VII Ces dialogues ont cependant de grands défauts, qui semblent tenir au génie un peu verbeux de la Grèce, et au génie un peu sophistique de Platon, plus qu’à l’âme naturellement ouverte, simple, sincère et courageuse de Socrate. Parmi ses défauts, je noterai d’abord leur forme même, qui embarrasse, distrait, interrompt, ralentit sans cesse l’argumentation. […] IX Un troisième défaut plus grave des Dialogues, défaut qui touche au fond même de l’enseignement de la vérité aux hommes, c’est le procédé d’argumentation employé par Socrate dans Platon, pour enseigner ses disciples. […] Et, en effet, ce défaut de Socrate et de Platon tient aux défauts du temps et du peuple d’Athènes.
… beau défaut de la jeunesse qui ignore la destinée ; à cela près, elle était accomplie. […] XIII Madame Gay, aussi étincelante au moins d’esprit que sa fille, bonne, tendre, généreuse, héroïque de passion et de courage, fidèle à ses amis jusque sous la hache, cœur d’honnête homme dans la poitrine d’une femme d’un temps corrompu, n’avait qu’un défaut. Ce défaut était un excès de nature qui lui faisait négliger quelquefois cette hypocrisie de délicatesse qu’on appelle bienséance. […] Son âme, chargée de premiers mouvements, était pleine d’explosion ; dans les éruptions de son cœur elle brisait tout, elle faisait scène, elle choquait les scrupules ; elle scandalisait les pusillanimités de salon : c’était son seul tort ; mais ce tort était racheté par tant de vigueur de sentiment et par tant d’élégance de conversation, qu’on lui pardonnait tout, et qu’on finissait par aimer en elle jusqu’à ses défauts. […] Le seul défaut de ses vers, nous le répétons, c’est l’excès d’esprit ; l’esprit, ce grand corrupteur du génie, est le fléau de la France.
Walckenaer, et qui n’a qu’un défaut, c’est de n’être pas finie : il y manque les années de Saint-Évremond à l’étranger. […] La flamme chez lui est absente, l’étincelle sacrée fait défaut, et son régime, il faut en convenir, n’eût guère été efficace à l’entretenir ou à l’allumer. […] Les défauts premiers de la manière de Racine sont bien saisis : le poëte prête trop de tendresse aux anciens héros ; il les fait trop amoureux, trop galants, trop Français : Saint-Évremond a trouvé déjà toutes ces critiques, tant répétées depuis. […] On sait sa jolie dissertation sur le mot Vaste, qu’il tient à ne prendre que dans l’acception d’un défaut.
A défaut de chants héroïques perdus, on a plusieurs vieilles chansons familières, piquantes ou touchantes, et demeurées populaires à travers les âges. […] Voici, j’imagine tout spécieusement d’après lui-même, de quelle façon il s’y est pris pour atteindre à cette difficile perfection : « Il s’agit, dit-il14, d’apprendre notre langue à fond, d’en pénétrer le génie, d’en connaître les ressources, d’en apprécier les qualités et les défauts, de nous l’approprier dans tous les sens ; et ne me sera-t-il pas permis d’ajouter (puisque je parle du français et que j’en parle en vue de la culture vaudoise) que le français est pour nous, jusqu’à un certain point, une langue étrangère ? […] Vinet en général, là encore où il est le plus parfait, quelques défauts essentiels à relever, et qui tiennent au procédé même par lequel les qualités se sont acquises ou accrues. […] J’ai dénoncé tous les défauts parce que M.
Le défaut de La Bruyère, c’est d’avoir trop d’art. […] Fénelon le fit quand Saint-Cyr n’existait pas encore : il est ainsi l’un des fondateurs chez nous de l’éducation des filles Son traité est une œuvre exquise de jeunesse, solide et fine, où se révèle une sûre intuition de l’âme féminine, de ses défauts et de ses qualités, et des moyens de la prendre. […] Après une étrange et bien fausse critique de notre système de versification, où apparaissent les limites de son sens artistique, Fénelon signale le défaut général de la poésie moderne : le trop d’esprit. […] Le défaut subsistant et facile à dire, c’est que je tiens à moi, et que l’amour-propre me décide souvent. » Oui il tenait à soi, à ne s’en pouvoir déprendre jamais.
Pour moi, je crois que les qualités extraordinaires de la langue russe sont en partie la cause d’un défaut fréquent chez les auteurs qui en font usage avec le plus d’habileté. […] J’insiste sur ce défaut national de la littérature russe, parce que malgré les exemples et les tentations, Pouchkine n’y a jamais succombé. […] Chez Pouchkine la verve ne fait pas défaut assurément, mais elle est accompagnée d’un goût sévère et d’un désir de la perfection que le « travail de la lime » limæ labor, ne rebute pas. […] Eugène Onéguine est un joli garçon de Saint-Pétersbourg, atteint de tous les défauts de sa génération, mais ayant au fond du cœur quelque chose d’élevé et même une certaine dose de philosophie.
C’est, je pense, une détermination opiniâtre à blâmer contre toute justice, ou à louer sans aucun fondement ; c’est une prévention décidée qui ne permet de voir dans un Ouvrage que les défauts ou les bonnes qualités ; c’est juger plutôt l’Ecrivain que l’Ecrit ; c’est être enfin volontairement injuste : or, si je prouve qu’aucune de ces dispositions n’a dirigé mes jugemens, il sera démontré que ceux qui m’accusent de partialité ignorent ou feignent d’ignorer la véritable signification de ce terme. […] Si je n’ai pas cédé aux clameurs de mes ennemis, qui ne défendoient que les principes & les défauts contre lesquels j’ai dû m’élever sans cesse, j’ai senti combien il étoit doux pour moi de déférer aux critiques justes & honnêtes de quelques amis, qui n’ont voulu que m’éclairer & m’encourager. […] Oui, je suis Abbé [je veux dire, tonsuré], & je lis les Pieces de Théatre : je les lis, non pas comme ces Esprits superficiels à qui une légere broderie fait oublier les défauts du fond ; non pas comme ces Lecteurs humoristes que quelques pensées aussi fausses que hardies transportent, & qui ne peuvent être émus que par la bizarrerie & la surcharge ; non pas comme ces Panégyristes aveugles qui transforment en beautés les défauts, & immolent à leur prévention le goût & le bon sens ; non pas comme ces Journalistes à gages, qui ravalent des Grands Maîtres de la Scene, pour célébrer les intrus qui y rampent loin d’eux ; non pas enfin comme tant de petits Abbés frivoles, dignes échos des fatuités du siecle, comme ils en sont les parfaites images.
Pour cela, il faut organiser un certain nombre de termes usuels en une combinaison nouvelle ; les qualités et les défauts de la formule dépendent du choix des termes et de l’ordre dans lequel ils sont groupés ; une formule parfaite serait celle qui éveillerait nécessairement dans tout esprit exercé l’idée même dont les destinées lui sont confiées par le penseur. […] Ce processus a eu un premier terme, qui était en apparence contemporain de la première conception de l’idée : une expression provisoire, soit trop brève, soit inexacte, soit équivoque et obscure, soit entachée de plusieurs défauts en même temps, nous était venue tout d’abord à l’esprit. […] Quand je cherche l’expression d’une pensée ou le sens d’une phrase, j’appelle mes pensées d’autrefois au secours de ma pensée du moment ; si jadis elles ont été formées au hasard, sans attention, sans discrimination, je ne gagne rien à ce réveil d’un passé sans valeur, et, si je les reçois passivement, je risque d’accroître par une confusion nouvelle les défauts déjà invétérés de mon esprit. […] La mémoire, par exemple, a ses caprices, encore mal expliqués : bien souvent, les noms propres font défaut à l’appel de la pensée ; nous savons pourtant qui nous voulons nommer : son caractère, sa taille, sa profession, ses parents, ses opinions politiques, son vêtement habituel, tout ce qui constitue pour notre esprit la personnalité de l’anonyme, est synthétiquement présent à la conscience ; le nom seul est absent ; il nous revient plus tard, quand nous l’avons cherché, ou de lui-même quand nous ne le cherchons plus.
Aussi, à défaut du coulant d’un Voltaire, de l’harmonie d’un Bernardin ou d’un Fénelon, et s’il n’a presque jamais ce qui chante, il a ce qui accentue et ce qui saisit. […] À d’autres endroits de ses écrits, et tout en reconnaissant avec vérité les défauts habituels au caractère du paysan, il est revenu encore sur la part de solide bon sens qu’il trouve en plus grande mesure chez eux que dans les autres classes : « Ceci se marque bien dans leur langage, ajoute-t-il, qui est clair, discret, et d’une constante propriété. […] La sympathie, sans lui faire défaut, y est mêlée de quelques tons qui crient.
En un mot, l’esprit si fin et si pénétrant, si athénien et si chrétien tout ensemble, de Fénelon, jugeant le talent des autres, même lorsque ce talent était le plus solide et le mieux établi, y voyait tous les défauts qu’un goût délicat peut seul ressentir, et il les eût voulu éviter. […] Je le prie de tout mon cœur, madame, de vous ôter non seulement vos défauts, mais encore ce goût de grandeur dans les vertus, et de vous rapetisser par grâce. […] [NdA] Il aurait pu également lui dire ce qu’il écrivait à la duchesse douairière de Mortemart (11 octobre 1710), sur cette habileté à voir et à reprendre les défauts de ceux qui nous entourent : C’est par imperfection qu’on reprend les imparfaits.
À les lire aujourd’hui, on a besoin, pour en comprendre tout le succès, de se replacer en scène, au vrai point de vue, et de se représenter cet auditoire mobile, sensible aux moindres allusions, avide de connaissances faciles, riche d’espérances en tout genre, des plus complaisants à l’admiration, et qui savait très bien s’éprendre d’une correction ornée à défaut d’une plus haute éloquence. […] Je touche à un défaut littéraire grave dans la manière de Vicq d’Azyr : son goût n’est pas toujours très sévère, ni très sain ; il sacrifie à la fausse sensibilité. […] C’est par des exemples qu’il y a ainsi moyen de rendre sensible à tous l’ensemble de mérites et de défauts qui fait le cachet du style académique de Vicq d’Azyr et qui tient à la date en même temps qu’à l’homme.
Ce n’est pas, à cette heure, que je ne lui trouve bien des défauts hors de ce feu et de cet air poétique qu’il possédait naturellement, car on peut dire qu’il était sans art et qu’il n’en connaissait point d’autre que celui qu’il s’était formé lui-même dans la lecture des poètes grecs et latins, comme on le peut voir dans le traité qu’il en a fait à la tête de sa Franciade. […] C’est là un défaut de jugement insupportable de n’avoir pas songé au temps où il écrivait, ou une présomption très condamnable de s’être imaginé que, pour entendre ce qu’il faisait, le peuple se ferait instruire des mystères de la religion païenne. Le même défaut de jugement paraît dans son grand ouvrage, non seulement dans ce menu de termes et matières inconnues à ce siècle, mais encore dans le dessein, lequel, par ce que l’on en voit, se fait connaître assez avoir été conçu sans dessein, je veux dire sans un plan certain et une économie vraiment poétique, et marchant simplement sur les pas d’Homère et de Virgile, dont il faisait ses guides, sans s’enquérir où ils le menaient.
Le charmant portrait que Voltaire a tracé du héros de Denain dans Le Siècle de Louis XIV est bien plus celui qui nous semble juste, sauf l’indispensable teinte de flatterie, laquelle encore est si transparente qu'elle laisse bien apercevoir les défauts. […] Il n’y dit jamais de mal de lui, mais dans le bien qu’il en raconte, dans ses récits les plus avantageux, il y a tant d’esprit, de gaieté, de bons mots joints à l’action, de belle et vaillante humeur française, il est si bien un héros de notre nation, que ses défauts cessent d’y déplaire. […] À défaut d’affaire générale et de bataille, il y eut des escarmouches, des partis, et Villars, pratiquant plus que jamais le conseil de son cousin, fit de ces expéditions et de ces aventures, qui tournèrent bien.
Le prodige est qu’en très peu de temps la dévotion et la grâce en firent un autre homme, et changèrent tant et de si redoutables défauts en vertus parfaitement contraires… » Saint-Simon, en d’autres endroits, ajoute des détails encore plus significatifs sur les fougues et les passions du jeune prince, ses instincts précoces de libertinage, ses penchants effrénés pour toute espèce de volupté, son goût même pour le vin, son infatuation de lui-même et de ce qu’il était né, et son parfait mépris de tout ce qui l’entourait : — tout cet abîme enfin, d’où il sortit après des années un autre homme au moral, méconnaissable en bien et régénéré. […] Voici un portrait que son précepteur a fait de lui, et qu’il lui a mis sous les yeux pour lui faire honte de ses défauts. […] Au reste, l’abbé Proyart, dans son élégante et louable Histoire du duc de Bourgogne (1782), tout en indiquant les défauts, ne les avait pas non plus assez gravés et mis en relief.
Ce qu’il faut dire à son éternel honneur, c’est qu’il partit prévoyant sa fin, ne se faisant pas plus illusion alors que le premier jour sur le caractère et les défauts de ceux qu’il allait servir, s’étant tout dit sur les lenteurs et les misères de tout genre inhérentes à une telle entreprise : « Je n’ai pas de bourdonnement poétique aux oreilles, je suis trop vieux pour cela ; des idées de ce genre ne sont bonnes que pour rimer. » — « Je ne m’aveugle pas sur les difficultés, les dissensions, les défauts des Grecs eux-mêmes ; mais il y a des excuses pour eux dans l’âme de tout homme sensé. […] Il y a, me dit-on, en Italie à cette heure, à défaut d’un grand ministre dirigeant, une épidémie de bon sens et de sens commun dans toute ]a nation : heureuse et vraiment merveilleuse affection des esprits, qui suppose un peuple de rare qualité et déjà mûr !
Il y a une morale humaine supérieure même à la morale légale, là où celle-ci ferait défaut. […] Au lieu de fulminer contre les défauts du poète, ces défauts qui sautent aux yeux, pourquoi ne pas nous intéresser à lui ?
Il propose de remédier aux excès du théâtre à l’aide d’un censeur d’office ; il souhaiterait ce censeur pour les romans aussi, pour les livres de chevalerie : il est si sérieux en parlant de la sorte, qu’il trace d’après un canevas-modèle le plan d’un roman de chevalerie exemplaire qui aurait les mérites du genre sans les défauts, qui permettrait de personnifier dignement toutes les qualités morales, toutes les vertus, d’introduire dans une trame variée toutes les vicissitudes d’événements, toutes les aventures tragiques ou joyeuses, de décrire toutes les merveilles, y compris celles de la magie, de prendre tous les tons. […] Railler l’idéal, ce serait là le défaut de Cervantes ; mais ce défaut n’est qu’apparent ; regardez bien : ce sourire a une larme ; en réalité, Cervantes est pour Don Quichotte comme Molière est pour Alceste.
C’est là un beau défaut, convenons-en, au milieu des vices du xviiie siècle. […] Dans toute la première partie de la campagne, qui se termine à la victoire d’Hastenbeck, le maréchal d’Estrées lutte contre les difficultés qui naissent de la nature du pays, du défaut des subsistances, et du propre désordre de son armée, surchargée d’officiers généraux inutiles, d’équipages fastueux et parasites. […] M. de Gisors était guéri, je l’ai dit, de tous les défauts de sa famille, de la vanité, du vaste, de l’indéfini.
Il s’agit de trouver quatre sentiments, passions, vices, vertus, qualités, défauts, etc., dont les deux premiers soient entre eux dans le même rapport que les deux derniers. […] Sur l’amour, sur le mariage et sur les défauts qui se trahissent surtout dans les relations mondaines, son expérience peut aller plus loin que la nôtre. […] À certains moments, ils se précipitent d’un tel train qu’on n’entend plus que leur bruit sans en concevoir le sens ; c’est assurément un défaut que mon parti pris d’extase ne saurait m’empêcher de reconnaître.
Il n’avait pas seulement ce qu’on peut appeler la dureté de l’âme générale et l’inhumanité, défaut commun chez les écrivains et les personnages célèbres de son temps, seul défaut saillant d’un siècle où bien décidément le caractère et l’esprit français ont atteint leur point de perfection et d’équilibre. […] Weiss) ne trouvons-nous point, à défaut d’une doctrine dont je ne regrette nullement l’absence, des sentiments plus persistants que les autres, des préférences ou des antipathies particulièrement tenaces ?