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2569. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

On n’y trouve ni l’air de tête, ni l’expression, ni même les traits du modèle. […] Avec quelques dons d’expression et quelque originalité, il écrivait soigneusement mal et professait pour la beauté du style un mépris diabolique. […] jusqu’à son expression ? […] « Paisible image, dit-il, comme habillée, comme emprisonnée d’un scintillement de bijoux, mais avec une si suave expression de son visage modeste, sous cette parure !  […] Nous l’avons entendu, dans l’intimité, tout occupé de l’avenir de la France, et il ne serait pas possible de dénaturer ses propos jusqu’à tourner en malveillance l’expression de sa vive sollicitude.

2570. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Les vieux messieurs qui croient encore que la littérature est l’expression de la société ont quelque chance de se tromper un peu, si, vers 1930, cherchant quel était l’état de l’esprit public vers 1870, ils compulsent avec diligence les œuvres de Dumas. […] Les philosophes nous disent que toute beauté est l’expression d’une force. […] Il se passe, en effet, dans l’expression de la pensée quelque chose d’analogue au phénomène observé dans la composition des corps. […] En dehors de ces deux défauts et de celui qui consiste, de temps en temps, en une trop grande subtilité d’expression, imperfection très distinguée et que Corneille a connue, mais qui demeure au théâtre un inconvénient assez dangereux, je ne vois guère qu’à admirer dans la très belle œuvre que je vais analyser. […] Les expressions me manquent pour dire à quel point M. 

2571. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

… Elle chercha à reprendre ses confidences, puis, ne trouvant plus, elle se résolut brusquement et, rejetant sa figure dans ses mains ; — C’est, dit-elle… c’est Maurice Artoy, le jeune homme dont je vous ai parlé… le fils de l’ancien associé de mon mari, qui habite le pavillon maintenant… Le prêtre pensa : « J’avais raison d’abord, décidément. » Et pour aider l’aveu, il dit tout haut, avec des pauses, avec cette recherche d’expression où les prêtres excellent : — Ce jeune homme, sans doute, vivant près de vous, a été frappé par votre extérieur… sympathique, par votre douceur de caractère, ma chère enfant ? […] Il était là, affaissé sur un banc, ayant replié sa haute taille, ayant laissé se détendre les muscles de son visage où brusquement venait poindre l’expression d’une indicible angoisse ; méconnaissable, diminué de moitié, comme écroulé du haut des grandeurs sur un bas-fond de misère : ce demi-dieu n’était plus qu’une loque humaine souffrante. […] Émile Mas, très typiques d’expression et de facture, et tous croqués d’après nature. […] Je ne saurais passer sous silence un épisode charmant, celui de la confection ou plutôt de la correction du discours que doit prononcer son ami le chevalier Roze ; ce document renferme des morceaux véritablement comiques s’ils n’étaient l’expression de la plus franche amitié ; Joseph de Maistre avait de l’esprit, ce qu’on ignore, et il y paraît déjà dans ce travail, mais cet esprit est toujours du bon sens.

2572. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Aimer et chérir Molière, c’est être antipathique à toute manière dans le langage et l’expression ; c’est ne pas s’amuser et s’attarder aux grâces mignardes, aux finesses cherchées, aux coups de pinceau léchés, au marivaudage en aucun genre, au style miroitant et artificiel. […] Il ne se passe pas d’année sans qu’une nouvelle édition des œuvres de Molière ne voie le jour ; des savants sont occupés sans cesse à rechercher et à épurer de nouveaux manuscrits ; sa gloire est célébrée dans d’innombrables conférences publiques ; les expressions qu’il met dans la bouche de ses personnages se retrouvent partout, et les types créés par lui, ses principales œuvres, revivent sans cesse. […] « Agréez l’expression de tous mes sentiments distingués.

2573. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

—  Ils se piquent de peinture, du moins ils l’étudient avec une minutie étonnante, à la chinoise ; ils sont capables de peindre une botte de foin si exactement, qu’un botaniste reconnaîtra l’espèce de chaque tige ; celui-ci s’est installé sous une tente pendant trois mois dans une bruyère afin de connaître à fond la bruyère ; beaucoup sont des observateurs excellents, surtout de l’expression morale, et réussiront très-bien à vous montrer l’âme par le visage ; on s’instruit à les regarder, on fait avec eux un cours de psychologie ; ils peuvent illustrer un roman ; on sera touché par l’intention poétique et rêveuse de plusieurs de leurs paysages.

2574. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

XXXIII La société, tout imparfaite qu’elle est, parce qu’elle est l’expression d’un être imparfait, est le grand fait accompli des siècles.

2575. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

On n’y rencontre qu’une expression toujours ingénieuse et une foule d’idées aventurées et fausses.

2576. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Tout se borne à l’expression de son opinion individuelle, et M. 

2577. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Nous avons voulu faire l’épreuve de l’infini, s’il nous est permis de risquer une si audacieuse expression.

2578. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Cependant, lorsqu’on dit que les faunes marines ont changé simultanément à la surface du monde entier, il ne faut pas supposer qu’on veuille parler du même millier, ou cent-millier d’années, ou même que cette expression ait en aucune façon un sens chronologique précis.

2579. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Paul’s style and manner of expression in the preceptive and exhortative parts of his Epistles) without any violence or prejudice on either hand, be severed from the context, and considered distinctly by themselves… First then concerning the duty itself, to give thanks, or rather to be thankful for Εὐχαριστεῖν doth not only signifie gratias agere, reddere, dicere, to give, render, or declare thanks, but also gratias habere, grate affectum esse, to be thankfully disposed, to entertain a grateful affection, sense, or memory… I say, concerning this duty itself (abstractedly considered) as it involves a respect to benefits or good things received, so, in its employment about them, it imports, requires, or supposes these following particulars. […] My lord, you are so little accustomed to receive any marks of respect or esteem from the public, that if in the following lines a compliment, or expression of applause should escape me, I fear you would consider it as a mockery of your established character, and perhaps an insult to your understanding.

2580. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

. — Il est de l’essence du mécanisme, en effet, de tenir pour métaphorique toute expression qui attribue au temps une action efficace et une réalité propre. […] De sorte qu’en résumé l’hypothèse transformiste apparaît de plus en plus comme une expression au moins approximative de la vérité.

2581. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Seulement les religions ont toujours voulu rester immobiles, et, par suite, elles ont enseigné en tel temps la morale qui était la dernière expression de la science d’un temps très antérieur ; et c’est pour cela qu’il faut que les religions se succèdent les unes aux autres, ou qu’il faut que la religion soit évolutive, ce qui est la même chose. […] Lamennais Il y a des hommes qui sont beaux, et intéressants, et instructifs par l’unité de leur doctrine, par la force, et de caractère, et d’intelligence générale et de logique, qui leur sert à embrasser un grand système d’idées, à le maîtriser et à y faire entrer toutes les idées secondaires que leurs réflexions ou les circonstances font comparaître devant leur esprit. — Il en est d’autres qui sont intéressants par les variations de leur pensée, sitôt qu’on a reconnu qu’elles ne sont pas les vains caprices de l’impuissance, mais d’une part le développement, imprévu d’eux-mêmes, logique cependant, d’une pensée qui vit, se meut et se transforme ; d’autre part l’effet de l’influence qu’a la pensée générale sur une pensée individuelle. — Dans ce cas, et considérées à l’un ou l’autre de ces deux points de vue, transformées ou se transformant, la pensée et l’œuvre d’un homme deviennent, pour prendre les expressions mêmes de Lamennais, des « mémoires pour servir à l’histoire de la pensée humaine ». […] Les mythes anciens disaient que, pour accomplir l’initiation, l’initié devait tuer l’initiateur, c’est l’expression mythique, symbole d’un fait social. […] Il a eu l’idée, à peu près, d’un néo-christianisme, d’un christianisme laïque, d’un christianisme ésotérique et populaire, et il a cru que ce christianisme nouveau n’était pas à faire, qu’il était fait ; que le christianisme, au moment où il écrivait, était déjà sorti du temple, répandu dans la foule, compris et pratiqué par elle, mieux peut-être que par les hommes du temple, et qu’il régnait ; et que la Révolution française, malgré ses horreurs, et que la démocratie, malgré ses erreurs, en étaient précisément l’expression. […] C’est l’idée première qui persiste, l’idée que l’humanité n’est jamais que l’expression d’une pensée religieuse, manque de laquelle tout croule, tout se dissout, tout s’anéantit.

2582. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Et d’abord, si sincère qu’il se montrât dans le transport d’expression de ses douleurs juvéniles, il était trop poëte pour que son imagination, à certains moments, ne les lui exagérât point beaucoup, et, à d’autres moments aussi, ne les vint pas distraire et presque guérir.

2583. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Il ajoute des mots vivants, « un menton qui nourrit une barbe touffue », de puissantes expressions latines186, « le regard de travers », et par-ci par-là un mot gai, « cet homme ainsi bâti, un ours mal léché » ; car le fabuliste ne peut tout de suite quitter son ton ordinaire ; et il écrit ce début énergique et simple : Son menton nourrissait une barbe touffue,     Toute sa personne velue Représentait un ours, mais un ours mal léché.

2584. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Il s’efforcera de donner aux dogmes de la religion révélée l’expression la plus admissible par la raison pieuse de l’esprit humain ; il rejettera sur la barbarie des âges de ténèbres les actes coupables ou les pratiques regrettables dont l’intolérance et les supplices ont déshonoré, par la main des rois, des peuples ou des pontifes, la sainteté morale de la religion chrétienne ; il ne rendra pas le culte solidaire de la politique ; il ne fera pas de Dieu le complice de l’homme ; il ne bravera pas à chaque phrase la raison humaine par des défis de foi ou de servilité d’esprit qui révoltent l’homme, qui scandalisent l’intelligence et qui le repoussent par l’excès de superstition dans l’impiété.

2585. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Lisez cette fable dans Horace et lisez-la dans La Fontaine ; vous verrez la différence de concision et d’expression des deux langues, la latine ou la gauloise.

2586. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

XII Le livre qui contient cette philosophie dans les temps modernes nous semble une des plus hautes expressions de l’esprit humain par la parole écrite.

2587. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Hugo n’est pas un penseur ; c’est, selon son expression, un naturaliste.

2588. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Mais, dans la plupart des cas au moins, il est peu exact d’user de cette expression : faire un Pigeon !

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