C’est la confession de la misère de cœur, d’esprit et de vie, de cet homme fulgurant autrefois de l’esprit qui l’a consumé, de ce caricaturiste qui fait contre lui-même sa dernière caricature ! […] Mais, certainement, là, elles donneront de lui une idée contraire à celle que certains esprits voudraient faire prévaloir sur ce jeune et intéressant écrivain. […] Daudet est un esprit trop facilement ému et trop transparent pour être ironique et amer bien longtemps. […] L’esprit de la royauté est évaporé. […] Il ne s’agit que de son esprit et de l’œuvre de son esprit.
L’esprit seul en lui était tout à fait chrétien. […] Il a l’esprit philosophique. […] Il y va de l’honneur de l’esprit humain. […] En cela, il montre un esprit judicieux. […] J’avais aujourd’hui l’esprit vagabond et rétif.
Il n’a que des railleries pour l’ordre des avocats, les jours même où cet ordre obéit, par esprit de corps, à une susceptibilité des plus honorables. […] Tel est le vrai Sully dans son véritable esprit et dans son attitude. […] Rosny, en plus d’une action et en plus d’une conversation, laissait voir ainsi le trait d’esprit gaulois, et, quand il se déridait, il avait de la vieille plaisanterie de nos pères. […] Il était de ces esprits et de ces corps infatigables qui ne prennent de repos qu’en se chargeant de travail : Cui labor ingeminat vires, dat cura quietem, a-t-on dit de lui. […] Bazin ; au Louvre, à l’Arsenal, on avait bien autre chose à faire qu’à bâtir des utopies. » Un moraliste a fait également cette remarque : « Quand ces grands esprits deviennent vacants, les toiles d’araignées s’y mettent. » Sully, cet esprit solide et positif, mais entier, n’étant plus contredit par personne, a donc sur certains points payé tribut à la chimère en vieillissant.
Dieu, témoin de mes intentions, sait combien je suis éloigné de ce qui les pourrait aigrir ; et malheur à moi, si un autre esprit que celui de la douceur et de la charité pour leurs personnes se mêlait jamais dans ce qui est de mon ministère ! […] [NdA] Il y a une question (car l’esprit d’examen s’étend à tout) : en quel état était réellement l’esprit du prince de Condé sur la fin de sa vie ? Dans la préface qu’il a mise en tête de l’Oraison funèbre du prince de Condé par Bossuet, l’abbé Bourlet de Vauxcelles a dit : Voltaire donne à entendre que, deux ans avant la mort du Grand Condé, son esprit s’était totalement affaibli. […] Ainsi il ne faut pas croire que l’affaiblissement de cet esprit, autrefois si ferme, allât jusqu’à l’imbécillité. […] De nos jours, l’abbé Deguerry a été convaincu d’avoir ainsi exagéré la présence d’esprit de Chateaubriand approchant de sa fin ; il s’est vu obligé d’en convenir dans une lettre à moi-même adressée, lettre d’ailleurs violente, pleine d’emportement et de jactance, plus digne d’un prêtre que d’un chrétien.
me dit un homme de bon sens et d’un noble esprit, mais intéressé par son nom83 à ce que Saint-Simon ne soit qu’un médisant sans conséquence. […] On peut avoir un grand goût pour son esprit, pour sa raison, sans aller au-delà. […] Saint-Simon aurait bien eu besoin d’avoir parmi ses amis un bon général de cet esprit et de ce mérite, pour le renseigner ou le redresser sur les faits de guerre. […] Il m’en revient plus d’un à l’esprit en ce moment. […] Que si quelqu’un venait à le dépeindre comme une âme maligne, un cœur des plus ladres, un esprit des plus malfaisants, et que le portrait se retrouvât dans cinquante ans, de quel côté pourtant serait la vérité ?
Il y a cependant un trait d’esprit, et assez joli, dans une lettre écrite par la jeune reine au comte Franz de Rosenberg et qui est imprimée ici pour la première fois. […] Elle a plus d’esprit qu’on ne lui en a cru pendant longtemps. Malheureusement cet esprit n’a été accoutumé à aucune contention jusqu’à l’âge de douze ans. […] J’ai cru voir qu’on ne pouvait appliquer son esprit qu’en l’amusant. […] On n’aurait vu là qu’une preuve de talent, un exercice d’esprit, pas même une peccadille historique.
Hugo, évidemment, a manqué de mesure, comme il a manqué d’esprit : visant toujours au grand, il a pris l’énorme pour le sublime, et il a été extravagant avec sérénité. […] Ame égale, sans fièvre et sans orages, esprit moyen, sans idées ni besoin de penser, Théodore de Banville881 jongle sereinement avec les rythmes. […] Un petit volume peut contenir toute une âme, tout un esprit ; et loué soit qui se concentre, au lieu de se diluer. […] Venons aux maîtres en qui s’exprime le besoin nouveau des esprits. […] Baudelaire est moins l’épanchement d’un sentiment individuel qu’une ferme conception de son esprit », (Barbey d’Aurevilly.)
Car peu d’individus ont la force d’esprit nécessaire pour mépriser l’opinion. […] Il agit comme un facteur puissant d’individualisation des esprits et des caractères. […] Il est clair que ces différentes sociétés ont le même esprit, ou à peu près. […] Mais les règles de la logique intellectuelle ne s’appliquent pas à l’esprit de groupe. […] Une certaine insincérité collective est la base de tout esprit de corps.
« Il faut prendre l’esprit de son état », écrivait-il en riant à Voltaire du milieu de la guerre de Sept Ans. […] Chez Frédéric ; la volonté et le caractère dirigèrent en tout l’esprit. […] Si le souverain a l’esprit éclairé et le cœur droit, il dirigera toutes ses dépenses à l’utilité du public et au plus grand avantage de ses peuples. […] C’est à ses successeurs de le maintenir et d’être fidèles, s’ils le peuvent, à son esprit. […] Tout étranger qu’il est, il sait choisir ses expressions en esprit juste qui mesure ou plie la langue à sa pensée.
Quelque temps conseiller au parlement de Bordeaux, Montaigne se retira avant quarante ans du train des affaires et de l’ambition pour vivre chez lui, dans sa tour de Montaigne, jouissant de lui-même et de son esprit, adonné à ses observations, à ses pensées et à cette paresse occupée dont nous savons jusqu’aux moindres jeux et aux fantaisies. […] que vous en semble du nôtre où nous avons tant de personnages évidemment distingués comme du temps de Montaigne, l’un par l’esprit, l’autre par le cœur, un troisième par l’adresse, quelques-uns (chose plus rare) par la conscience, une quantité par la science ou par le langage ? […] En fait de vigilance et d’activité, ces esprits délicats et vifs sont sujets à tenir plus qu’ils ne disent. […] » Lui, il ne faisait pas ainsi, il n’étalait rien ; il ménageait le plus doucement qu’il pouvait les esprits et les affaires ; il usait utilement pour tous de ce don d’ouverture et de conciliation, de cet attrait personnel dont la nature l’avait pourvu, et qui est d’une si heureuse et si générale influence dans le maniement des hommes. […] Il ne pouvait naître et fleurir que dans cette pleine liberté du xvie siècle, chez un esprit franc et ingénieux, gaillard et fin, brave et délicat, unique de trempe, qui parut libre et quelque peu licencieux, même en ce temps-là, et qui s’inspirait lui-même et s’enhardissait, sans s’y enivrer, à l’esprit pur et direct des sources antiques.
Il fit de Louis XIV un roi de tapisserie, magnifiquement extérieur et superficiel, mais, sous la casaque bien portée, il ne mit qu’un despote vulgaire, un être médiocre, d’esprit et de cœur. […] L’orgueil souffrant de celui-ci, de cet esprit qui sentait sa puissance, mais qui, comme tant d’esprits, se méprenait sur elle, a cherché à voiler cette blessure, mais il l’avait au fond du cœur, et elle saigne partout dans ses Mémoires. Le roi, d’un esprit assez juste pour ne jamais revenir sur une décision, ne se démentit pas. […] — la première misère de sa vie, ose-t-il dire, l’avait avilie dans son cœur et dans son esprit. […] À l’ambition qui le rendait injuste se joignait un défaut d’esprit, radical en lui, et que tout le prestige de sa plume est insuffisant à cacher !
Le Christianisme nous a tellement pénétrés qu’il fausse jusqu’à nos conceptions d’art volontaire dans les esprits les plus énergiques et les plus préoccupés. […] C’est l’honneur de Charles Baudelaire d’avoir pu évoquer, dans un esprit délicat et juste, un si grand souvenir ! […] L’esprit des hommes, qu’il bouleverserait en atomes, n’est pas capable de l’absorber dans de telles proportions sans le revomir, et une telle contraction donnée à l’esprit de ce temps, affadi et débilité, peut le sauver, en l’arrachant par l’horreur à sa lâche faiblesse. […] Il pétilla d’esprit — ou du moins de l’esprit qu’il avait — jusqu’à sa dernière heure. […] Charles Baudelaire, qui nous a introduit Edgar Poe dans la littérature française (et c’est une bonne introduction), paraît vouloir y introduire cet autre esprit malade de son vice, qu’il nous donne pour plus qu’il ne vaut.
Elle essaye de donner le change, parce qu’elle sait qu’une femme d’esprit qui s’ennuie n’a pas tout à fait assez d’esprit. […] marquise, quel dommage que vous ayez employé l’épithète qui ne veut rien dire : « beauté surprenante », ou plutôt l’épithète qui montre jusqu’à l’évidence que c’était là un amour de littérature, qui reste dans l’esprit et ne passe pas dans le cœur ! […] Il était sans lettres, mais non pas sans esprit : il avait celui du terroir, jaillissant, hardi, prompt à la riposte. […] Les romanciers retardent donc quand ils nous peignent ces soirées de province où des hommes, qui semblent descendus des cadres d’un musée, s’entretiennent de niaiseries de village avec des femmes prétentieuses, sans grâce et sans esprit. […] Bien que l’opinion contraire coure les rues ou mieux les librairies, on ne s’ennuie pas plus en province qu’à Paris, à condition d’avoir un esprit capable d’autre chose que d’amusement.
Elles jaillissent de l’esprit en fête des Gilles Durant et des Philippe Desportes. […] Ceux qui médisent de l’esprit en vers s’inscrivent à la suite du Renard de la fable. […] Il rêve la fin des haines comme tous les grands esprits l’ont rêvée. […] Que sont le nectar et l’ambroisie pour celui qui a soif de la vie de l’esprit ? […] C’est Thucydide, c’est Tacite, c’est Montesquieu, avec l’envergure plus large de l’esprit moderne.
C’était une personne d’infiniment d’esprit plutôt que de grand caractère, d’une piété tendre, affectueuse, attirante, d’une délicatesse extrême et des plus nuancées. […] Toutes ses vertus et tous ses sérieux mérites, toutes ses mortifications n’ont pu émousser sa pointe d’esprit et même de légère gaieté. […] Au petit rayon de clarté qui me paraît maintenant, mon esprit se développe et se met en devoir d’expliquer vos paroles, et de regarder d’un meilleur œil cette excellente fille qui a ravi votre cœur. […] Elle n’avait pour défaut qu’un peu d’impatience et de ne pas toujours goûter assez la douceur de la retraite, d’y ressentir des amertumes d’esprit. […] Elle en parlait à son aise, ayant pour maxime « que plus on ôte aux sens, plus on donne à l’esprit ».
Il semblait qu’on se fût dit : A quoi donc serviraient l’esprit et le goût, sinon à dispenser du terre-à-terre de l’étude et à deviner ? […] L’on n’a guère vu jusqu’à présent, a dit La Bruyère, un chef-d’œuvre d’esprit qui soit l’ouvrage de plusieurs ; et il cite comme irrécusable exemple l’Iliade. […] Mais on ne comprend plus cela depuis déjà longtemps ; on est dans un changement à vue perpétuel ; on s’use dans des voyages sans fin ; l’esprit poétique a été comme le Juif-Errant. […] Mais je ne saurais croire que ce soit là le cas d’appliquer le mot tant cité : « Il y a quelqu’un qui a plus d’esprit que Voltaire, c’est tout le monde. » Je conçois que dans le genre d’esprit de Voltaire, c’est-à-dire pour un certain bon sens critique et railleur, tout le monde, c’est-à-dire encore l’élite de Paris, puisse fournir l’équivalent. […] Un homme d’esprit a traduit le système d’un mot piquant : Au lieu du plus grand des poëtes, on aura dorénavant Homère par une Société de Gens de Lettres.
Faut-il croire qu’il y a chez les philosophes une certaine tendance à négliger les phénomènes affectifs, et à s’inquiéter de la psychologie de l’esprit plus que de celle du cœur ? […] Nous avons vu que toutes les sensations peuvent être conservées et reproduites par l’esprit et que ces reproductions mentales des sensations s’appellent idées. De même toute sensation de plaisir et de douleur peut être reproduite par l’esprit, et il se forme ainsi des idées de plaisir et de douleur. […] A notre avis, quand on compare deux analyses de la volonté écrites dans un même esprit, mais à quelque trente ans de distance, celle de M. […] L’auteur nous dit qu’une fausse conception de l’idée de cause a fort obscurci la controverse, sur cet état de l’esprit que nous appelons volonté.
Et l’on ne saurait alors distinguer la forme de l’esprit qui semble l’animer ; la forme, c’est l’esprit lui-même. […] Il les considère objectivement, sans en saisir la raison d’art cachée ; la forme à ce moment quitte l’esprit, s’isole, et désormais le poète déchu se borne à la remplir ainsi qu’une forme étrangère. […] Et l’on vit, la science aidant, d’aussi divers esprits que les Goncourt, Zola, Bourget, adopter, pratiquer, prêcher sous divers noms une doctrine unique. […] Auprès d’un empirisme à tel point volontaire, systématique et affirmé, étayé sur la science, représenté par des esprits si justement célèbres, le Parnasse sénile et son formisme inconsistant ne comptaient guère. […] Quand on aura fini d’en rire, un beau jour on s’apercevra que ce fut comme le réveil, un peu trouble sans doute, de l’éternel esprit classique qui accepte le vrai, mais exige le beau.
Elle suppose chez celui qui l’exerce, de la lecture, de la mémoire, un esprit ouvert aux impressions artistiques, des penchants décidés mais ordinaires, une certaine modération d’âme qui rend ses appréciations conformes à celles du public et qui fait qu’il les adopte. […] Taine a porté dans la critique un esprit autrement clair et fort ; muni de solides études scientifiques, aussi apte aux hautes généralisations qu’à la patiente recherche des détails, animé de l’audace des novateurs, il a fait faire à la critique des progrès considérables et l’a constituée sous forme de science. […] C’est ainsi qu’il essaie de dériver le génie particulier des écrivains anglais des propriétés originelles de l’esprit de la race anglo-normande, que la sculpture grecque, la peinture hollandaise et flamande lui paraissent refléter exactement les pays et les époques auxquels elles appartiennent. […] Saint-Simon est ainsi un gentilhomme féodal contraint à la vie des cours, ambitieux, passionné, artiste par tempérament et écrivain par nécessité ; Tite-Live, un orateur forcé par les circonstances à écrire l’histoire ; Balzac un homme d’affaires, un Parisien, un tempérament expansif, un esprit à la fois savant, philosophique et visionnaire. […] Sur l’esprit de cette critique héritière de la méthode beuvienne, comme le souligne à juste titre Hennequin, voir J.
Beaumont-Vassy est un de ces esprits qui peuvent toucher impunément à beaucoup de sujets et les laisser exactement à la place où ils les ont pris. […] Assurément, c’est là une opinion qu’on peut appuyer et défendre, mais un homme d’une certaine vigueur de jugement nous aurait donné la raison de la préférence de son esprit dans une question qui contient, en ce moment, l’avenir du monde. […] Entre ces esprits européens, ces fabricateurs de peuple à la main, et ces hordes qui sont le matras sur lequel ils ont opéré avec une si grande énergie, on chercherait en vain un peuple. […] Caméléons qui prennent toutes les teintes, ayant dans l’esprit ces mouvements charmants du singe que Joubert discerne si bien dans l’esprit de Voltaire, ils sont, en raison de tout cela, de redoutables diplomates, mais, sans caractère comme tous ceux qui font beaucoup de personnages, ils n’ont à eux ni leur élégance, ni leurs mœurs, ni leur littérature, ni leurs vices. […] L’ouvrage en question, entièrement russe, a été traduit en français par un homme d’esprit, de savoir et de goût.