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625. (1897) Aspects pp. -215

Tristan Klingsor, ce sont de frêles petites tapisseries tissées d’une façon assez lâche. […] Il est certain que toutes manifestations d’art qui décèlent la façon dont un peuple comprend la beauté sont faites pour nous séduire. […] La façon dont M.  […] Tout procédé qui nous vaudra cette restitution de la façon la plus frappante est bon. […] C’est encore là une façon d’envisager les choses qui prouve peu de réflexion.

626. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Mais il a prévu l’objection d’une façon générale. […] Le pouvoir central atteint l’individu de deux façons : par le collecteur d’impôt et par le juge. […] La façon dont il les abolit est bien spirituelle. […] Vous restez libre de comprendre Dieu et l’Univers de cette façon-là ; et l’Etat ne vous demande pas comment vous les comprenez. […] L’admiration pour l’antiquité et pour la façon dont l’antiquité a compris la religion est la même.

627. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Il leur en donna, comme on dit familièrement, de toutes les façons, pour voir celle qui finirait par leur plaire. […] des façons de redresseurs de torts ? […] Je soumets cette façon d’envisager l’influence de l’Espagne dans la littérature française — ou européenne même, — à M.  […] C’est que le Discours de la méthode, qui parut en 1637, n’a modifié en aucune façon l’idéal d’art ou de style des écrivains contemporains. […] Voilà une singulière façon de raisonner !

628. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Eh bien, un jeune homme doit-il être le copiste de la façon de faire de ces auteurs ? […] C’est une analyse d’une façon d’aimer. […] — Pas plus que parler amour n’est une façon de le ressentir. […] Montesquieu ne raisonne pas d’une autre façon qu’un Saint-Simon qui serait intelligent. […] Toutes les fois que dans l’histoire quelque chose s’écarte de la façon de penser et de sentir d’un Français de 1740, et particulièrement de la façon de penser et de sentir de M. de Voltaire, il crie ; « c’est faux ! 

629. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

Jean Aicard, un poète s’il en fut et de la bonne école… Remarquons que tout le volume est dédié aux cigales si chères aux Provençaux… Il ne me leste plus qu’à engager le lecteur à lire avec recueillement ces poèmes dont chaque vers est ciselé à la façon antique ; il y a dans ce livre un parfum de poésie grecque et une pureté de forme et de langage qui rappellent le charme des bonnes œuvres d’André Chénier.

630. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

Celle de Louis XIV est bien propre à faire connoître que l’Orateur avoit de la noblesse & de la fermeté dans le caractere ; que son imagination étoit riche & féconde, son style séduisant & inépuisable ; mais elle humilie en quelque façon son Héros, ce qui n’est pas ordinaire dans ces sortes d’ouvrages, & n’en fut jamais le but.

631. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — II »

C’est elle, voyons-nous, qui, d’une façon suprême et par un sortilège métaphysique, dupe l’esprit des hommes.

632. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

On conviendra peut-être qu’il y a quelque bonne foi, quelque désintéressement à faciliter de cette façon les dissections de la critique.

633. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VII. La fausse fiancée »

— « Donne-moi tous tes vêtements et tout ce qui témoigne de ton origine royale, de façon qu’en nous voyant ensemble on croie que c’est moi la véritable fiancée du fama. » Dêdé, vaincue par la soif, céda aux exigences de la griote.

634. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

Amédée Renée lui a fait les honneurs de la langue française, et de telle façon que Cantu sera désormais lu dans notre pays, beaucoup moins pour lui que pour son interprète.

635. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ses archives sont enterrées ; il faut pour les dégager des recherches dont il n’est pas capable ; elles subsistent pourtant, et aujourd’hui l’histoire les remet en lumière  Quand on le considère de près, on trouve que, comme la science, il a pour source une longue accumulation d’expériences : les hommes, après une multitude de tâtonnements et d’essais, ont fini par éprouver que telle façon de vivre ou de penser était la seule accommodée à leur situation, la plus praticable de toutes, la plus bienfaisante, et le régime ou dogme qui aujourd’hui nous semble une convention arbitraire a d’abord été un expédient avéré de salut public. […] Il fallait assainir celui-ci, le nettoyer, y percer des fenêtres, y abattre des clôtures, mais en garder les fondements, le gros œuvre et la distribution générale ; sans quoi, après l’avoir démoli et avoir campé dix ans en plein air, à la façon des sauvages, ses hôtes devaient être forcés de le rebâtir presque sur le même plan. […] Ce qu’on peut dire de mieux en faveur « d’une nation policée394 », c’est que ses lois, coutumes et pratiques se composent « pour moitié d’abus, et pour « moitié d’usages tolérables »  Mais sous ces législations positives qui toutes se contredisent entre elles et dont chacune se contredit elle-même, il est une loi naturelle sous-entendue dans les codes, appliquée dans les mœurs, écrite dans les cœurs. « Montrez-moi un pays où il soit honnête de me ravir le fruit de mon travail, de violer sa promesse, de mentir pour nuire, de calomnier, d’assassiner, d’empoisonner, d’être ingrat envers son bienfaiteur, de battre son père et sa mère quand ils vous présentent à manger. » — « Ce qui est juste ou injuste paraît tel à l’univers entier », et, dans la pire société, toujours la force se met à quelques égards au service du droit, de même que, dans la pire religion, toujours le dogme extravagant proclame en quelque façon un architecte suprême  Ainsi les religions et les sociétés, dissoutes par l’examen, laissent apercevoir au fond du creuset, les unes un résidu de vérité, les autres un résidu de justice, reliquat petit, mais précieux, sorte de lingot d’or que la tradition conserve, que la raison épure, et qui, peu à peu, dégagé de ses alliages, élaboré, employé à tous les usages, doit fournir seul toute la substance de la religion et tous les fils de la société. […] Bien mieux, quand il s’agit de démêler les impulsions primitives, il garde, à côté de l’amour-propre, une place indépendante et supérieure pour la pitié, la sympathie, la bienveillance, « la bienfaisance », pour toutes les affections généreuses du cœur qui se donne et se dévoue sans calcul ni retour sur soi  Mais auprès de lui, en voici d’autres, froids et bornés, qui, selon la méthode mathématique des idéologues403, construisent la morale à la façon de Hobbes.

636. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

L’honnête homme n’aime pas à se distinguer par des façons de penser téméraires ; et la religion est pour lui une partie du savoir-vivre. […] Les Pensées Pascal n’avait pu terminer son Apologie de la Religion chrétienne : les fragments qu’il avait rédigés lurent publiés en 1670 par MM. de Port-Royal, assez inexactement, avec toute sorte de retranchements et de corrections, mais en somme de la seule façon qui put en ce temps-là faire passer et faire goûter l’ouvrage. […] On disposera le corps, l’automate, de façon que ses habitudes ne fassent pas obstacle aux mouvements de l’âme, quand la grâce l’inclinera. […] Mais la grande source des idées profanes, si l’on peut dire, et purement rationnelles de Pascal, c’est Montaigne, dont la pensée, les mots mêmes et les images sont sans cesse l’étoffe à laquelle il met sa façon.

637. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

L’âme sociale tend constamment à nous inculquer une façon de comprendre notre dignité qui diffère de la nôtre et qui varie avec les temps et les milieux, selon les autres qui sont en nous. […] Je ne rechercherai pas ici comment doivent se coordonner et se subordonner les éléments de la bonne conduite, mais le fait qu’on entend la hiérarchie de tant de façons diverses laisse supposer que la plupart d’entre elles au moins sont des erreurs et des déviations. […] La société se transforme sans cesse et d’une façon que nous ne pouvons suffisamment prévoir, parce que ses innovations sont complexes et sans régularité. […] Cette morale théorique est impossible à constituer d’une façon passable.

638. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Fontenelle esquisse, à la façon de Platon, un État idéal qu’il intitule Ma République, et non seulement il y introduit l’égalité civile et politique, le suffrage universel, mais il va jusqu’à y proposer des mesures presque socialistes, témoin celle-ci : « Un homme qui offrira de cultiver les terres d’un autre mieux qu’il ne les cultive y sera reçu en payant au propriétaire le revenu quelles lui produisaient. […] Mêlez à tout cela des satyres qui représentent la brutalité, un peu de magie, des danses champêtres, des travestissements, des vers coulants, faciles, des apostrophes aux oiseaux, aux forêts, à la nature entière, ajoutez-y comme dénouement des mariages où l’on voit des rois épouser des bergères ; vous aurez une idée de la façon dont une société mondaine transpose à son usage les mœurs villageoises, et du même coup vous aurez la preuve qu’à l’agriculture aimée et florissante correspond l’idylle dans le livre et sur le théâtre. […] Je ne te promets pas un bon rang dans la course aux écus : mais tu auras la pure et profonde satisfaction d’avoir poursuivi de toutes tes forces et d’avoir traduit de façon personnelle ton rêve de beauté. […] L’auteur apporte son travail ; l’éditeur fournit le capital pour la publication de l’ouvrage ; et le produit de la vente est partagé entre eux, bien souvent de façon fort inégale.

639. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

La plus décente façon d’apprécier un Salon, le Salon présent, par exemple, elle serait à tenir nettement ce Salon pour un magasin, et les peintres exposants pour des industriels ; puis à établir, d’après les plus graves expertises, l’avantage que peuvent procurer ces diverses images à leurs acheteurs, et à quels acheteurs, et les prix moyens qui leur siéent. […] Je ne puis même, ici, ébaucher l’histoire de cet art plastique, montrer comment, toujours, il fut réaliste, et quelles diverses formes il a prises, sous l’influence de diverses façons de voir. […] En aucune façon. […] Science, contrepoint, facture à la façon des maîtres classiques, voilà les qualités qu’il estime le plus hautement, et celui-là sera jugé le plus grand qui saura le mieux écrire une fugue.

640. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

… Je doute fort eue cette façon de faire la fête de Bayreuth soit conforme aux idées de Wagner … … Wagner raisonnait sans prévoir la mode. […] Quant au deuxième acte, qui s’ouvre par une scène charmante entre Iseult et la douce Brangœne, où les voix se détachent si bien sur les fanfares de la chasse et les infinis bruissements de la forêt pendant la nuit ; ce deuxième acte, qui finit d’une façon si grandiose sur les paternels reproches du roi Marke à Tristan, renferme aussi ce long duo d’amour — mieux qu’un duo, tout un poème et tout un drame — qui est certainement la conception musicale et dramatique la plus extraordinaire. Cet élan des deux amants l’un vers l’autre, leur amour effréné, leurs ressouvenir, leur hymne à la nuit qui les rassemble, les lointains avertissements de Brangœne, enfin leur suprême abandon d’où nulle prudence humaine ne les peut tirer : autant d’épisodes du drame, autant de secrets mouvements de l’âme et du cœur que le musicien-poète a su traduire et condenser en une page où les motifs caractéristiques s’enchaînent et se superposent de la façon la plus merveilleuse, où des mélodies sans cesse renaissantes viennent fleurir à la surface de cet océan symphonique. […] Gounod, en éclectique incurable qui a pour devise : « je prends mon bien où je le trouve », et « qui se gêne est gêne », n’a pas hésité, dans son Roméo, à s’approprier cette idée à sa façon, en quoique sorte comme pendant à la scène de la prison de Faust, de même que la conception du Prologue en partie instrumental et en partie vocal de Berlioz.

641. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

« Comme le morceau capital dans l’ancien Opéra était l’air monologué, et que le chanteur avait coutume de le chanter en plein visage du spectateur, il s’ensuivait que les duos, trios, ensembles, se chantaient de la même façon. » Qui ne comprend qu’il est absurde, et contre toute vérité, qu’un chanteur vienne chanter, la face tournée vers le public, surtout quand il doit s’adresser à un personnage en scène ? […] On voit dans les opéras modernes les acteurs avec leurs bras étendus, comme pour appeler au secours. » Ces détails sont d’une importance capitale pour l’histoire de l’opéra, et Wagner, le premier, les a exposés d’une façon géniale. […] Adolphe Jullienq sait répondre à un sentiment bien français en plaignant les acteurs qui étaient sous le joug de Richard Wagner25. — Cet excès bienheureux du maître servira de leçon aux dramatistes futurs. — Pouvait-il, d’ailleurs, tolérer qu’un acteur jouât d’une autre façon que celle qu’il avait indiquée ?  […] Mais Wagner réglait les mises en scène lui-même et n’acceptait pas qu’on ne respectât pas ses indications de façon exemplaire.

642. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Les objets extérieurs, quand ils agissent simultanément ou successivement sur notre sensibilité, la déterminent d’une certaine façon régulière ; ils y produisent une contrainte au moyen de laquelle les représentations ne se peuvent saisir qu’en un seul rapport spécial et invariable. […] En d’autres termes, le sentiment de la différence est sensori-moteur ; nous subissons, puis faisons nous-mêmes la différence, et c’est en la réalisant par l’attention et par la motion que nous en avons la claire conscience ; le sentiment de différence est donc une façon complexe non seulement d’être affecté, mais encore de réagir, qui ne peut se produire qu’après deux états comme un troisième état différent des deux autres, mais il n’est pas pour cela d’un ordre tout différent ; s’il n’est point une perception venue du dehors, il est un sentiment interne et central, avec la réaction attentive et motrice qui en est inséparable. […] Odeur de rose, saveur de miel, contact de velours, peine ou plaisir, inquiétude, espérance, décision, contraste, uniformité, égalité, etc., chacun de ces états intérieurs a sa qualité propre et sensible, sa nuance indéfinissable et pourtant distinctive, qui répond à un mode déterminé d’ondulation cérébrale ; il y a une façon dont chaque état de conscience se fait sentir en passant, ou, si l’on veut, se sent lui-même. […] Il y a d’abord une chose qui demeure irréductible à l’action du dehors et qui suppose quelque coopération du dedans : cette chose est la sensation même, qui est la façon originale dont la conscience est affectée.

643. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

L’aiguë et pénétrante sensibilité de celui d’entre nos écrivains qui a le plus fidèlement exprimé l’anxiété mortelle et vague qui pèse sur une époque préoccupée de l’anéantissement final, — la cruelle nostalgie du poète expert à rendre, d’une façon crispée jusqu’à l’oppression, la fuite irréparable des choses, la ruine des civilisations et des empires, — ont trouvé des moyens nouveaux d’expression et éveillé en nous des impressions non ressenties encore. […] Léon Frapié, — lequel a exprimé dans la Maternelle, et de façon bien saisissante, les misères et les tares de l’enfance abandonnée, — jusqu’à M.  […] Ce genre, il est vrai, répond le mieux, et de la façon peut-être la plus attrayante, à toutes nos curiosités comme à la plupart des élans intellectuels ou sentimentaux qui dominent notre société contemporaine. […] Dans les Oberlé, où le problème de l’annexion alsacienne est traité de façon si patriotique, M. 

644. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

que ces deux jeunes hommes comme il faut, de bonne race, de manières charmantes, préoccupés, à ce qu’il semblait, uniquement d’art, dévorés par cette préoccupation ardente, fussent les ennemis du catholicisme de leurs pères, et les ennemis à la dernière façon du xixe  siècle, à la dernière mode que le xixe  siècle a inventée ; car nous avons une manière, nous avons une mode d’être les ennemis du catholicisme, que les hommes du xviiie  siècle, que le bouillonnant et fougueux Diderot, par exemple, que même le diabolique Voltaire, ne connaissaient pas ! […] Mais s’ils ont voulu la faire plus charmante, ils lui ont, selon nous, de cette façon, ôté de son charme, et s’ils ont voulu ne la faire que vraie, ils l’ont faite trop charmante pour qu’on ne lui pardonne pas sa vérité, qu’il fallait montrer pour la faire haïr. […] une exception encore, et si elle cessait de l’être un jour, ce serait grâce à des livres comme celui des de Goncourt, qui sont très séduisants, et qui mêlent leur poésie à eux à ces façons de dire abaissées et vulgaires qu’on trouve dans leur livre et qu’on dirait empruntées à toutes les bohèmes de ce temps. […] Sublime façon d’être un observateur !

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