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412. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Ce dernier recueil est comme une urne funéraire où la piété d’un fils et celle d’un ami ont rassemblé ce qui restait d’elle. […] La lettre d’où je tire ces lignes est adressée au pieux fils de Mme Desbordes-Valmore : Vous êtes, lui disait cet ami au cœur reconnaissant, vous êtes, monsieur, le fils d’un ange : la patrie des lettres et de la poésie n’en produit que bien rarement de tels.

413. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

« Si, après cela, vous m’accusez d’être fils dénaturé, vous ne raisonnez pas, votre opinion n’est qu’un vain bruit et périra avec vous. » Et il y revient encore avec un acharnement maladif : « Ou vous niez la vertu, ou mon père a été un vilain scélérat à mon égard ; quelque faiblesse que j’aie encore pour cet homme, voilà la vérité, et je suis prêt à, vous le prouver par écrit à la première réquisition. » Or, il paraît bien que ce père était un homme assez rude et désagréable ; mais, si vous songez que ce tyran, n’ayant lui-même que dix mille francs de rente, faisait à son fils, alors âgé de vingt-deux ans, une pension de deux mille quatre cents francs qui en vaudraient plus de cinq mille aujourd’hui ; que Stendhal avait, en outre, une rente de mille francs qui lui venait de sa mère et que, si l’argent lui avait manqué pour se soigner, c’est qu’il en dépensait beaucoup pour ses habits et pour le théâtre, vous verrez peut-être autre chose que de l’indépendance d’esprit dans cette furieuse impiété filiale. […] Le lecteur me trouvera mauvais fils, il aura raison. » En supposant même que tous les griefs de Stendhal aient été fondés, on se dit qu’il y a des sentiments qu’on peut sans doute éprouver malgré soi, mais qu’il est odieux de s’y complaire, de les développer par écrit, parce qu’ils offensent, tout au moins, des conventions trop anciennes, trop nécessaires à la vie des sociétés, et vénérables par là même.

414. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Ses deux fils, Alexandre et Rufus 1162, y étaient fort connus. […] S’il fallait en croire Jean 1183, Marie, mère de Jésus, eût été aussi au pied de la croix, et Jésus, voyant réunis sa mère et son disciple chéri, eût dit à l’un : « Voilà ta mère », à l’autre : « Voilà ton fils. » Mais on ne comprendrait pas comment les évangélistes synoptiques, qui nomment les autres femmes, eussent omis celle dont la présence était un trait si frappant. […] le voilà, disait-on, celui qui s’est appelé Fils de Dieu !

415. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

On but à la santé du roi, à celle de la reine et de son fils, point à la nation. […] La reine, légère, belle, imposante comme une divinité mythologique, le suit, tenant son fils par la main. […] Marie-Antoinette saisit son fils dans ses bras, fait le tour des tables, le montre à ses jeunes officiers qu’elle enivre, qu’elle frappe d’un vertige chevaleresque.

416. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Agrippa d’Aubigné était huguenot, fils de huguenot. […] Le poète était le fils de ce Lazare de Baïf qui fut ambassadeur à Venise. […] Elle fut vendue, avec d’autres manuscrits, à un pâtissier, par le fils naturel du poète Philippe Desportes. […] Ce prince imagine de se faire passer pour le fils de Jocaste, afin d’être la victime expiatoire et de sauver Dircé. […] Car autrement il ne serait pas déraisonnable qu’un fils vengeât son père.

417. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Ce sont des fils de la Vierge qui flotteraient, vagues, parfumés, lumineusement gris. […] Cette Israélite a perdu quatre fils dans une rébellion contre je ne sais quel Assuérus. […] Les fils d’un forçat ignorent leur état civil. […] Quoi de plus prétentieux que les balivernes du fils ? […] Un fils est né de cette brutalité.

418. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

René de Mauréac, fils du grand marquis, rencontre une petite comédienne d’opérette, Chérie-Mignon. […] … Cherchons et regardons autour de nous, que de fois nous voyons les fils expier pour leurs pères et leurs aïeux !

419. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Quant à Kaïapha, il eut pour successeur Jonathan, son beau-frère, fils de ce même Hanan qui avait joué dans le procès de Jésus le rôle principal. […] Ses fils continuèrent de régner autour du temple, à grand’peine réprimés par les procurateurs 1223 et bien des fois se passant de leur consentement pour satisfaire leurs instincts violents et hautains.

420. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Le roi avait légitimé les enfants qu’il avait de madame de La Vallière ; madame Scarron était donc fondée à prévoir le même sort pour ceux de madame de Montespan ; et elle s’était mis dans l’esprit que les fils de Louis XIV, confiés à ses soins, ne devaient pas être les tourments de la France comme l’avaient été les bâtards de Henri IV, et qu’elle devait rendre ses élèves dignes de leur haute destinée, par leur moralité et leur esprit. […] Elle devait même monter plus haut que madame de Montausier ; mais c’est une singularité de sa fortune que la première circonstance par où elle fut signalée, fut l’acquisition de la terre de Maintenon qui appartenait à la maison d’Angennes, dont le marquis de Rambouillet était le chef ; et que, quand le roi donna à madame Scarron, comme on le verra en suivant l’ordre des faits, le titre et le nom de marquise de Maintenon, ce titre et ce nom étaient portés par un des fils d’Angennes ; de sorte qu’elle succéda à un domaine, à un titre, à un nom de l’hôtel Rambouillet, en même temps qu’à la réputation d’esprit et de mœurs, et à la considération de la duchesse de Montausier, dernier rejeton de cette maison.

421. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

……………………………………………… Contemple donc Héli, le chef du tabernacle, Que Dieu fit de son peuple et le juge et l’oracle : Son zèle à sa patrie eût pu servir d’appui, S’il n’eût produit deux fils trop peu dignes de lui. ……………………………………………… Mais Dieu fait sur ces fils, dans le vice obstinés, Tonner l’arrêt des coups qui leur sont destinés ; Et par un saint héros, dont la voix les menace, Leur annonce leur perte et celle de leur race.

422. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

» Hector ne répond point ; mais du fond de son âme, Tirant un long soupir : « Fuis les Grecs et la flamme, Fils de Vénus, dit-il, le destin t’a vaincu ; Fuis, hâte-toi, Priam et Pergame ont vécu. […] L’état où il le revoit ne peut lui rappeler sa destinée ; il demande au fils de Priam d’où lui viennent ses blessures , et il vous a dit qu’ on l’a vu ainsi le jour qu’il fut traîné autour d’Ilion .

423. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

L’aubergiste apprend leur détresse et envoie son fils leur porter des provisions. […] Mais que sera cette fortune, partagée entre son fils et sa fille ? […] Il ne cherche naturellement qu’à exploiter à son profit l’inexpérience du baron ; peut-être même prévoit-il déjà sa ruine et l’heureux moment où il s’installera, lui, Juif et fils de Juif, dans le château d’un fils des croisés. […] » Il se précipita sur le lit de son fils et lui tendit les bras, comme pour le supplier de venir à son secours. […] Lorsque le père revint près du lit, la main de son fils s’éleva vers lui menaçante ; puis elle retomba morte.

424. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Ce n’est plus qu’un fils, et un très petit fils de Rousseau, qu’eût renié Rousseau ; car il s’est défait de la notion de Dieu, la meilleure chose de la succession de son père, et vous savez qu’il n’en fallait pas tant pour que ce respectable père méconnût et reniât son fils ! IV C’est un fils de Rousseau. […] Les Spartiates exposaient l’ilote ivre devant leurs fils pour les dégoûter de l’ivresse ; mais nous ne valons pas les Spartiates, ces moines militaires de l’Antiquité, comme les appelle un moderne. […] Fils de Rousseau, il étrangle à chaque instant les doctrines de son père. […] Et, de fait, dans les véhémences de la Pornocratie il y a du Bridaine, du Bridaine de plain-pied, sans la majesté de la chaire, car le xixe  siècle, dont Proudhon est un des fils, a mis tout le monde à pied.

425. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Nous avions honte de penser à eux ; nous nous trouvions bourgeois, grossiers, polissons, fils de M.  […] Le duc de Saint-Simon nous conduit ; d’abord chez M. le Prince, fils du grand Condé, en qui le grand Condé, comme dit Bossuet, « avait mis toutes ses complaisances. » Voici un intérieur de ménage : « Madame la Princesse était sa continuelle victime. […] J’ai « froqué un fils, une fille et fait prêtre malgré lui un autre fils » ; donnez une charge à mon aîné et consolez mon cadet par une abbaye. […] Sire, on m’a chansonné, chassez le médisant de la cour. — Le roi, bon justicier, faisait la police, et au besoin, de lui-même, commandait aux maris d’enfermer leurs femmes3, aux pères de « laver la tête à leurs fils. » Nous comprenons maintenant l’adoration, les tendresses, les larmes de joie, les génuflexions des courtisans auprès de leur maître. […] Le plus grand nombre, c’est-à-dire les sots, tiraient des soupirs de leurs talons, et avec des yeux égarés et secs louaient Monseigneur, mais toujours de la même louange, c’est-à-dire de bonté, et plaignaient le roi de la perte d’un si bon fils.

426. (1932) Le clavecin de Diderot

Fils d’une femme d’amour, il est à cent coudées, certes, au-dessus de ses contemporains et cadets nés de parents unis en justes noces. […] Nous savons, depuis Freud la réaction du fils. […] Fils de famille, il ne croyait pas que la famille, ce fût cette cheminée qui la groupât. […] Soumis à son exemple, chacun de ses fils se condamne au plus grossier matiérisme. […] Le sylvestre personnage conserve tout son sang-froid, pour jouer avec une pomme sur la tête (autant dire avec la tête) de son fils.

427. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

en plein logis d’un fils de Robespierre. […] Voici les vêtements noirs et le bonnet de crêpe ; voici la mère qui pleure son fils parce que son fils est parti et qu’il ne reviendra plus. […] Dans Les Effrontés, Giboyer se rappelle qu’il a été fils ; dans Le Fils de Giboyer, le marquis d’Auberive l’oblige à avouer qu’il est père. […] Il a perdu sa vie, mais c’est dans son fils qu’il la recommence. […] Il est vrai que Giboyer emporte une suprême joie : son fils l’a avoué devant M. 

428. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Les vainqueurs achètent la gloire nationale aux dépens des plus grands malheurs domestiques : le vieil Horace perd ses deux fils et sa fille ; son fils Horace perd ses deux frères, ses trois beaux-frères, et, pour comble de maux, il tue sa sœur. […] Si celui que l’on tue a aussi un fils ou une fille, il n’y a plus de fin aux massacres ; et les enfants, à force de venger leurs pères, auraient bientôt dépeuplé leur patrie. […] La scène où le père du Menteur accable son fils des plus sanglants reproches, est écrite en son genre aussi fortement que Pompée. […] Il a fallu que Cléopâtre proposât à ses deux fils d’assassiner Rodogune, dont elle doit du moins les soupçonner amoureux ; ce qui ne s’accorde pas trop bien avec la prudence qu’on lui donne d’ailleurs. […] La douceur et la soumission de ses fils ne lui laissent appréhender aucun éclat, aucune violence de leur part.

429. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Il apprenait facilement tout ce que je lui enseignais, et je le traitais comme mon fils. […] Pendant ces entrefaites, Ascanio alla chercher son père, qui était ce jour-là venu à Rome, de Taglia Cozzo, d’où il était, et qui conseilla à Francesco de me rendre et de me ramener son fils. […] Messieurs, leur dis-je alors, les fils des empereurs et des rois ont en eux quelque chose de majestueux et de divin ; cependant, si vous demandez à un humble paysan lesquels il aime davantage des fils des rois ou des siens, il dira que ce sont les siens. […] C’est l’homme le plus brutal qui soit ici, et il a deux fils soldats qui le sont encore plus que lui ; c’est pourquoi je vous conseille d’en acheter une autre, et de ne rien dire. […] Ses deux fils alors rentrèrent dans sa maison, sans dire mot ; mais leur père, furieux des reproches du gentilhomme, baissa sa pique, en jurant qu’il voulait me tuer.

430. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Fils de greffier, il est, par sa mère, petit-fils d’un procureur ; et les mariages de ses sœurs (il en eut dix avec cinq frères lui donnèrent pour beaux-frères deux procureurs, un commissaire au Châtelet, et même le fils d’un tailleur. […] À la cour même, il avait eu de bonne heure des défenseurs : le chirurgien Félix ; La Rochefoucauld et son fils ; Dangeau ; et puis, conquête plus précieuse, tous les Mortemart, chez qui il semblait que l’esprit fut un héritage de famille. […] Le maître du logis aimait toujours la bonne chère et les propos autour de la table : ses convives étaient parfois des courtisans, Pontchartrain le fils ou le marquis de Termes, plus souvent quelques voisins, et de bons amis, le chirurgien Félix, le musicien Destouches, l’abbé de Châteauneuf, ancien ami de Ninon, qui vers ce temps-là fut parrain du fils du notaire Arouet. […] Cette fois-là, il prêcha dans le désert : Louis Racine voulut être poète, tout averti qu’il était par Despréaux, qu’« on n’avait jamais vu de grand poète, fils d’un grand poète ».

431. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

“Mon fils, me dit-elle, Dieu n’a pas voulu que je jouisse longtemps de la vertu de votre père. […] Mais si c’est un fils, l’éducation en est bien plus difficile, et c’est un sujet continuel d’appréhensions et de soins, sans parler de ce qu’il coûte pour le faire bien instruire. […] J’ai pris ces dépenses sur mon bien, et sur ce que j’ai eu de mon père en mariage : ce que je ne vous dis point, mon fils, dans la vue de vous reprocher les obligations que vous m’avez. […] Mais ce que j’admire le plus, c’est la retenue inconcevable d’une mère affligée à l’excès, et pénétrée de douleur, à qui, dans un état si violent, il n’échappe pas un seul mot ni d’emportement, ni même de plainte contre l’auteur de ses peines et de ses alarmes, soit par respect pour la vertu de Basyle, soit par la crainte d’irriter son fils, qu’elle ne songeait qu’à gagner et à attendrir. […] Il chargea de l’éducation de son fils et de son petit-fils les plus éloquents et les plus savants hommes de l’Europe.

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