Le moyen âge vit de ce mélange, de cette incohérence dramatique et pittoresque, dont notre jeune poésie s’inspire heureusement, et que je tâche d’examiner en érudit, comme l’ont fait Sainte-Palaye, Bonamy, l’abbé Le Bœuf, tant d’hommes graves qui écrivaient des Mémoires pour l’Académie des inscriptions, et qu’on n’a jamais accusés d’inconvenance. […] D’une autre part, le génie espagnol, qui produisit des choses si grandes dans l’art dramatique, ne s’était pas débrouillé avant le seizième siècle. […] Ayala n’est pas inférieur au célèbre Villani, et dans le quinzième siècle la vie dramatique d’Alvar de Luna a été retracée avec un rare talent par Castellanos. […] Il n’y a pas de poëmes dramatiques chez les Arabes. […] Et quand un poëte moderne, Gœthe, a fait de ce chant même un moyen dramatique, un instrument de terreur et de remords, qui trouble l’imagination d’une jeune femme, il a parfaitement senti ce que le son de ces finales terribles ajoute à l’émotion religieuse.
Mézeray, qui aime le vrai avant tout, ne sacrifie point au dramatique.
Saint-Simon, en ajoutant à nos renseignements, charge un peu la scène, mais nous en fait sentir tout le comique et le dramatique.
Puis, et toujours de souvenir en souvenir, je me suis mis à ressonger mélancoliquement à Ducis, au bon Ducis, comme on l’appelle, qui en son temps avait entamé et remué cette grosse question dramatique à tout hasard et par pur instinct ; qui aima Shakspeare d’élan et de vague sympathie sans trop savoir pourquoi et sans l’avoir jamais connu, et de qui l’on a pu dire bien spirituellement, ici même, « qu’il a fait toute une révolution sans le vouloir, comme cela est arrivé quelquefois à la garde nationale67. » Le mot est parfait, mais il y a des jours, ne l’oublions pas en parlant de Ducis, où un garde national a son héroïsme aussi et se bat comme un lion.
Entre Spenser et Milton, il faut placer Shakespeare à la tête de sa puissante pléiade dramatique.
Il y a une chose qu’oublient trop MM. de Goncourt : ils ne voient dans Voltaire que l’auteur dramatique, le poëte ; mais le philosophe, ils l’oublient.
Indépendamment de toute explication surnaturelle, il y a ici un grand fait psychologique à remarquer : la singulière et puissante faculté dramatique que nous possédons tous en dormant, même quand, durant la veille, nous en serions fort dénués.
Depuis La Fontaine, et en laissant de côté les chefs-d’œuvre dramatiques, la poésie lyrique digne de ce nom, la poésie d’odes, d’idylles, d’élégies, où en était-elle, je vous prie, en France ?
Horace lui avait montré dans le bon sens, qui n’est en somme que le sens précis de la réalité, la qualité maîtresse du poète dramatique : mais surtout il lui avait fait concevoir quel art délicat, assortissant toutes les pièces d’une tragédie, donne à l’ouvrage une perfection charmante, dont l’agrément est infini.
Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M.
Comme elles sont échappées à l’auteur à l’occasion de ce qui arrivait à ses héros et à ses héroïnes, elles ont souvent la vertu de rappeler quelque joie ou quelque douleur de la vie ; et il y en a qui résument si bien une situation dramatique, que malgré soi on se laisse aller à rêver sur la scène de roman qui a dû les inspirer : l’imagination ne s’arrête pas longtemps à ce jeu qui serait bientôt un travail, mais cette excitation n’en a pas moins du charme.
La fable est construite du dehors, par de grossiers procédés dramatiques.
Les scènes de la mort de Strafford et du procès de Charles Ier sont traitées simplement, et d’un grand effet dramatique.
On le sent tout d’abord chez Hoffman, le journaliste se souvient de l’auteur dramatique ; il introduit dans la critique un peu de comédie, de la mise en scène, des dialogues : ce critique sait manier et faire jouer les personnages.
À un endroit, parlant de la mort de La Harpe qui, malgré ses défauts bien connus, se convertit avant l’heure suprême, il lui est échappé de dire : « Il n’a pas manqué sa fin, je le vis mourir chrétien courageux. » C’est ainsi qu’il aurait dit de l’auteur dramatique : « Il n’a pas manqué son cinquième acte. » De tels mots, lâchés par mégarde, donnent fort à penser.
Il dresse à merveille de grandes charpentes ; il a des caractères qui vivent aussi, et qui, bon gré, mal gré, se retiennent ; surtout il a de l’action et des machines dramatiques qu’il sait très bien faire jouer.
Ce qu’il me dit sur eux en courant et dans sa vive familiarité, m’en apprend plus et entre mieux dans mon esprit que les scènes dramatiques et un peu extérieures de Rulhière, qui, tout en nous avertissant de l’ostentation de ses héros, y donne lui-même et s’y laisse prendre.
La catastrophe qui précipita Mme des Ursins est restée un des événements les plus singuliers, les plus dramatiques et les plus inexpliqués de l’histoire.
La jalousie de Mme de Nangis, qui se croit sacrifiée à une rivale, produit des scènes assez belles et assez dramatiques, dans lesquelles la pauvre Valentine, poussée à bout par sa belle-sœur, en présence du mari de celle-ci, n’aurait qu’un mot à dire pour écraser la coupable et pour se venger : mais ce mot, elle ne le dit pas, et prend sur elle tous les torts.
J’étais alors substitut à Tours ; on vint me chercher de Véretz au milieu de la nuit ; j’arrivai à l’aube… » Et j’entendis alors un récit vrai, simple, attachant, dramatique, qui me remit en mémoire cette singulière et originale figure, et qui me tente aujourd’hui de la retracer.