver à l’homme, la seconde, partant de l’homme pour finir à Dieu. […] Son drame ne sort pas de Londres, il commence le 25 juin 1657 à trois heures du matin et finit le 26 à midi. […] Il ignore comment la critique accueillera et ce drame, et ces idées sommaires, dégarnies de leurs corollaires, appauvries de leurs ramifications, ramassées en courant et dans la hâte d’en finir.

1500. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

En laissant de côté les préventions naturelles à des princes longtemps proscrits, et qui, malgré ce qu’on a dit, ne se sont jamais réjouis de nos victoires, par la raison toute simple qu’ils ne pouvaient fonder l’espoir de leur retour que sur nos désastres, on concevra comment la vieillesse de Louis XVIII, et ses infirmités, qui ajoutaient à son isolement d’étiquette, nous ont valu les Cent Jours ; et pourquoi le règne de Charles X a fini par un crime, dont la première compensation sera de nous avoir épargné la vieillesse de M. le duc d’Angoulême, vieillesse qui aurait été d’autant plus déplorable qu’il n’a jamais été jeune.

1501. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Les époques où un dogme règne, dans lesquelles l’humanité connaît sa destination et y croit ; et les époques où un dogme finit, dans lesquelles l’humanité ne se conçoit plus de destination, doute et cherche : les premières, il les appelle des époques fondatrices ; les secondes, des époques critiques.

1502. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

lui dit-elle tout d’abord, comme en continuant son rêve ; mais bientôt, à mesure que l’explication se déroule à ses yeux et que sa raison se ressaisit elle-même, elle recule peu à peu, elle regagne insensiblement le terrain qu’un instant de surprise lui avait fait perdre, elle finit par le congédier.

1503. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

La politique, il est vrai, est au-dessus et peut avoir l’œil sur toute chose ; mais se soucie-t-elle de ce monde léger dont chaque plume n’est rien, dont toutes les plumes toutefois finissent par peser et comptent ?

1504. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

S’il fallait prolonger un raisonnement, sa fausseté serait plus sensible ; si l’on pouvait le réfuter avec les formes qui servent à développer les vérités élémentaires, les esprits les plus communs finiraient par comprendre quel est l’objet de la question.

1505. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Elle a feint d’abord toute sorte de bons sentiments qu’elle a fini par éprouver.

1506. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Il est bien probable que cela finira par la révision d’une loi mal rédigée et dont l’application littérale heurte par trop le sens commun.

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