Il n’a pas compris, et nous attribue ce que son esprit fermé à toute idée générale, lui a fait croire ou entendre. […] Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de conventions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, manquant « d’idées générales » vénèrent encore, et nul n’ignore qu’il y a une tendance chez ces grands penseurs, à voir, en cette heure, dans la religion de la Patrie, une chose presque aussi démodée que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie, une tendance à mettre l’Humanité au-dessus de la France : des idées qui ne sont pas encore les miennes, mais qui sont incontestablement dans l’ordre philosophique et humanitaire, des idées supérieures à mes idées bourgeoises. […] J’ai voulu qu’au revers de ma réponse, il y eut ce volume imprimé, qui, je le répète une seconde fois, doit apporter à l’esprit de tout lecteur indépendant et non prévenu contre moi, la certitude que selon l’expression de M.
Collombet, le sérieux traducteur de Salvien et de saint Jérôme, a fait preuve de patriotisme et de bon esprit ; il n’a pas eu plus de faux scrupule que n’en eurent en de telles matières ces érudits du bon temps, l’abbé Goujet, Niceron et autres ; les vrais catholiques, à bien des égards, sont les plus tolérants. […] Louise Labé, qui a très-bien pu, même avant son mariage avec le cordier Ennemond Perrin, s’être appelée la Belle Cordière, prit rang de bonne heure, et, dès l’âge de seize ans, sa beauté et son esprit la produisirent. […] Louise était savante, elle lisait les maîtres, elle avait contracté dans le commerce des Anciens cette sorte d’audace et de virilité d’esprit qui peut bien n’être pas toujours un charme chez une femme, mais qui n’est pas un vice non plus. […] Sans lance et sans glaive, Cypris met en pièces d’un seul coup tous les dessins des mortels et des Dieux. » Et puisque j’en suis à ces réminiscences des Anciens, à celles qui purent se rencontrer en effet dans l’esprit de Louise ou à celles qu’aussi elle nous suggère, on me permettra une légère digression encore qui, moyennant détour, nous ramènera à elle finalement. […] Mais quand mes yeux je sentirai tarir, Ma voix cassée et ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d’amante, Prîrai la Mort noircir mon plus clair jour !
trois siècles trop tôt, assistât vivant à la scène diplomatique que nous avons sous les yeux, et qu’interrogé par les Italiens ses compatriotes sur le meilleur parti à prendre pour régénérer l’Italie, il prît la parole à Naples, à Rome, à Bologne, à Venise, à Milan, à Turin, soit dans un conseil de diplomates italiens délibérant en famille sur les affaires de la grande nation qui veut revivre, soit dans une de ces tribunes que l’esprit moderne relève au milieu des peuples longtemps muets. […] Héroïques comme individus, quoique asservis comme nations, supérieurs à leurs conquérants et maîtres de leurs maîtres dans tous les exercices de l’esprit humain : donnant leur religion, leurs lois, leurs arts, leur esprit, à ceux qui leur donnaient des fers, théologiens, législateurs, poètes, historiens, orateurs politiques, architectes, sculpteurs, musiciens, poètes, souverains en tout par droit de nature, et par droit d’aînesse, et par droit de génie ; grands généraux même quelquefois, quand les Allemands leur donnaient des armées de barbares à conduire, ou quand Borgia, ce héros des aventuriers, ce Garibaldi de l’Église, cherchait, à la pointe de son épée, un empire italien dans cette mêlée à la tête des braves façonnés par lui à la politique et à la discipline. […] Pendant ce demi-siècle, où la France a occupé la scène, et où vous avez participé, tantôt à sa fortune, tantôt à ses conquêtes, tantôt à ses revers dans le Nord, tantôt aux orages féconds de ses révolutions intestines, un nouvel esprit, de nouveaux besoins, constitutionnels, politiques, sont nés en Italie. […] XXII Il s’appuie et il s’appuiera nécessairement sur l’Angleterre, nous le savons ; mais, pour tout esprit sérieusement politique, c’est précisément ce patronage suspect de l’Angleterre qui le perdra et qui perdra momentanément avec lui l’Italie annexée à une seule couronne. […] La lumière qu’ils ont autrefois répandue dans le Nord leur revient du Nord comme un reflet répercuté de leur propre et primitive splendeur ; de longues servitudes n’ont fait que les affamer de plus d’indépendance de sol et de liberté d’esprit : c’est une grande race dans de petits peuples, mais ces petits peuples forment de nouveau une grande race.
Thiers eut l’inconcevable tort d’adopter un moment, je ne sais par quelle concession de bon sens aux nécessités de tribune, mais dont sa justesse d’esprit ne tarda pas à apercevoir le vide, et qu’il jeta à la mer en se retirant du ministère, comme on noie ses poudres avant de rendre son pavillon. […] XI « Mais qu’arrivera-t-il aussitôt après cette première ébullition de l’esprit militaire tombée ? […] Le peuple, il faut le reconnaître, fut aussi éclairé que le gouvernement ; les partis même, et les plus exaltés, applaudirent à cette répudiation de la guerre pour la guerre ; l’esprit de liberté étouffa l’esprit de conquête. […] L’esprit de M. de Talleyrand, de Mirabeau, de l’Assemblée constituante, l’esprit qui a pour objet la conquête des idées, au lieu de la conquête des territoires, était resté dans le cabinet des Tuileries. […] XXVI Tant que la Révolution fut philosophique, théorique, monarchique, libérale, elle eut dans l’esprit de Mirabeau et de M. de Talleyrand, lumières de l’Assemblée constituante, l’alliance anglaise pour principe ; c’était le génie de la Révolution.
Et comme il n’a point l’esprit occupé à d’autres pensées, le rêveur se rappelle d’enfantines journées évanouies. […] L’émotion est ainsi un état très instable et très rare de l’esprit : elle est un rapide afflux d’images, de notions, un afflux si dense et tumultueux que l’âme n’en peut discerner les éléments, toute à sentir l’impression totale. […] Par quel mystérieux enchaînement de circonstances historiques fut acquis aux sons le pouvoir d’évoquer les profondes émotions de l’esprit ? […] Puis tels artistes créèrent des émotions qui devinrent incompréhensible aux masses : toujours, tandis que la musique s’affinait, décroissant le nombre des esprits pouvant recréer ces émotions supérieures. […] Mais les savants compositeurs scolastiques ne furent point, comme les Grecs des esprits positifs et raisonnables.
Faguet a eu bien du mal à ne pas lire dans l’Esprit des lois quelques réclames pour la candidature Syveton. […] Son esprit souriant à tout et son âme indifférente à tout lui permettent de s’assimiler rapidement n’importe quel sujet et de le traiter précisément avec les grâces de langage qu’attend son public. […] Amusante comme sa vie extérieure, l’histoire de son esprit, des amis qui l’entouraient, du milieu singulier qui transforma parfois son originalité native en monstruosité. […] Il vaut aussi par l’esprit ingénieux qui s’y déploie, par l’écrivain qui y « porte son manteau avec grâce et en homme libre ». […] Son éthique, quand elle sera dégagée d’une influence contraire à sa nature, sera faite uniquement de tendresse, uniquement du besoin de donner et de recevoir, Et l’esprit délicieusement ressemble à l’âme.
Dans les Quatre vents de l’Esprit, le livre satirique flagelle les méchants parce qu’ils sont méchants, et les excuse parce qu’ils sont petits. […] Comme un mouvement transmis des roues petites aux plus grandes, puis au volant, qui le renvoie à toute la machine et la règle par l’allure qu’il en reçoit, nous avons suivi les trois tendances formelles de l’esprit de M. […] Il proteste contre le suicide, qu’il qualifie de lâcheté, et soutient, contre toutes les statistiques, que l’abolition de la peine de mort et la diffusion de l’instruction diminuent la criminalité (Quatre vents de l’Esprit, pag. 87 et 97). […] Seul un esprit réaliste sentira qu’il n’y a au fond aucune démarcation entre les graminées des petites aux grandes, les ronces, les arbustes, les scions, les petits arbres et les gros. […] Hugo est d’esprit essentiellement français.
La Poule aux Œufs d’or est une petite diatribe satirique contre l’avarice et qui a tout le sel des anciens fableaux, avec quelque chose — quelque chose seulement — de la gravité que le dix-septième siècle ajoutait déjà à cet esprit. […] Cette fille voulait aussi Qu’il eût du bien, de la naissance, De l’esprit, enfin tout. […] » L’un n’avait en l’esprit nulle délicatesse ; L’autre avait le nez fait de cette façon-là ; C’était ceci, c’était cela, C’était tout ; car les précieuses Font dessus tout les dédaigneuses. […] Est-ce parce qu’il y a à regretter qu’elle n’ait pas épousé un homme d’esprit ? […] Il n’y a rien comme le Voyage en Limousin qui nous renseigne sur le caractère de La Fontaine, sur son humeur, sur son esprit — et aussi sur ses limites.
Les matieres de pure spéculation ne prouvent souvent que l’abus de l’esprit de ceux qui les traitent, & entraînent l’abus de l’esprit de ceux qui les lisent.
Abadie,[Jean l’] né en Guienne en 1610, mort à Altena en 1674, esprit aussi bizarre, qu’inconstant. […] L’esprit est toujours fécond, quand l’imagination l’allume, & toujours monstrueux, quand il n’est arrêté par aucun frein.
Un esprit un peu fin ne le prend pas au mot ; ce serait grossier. » — Soit. […] Il paraît ignorer les usages du monde ; mais il est aisé de voir qu’il a infiniment d’esprit. […] Elle était encore belle, très spirituelle, et d’un esprit mordant, mais qui commençait à s’adoucir. […] La maréchale eut l’esprit de mourir en 1787. […] Ils se piquent de liberté et de hardiesse d’esprit.
Donc, dans cet esprit, oh ! uniquement dans cet esprit, feuilletons le « Sottisier shakespearien ». […] J’aime les comédiens ; cela scandalise quelques esprits austères. […] C’est un chef-d’œuvre d’habileté, d’esprit et d’observation. […] La perfectibilité est indéfinie ; l’esprit humain est toujours en progrès.
Mais il avait la main fine, de l’esprit et une certaine grâce. […] Cependant sans se décourager, Ulysse mûrissait dans son esprit une terrible vengeance. […] Il s’y promène avec passion et, aussi, avec esprit. […] Il y avait vécu pendant des années, par l’esprit, par le cœur. […] Et puis quelle douceur dans l’esprit, quelles façons jolies et charmantes !
Elle a compté et compte encore aujourd’hui parmi ses membres, plusieurs personnes illustres par leur esprit et par leurs ouvrages. […] Ce n’est pas à trente ans qu’il faut commencer à l’apprendre, à moins que ce ne soit pour la simple curiosité ; parce qu’à trente ans l’esprit et le cœur sont ce qu’ils seront pour toute la vie. Au reste, un homme d’esprit de ma connaissance voudrait qu’on étudiât et qu’on enseignât l’histoire à rebours, c’est-à-dire, en commençant par notre temps, et remontant de là aux siècles passés. […] Il n’est guère de sciences dont on ne puisse instruire l’esprit le plus borné, avec beaucoup d’ordre et de méthode ; mais c’est là pour l’ordinaire par ou l’on pèche. 3°. […] En effet, pourquoi lui refuserait-on la liberté de réserver certains endroits de son ouvrage aux gens d’esprit, c’est-à-dire, aux seules personnes dont il doit réellement ambitionner l’estime.
On trouve dans nos Recueils de Poésies plusieurs petites Pieces de Mlle Bernard, qui font honneur à son esprit. […] Sa liaison avec M. de Fontenelle a bien pu contribuer autant au succès de sa réputation, qu’au développement de son esprit.
Elle a commencé par se la faire à elle seule, puisqu’on ne l’y aidait pas, et puis elle a vu qu’elle avait fait une œuvre qui trompe, et, comme un bon esprit qu’elle était, elle a cherché sa part ailleurs, d’un air un peu triste et sombre, comme une personne fatiguée qui a beaucoup et inutilement travaillé. […] Lisez les contes de Perrault, sans dédain, et les légendes populaires, les vies des saints sur lesquelles n’ont pas travaillé des hommes d’esprit ; lisez Homère. […] Il est certain que les limites du roman et de la vérité sont bien subtiles, et qu’elles changent selon la noblesse ou la vulgarité, selon la finesse ou la grossièreté des esprits. […] S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
C’est très brillant, tout pétillant d’esprit et, par endroit, tout éclatant d’une gaîté large et aisée. […] Il a la souplesse, l’esprit, la grâce, la couleur, l’imagination fleurie et la langueur mièvre, quand il veut, et même, quand il lui plaît, la précision, la force, et presque partout des rimes ingénieuses et belles. […] Il a l’idée frappée dans le métal sonore de l’expression ; il a l’imagination et l’image qui s’envole comme un oiseau versicolore ; il a l’intelligence qui se communique à la foule par un verbe éclatant ; il a l’art dont les délicats sont ravis et charmés ; il a la force et la sensibilité, l’abondance et la variété, la fantaisie et l’esprit, l’émotion et l’éclat de rire, le panache et la petite fleur bleue. […] Rostand n’est pas seulement délicieux, il a eu l’esprit de venir à propos.
Ainsi le zanni Arlequin, qui à l’origine était niais et balourd, fut doué par la suite d’un esprit assez vif. […] L’esprit devait d’ailleurs se plier, se façonner à ce rôle perpétuel, et l’on finissait par entrer sans doute dans la peau de son personnage. […] Il était déjà question, au temps du roi Théodoric, de ces histrions « qui donnaient autant de soufflets et de coups de bâton qu’ils débitaient de paroles, et qui faisaient plus rire par les grotesques mouvements de leur corps que par les saillies plus ou moins heureuses de leur esprit ». […] Dès qu’un pitre s’installe sur la place publique et y débite des facéties de son cru, dès que l’esprit d’imitation suscite des grimaciers ou des mimes, elle existe, comme la statuaire existe dès qu’on essaye de pétrir l’argile ou de tailler la pierre, comme la musique existe dès qu’on essaye de moduler les sons de la voix.
Le Symbolisme profite du désarroi créé dans les esprits par la vénalité des pouvoirs publics, le Wilsonisme et la série des scandales qui fait que l’on éprouve le besoin de changer d’air. […] Cette incursion dans la politique est loin de desservir le Symbolisme dans l’esprit des foules, mais heureusement pour elle, la doctrine a des motifs plus sérieux de retenir l’attention des gens éclairés. […] Oui, dans ce Paris de 1891, au ciel inclément, dans ce Paris, dévasté de cyclones, où l’on gèle en mai ; et où l’excès de la sécheresse, en juin, force la municipalité à substituer, dans plusieurs arrondissements, l’eau de Seine à l’eau potable ; dans ce Paris, où les troubles atmosphériques semblent expliquer l’effervescence des esprits ; dans ce Paris, désemparé, en proie à la fièvre et aux orages politiques, aux rues barrées d’agents et encombrées de tumultueuses manifestations démagogiques ou chauvines, de cortèges de grèves incessants (garçons de cafés, employés d’omnibus et de chemin de fer) ; dans ce Paris, où l’année a commencé par l’exécution de Michel Eyraud et où chaque soir des camelots hurlent un crime retentissant (Assassinats de Cholet et de la petite Neut, affaires Bemicat, Souffrain, Doré et Berlant, Pezon, Sorré, de Moor. […] Les nouveaux venus, qu’elle intimidait, la considéraient de loin comme une fée redoutable, mais quels feux d’artifice d’esprit et quelle verve endiablée, lorsqu’elle croisait le fer en paroles avec Villiers de l’Isle-Adam aux paradoxes étincelants ou avec Laurent Tailhade, aux réparties féroces.
Leur ignorance était extrême ; ils avaient l’esprit faible, ils croyaient aux spectres et aux esprits 477. […] A chaque pas, dans le nuage qui passait, le grain qui germait, l’épi qui jaunissait, on voyait le signe du royaume près de venir ; on se croyait à la veille de voir Dieu, d’être les maîtres du monde ; les pleurs se tournaient en joie ; c’était l’avènement sur terre de l’universelle consolation : « Heureux, disait le maître, les pauvres en esprit ; car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux ! […] L’esprit de mansuétude et la profondeur de sentiment qui animèrent également le christianisme naissant et le bouddhisme, suffisent peut-être pour expliquer ces analogies.