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1903. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

Mais aujourd’hui que des lumieres plus sûres, qu’un zele mieux entendu dirige les Ecrivains qui consacrent leurs travaux au maintien de la Foi & de ses Pratiques, tout ce vain appareil de triomphe tombe & s’évanouit.

1904. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre premier. Que la poétique du Christianisme se divise en trois branches : Poésie, Beaux-arts, Littérature ; que les six livres de cette seconde partie traitent spécialement de la Poésie. »

Toute espèce de ton, même le ton comique, toute harmonie poétique, depuis la lyre jusqu’à la trompette ; peuvent se faire entendre dans l’Épopée.

1905. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VIII. Des Anges. »

On passe alors de la grandeur à la douceur des images : sous l’ombrage, des forêts, on parcourt l’empire de l’Ange de la solitude ; on retrouve dans la clarté de la lune le Génie des rêveries du cœur ; on entend ses soupirs dans le frémissement des bois et dans les plaintes de Philomèle.

1906. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Quand une idée possède cet esprit inventeur, il n’entend plus à rien autre chose, et il va au bout dans tous les sens de cette idée comme après une proie, ou plutôt elle va au bout en lui, se conduisant elle-même, et c’est lui qui est la proie. […] Un autre mémoire sur l’Application à la mécanique des formules du calcul des variations, composé en très-peu de jours à son intention, et qu’il entendit dans une séance de la Société d’émulation, ajouta à cette idée. […] Je trouve encore quelques endroits qui dénotent un retour pratique : « Je finis cette lettre, parce que j’entends sonner une messe où je veux aller demander la guérison de ma Julie. » Et encore : « Je veux aller demain m’acquitter de ce que tu sais, et prier pour vous deux. » — Ainsi, vivant en attente, aspirant toujours à la réunion avec sa femme, il n’en voyait le moyen que dans sa nomination au futur Lycée de Lyon, et s’écriait : « Ah ! […] Ceux qui ont fréquenté l’école des psychologues distingués de notre âge, et qui ont aussi entendu les leçons dans lesquelles M.  […] — Ceux qui l’ont entendu, à ses leçons, dans les dernières années au collège de France, se promenant le long de sa longue table comme il eût fait dans l’allée de Polémieux, et discourant durant des heures, comprendront cette perpétuité de la veine savante.

1907. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Ni dans un firmament serein voir circuler les vagues étoiles, ni sur une mer tranquille voguer les navires pavoisés, ni à travers les campagnes étinceler les armures des cavaliers couverts de leurs cuirasse, ni dans les clairières des bocages jouer entre elles les biches des bois ; « Ni recevoir des nouvelles désirées de celui dont on attend depuis longtemps le retour, ni parler d’amour en langage élevé et harmonieux, ni au bord des claires fontaines et des prés verdoyants entendre les chansons des dames aussi belles qu’innocentes ; « Non, rien de tout cela désormais ne donnera le moindre tressaillement à mon cœur, tant celle qui fut ici-bas la seule lumière et le seul miroir de mes yeux a su en s’ensevelissant dans son linceul ensevelir ce cœur avec elle ! […] Dès qu’elle m’entendit nommer, elle vint à moi avec empressement, comme elle aurait pu faire pour vous-même ; elle rougit un peu en me voyant, et, baissant les yeux à terre, me fit une révérence honnête ; ensuite, avec une tendresse modeste et filiale, elle me prit dans ses bras. […] « Âme heureuse, s’écrie-t-il, qui abaisses si amoureusement ces yeux plus resplendissants que la lumière, et qui me laisses entendre des soupirs et des paroles si vivants qu’il me semble que ces paroles me résonnent encore dans l’âme ! […] Je juge par ma douleur de la vôtre et de celle de Tullie, ma chère sœur, votre digne épouse, à qui je vous conjure de faire entendre raison sur la perte qu’elle a faite et qu’elle devait prévoir. […] La langue dans laquelle ces vers s’épanchent ne semble avoir été composée ni pour les hommes, ni pour les esprits délivrés de leurs corps ; mais c’est une langue entre ciel et terre, entendue également en haut et en bas, qui a de la terre la passion et la douleur, qui a du ciel l’espérance et la sérénité.

1908. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Un frisson en courut sur ma peau ; j’étais encore jeune, et le souvenir d’une voix pareille, depuis peu à jamais éteinte, ajoutait à mon émotion ; cette voix faisait tinter les dents comme les touches d’ivoire d’un clavier mouillé par les lèvres ; on l’entendait au fond de la poitrine. […] XV La soirée mémorable arriva ; ma mère, une de mes sœurs et moi, nous perçâmes difficilement la foule (confidentielle cependant) qui obstruait de bonne heure le large escalier du couvent de l’Abbaye-aux-Bois. — « Je crois, me dit tout bas ma mère, monter l’escalier de Saint-Cyr pour entendre la première lecture d’Athalie. […] Villemain dans ses éloquents Souvenirs, je n’y fus jamais reçu ; j’étais trop jeune et trop inconnu pour y avoir place ; je doute que madame de Duras ait entendu prononcer mon nom ; d’ailleurs c’était là le temple d’une véritable idolâtrie pour M. de Chateaubriand ; jeune encore, madame de Duras était, dit-on, le machiniste passionné de la politique et de la gloire de son ami : âme prodigue qui se consumait comme une lampe dans la nuit pour illuminer un nom d’homme. […] XXV M. de Chateaubriand, impatienté et humilié d’entendre ânonner ses vers par un lecteur qui avait peine à les lire, arracha, à la fin, le manuscrit des mains du grand acteur et voulut lire lui-même. […] ce sera votre faute si je reste entre les mains de cette… » Et comme il vit que la force du mot m’étonnait : — « Oui, de cette…, entendez-vous bien, monsieur de Lamartine !

1909. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Je sentais très-bien les dangers que me ferait courir un ouvrage de mon père qui déplairait au premier consul ; mais je ne pouvais me résoudre à étouffer ce chant du cygne, qui devait se faire entendre encore sur le tombeau de la liberté française. […] XXXIV Protégée par le succès de Delphine, elle crut pouvoir se rapprocher assez de Paris pour entendre le bruit de sa gloire. […] La nuit, seule avec une femme dévouée depuis plusieurs années à mon service, j’écoutais à la fenêtre si nous n’entendrions point les pas d’un gendarme à cheval ; le jour, j’essayais d’être aimable pour cacher ma situation. […] Elle ne fut pas un débris à cette époque, elle fut une puissance ; son salon, où se groupaient pour l’entendre tous les hommes éminents de toutes les opinions et de toutes les nations réunies par la coalition de Paris, devint la tribune du monde. […] « Il serait plus aisé de décrire les symptômes du talent que de lui donner des préceptes ; le génie se sent comme l’amour par la profondeur même de l’émotion dont il pénètre celui qui en est doué ; mais si l’on osait donner des conseils à ce génie, dont la nature veut être le seul guide, ce ne serait pas des conseils purement littéraires qu’on devrait lui adresser ; il faudrait parler aux poëtes comme à des citoyens, comme à des héros, il faudrait leur dire : — Soyez vertueux, soyez croyants, soyez libres, respectez ce que vous aimez, cherchez l’immortalité dans l’amour, et la divinité dans la nature ; enfin, sanctifiez votre âme comme un temple, et l’ange des nobles pensées ne dédaignera pas d’y apparaître. » Ne croit-on pas entendre la poésie elle-même devenue ce que Dieu l’a faite, la sibylle de la nature et la prêtresse du cœur humain ?

1910. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il n’y a pas huit hommes de lettres qui aient lu Voltaire, — lu, vous m’entendez. […] Même sur les catastrophes qu’ils voient, qu’ils entendent, ils semblent avoir les sens de l’âme émoussés comme leurs physionomies et leurs personnes. […] Alors j’ai entendu une voix si doucement faible, que j’ai cru que c’était la voix de la malade. […] On entend la sonnerie de la chapelle pour un mort, et devant la fenêtre, donnant sur la cour, se dessine le coin d’un corbillard de pauvre qui stationne. Nous retournons à quatre heures pour entendre la prière, et à cette voix grêle, virginale, de la novice agenouillée, adressant à Dieu les remerciements de toutes les souffrances et de toutes les agonies qui se soulèvent de leurs lits vers l’autel, deux fois les larmes nous montent aux yeux, et nous sentons que nous sommes au bout de nos forces pour cette étude, et que pour le moment c’est assez, c’est assez.

1911. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Qu’on veuille bien nous comprendre, ni plus ni moins : il y avait tout au fond de la pensée de Fauriel en politique comme un certain coin réservé, nous n’entendons pas autre chose. […] Faites honneur au crédit que je me suis donné l’air d’avoir sur vous. — Vous m’avez écrit une lettre où il y a des phrases charmantes ; mais nous ne nous entendons pas. […] Nous sommes accoutumé, dans cette Revue même50, à entendre converser familièrement Benjamin Constant. […] Cabanis (et je n’entends hasarder ici que mon opinion personnelle) n’est pas encore bien jugé de nos jours ; malgré un retour impartial, on ne me paraît pas complétement équitable. […] Un autre homme qui s’entendit beaucoup mieux avec Fauriel dans l’enthousiasme du primitif, ce fut, le croirait-on ?

1912. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

On entend encore aujourd’hui ses vaillants coups de hache et de pioche dans les claims de Melbourne et dans les log-houses du Lac Salé. […] Sa critique fait loi ; on se presse pour entendre sa conversation ; il est l’arbitre du style. […] Au milieu d’une compagnie, on l’entendait tout d’un coup marmotter un vers latin ou une prière. […] quand, un instant après, nous entendrons le docteur continuer ainsi : « Rousseau est un des pires hommes qu’il y ait, un coquin qui mérite d’être chassé de toute société, comme il l’a été. […] Vous l’entendrez blâmer un de ses amis d’avoir oublié le nom de Jésus-Christ, en récitant les grâces.

1913. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Elle n’a pas l’air d’avoir cédé : à entendre les paroles qu’elle prononce, son crime est presque un rêve. […] Heureux ceux qui l’entendent conter ! […] Rien ne s’oppose à ce qu’une voix grave et franche essaie de se faire entendre parmi les chuchotements et les causeries. […] La crédulité complaisante du lecteur ne sait auquel entendre. […] Ils condamnent sans les entendre Aristophane et Lucien ; ils ne font pas grâce aux hardiesses de Pétrone.

1914. (1902) Le critique mort jeune

M. de Gourmont est, à en juger par son œuvre seule, d’humeur aristocratique, peu entendu dans l’art de la réclame et mauvais courtisan du succès. […] Je sais assez de philosophie pour avoir entendu dire qu’il n’est guère de philosophie qui ne mène au doute. […] Cependant on n’entend pas sans peine le dur accent qu’il prend en parlant des ouvriers et de la « barbarie ouvrière ». […] (On a entendu, le jour de la très intéressante soutenance de la thèse de M.  […] Vous avez peut-être entendu au printemps dernier ou au début de cette saison les « Deux Écoles » dans un théâtre de genre ?

1915. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

Bourget aurait pu ajouter que la note bretonne de Le Goffic est moins purement individuelle que la note bressane de Vicaire ; ses deuils s’agrandissent de tous les deuils de sa race, et c’est l’amour de tout un peuple qui soupire et gémit dans ses amours, un long chœur de Bretonnes et de Bretons accompagnant son sanglot des leurs, alentis à travers l’Océan immense : Les Bretonnes au cœur tendre Pleurent au bord de la mer, Les Bretons au cœur amer Sont trop loin pour les entendre.

1916. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Chaque mère dans l’Amour maternel ne croit-elle pas entendre le cri de son propre cœur !

1917. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Félix Pyat Il chanta sans profit, sans salaire la misère seule avait entendu, la misère seule répondit ; la misère le marqua pour être abattu.

1918. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

Les termes les plus bas sont sortis en foule de sa bouche sacrée ; en sorte que jamais Divinité ne fit entendre un pareil langage.

1919. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Nous arrêterons ici ces observations préliminaires qui exigeraient un volume de développements, et auxquelles on ne fera peut-être pas attention ; mais il faut toujours parler comme si l’on devait être entendu, écrire comme si l’on devait être lu, et penser comme si l’on devait être médité.

1920. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Naguère, aux jours d’orgie où l’homme joyeux brille,                                Et croit peu, Pareil aux durs sarments desséchés où petille                                Un grand feu, Quand, ivre de splendeur, de triomphe et de songes,                                Tu dansais Et tu chantais, en proie aux éclatants mensonges                                Du succès, Alors qu’on entendait ta fanfare de fête                                Retentir, Ô Paris, je t’ai fui comme noir prophète                                Fuyait Tyr.

1921. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre III. La Phèdre de Racine. »

et le cri le plus énergique que la passion ait jamais fait entendre, est peut-être celui-ci : Hélas !

1922. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Argument » pp. 287-289

On a mal entendu les connubia patrum que demandait le peuple romain.

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