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305. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Bien souvent, dans l’Église protestante, on a essayé de constituer une autorité ; les synodes ont voulu jouer le rôle des conciles ; les confessions de foi ont essayé de se donner pour des credo ; mais la radicale contradiction qui éclatait dans ces tentatives d’organisation doctrinale devait les faire échouer infailliblement ; et malgré les résistances des dogmatiques, malgré les anathèmes de Bossuet, le protestantisme continua de donner l’exemple, si nouveau en Europe, d’une religion mobile et incessamment transformée.

306. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Tentant peut-être pour la plume, malgré son impureté, qui a écrit Lélia, un pareil roman aurait pu être essayé par Mme Sand, cette tête hermaphrodite, prise pour une tête d’homme par un siècle lâche et myope, et qui croyait, en se regardant, que la femme peut tout ce que l’homme peut. […] que du pays de l’amour, vient indécemment chez l’homme qu’elle aime, et qui craint, le vertueux garçon, les petites sensations qu’elle lui donne, essayer de ces petites sensations-là et provoquer le baril de poudre à sauter, avec des coquetteries d’étincelle… J’ai assez dit, dans ce chapitre, de duretés à Mme Haller pour ne pas lui avouer que j’ai trouvé cette scène charmante, et autrement dans sa main, qui n’est pas celle d’une prude anglaise, que les frigidités vertueuses et protestantes de son roman.

307. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Moins encore que Pascal, qui songeait peu à faire de la littérature, lorsque dans ses Pensées il essayait de se faire de la foi, Sainte Térèse, dont la littérature espagnole a le très juste orgueil, n’était pas littéraire, et c’est pourquoi peut-être ce qu’elle nous a laissé est si beau ! […] Essayez !

308. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Dans Aimée, où il essaya de faire autre chose que de l’aventure, dans Le Drame de la Jeunesse, plus réussi, et où il révéla ce qu’il pourrait être, s’il voulait énergiquement remonter vers les hautes et profondes régions du roman ; dans Le Drame de la Jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée — l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs, — il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de M.  […] J’ai essayé d’indiquer ce qu’il est, en réservant ce qu’il pourrait être.

309. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

… Esprit ferme et rusé, plein d’entregent et de rétorsion, il se conduisit comme ces habiles coquettes qui quittent le monde avant que le monde ne les quitte, et il essaya de masquer, sous des travaux plus ou moins tourmentés d’art ou d’histoire, l’impuissance de l’inventeur qu’il sentait venir… II D’autant que l’inventeur, chez M.  […] L’autre Mérimée, l’homme de la double vocation, l’historien et l’antiquaire viendront ailleurs… En ces derniers temps, celui-ci a publié deux livres d’histoire, où la vocation de l’ancien romancier, — indécise comme toute vocation partagée, — se trahit encore dans le choix des sujets qu’il a essayé de traiter.

310. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIII » pp. 291-293

Ces noms, de loin, disent peu de chose et sont assez ternes : de près, ils essayent de prendre de la couleur et de faire nuance en se rapprochant de celui de M.

311. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 400-402

On a souvent essayé de transporter dans les Ouvrages de Morale ou de Philosophie, sa maniere de peindre & de s’exprimer.

312. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 208-210

Après avoir essayé de se rendre utile aux Lettres par un petit Ouvrage, intitulé, le Temple de la Critique, où, parmi des jugements assez sains & vivement exprimés, on en trouve quelques-uns de faux & d’outrés, il a rendu de vrais services au Public par la rédaction de la suite des Lettres édifiantes.

313. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre IV. Suite des Philosophes chrétiens. — Publicistes. »

C’est apparemment pour cela que nous les avons essayées les unes après les autres avec tant d’habileté et de bonheur.

314. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Introduction »

On pourra mieux juger ainsi de l’orientation que nous voudrions essayer de donner aux études de sociologie.

315. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ce n’est pas principalement, comme les poètes de la Pléiade, qu’elles ont essayé d’épurer ou de réformer la langue, mais secondairement, et pour avoir entrevu que la réforme de la langue pouvait seule assurer la réforme des habitudes littéraires. […] La raison en est aussi que tandis que le grand épistolier s’efforce à trouver des expressions et des tours dont l’emphase réponde à ce que l’on appelle autour de lui le « grand goût », les autres, les romanciers, dans leurs interminables récits s’essaient aux subtilités de l’observation et de l’analyse psychologique. […] En vain Racine, La Bruyère dans ses Caractères, 1688-1696 ; Boileau dans ses Réflexions critiques sur Longin, 1694, essaient de réagir ou de résister. […] Le génie même s’essaierait alors vainement à les ranimer. […] Qu’en se plaçant à ce point de vue il faut reconnaître à Alexandre Hardy le mérite, et c’en est bien un, d’avoir transformé un divertissement de collège en une action publique. — Il a également essayé de différencier la tragi-comédie de la tragédie. — Digression à ce sujet, et de quoi dépend la différence des deux genres ?

316. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

— Mais celui-là est d’une nature si délicate, que je ne sais trop comment le formuler : essayons pourtant. […] Essayons donc aujourd’hui de l’apprécier, sine ira et studio, comme un homme qui honore les lettres, et qui force à l’estime ceux-là mêmes qui lui refuseraient l’enthousiasme. […] Je vais essayer de l’indiquer en finissant. […] que ces hommes, résignés à leur retraite, mais fidèles à leurs affections, feraient de ces œuvres où se retrempe leur gloire et où s’abrite leur loisir, le démenti de tout ce qu’ils avaient aimé, pensé, cru, essayé, regretté ? […] — Et cet artiste qui essaye de donner une forme à sa pensée, que lui dit-on si ses premières ébauches trahissent un germe de talent, une étincelle du feu sacré ?

317. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brizeux, Auguste (1803-1858) »

Depuis, combien de poètes ont essayé de dire leur pays ; mais la plupart n’ont fait que de la poésie rustique monotone, et nul n’égale l’art de Brizeux, qui en inventa le genre.

318. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

D’abord, les hommes, issus du primitif état de l’inconscience, longtemps n’ayant rien que les confuses suites des sensations nées en eux du tourbillonnant spectacle des choses, et peu à peu connaissant le besoin des sensations plus intenses donc plus homogènes en leurs suites, s’essayèrent à dégager parmi leurs visions quelques visions particulières. […] L’artiste spécial, pensant et disant ses sensations en son mode spécial d’art, ce ne sera pourtant pas le littérateur dégénérescent s’efforçant à donner avec des mots des images, avec des mots des musiques : folies qu’admet ou le virtuose tombé à la suprême décadence des impossibilités essayées, ou l’artiste dévié de sa voie naturelle et malgré soi y retournant. […] Dans les seules scènes se rapportant directement à Wotan, la parole apparaît de nouveau et évoque devant nous la vision du dieu… mais, pour le reste, Wagner sur le poème a construit la symphonie la plus grandiose — peut-être — que jamais il ait écrite… Au fond, il n’y a qu’une chose ici : la musique… On sait qu’à la fin du drame il y avait des vers résumant l’idée poétique du Ring, et que Wagner, lorsqu’il vint à parachever la musique, les supprima ; il les a supprimés, nous dit-il, « parce que c’eût été essayer de substituer à l’impression musicale une autre impression », et « parce que le sens de ces vers est exprimé par la musique avec la plus exquise précision… » Ainsi apparaît décisif ce couronnement du tétraptyque wagnérien par l’unique et glorieuse musique. […] J’essaierai si par des paroles le Parsifal se peut enseigner l’œuvre accomplie de nos ultimes modernités. […] Et voilà donc qu’ayant achevé la Babel de sa Gœtterdæmmerung, né à cette solide vieillesse qui n’est que la maturité des esprits géniaux, il avait passé la série entière des liminatoires épreuves ; car, si la création d’une œuvre d’ensemble est folie à tout jeune artiste, quelque grandiose soit-il, si le devoir à tout jeune artiste est de travailler en des études sensationnelles très restreintes, et si tout artiste, même expérimenté de science et de méditation, doit terriblement redouter toute institution générale, c’est pourtant le droit aux maîtres d’essayer à l’heure de la vieillesse, comme leur dernier et suprême monument, cette création gigantesque, une synthèse sensationnelle ; et Richard Wagner, debout en 1876 dans son Bayreuth inauguré, pouvait tenter l’œuvre synthétique de la sensation humaine qui fut le Parsifal.

319. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Spencer a essayé, en étendant et compliquant son explication, d’expliquer en partie la formation de l’œil rudimentaire chez les animaux inférieurs, de l’œil plus complexe chez les animaux supérieurs. […] On a parfois essayé de réduire tous les états qualitatifs de la conscience au plaisir et à la peine, plus ou moins mêlés en proportions diverses jusqu’à produire parfois une apparente indifférence. […] Cherchez maintenant, en second lieu, la simplicité dans l’étendue ; essayez de réduire votre vision, par exemple, à un point indivisible avec suppression de la vision indirecte ; pouvez-vous y parvenir ? […] La sensation de lumière relativement simple serait produite par un point lumineux excitant un seul cône ou bâtonnet, et une seule fibre du nerf optique : essayez de prendre sur le fait cette sensation. […] On a pourtant essayé de réduire à une contradiction formelle toute idée d’une synthèse mentale des sensations.

320. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Pour donner à Poe une idée du merveilleux insecte et de sa forme, Legrand essaya de le dessiner sur un bout de papier, mais quel ne fut pas l’étonnement des deux amis en apercevant que le scarabée dessiné donnait l’image exacte… d’une tête de mort ! […] L’une et l’autre de ces scènes doivent hanter longtemps la pensée ; mais le grandiose fragment de Lord Byron y doit entrer bien plus avant que la scène d’Edgar Poe, car c’est un fragment qui reste inexpliqué, inexplicable, par conséquent de la plus grande puissance fantastique, tandis que le mot de la scène du tulipier, dans sa Nouvelle, Edgar Poe, cet Hoffmann mutilé dans le vif de sa pensée par les habitudes américaines, essaie, le croira-t-on ? […] Il a essayé de faire une douce aurore à son soleil, dont les feux auraient blessé la vulgarité délicate s’ils étaient tombés d’aplomb sur ses paupières. […] Quand, d’aventure, il s’est débarrassé de son spleen, des cauchemars du somnambulisme, du mesmérisme, de la phrénologie cabalistique, des mystères d’Isis de l’ivresse par le gin ou l’opium, de toutes les visions qu’il essaie de faire transparentes et qui lui opposent leur invincible densité, il devient un faiseur de combinaisons inattendues qui joue vigoureusement avec les chiffres et transporte dans le domaine de l’imagination étonnée une aptitude mathématique qui aurait diverti Pascal. […] Chimiste qui essaie vainement de croire que l’oxygène est dieu, le Cosmos ne lui pèse pas seul sur le cœur, mais sa propre identité même.

321. (1886) Le roman russe pp. -351

Il me tentait, je l’aurais essayé, si je n’avais recherché que les suffrages du monde savant. […] On s’y est essayé, on s’y essayera encore ; le résultat ne vaut pas l’effort qu’il coûte. […] Bientôt las de ce métier, Gogol en essaya quelques autres. […] J’essaye, en serrant le texte d’aussi près que possible. […] Essayez seulement de bien dîner.

322. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

Au reste, je n’essayerai pas de chercher l’ordre et la suite de ces petites pièces détachées qui composent l’Amour breton, ni de rétablir le lien que le poète a volontairement rompu.

323. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Campaux essaye pourtant de déterminer en quoi consiste l’originalité de forme de Villon, puisqu’on veut qu’il ait été novateur : il croit la trouver dans le genre du testament. […] Un érudit allemand a essayé, dans ces derniers temps, de déterminer au juste quelle était la part du père et de la mère de Villon dans le caractère de leur fils, et leur double influence sur son œuvre. […] Cet écolier aura fait, un jour, à Villon sa déclaration d’enthousiasme, et Villon l’aura reçue avec plus de sérieux qu’il n’en gardait d’ordinaire en pareil cas ; il aura même, en voyant sa candeur, ménagé assez le jeune homme pour ne pas l’initier à ses tromperies et pour n’essayer, à aucun moment, de l’embaucher dans sa troupe de mauvais garçons.

324. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Le niveleur a disparu : il n’est plus de ceux qui fauchent, il est de ceux qui essayent de fonder et qui sentent combien toute fondation est difficile ! […] J’ai essayé de les apprécier équitablement, d’y saisir et de faire toucher le lien qui les unit à distance, de dégager l’unité de l’homme à travers les disparates de la vie, et, bien que sans aucun goût (tant s’en faut !) […] Jal, dans l’article Saint-André de son très-utile Dictionnaire critique de Biographie et d’Histoire (1867), essaye de tout remettre en question, ne veut voir dans ces passages des rapports de Villaret relatifs à Jean-Bon que de la courtoisie de langage, et ne peut, sur le fond du procès, se résoudre à dire oui, ni se décider non plus à dire non ; heureusement les hommes qui sauvèrent la France coûte que coûte en 93 étaient plus prompts à prendre un parti.

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