/ 2639
722. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Je n’ai pas de ces larges ailes Qui planent sur un monde entier ; Mon domaine est un frais sentier, Mes astres sont des étincelles, dit M.  […] Lacaussade, qui sent profondément cette nature tropicale, a mis sa muse tout entière au service et à la disposition de son pays bien-aimé. […] Voici la petite pièce tout entière, dans sa simplicité relevée d’une bordure étincelante ; elle est intitulée La Dumas, c’est le nom d’une rivière de l’île Bourbon :                            la dumas.

723. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Trouvant de la résistance à son rappel dans l’esprit de son petit-fils et de la jeune reine, il leur écrivit en père et en roi : Vous me demandez mes conseils, disait-il à Philippe V (20 août 1704), je vous écris ce que je pense ; mais les meilleurs deviennent inutiles, lorsqu’on attend à les demander et à les suivre que le mal soit arrivé… Vous avez donné jusqu’à présent votre confiance à des gens incapables ou intéressés… (Et parlant du rappel d’Orry et d’un autre agent :) Il semble cependant que l’intérêt de ces particuliers vous occupe tout entier, et, dans le temps que vous ne le devriez être que de grandes vues, vous le rabaissez aux cabales de la princesse des Ursins, dont on ne cesse de me fatiguer. […] Cependant, oubliant nos intérêts communs, elle s’est livrée tout entière à une inimitié que j’ignorais, et n’a songé qu’à contredire ceux qui ont été chargés de nos affaires. […] Les lettres qu’elle écrit à Mme de Maintenon, et qui commencent aussitôt après son départ de Paris, ne nous rendent pas son esprit tout entier dans son vif et son brillant, elles nous le font du moins deviner par endroits ; et elles nous donnent bien les lignes principales de son caractère.

724. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Bien longtemps après, quand Mme de Montespan, tombée en disgrâce et dans une entière retraite, eut pris ce fils légitime comme une partie de sa pénitence et qu’elle se fut mise, par manière de réparation, à vouloir lui fonder une fortune régulière, elle exigea de lui qu’il ne jouerait plus ; croyant mieux l’y obliger, elle obtint qu’il chargeât le comte de Toulouse, son demi-frère, de dire expressément au roi que lui, d’Antin, renonçait au jeu pour toute sa vie : sur quoi le roi fit cette réponse bien naturelle, mais désespérante d’indifférence : « À la bonne heure ! […] Mais que l’on ne puisse jamais espérer de plaire et de mériter la moindre part dans l’amitié de quelqu’un à qui vous êtes attaché uniquement, que vous servez avec dévouement, auprès duquel vous passez votre vie entière dans un abandon total de vous-même, et occupé jour et nuit de ce qui peut lui être plus agréable ; en vérité, c’est un état trop douloureux pour les gens qui ont le malheur d’avoir le cœur sensible. […] L’allée entière avait disparu la nuit, sans bruit aucun, et comme par enchantement : « Sire, comment vouliez-vous qu’elle osât encore paraître devant Votre Majesté ?

725. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

On a pu se demander déjà, et j’ai entendu faire l’objection : « Comment Richelieu trouva-t-il le temps d’écrire ses mémoires, et sont-ils bien, en effet, tout entiers de lui ?  […] Affamés d’honneurs et de biens, et sans aucune ambition patriotique, ils accaparent les gouvernements, les charges, les places de guerre et châteaux ; ils achètent et marchandent pour eux les compagnies des corps royaux et d’élite ; les deniers levés sur les peuples sont détournés à ces traités particuliers : « En un mot, dit Richelieu, si la France était tout entière à vendre, ils achèteraient la France de la France même. » Richelieu est dans l’opposition, comme nous dirions : il est trop patriote, à cette heure, pour n’en pas être, mais il en est encore d’une manière qui lui est propre. […] Tout le portrait de Luynes est d’une extrême beauté ; il le faudrait lire en entier, et je ne puis qu’en noter quelques traits saillants qui réfléchissent sur le caractère de Richelieu lui-même.

726. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

La situation de cette pauvre église était en plus d’un lieu comme désespérée : Genève était et devait rester conquise par le calvinisme ; mais, de plus, le diocèse entier était entamé et envahi. […] Pour le chrétien, au contraire, c’est le plus grand malheur, et tout le soin de la vie entière doit être de se préparer pour cette heure suprême inconnue : Ô mon âme ! […] Il y a des chapitres tout entiers d’une rare et fine délicatesse morale, particulièrement le 36me de cette troisième partie.

727. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Sans doute la mémoire, en ajoutant l’attente de l’avenir et le souvenir du passé à l’horreur du présent, ajoute la douleur morale à la douleur physique ; mais celle-ci est entière sans celle-là44. […] Au point de vue physiologique, l’opposition actuelle des émotions et des représentations s’explique par ce fait que les représentations sont attachées à des organes déterminés, tandis que le plaisir et la douleur sont généralement produits par une stimulation et un surcroît de vie qui tend à se répandre dans l’organisme entier : c’est un phénomène qui correspond à la diffusion des courants nerveux en un sens favorable ou contraire à nos organes. […] De plus, elle n’explique pas l’action, puisqu’elle la fait dériver tout entière d’une passivité préalable ; la causalité, l’efficacité, la force du sentiment ne se comprennent pas, et on ne sait avec quoi l’être pourra réagir, tendre à une chose ou s’écarter de l’autre.

728. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

De même, l’œuvre plus restreint de Murger peut se ranger tout entier sous celui-ci : Scènes de la vie de Bohême. […] Je voudrais transcrire ici, tout entier, le De profundis aux versets émus chanté par Rodolphe sur ses amours défunts, et quelques couplets de cette adorable chanson de Musette qui clôt la Vie de Bohême : Tu remettras la robe blanche Dont tu te parais autrefois, Et comme autrefois, le dimanche, Nous irons courir dans les bois ! […] Du reste, Henry Murger semble l’avoir compris ; car, avant la fin même du volume, il est rentré dans son monde d’artistes par une petite nouvelle de vingt pages intitulée Biographie d’un inconnu qui… Je l’appellerais volontiers un chef-d’œuvre, si les camaraderies et les complaisances intéressées n’eussent fait de ce mot une ridicule banalité. — Croyez-moi, quand on prononce de tels actes de contrition, on mérite l’absolution la plus entière, eût-on sur la conscience les deux cents volumes de péchés littéraires de M. 

729. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Chacun d’eux réside tout entier dans chaque partie de l’autre. […] Dès qu’il a pénétré dans l’entendement, il l’envahit tout entier. » Ailleurs, il expose ainsi l’induction : « Les faits que l’observation laisse épars et muets, la causalité les rassemble, les enchaîne, leur prête un langage. […] Gardez plutôt la théorie qui déclare les vivants tout formés dans l’ovaire ; dites que l’animal ne se crée pas, qu’il s’accroît ; que, fabriqué tout entier d’avance, il est aussi compliqué au premier qu’au dernier jour, que sa grosseur change, non sa structure ; qu’Ève contenait incluses les unes dans les autres, achevées et complètes, les cent quatre-vingts générations qui d’elle ont transmis la vie jusqu’à nous.

730. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

On ne veut pas qu’une vie entière ait été employée à développer les suites d’une bévue. […] La première n’étudie que les modifications, les effets, les phénomènes ; la seconde étudie la substance et l’être qui sont l’âme et le moi, Il laisse la première et s’attache tout entier à la seconde. […] La nature apparaît telle qu’elle est, comme un ensemble de faits observables, dont le groupement fait les substances, dont les rapports fondent les forces ; et la science, ramenée dans le lit où elle coule depuis deux siècles, se porte entière et d’un élan vers son terme unique et magnifique, la connaissance des faits et des lois.

731. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

La poésie ne tient pas tout entière dans le lyrisme, ni surtout dans une certaine sorte de lyrisme, dans les effusions sentimentales et dans le rêve. […] Je connais Loti mieux que personne autre ; je l’ai étudié avec la sollicitude la plus attentive et la plus inquiète ; je ne le connais pas tout entier. […] Il y arrive à l’émotion vraie, à l’entière sincérité. […] Ce qui chez tel d’entre eux est parvenu à l’entière maturité était chez nous tout au moins en germe. […] Lavisse allait à Arenenberg reprendre ses conférences et ses entretiens auprès du prince qu’il aimait et à qui il avait inspiré une entière confiance.

732. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lacaussade, Auguste (1815-1897) »

Lacaussade, qui sent profondément cette nature tropicale, a mis sa muse tout entière au service et à la disposition de son pays bien-aimé.

733. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marsolleau, Louis (1864-1935) »

La chair et l’âme se font entendre à la fois dans son livre très personnel et où le poète s’est mis lui-même tout entier sans arrière-pensée, avec la sincérité de sa jeunesse.

734. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Avertissement. » pp. -

N’est ce rien que de suivre son goût, & de se livrer tout entier au charme qui nous flatte ?

735. (1886) Le naturalisme

Ce n’est point un petit mérite que de tant inventer, de produire avec un souffle aussi infatigable et de bercer délicieusement, — fut-ce avec d’invraisemblables balivernes, — une génération tout entière. […] Tous ceux qui écrivent aujourd’hui sur Balzac disent avec raison que l’explication et la clé de ses œuvres sont tout entières dans ce genre de vie. […] Il envoyait le brouillon à la composition, corrigeait sur épreuves, changeait des paragraphes entiers. […] C’est un péché originel que de prendre pour titre non pas d’un roman, mais d’un cycle entier de romans, l’odyssée de la névrose à travers le sang d’une famille. […] Aussi les Anglais n’ont-ils pas produit un Don Quichotte, c’est-à-dire une épopée de la vie réelle, qui puisse être comprise par l’humanité entière.

736. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

., est divisible par 9 avec un reste égal ait chiffré qui la représente ; que partant la somme de ces sommes est divisible par 9 avec un reste égal à la somme des chiffres qui la représentent ; que par conséquent le nombre lui-même tout entier est divisible par 9 avec un reste égal à la somme totale des chiffres qui le représentent ; d’où il suit que, si la somme totale des chiffres est elle-même divisible par 9, le reste disparaît, et le nombre tout entier, divisé par 9, ne laisse aucun reste. — Ici l’intermédiaire explicatif est un caractère inclus dans tous les éléments du nombre, sauf le premier, et commun à toutes les unités représentées par un chiffre placé à la gauche du premier ; ce caractère ainsi répété oblige tout nombre à se laisser diviser par 9 avec un reste égal à la somme de ses chiffres, et, par suite, le rend divisible par 9, à la seule condition que la somme de ses chiffres soit divisible par 9. […] Il faut donc la décomposer pour retirer d’elle cet intermédiaire. — Mais je ne puis effectuer cette décomposition ; l’analyse qui avait prise entière sur les combinaisons mentales n’a pas une prise égale sur les combinaisons réelles. […] Selon que l’on considère telle ou telle branche, on trouve que l’opération, partout semblable, a été poussée plus ou moins loin ; la science expérimentale tout entière ressemble ainsi à une cathédrale commencée à la fois sur plusieurs points. […] Une pièce a donc la propriété de provoquer par sa présence la présence de tout un système de pièces ordonnées suivant un plan fixe, ce qui donne la grosse charpente de l’animal entier, et, en outre, elle a la propriété de déterminer par sa structure et sa fonction la structure et la fonction des autres pièces, ce qui donne la structure totale et l’ensemble des fonctions de l’animal complet. […] Une telle histoire est un livre déchiré, effacé, où quelques chapitres, surtout les derniers, sont à peu près entiers, où, des chapitres précédents, il subsiste çà et là deux ou trois pages éparses, où nous ne retrouvons rien des premiers, sauf les titres. — Mais tous les jours une découverte nouvelle restitue une page, et la sagacité des savants démêle quelque portion de la pensée générale.

737. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il ne s’en servait que comme d’une distraction, mais son génie éteint dans ses larmes se retrouvait tout entier dans ses pièces. […] J’aime la vie tranquille, et la mienne est agitée par une infinité de détails communs et turbulents, sur lesquels je n’avais pas compté dans les commencements, et auxquels il faut absolument que je me donne tout entier malgré moi. […] Le mérite du Misanthrope est tout entier dans le dialogue et dans l’inimitable versification. […] La nuit se passa tout entière Sans qu’elle pût fermer un moment la paupière ; Des chaleurs l’empêchaient de pouvoir sommeiller, Et jusqu’au jour, près d’elle, il nous fallut veiller. […] À peine Orgon a-t-il parlé, qu’il se peint tout entier par un de ces traits qui ne sont qu’à Molière.

738. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jasmin, Jacques (1798-1864) »

La poésie en est d’un style franc et populaire ; ses improvisations sont chaleureuses, et nous le saluons comme la France entière salua Béranger, auquel le poète agenais semble se rattacher.

739. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 527-528

Cet Ecrivain laborieux, après avoir donné beaucoup d’Ouvrages Latins & François sur la Médecine, [dont il ne nous appartient pas de juger le mérite] s’est livré tout entier à l’Encyclopédie.

740. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

On dirait d’un fait exprès pour assembler les contrastes et aigrir l’irritation. « La médiocrité de la solde du soldat, dit un économiste, la manière dont il est habillé, couché et nourri, son entière dépendance, rendraient trop cruel de prendre un autre homme qu’un homme du bas peuple783 ». […] Reste une poussière humaine qui tourbillonne et qui, avec une force irrésistible, roulera tout entière en une seule masse, sous l’effort aveugle du vent.

741. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Une action énorme de la figure entière produira le même effet que l’énormité d’une de ses parties. […] Lucrèce a dit que les mortels opprimés gémissaient sous l’aspect menaçant de la religion, quoe caput a coeli… etc. changez le vers spondaïque en un vers ordinaire ; rétrécissez le lieu de la scène, en substituant à regionibus une expression petite et légère ; au lieu de ostendebat qui étend sans fin la durée de la prononciation et avec elle la mesure de la tête du monstre, dites montrait ; au lieu d’une tête isolée peignez la figure entière, et il n’y aura plus d’effet.

/ 2639