/ 2203
514. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Demarteau » p. 335

Demarteau Je me suis expliqué ailleurs sur l’allégorie de Cochin, relative à la vie et à la mort de M. le dauphin.

515. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Le christianisme explique tout et n’exclut rien. Il explique tous les gouvernements ; il explique l’activité humaine, la guerre, la paix, la justice, les arts ; il s’y plaît ; et, quoiqu’il subordonne tout à Dieu, et qu’il ne se laisse pas éblouir par l’orgueil de la vie présente, il s’y intéresse néanmoins, il l’aime, il la règle. […] Ni Cujas ni Pothier n’auraient mieux expliqué le sens des lois romaines. […] Où Bossuet voulait décider, Fénelon ne voulait qu’expliquer. […] Ce qui s’explique moins aisément, c’est que Fénelon se fût laissé prendre aux illusions de cette femme.

516. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Chacun croit bien savoir tous les sens de ce vieux mot et le chanteur qui prétend l’expliquer risque de prendre l’attitude vaine d’un pédant un peu en retard. « Chantez donc !  […] Avant de nous expliquer brièvement sur ce mot, le symbole, qui a donné lieu à tant de confusions, observez que ce mouvement, qui est objectiviste, est survenu à temps pour détourner les poètes de l’aimable abus des petits égoïsmes filés en mélodieuses cadences où la poésie menaçait de s’enliser. […] Je m’explique. […] Or, il faut le constater, cette exaltation de l’égoïste souci de soi dans un but, non pas de développement spirituel et moral, mais de satisfaction immédiate, est accompagnée d’un grand fait qui l’explique : la ruine des religions précises… — J’entends ne blesser ici aucune conviction : sur le présent j’exprime une opinion ; sur l’avenir, des désirs. […] Mais ceux-ci manquent eux-mêmes d’assurance totale, expliquent le comment des choses, avouent qu’ils ignorent le pourquoi.

517. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Comment, en effet, expliquer le sentiment de la durée si la conscience est une ligne où les diverses perceptions existent l’une en dehors de l’autre et l’une après l’autre, comme les mots sans vie d’une phrase, sans que l’on sente le passage même d’une perception à l’autre et leur continuité ? […] Sans prétendre l’expliquer par réduction à quelque chose de plus simple, au moins faut-il le rattacher à sa vraie origine expérimentale, et cette origine, selon nous, n’est pas la représentation, elle est l’appétition ; elle n’est pas d’ordre intellectuel, mais d’ordre volitif. […] Presque tous les psychologues ont cherché à expliquer l’idée de temps par un simple jeu de représentations ; c’est pour cela qu’ils ont échoué ; il faut, avec Guyau, considérer l’appétition 126. […] Dans ses essais pour expliquer la genèse de l’idée du temps, Guyau suppose l’expérience avec les lois physiologiques et psychologiques qui la rendent possible, et qui elles-mêmes rentrent dans les lois générales de l’univers. […] Hypothèse paresseuse, ignava ratio, qui, loin d’expliquer l’expérience par des lois, érige en loi l’absence même de loi naturelle sous le nom d’intuition pure ou de forme a priori.

518. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

A la place des Originaux, que peu de personnes sont en état de lire aujourdhui, c’est une ressource pour notre paresse & notre ignorance, de les trouver tellement traduits & expliqués par le P. […] Cette version fut très-bien reçuë dans le tems, & on la crut propre à découvrir les finesses de l’Original, ainsi que ses notes peuvent en montrer l’art, en expliquer la conduite & en faciliter l’imitation. […] On ne lui dispute pas la gloire d’écrire purement, & d’expliquer avec clarté des choses obscures ; éloge qu’il se donne lui-même. […] Il a donc voulu en sécouer le joug ; intimidé, dit-il, & averti par le peu de succès de quelques traducteurs de différens Poëtes ; traducteurs craintifs & scrupuleux, qui n’ont eu d’autre mérite dans leur travail que celui de prouver au public qu’ils savent expliquer mot pour mot leur auteur. […] Le traducteur tâche d’y expliquer les endroits les plus difficiles & les plus nécessaires, de la maniére à peu près qu’il en avoit entendu parler à du Fresnoy dans les conversations qu’il en avoit eues avec lui.

519. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

L’origine de l’étrange instinct du Coucou s’explique ainsi tout naturellement par la continuation de ce procédé pendant de longues générations. […] Il en est dont il serait impossible d’expliquer l’origine. […] Ainsi s’expliquerait, je crois, ce fait merveilleux que, dans un même nid, il puisse exister deux castes d’ouvrières stériles, très différentes l’une de l’autre, ainsi que de leurs communs parents. […] Combien cependant les choses s’expliqueraient plus aisément avec moins de préjugés et d’orgueil de notre part ! Souvent, parce qu’on s’obstine à ne pas vouloir reconnaître à un animal l’ombre d’une ressemblance mentale avec nous, il faut, pour en expliquer les actes, recourir à des montagnes d’hypothèses, supposer au dehors de lui le moteur qui est en lui, et demander la cause de faits constants aux contingences les plus hasardeuses, les plus compliquées, et par conséquent les moins probables.

520. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Si sobre qu’il fût d’écritures comme de paroles, il y avait de rares moments où il savait s’expliquer autant qu’il le fallait, et où il avait presque l’air de s’épancher. […] Il expliquait aussi par là son peu de besoin de sommeil, comme si la nature avait pris ce sommeil en détail et par avance à petites doses. […] Il n’y a pas de quoi lui en faire un crime, car cela s’explique très bien ; mais pourtant ce n’est pas là un honneur ni un bonheur dans sa vie. […] » — Ce mot de Talleyrand nous explique jusqu’à un certain point la mode religieuse, dont est comme saisie notre époque.

521. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Thiers, marquaient et justifiaient en plusieurs points ces prétentions de la génération nouvelle, qui visait à expliquer et à dominer le passé, et qui comptait faire l’avenir. […] Il est trop question avec lui, au point de vue où il se place, de se croiser les bras et de regarder, — avec lui qui, à l’heure la plus ardente de sa jeunesse, peignant la noble élite dont il faisait partie, écrivait : « L’espérance des nouveaux jours est en eux ; ils en sont les apôtres prédestinés, et c’est dans leurs mains qu’est le salut du monde… Ils ont foi à la vérité et à la vertu, ou plutôt, par une providence conservatrice qu’on appelle aussi la force des choses, ces deux images impérissables de la Divinité, sans lesquelles le monde ne saurait aller longtemps, se sont emparées de leurs cœurs pour revivre par eux et pour rajeunir l’humanité. » Et c’est ici, peut-être, que s’explique un coin de l’énigme que nous nous posions plus haut, au sujet de ces intelligences si supérieures à leur action et à leur œuvre. […] « Les événements, a-t-il dit quelque part, sont si absolument déterminés par les idées, et les idées se succèdent et s’enchaînent d’une manière si fatale, que la seule chose dont le philosophe puisse être tenté, c’est de se croiser les bras et de regarder s’accomplir des révolutions auxquelles les hommes peuvent si peu. » Voilà tout entier dans cet aveu notre philosophe-pasteur : voir, regarder, assister, comprendre, expliquer. […] Le public, qui aime à faire le moins de frais possible en renommée, et qui est dur à accepter des noms nouveaux, voyant le Globe surgir, tenta d’en expliquer le succès, et presque le talent, par l’influence invisible et suprême de quelques personnages souvent cités.

522. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

L’homme m’explique l’événement, le visage m’explique l’homme, les traits me révèlent le caractère, la vie privée me dévoile les motifs souvent cachés de la vie publique. […] J’ai prononcé le mot d’engouement tout à l’heure, pour expliquer le succès de la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau au moment de son apparition ; mais remarquez qu’on ne peut expliquer par ce mot d’engouement le succès des Girondins, car l’engouement ne dure pas vingt ans sans rémission et même sans dégoût contre un livre ; or les éditions de l’Histoire des Girondins se succèdent depuis vingt ans sous la presse de Paris, de Londres, de la Belgique, sans que la prodigieuse consommation de ce livre se soit abaissée d’un chiffre ou ralentie d’un jour en France et en Europe.

523. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Nous expliquions Walter Scott et Cooper par les pays qui les ont produits. […] Les ouvrages remarquables qui appartiennent à cette poésie triste, malade, si l’on veut, mais prophétique, se sont tellement accumulés, qu’à l’exception des trois ou quatre œuvres d’un caractère différent dont nous avons expliqué la cause génératrice, tout le fond de la littérature européenne est teint de cette couleur. […] Goethe, dans ses Mémoires, s’est attaché avec un soin minutieux à expliquer comment il fit Werther avec sa propre vie, avec ses amours, avec ses douleurs, avec son sang pour ainsi dire. […] Toute peinture ainsi faite par l’auteur d’un ouvrage, dans le but d’expliquer cet ouvrage, devient personnelle au point de manquer de largeur et de lumière : au lieu de la Providence qui enfante les chefs-d’œuvre de l’esprit humain, on ne découvre plus que le hasard des causes accessoires.

524. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Dans tous ces livres, comme dans l’Esprit des lois, se décèle la volonté de percer l’écorce des choses et de chercher sous l’apparence ce qui peut les expliquer. […] Elle a fait rentrer l’homme dans la nature et elle s’est donné pour tâche d’expliquer, sans les séparer, la partie et le tout. […] Il a été scientifique en appliquant le déterminisme au tracé des caractères, en rattachant les pensées, les sentiments et les actes des personnages à leurs antécédents, en remontant pour les expliquer aux trois milieux qui façonnent l’individu : milieu physique, milieu social, milieu psycho-physiologique. […] Les grandes généralisations d’un Darwin, d’un Spencer, l’effort pour enfanter une théorie nouvelle qui explique l’univers, cette doctrine de l’évolution qui nous fait assister à la formation et à la transformation incessante des continents, des plantes, des animaux, de l’homme, qui s’applique au développement des sociétés comme à celui de la faune ou de la flore terrestres, tout cela a reculé notre horizon et en même temps nous a fourni un moyen de nous orienter dans la forêt touffue des détails.

525. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Qu’il soit pourtant permis à un Allemand, à un compatriote de Wagner, d’expliquer ce que signifie à ses yeux l’introduction de la musique de Wagner sur la scène française. […] Lorsque nous comparons les deux introductions de ces drames, nous trouvons que est tout dit par et dans la musique ; Wagner lui-même nous les a expliquées : « l’inapaisable désir », dans l’introduction de Tristan, dans celle de Parsifal : « l’Amour, la Foi, et l’Espérance ». […] Aujourd’hui, cela montre combien ces théories étaient diffusées, expliquées, et comment la base du national-socialisme était déjà bien installée. […] Cette interprétation raciste de Parsifal est expliquée ici sans vergogne.

526. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

L’incurie seule des directions qui se sont succédé à la Monnaie explique, sans l’excuser, la raison d’être d’un pareil oubli. […] Dans un Avant-Propos, l’auteur explique qu’il a voulu faire un livre d’histoire, non un livre de combat. […] Œsterlein va exécuter, à Vienne, le projet qu’il avait expliqué dans une brochure il y a deux ans, d’ouvrir un musée wagnérien, En avril 1887 sera inaugurée une exposition permanente comprenant la collection des pièces indiquées dans les deux volumes de son catalogue, plus un grand nombre d’autres pièces par lui acquises depuis 1881. […] Quelques lignes seulement, dans lesquelles Wagner dit qu’il a découvert que même dans l’amour entre les sexes « on peut trouver le chemin du salut, c’est-à-dire de la négation de la volonté de vivre. » Il se flatte ainsi de pouvoir expliquer ce qui était pour Schopenhauer un sujet d’étonnement : le fait qu’on voit fréquemment des amants dont le sort rend l’union difficile, se donner ensemble la mort et mettre ainsi une fin au plus grand bonheur imaginable, plutôt que de recourir aux moyens les plus désespérés et que de supporter toutes les misères afin de rester unis le plus longtemps possible. — Dans une note on nous apprend que ce fragment de lettre date de l’époque de Tristan.

527. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Il explique le rictus des cadavres par la joie des morts de rentrer dans le grand tout, et la position des yeux des crapauds par leur désir de voir le ciel bleu. […] La tendance du poète aux antithèses s’explique d’une, manière analogue. […] Hugo sont expliquées par notre théorie, et la confirment. […] Son immense gloire de poète national peut être expliquée de même.

528. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 128-130

Il étoit si accoutumé à ces fréquens voyages, qu’en voyant paroître l’Exempt Tapin, aussitôt, sans lui donner le temps de s’expliquer, allons vîte , disoit-il à sa Gouvernante, mon petit paquet ; du linge, du tabac .

529. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

. — L’Homme expliqué par Tessé. […] Dans le cas particulier et présent, on s’explique parfaitement le temps d’arrêt pour Catinat, tel que nous l’avons étudié et vu, et comment il se trouvait un peu au-dessous de la tâche nouvelle. […] On s’explique peu de voir un général de cette réputation être témoin, sans rien tenter pour s’y opposer, de la prise de Landau (9 septembre) ; il est témoin encore plus passivement, dans la seconde moitié de la campagne, témoin tout à fait effacé et comme annulé de la victoire de Friedlingen (14 octobre) remportée par Villars, et où le vainqueur est acclamé maréchal par ses soldats sur le champ de bataille.

530. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Dans le Forestier, toute la forêt nous est expliquée, et les mœurs et les métiers de ses habitants : a-t-on la sensation de la forêt ? […] Vous trouverez dans le Marinier et dans la Famille Bourgeois des questions d’héritage et d’argent expliquées avec tant de clarté qu’elles en deviennent intéressantes, même si vous les séparez du drame où elles jouent leur rôle. […] On le faisait voir en lui répétant ce qu’il avait vu ; on l’amenait à comprendre à force de lui expliquer ce qu’il avait entendu… Qu’est-ce qu’il entend donc, le grand berger, et qu’est-ce qu’il voit ?

531. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Cérès, Vulcain, sont des personnages allégoriques ; les attributs qui les expliquent sont des emblèmes véritables puisque, sans leur signification conventionnelle, Cérès et Vulcain ne seraient qu’un forgeron et une femme couronnée d’épis. […] C’est que la fin de cette tirade prétend alors achever ou expliquer ce qu’on avait déjà compris. […] Je l’expliquerai plus loin, M. 

532. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Il faut l’entendre expliquer, d’une voix languissante, comme quoi il ne fume point par égard pour sa mère, qui est « essentiellement femme du monde ». […] Ce n’est que par l’effroi qu’on peut expliquer la fascination qu’il exerce un instant sur Jane, et aussi par la menace de suicide qu’il braque sur elle, comme un pistolet. […] Une austérité stoïque pourrait encore expliquer sa misanthropie ; mais l’Ami des femmes est, à l’occasion, leur amant d’un jour.

533. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Après le premier sentiment d’intérêt et d’admiration pour cette jeune, simple et généreuse victime, on sent le besoin, afin même de mieux l’admirer, de se l’expliquer tout entière, de se rendre parfaitement compte et de sa sincérité et des mobiles qui la faisaient agir, du genre de foi qu’elle y attachait ; et la pensée va encore au-delà, elle va jusqu’à s’enquérir de ce qu’il pouvait y avoir de réel dans le fond de son inspiration même. En un mot, on se pose, bon gré, mal gré, cette question : Jeanne d’Arc peut-elle s’expliquer comme un personnage naturel, héroïque, sublime, qui se croit inspiré sans l’être autrement que par des sentiments humains ? ou faut-il absolument renoncer à se l’expliquer, à moins d’admettre, comme elle le faisait elle-même, une intervention surnaturelle ?

/ 2203