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915. (1930) Le roman français pp. 1-197

Au xviie  siècle, la doctrine est pure, absolument pure. […] Surtout on le découvre, malgré la doctrine de l’école, qui lui en impose, foncièrement optimiste. […] Il croira devoir à la doctrine, au « mythe », dont il a été le prophète éloquent, le créateur littéraire — le nationalisme — de le devenir, d’entrer dans « l’action ». […] Qu’on joigne à ceci un certain mouvement de réaction contre les doctrines philosophiques dont était issue la Révolution, la volonté instinctive de réagir contre ces doctrines, de revenir à la « tradition » : et quelle meilleure, plus grande et plus fidèle gardienne des traditions que l’Église, inébranlable, et, en apparence, immobile dans ses dogmes et son enseignement moral ! […] Berl, et, comme il arrive presque toujours aux révolutionnaires tant qu’ils n’ont pas vaincu, qu’ils n’ont pu imposer le credo d’une doctrine souvent plus étroite que celle qu’ils ont détruite, il mêle des exagérations, des erreurs littéraires de jugement, à de justes critiques énoncées avec férocité.

916. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Rousseau professe dans le Contrat social la doctrine impie qui impose la tyrannie de l’État jusque dans l’inviolabilité des âmes, la doctrine de l’unité de religion politique dans l’État ; sans cela, dit-il, jamais l’État ne sera bien constitué.

917. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Le maître lui-même soupira ses fausses amours en pointes fades ; mais ce qu’il y a de plus significatif, c’est que toutes les hautes parties de sa doctrine furent comme stérilisées jusqu’à Boileau, et qu’il ne fit pas école. […] Comme ils écrivent pour le monde, pour les femmes, leur public, qui méprise la science des collèges et n’est pas plié à la superstition de l’antiquité, leur inspire une doctrine, qui se trouve être essentiellement excellente : ils prennent des sujets chrétiens, donc modernes, Childebrand, Clovis, saint Louis, Jeanne d’Arc : le plus ancien est pris aux contins de l’antiquité romaine et des temps chrétiens, l’Alaric de Scudéry.

918. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

M. l’abbé Dupanloup, déjà connu par ses succès au catéchisme de l’Assomption, auprès d’un public plus exigeant en fait de jolies phrases qu’en fait de doctrine, était juste l’homme qu’il fallait pour participer innocemment à une collusion que les âmes faciles à se laisser toucher devaient pouvoir envisager comme un édifiant coup de la grâce. […] L’essentiel, en effet, dans l’éducation, ce n’est pas la doctrine enseignée, c’est l’éveil.

919. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

N’est-ce pas par l’intermédiaire de ce Français, né entre la France et l’Inde, qu’a pénétré en nous la vision la plus nette et la plus puissante des jungles où le tigre est aux aguets et l’esprit des doctrines où respire le génie endormeur de l’Inde antique ? […] Vers le même temps, Louis Reybaud étudie les nouvelles doctrines dans un livre superficiel, mais d’allure grave, que l’Académie couronne et que presque personne ne lit ; puis il les parodie dans un roman satirique qui ajoute un type à la série des êtres créés par les écrivains, êtres qui n’ont jamais vécu et qui sont cependant pour nous aussi vivants, aussi réels que les personnages de l’histoire : c’est Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale.

920. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

L’Orphisme puisait, en partie, ses doctrines dans le répertoire chaotique des vieilles religions orientales. […] La doctrine de l’horrible secte était la sanctification de l’infamie, le mysticisme du crime.

921. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

M. de Sacy, père de famille, fils d’un père très religieux, et religieux lui-même, à demi platonicien autant qu’il sied à un admirateur déclaré de Cicéron, ayant en lui, dans sa nature modérée et sensée, de beaux restes et comme des extraits mitigés de toutes ces hautes doctrines, M. de Sacy, homme pratique et de mœurs domestiques vertueuses, a lu les Maximes, et, en les admirant littérairement, il en a souffert dans sa sensibilité : « Ma répugnance est invincible, dit-il ; je tiens les Maximes pour un mauvais livre.

922. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Un critique spirituel et sensé le remarquait à propos de la musique d’Auber, en parlant d’un de ses derniers opéras qui avait fort réussi : « Pour remporter ce succès avec une œuvre si élégante et si claire, un style si aimable et si charmant, il a fallu, disait-il, un très grand talent et un très grand bonheur ; car aujourd’hui, par la pédanterie qui court, par les doctrines absurdes qu’on voudrait accréditer, par l’ignorance et l’outrecuidance de quelques prétendus savants, la clarté, la grâce et l’esprit sont un obstacle plutôt qu’un avantage… Le beau mérite que d’entendre et d’admirer ce que tout le monde admire et comprend ! 

923. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan, après ces deux années d’Issy, vint, pour son cours de théologie, au séminaire de Paris, et c’est là qu’en voyant se dérouler crûment et carrément devant lui la théologie scolastique, cette vieille doctrine de saint Thomas « remaniée et triturée par vingt générations sorboniques », son sens critique, déjà éveillé, se révolta : il n’y put tenir ; tant d’objections imprudemment posées, et qu’une logique robuste ou subtile se flattait à tout coup d’abattre, tant et de si rudes entorses données à la vérité historique le venaient relancer, malgré sa prudence, et le forcèrent enfin à sortir de derrière ses retranchements.

924. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poète préféré : on lui adresse son admiration, on, lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?

925. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Sûrement vous ne fumez pas, sans quoi je vous prierais de me dire bien franchement ce qu’il en est de cette doctrine, et si elle est fondée en raison… » Malgré cette fatigue d’organes, il ne travaillait pas moins, quoi qu’il en dît ; il ne travaillait que plus, et comme s’il eût voulu combler les instants.

926. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Ce sont là d’heureuses inconséquences dont nous le félicitons, et dont nous ne félicitons pas moins son auditoire ; les saillies du maître rectifient souvent sa doctrine dans l’esprit des disciples.

927. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Mais en France, la force, en recourant à la terreur, a voulu cependant y joindre encore une espèce d’argumentation ; et la vanité de l’esprit s’unissant à la véhémence du caractère, s’est empressée de justifier par des discours les doctrines les plus absurdes et les actions les plus injustes.

928. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

D’autre part, dans un État qui peu à peu se dépeuplait, se dissolvait et fatalement devenait une proie, il avait formé une société vivante ; guidée par une discipline et des lois, ralliée autour d’un but et d’une doctrine, soutenue par le dévouement des chefs et l’obéissance des fidèles, seule capable de subsister sous le flot de barbares que l’Empire en ruine laissait entrer par toutes ses brèches : voilà l’Église. — Sur ces deux premières fondations, il continue à bâtir, et, à partir de l’invasion, pendant plus de cinq cents ans, il sauve ce qu’on peut encore sauver de la culture humaine.

929. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

L’écrivain qui se fait lire est un inconnu : l’amitié, le respect n’insinuent point ses doctrines dans l’esprit du lecteur ; il n’a pas même l’avantage si puissant de la simple présence et l’autorité physique de la voix et du regard.

930. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Quand on s’en tient aux faciles raisonnements de Locke, quand nos gens qui ne s’effraient guère veulent devant Spinoza, non pas devant la hardiesse, mais devant la profondeur de sa doctrine, et craignent de s’y casser la tête, Diderot, sans façon, sans fracas, s’assimile le dur, le grand système de Leibniz : et il n’y a pas d’autre raison, je le crois bien, qui lui ait donné en France la réputation d’être une tête allemande.

931. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

J’en connais — et d’illustres — qui n’ont jamais fait autre chose que chercher dans les auteurs des passages conformes à leurs jugements préconçus, et qui pouvaient leur servir à construire l’édifice sévère de leur doctrine.

932. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Ce livre n’est point une œuvre d’observation, ou du moins l’observation n’y fournit que des arguments complaisants à l’appui d’une doctrine.

933. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Quant aux dissertations philosophiques d’un Fabre d’Olivet ou d’un Louis de Saint-Martin, on les classera parmi les doctrines et les recherches.

934. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Cette doctrine n’a d’individualiste que le nom.

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