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558. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

« Ce sont, écrit madame de Sévigné, des conversations infinies avec Sa Majesté, qui donne à madame la dauphine (chez qui il trouvait madame de Maintenon) tout le temps qu’il donnait à madame de Montespan134. […] entre l’art d’amuser et celui d’intéresser ; entre le frivole avantage de montrer de l’esprit, et le talent d’en donner ! […] Dans cette même année, le grand Corneille donna son dernier ouvrage, la tragédie de Suréna. […] Jr regrette de ne pouvoir donner cette satisfaction. […] L’amour l’aurait peut-être donnée sans elle, et elle ne l’eût pas donnée sans lui.

559. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Vinet viennent de recueillir, et qui se compose des leçons et des articles qu’il a donnés en différents temps sur ce sujet. […] Pour ceux qui lisent les Pensées, le génie de l’écrivain a quelquefois donné le change sur la méthode et sur le fond. […] Quelque nom qu’on lui donne, cette étude ne peut s’entreprendre désormais en compagnie d’un auxiliaire plus utile et plus sûr que ne l’est M.  […] Vinet de recueillir ce qu’il avait laissé d’épars, et engageons-les, malgré tout, à continuer de nous donner ce qui reste de son précieux héritage. […] À mon retour à Paris, je m’empressai de donner à la Revue des Deux-Mondes une étude dont il était le sujet et qui parut le 15 septembre 1837280.

560. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Quel prix elles donnent aux récompenses qui vont vous être décernées aujourd’hui ! […] Vous trouverez l’existence savoureuse, si vous n’attendez pas d’elle ce qu’elle ne saurait donner. […] Il ne vous est pas donné, comme à nous, de contempler l’autre, avec ses aspects mélancoliques, le pâle soleil qui l’éclairé et le rivage glacé qui la termine. » Non, jeunes élèves ! […] Voilà, si vous savez donner une règle supérieure à votre vie, ce qui ne vous manquera jamais. […] Il nous donna de bons conseils ; mais quelle mollesse !

561. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

À cela près de quelques changements de détail qui ne modifient en rien ni la donnée fondamentale de l’ouvrage, ni la nature des caractères, ni la valeur respective des passions, ni la marche des événements, ni même la distribution des scènes ou l’invention des épisodes, l’auteur donne au public, au mois d’août 1831, sa pièce telle qu’elle fut écrite au mois de juin 1829. […] Quoique placé depuis plusieurs années dans les rangs, sinon les plus illustres, du moins les plus laborieux, de l’opposition ; quoique dévoué et acquis, depuis qu’il avait âge d’homme, à toutes les idées de progrès, d’amélioration, de liberté ; quoique leur ayant donné peut-être quelques gages, et entre autres, précisément une année auparavant, à propos de cette même Marion de Lorme, il se souvint que, jeté à seize ans dans le monde littéraire par des passions politiques, ses premières opinions, c’est-à-dire ses premières illusions, avaient été royalistes et vendéennes ; il se souvint qu’il avait écrit une Ode du Sacre à une époque, il est vrai, où Charles X, roi populaire, disait aux acclamations de tous : Plus de censure ! […] Aujourd’hui que trois cent soixante-cinq jours, c’est-à-dire, par le temps où nous vivons, trois cent soixante-cinq événements, nous séparent du roi tombé ; aujourd’hui que le flot des indignations populaires a cessé de battre les dernières années croulantes de la restauration, comme la mer qui se retire d’une grève déserte ; aujourd’hui que Charles X est plus oublié que Louis XIII, l’auteur a donné sa pièce au public ; et le public l’a prise comme l’auteur la lui a donnée, naïvement, sans arrière-pensée, comme chose d’art, bonne ou mauvaise, mais voilà tout. […] Ce serait l’heure, pour celui à qui Dieu en aurait donné le génie, de créer tout un théâtre, un théâtre vaste et simple, un et varié, national par l’histoire, populaire par la vérité, humain, naturel, universel par la passion. […] tout est toujours possible à tous les moments donnés, et jamais plus de choses ne furent possibles qu’au temps où nous vivons.

562. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Entre la sensation, où est donné le concret, l’individuel, et l’idée, qui exprime le général, il y a une solution de continuité. […] Il lui donne la sensation des ténèbres qui l’entourent, tout en lui reconnaissant le pouvoir d’y répandre peu à peu la clarté. Il donne ainsi satisfaction aux deux sentiments contraires qui peuvent être regardés comme les moteurs par excellence du développement intellectuel : le sentiment de l’obscur et la foi en l’efficacité de l’esprit humain. […] Mais il lui a donné une forme populaire. […] Tant donc qu’on n’aura pas démontré que cette science est impossible — et elle est possible, puisqu’elle a déjà commencé à donner des résultats — la thèse de nos néo-mystiques sera sans fondement.

563. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Il consiste à nous reprocher d’avoir donné au mot imitation un sens que nous ne lui avons jamais donné. […] Leurs exemples et leurs théories, que nous donnons dans notre dernier livre, le démontrent exactement. […] Il pousse, par exemple, la plaisanterie jusqu’à nous accabler avec le mot d’Ernest Hello : « Le grand écrivain donne son style, c’est-à-dire sa parole. […] Nous disons, par exemple, que l’originalité consiste souvent — et ceci n’est pas contestable — « dans la façon nouvelle d’exprimer des choses déjà dites », et qu’il faut « inventer autre chose ou dire autrement ce qu’on a dit », et nous donnons des exemples d’images rajeunies par des expressions neuves. « M.  […] Il faut le voir se démêler de tout cela, et la prétention scientifique qu’il donne à sa fantaisie, car ce critique littéraire, qui déclare que la science ne découvre rien, a la superstition de la science !

564. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Ce qui est nouveau, ce qui communique à l’œuvre une originalité inattendue, c’est le conseil assez traîtreusement donné au prince Louis-Napoléon de se faire le serviteur couronné de la révolution sociale. […] Comme il disait des choses monstrueuses, on lui donnait un talent prodigieux. […] Voilà la vraie gloire de style qui lui restera, et dont se souviendra la Critique quand le mépris aura chassé de l’attention des hommes les chimères qu’il nous donne comme les réalités de l’avenir. […] Aux yeux du penseur qui nous donne aujourd’hui, dans un écrit fortement condensé, le droit public d’une quatrième race, la révolution française a deux côtés que l’on a toujours trop confondus. […] Dans un temps donné, il sera peut-être, à sa manière, un chef d’école, quelque chose comme le Royer-Collard du bonapartisme.

565. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Si nous y avons vu de la critique contre l’Empire, nous y avons vu des éloges de bon aloi donnés au génie politique de l’Empereur. […] « L’Empereur, qui nous a donné le salut, puis qui nous a donné la gloire, et à qui rien n’a manqué que le soleil », nous aura donné toutes les prospérités possibles en nous donnant la liberté de la tribune et de la presse, si agréables aux membres du Corps législatif qui tiennent à être vus par la fenêtre ! […] Quels gages a-t-il, lui, donnés au passé, pour vouloir refaire ce passé funeste ? […] Ils ne doutent de rien, et, dans l’abandon de leur béatitude, ils donnent leur petite tape d’amitié aux plus majestueuses prestances, et deviennent les Sans Gêne de la Comédie, cassant les ressorts des pendules qu’ils remontent même quand elles n’ont pas besoin d’être remontées. […] En nous racontant ces quatre années de règne auxquelles il manque encore un historien, il aurait pu faire naître au moins un intérêt immense et écrire un livre vivant ; mais la plume du docteur ne sait rédiger que des consultations, et c’est une consultation qu’il nous a donnée.

566. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

« Ce qui peut empêcher d’avoir du plaisir », et non ce qui en donne. […] Je le donnerai à celui qui tuera cette femme ». […] Je me donne à ce prix. […] Allons, faisons donner la garde. […] Et c’est cela qu’il nous donne en cent pages.

567. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Mounet nous donne l’aspect et l’impression d’un aliéné. […] C’est Eriphile qui donne à Iphigénie ses trois dimensions. […] Un détail seulement « m’a donné quelque ennui ». […] Je vous les donne pour ce qu’elles valent. […] Ce sont eux, en somme, qui donnent le ton.

568. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

L’attention que je prêtais à sa parole me donnait le temps d’observer sa personne dans son éternelle ondulation. […] Quelles peines donne l’amour de la gloire ! […] Ce fut alors qu’il fit seulement sa grande faute, pour vivre et donner à leur insu quelque aisance à ses parents. […] Sa double dette l’écrase ; il veut persévérer ; sa famille lui donne par anticipation de quoi payer son brevet d’imprimeur. […] — Non, Dieu a donné par la nature des choses des règles instinctives aux peuples comme aux individus

569. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

La phrase : « l’arbre se dressait » évoque ainsi, à côté d’une image assez peu précise, le sentiment d’exaltation et d’aise que donne la pensée d’un puissant chêne debout sous les cieux. […] Assurément il est faux de croire que le réalisme se distingue de l’idéalisme soit classique, soit romantique, exclusivement en ce qu’il donne de la nature et de la nature humaine une représentation plus exacte en chacune des scènes et des individus qu’il représente. […] Elles lui donnent une magnifique idée de la puissance de son esprit, le lui font imaginer aussi immense que le domaine de sa raison, lui persuadent lentement sa supériorité sur toutes les existences qu’il vient d’apercevoir éphémères et fortuites. […] Les littérateurs mélancoliques demandent à la vie ce qu’elle ne donne pas et n’en obtiennent pas ce qu’elle donne. […] Que l’on en juge par ces trois strophes : J’ai perdu la forêt, la plaine, Et les frais avrils d’autrefois… Donne tes lèvres ; leur haleine Sera le souffle des bois.

570. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Peligot, qui lui a donné le nom d’acide mélassique. […] Fehling a donné, après M.  […] Rollo recommandait de donner de la graisse aux diabétiques. […] Le dosage en donna 1,33 pour 100 du tissu hépatique. […] Le sulfate de soude, au contraire, ne donne rien de pareil.

571. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Rien, dans nos assemblées ou dans nos tribunes modernes, ne peut donner l’idée de ces conditions de l’éloquence antique. […] Veux-tu que je t’en donne la preuve ? […] Sois content ; je l’ai donné ; achève, en t’y rendant, d’exciter contre moi cette inimitié dont tu te promets tant d’avantages. […] Vous me l’avez rendu, après qu’il m’a donné des preuves admirables de sa tendresse pour moi. […] « Pensez-vous que j’extravague jusqu’à donner là-dedans ?

572. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Loin de vouloir affliger et décourager la piété, il a eu l’ambition de la semer là où elle n’est pas, de la nourrir, de la relever, de lui donner satisfaction sous une autre forme, nouvelle et inattendue. […] Elle est pleine d’assertions hasardées, de formules générales contestables d’où l’on tire des conséquences lointaines, incertaines, qu’on donne comme des faits avérés. […] J’ai tenu à donner la note et à indiquer le sens général des raisonnements de mes trois amis. […] Bersot en a donné un tout à fait charmant, l’autre jour, dans les Débats. […] La théologie, la haute et moyenne théologie, armée de toutes pièces, a donné, et elle donne encore, et elle donnera longtemps ; elle n’est pas près de se taire.

573. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

C’est ainsi qu’au sein de chaque sujet, de chaque situation donnée, il a opéré avec une sorte de détermination certaine et suivie, qui ne perdait aucun de ses coups. […] L’Essai sur la Guerre sociale, dont nous avons à donner idée ici, n’est qu’une espèce d’introduction par laquelle il a cru nécessaire de préluder. […] Enfin la guerre éclate ; le meurtre de Drusus, patron des Italiotes à Rome, donne le signal, et le complot, depuis quelque temps tramé, se déchire à nu. […] Déterminés à périr, deux amis se battaient l’un contre l’autre ; acteurs et spectateurs à la fois, c’était un dernier plaisir qu’ils se donnaient. […] Mérimée, même en préparant son histoire de Jules César, ne saurait demeurer sourd à ce cri universel du public : « Donnez-nous encore des Colomba ! 

574. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Si les questions de politique, par exemple, pouvaient jamais arriver à un degré d’évidence tel que la grande majorité des hommes y donnât son assentiment comme aux vérités de calcul, combien le bonheur et le repos du genre humain n’y gagneraient-ils pas ? […] Vous le saurez encore plus exactement, si vous faites entrer dans vos combinaisons la force des intérêts de chaque classe, comme en physique, l’impulsion que donne telle pente au mouvement. […] Il en serait de même des politiques ; ils ne pourraient pas dire : Telle révolution arrivera tel jour ; mais ils seraient assurés du retour des mêmes circonstances dans un temps donné, si les institutions restaient les mêmes. […] Les opinions les plus absurdes, les maximes les plus détestables entrent dans la tête des hommes, dès qu’on leur a donné la forme d’une idée générale. […] Notre organisation, le développement que les habitudes de l’enfance ont donné à cette organisation, voilà la véritable cause des belles actions humaines, des délices que l’âme éprouve en faisant le bien.

575. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Sa mère qui, veuve d’un riche procureur au Parlement, voulait qu’il devînt un avocat célèbre, lui voyant de l’aversion pour ses cahiers, les jetait elle-même au feu, et lui donnait des romans à lire. Ensuite, un jour par semaine, elle invitait quelques-unes de ses voisines et, devant elles, lui faisait rendre compte de ses lectures, persuadée que cela lui donnerait de la hardiesse et de la facilité à parler. […] Dans ce dessein, il fallut à cette époque intermédiaire des professeurs de grammaire et de rhétorique qui donnassent la loi et fixassent ses règles au langage nouveau. […] Il donna, en 1638, une traduction de l’oraison si littéraire de Cicéron Pour le poète Archias. […] « Tout cela fut trouvé fort joli. » Enfin, pour donner l’image et la représentation d’une séance complète, on passa à la lecture d’un article du Dictionnaire.

576. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Les deux patriarches s’embrassèrent, et Franklin voulut que Voltaire donnât sa bénédiction à son petit-fils. […] Ces mots de miss Shipley, qu’elle met ainsi en français, donnent bien l’idée de Franklin dans l’ordinaire de la vie. […] Tous les fous et les rêveurs semblaient s’être donné le mot pour prendre cet homme sensé qui venait de loin, pour leur confident et pour leur juge. […] Il donnait, en causant, l’envie d’appliquer ses idées, mais il ne donnait pas également à ceux qui l’écoutaient (aux Condorcet, par exemple, et aux Chamfort) son tempérament, sa discrétion dans le détail, et sa prudence27. […] Son père m’ayant prié de lui donner les avis que je croirais pouvoir lui être utiles, j’ai pris occasion de lui citer la vieille histoire de Démosthène, répondant à celui qui lui demandait quel est le premier point de l’art oratoire : L’action. — Et le second ?

577. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Mérimée donne du caractère de Boris paraît la plus vraisemblable, et on conçoit que l’historien se soit plu, non pas à le réhabiliter, mais à le dessiner. […] Hérodote, le premier, nous a donné l’histoire du faux Smerdis, de ce mage qui, à la mort de Cambyse, se fit passer pour Smerdis, fils de Cyrus, et qui régna huit mois. […] Néron, malgré ses cruautés, était populaire, et les bruits sur sa mort s’étaient fort contredits : c’était assez pour ouvrir la voie aux fourbes qui se donnèrent pour lui, et aux dupes qui les crurent. […] Démétrius, le jeune homme qui se donna pour tel, parut d’abord en Lituanie vers le temps où, par une coïncidence qui n’est pas entièrement expliquée, les Cosaques zaporogues se soulevaient en son nom. […] L’historien, selon les anciens, n’est ni un orateur ni un poète ; il n’invoquera point les Muses ; il peut mériter pourtant, comme Hérodote, qu’on donne à ses histoires les noms des Muses.

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