Il leur faudrait chercher longtemps et beaucoup pour être simples… Baudelaire avait un esprit ainsi fait, et, là où la critique a voulu voir le travail, l’effort, l’outrance et le parti pris, il n’y avait que le libre et facile épanouissement d’une individualité. […] En effet, il est surprenant de penser qu’on le conteste encore, que les critiques le dénaturent, que les anthologies le négligent, qu’on le tient tout au plus pour un poète étrange, malsain, stérile en tout cas. […] Maurice Le Blond Un fort méchant poète, qui nous a laissé pourtant d’excellentes critiques — Charles Baudelaire… [La Revue naturiste (mai 1900).]
Il n’est pas de ceux qui, sous prétexte de cœur, de sincérité et de passion, se confient à ce qu’ils appellent l’inspiration, et arrivent trop souvent au délire, n’étant pas doublés d’un critique. […] Elles enchantent l’imagination et satisfont le sens critique. […] Pierre Quillard L’un des plus stupides reproches que l’on eut coutume d’adresser à cette œuvre fut d’alléguer qu’elle n’allait pas au-delà d’une facile beauté extérieure et purement formelle, et que toute véhémence et toute vie lui faisaient défaut ; et c’était un jeu familier à la basse critique de comparer les poèmes de Leconte de Lisle à de froides images de marbre que nul Prométhée n’aurait animées du feu divin.
IV La science n’a d’ennemis que ceux qui jugent la vérité inutile et indifférente et ceux qui, tout en conservant à la vérité sa valeur transcendante, prétendent y arriver par d’autres voies que la critique et la recherche rationnelle. […] Je crois qu’il y a dans les âmes du XIXe siècle tout autant de besoins intellectuels que dans celles d’aucune autre époque, et je tiens pour certain qu’il n’y a jamais eu autant d’esprits ouverts, à la critique. […] Les âmes religieuses et pures les comprennent ; et le philosophe les admire, comme toute manifestation énergique d’un besoin vrai, qui s’égare faute de critique et de rationalisme.
Bref, on accomplit tout un travail de critique historique dont les règles sont aujourd’hui connues. […] Ce n’est pas à dire que les renseignements ainsi recueillis soient à l’abri de toute critique. […] La critique scientifique, p. 65.
Mais il est toujours temps pour la critique de dire son mot sur un livre qui doit rester. […] Ajoutons que cette place éminente, l’abbé Huc ne la devra pas uniquement aux circonstances de sa vie et à l’acquis de son voyage, mais à des qualités personnelles que la Critique ne peut oublier. […] Comme ils le font tous, quand il le faut, ces admirables possesseurs d’eux-mêmes et de la lumière, il y tait ses contemplations intérieures, et la critique est d’autant plus à l’aise vis-à-vis de lui qu’il n’a voulu faire qu’un livre de voyage et d’histoire, et qu’il a traité le public français comme il avait traité le public chinois, quand il ne craignit pas de revêtir la magnificence orientale et quand ces humbles pieds, dont il est dit dans nos livres saints : « Qu’ils sont blancs et beaux, les pieds des envoyés du Seigneur !
… Mais, s’il perd encore la partie, il faut au moins que la Critique, qui aime le talent partout où il est et qui doit le montrer aux autres, sous peine de n’être qu’une grande sotte à vue basse, il faut que la Critique dise bien haut que la carte était belle et qu’il n’y avait ni obstination, ni infatuation, ni même présomption à la jouer. […] Dans un tel état de choses, la Critique n’a donc pas à se préoccuper des probabilités d’une thèse qui perd son caractère en perdant sa rigueur.
Quel critique enfin a signalé au public, d’une façon quelconque, l’existence d’une traduction qui met à sa portée une œuvre littéraire comptée au premier rang dans la littérature espagnole, et qui, de plus, lui fait connaître une de ces prodigieuses individualités, comme on dit maintenant, d’autant plus curieuse qu’elle est inexplicable à la sagacité purement humaine de l’Histoire, mais dont, pour cette raison peut-être, l’Histoire aime peu à s’occuper. Probablement, sur un tel sujet la Critique a pensé comme l’Histoire. […] De pitié pour tant de scrupules, le xixe siècle lèvera les épaules, ses épaules chargées d’iniquité, et passera outre, sur ces atomes grossis, comme un aveugle marcherait sur de fines perles, et il sourira de l’innocence de la Sainte, et peut-être de la rouerie paradoxale du critique qui voudrait la faire admirer !!!
Je comprends qu’on soit le disciple d’un homme, mais le disciple de plusieurs sociétés n’est pas aussi aisé à admettre, et quand il ajoute, pour être plus clair et pour n’arriver qu’à être plus vague : « de la partie de ce siècle sur laquelle les Apôtres eux-mêmes ont exercé leur direction », je ne comprends plus du tout, ou plutôt je comprends que le protestant Gasparin n’est que le disciple de lui-même, et que sa foi religieuse ne relève que de sa critique, de la partie du siècle dont il se dit le disciple, et de sa propre interprétation… La personnalité protestante du comte de Gasparin est si large, si forte et si absorbante, qu’il n’admet que celle de Dieu vis-à-vis de la sienne. […] Ici, la Critique purement littéraire reprend ses droits, et il me tardait qu’elle les reprît ! […] Les sermonnaires, s’ils sont dignes de leur fonction, ne relèvent nullement de la Critique littéraire.
Est-ce que, pervers ou vertueux, tout ce qui a jamais écrit quatre lignes d’histoire ne s’est pas toujours réclamé de la vérité et de la justice, et la critique a-t-elle le temps ou la puissance d’écouter ces trop naïves ou trop rusées déclarations ? […] La loi que la critique, qui veut conclure, selon l’instinct naturel à l’homme, doit appliquer aux historiens, est la même que les historiens appliquent aux hommes historiques, et cette loi, c’est le résultat ! […] La loi que la critique appliquera donc au P.
La Critique, positive comme l’Histoire, et qui, pour l’instant, tient en sa possession les poésies complètes et avouées de Banville, en d’autres termes toute sa moisson poétique de 1841 à 1854, vannée, triée par lui et engrangée pour l’immortalité, s’il y a lieu, la Critique a bien moins à se préoccuper des chances d’un avenir incertain qu’à juger des efforts accomplis et du talent prouvé par l’œuvre même. […] Privés de renseignements et d’objets de comparaison, les critiques futurs prendraient pour de l’invention ce qui n’est qu’imitation et souvenir.
Le livre est là… Ces lettres de tant d’âme ont été envoyées à l’impression comme de la copie littéraire, et le cœur a beau me saigner de faire de la critique sur un pareil livre, de disséquer une vivante d’hier, — si ce n’est même pas une vivante d’aujourd’hui, — je suis bien obligé de vous en parler. […] Alors, encore, ce qui était facile à la Critique quand il s’agissait des combinaisons d’un roman, devient extrêmement difficile lorsqu’il faut rendre compte de cette adorable chose qu’on appelle des lettres d’amour, pour en faire apprécier intégralement la délicate et opulente beauté… Il n’y a plus là, en effet, ni plan qu’on puisse saisir, ni mise en œuvre, ni drame, ni visée d’art quelconque, mais seulement les tendresses et les transports d’une âme exceptionnelle, dépaysée par sa supériorité dans un temps de civilisation excessive, où l’amour, tel qu’il est dans ces lettres, a presque cessé d’exister. […] L’une a grandi jusqu’à son niveau son triste monsieur de la Gervaisais, comme l’autre son triste monsieur d’Oult, son Virgile d’Oult, comme elle l’appelle, et ni l’une ni l’autre ne se doutaient qu’un jour, devant la Critique qui n’a pas, elle, les illusions de l’amour, les hommes de leur rêve apparaîtraient dans leur chétive réalité.
Notre objet n’est pas d’en essayer la critique d’ensemble. […] Il se promène en amateur autour des ateliers, ingénieux quelquefois à la critique, sans outil quelconque ni main d’ouvrier pour s’en servir. […] Car, non contente des dehors, l’audace de sa critique perce à l’intime des mœurs. […] Émile Hennequin, La critique scientifique. […] Voir dans le Correspondant du 25 janvier 1892, p. 253, la belle page d’un critique anonyme sur Maupassant peintre de l’eau.
Ces trois œuvres attirèrent tout de suite l’attention ; mais les tendances communes qu’elles révélaient inspirèrent déjà à la critique une inquiétude qui devait bientôt se changer en hostilité. […] Autant ses débuts avaient été bruyants, autant sa carrière devint silencieuse, et sa vie s’écoula dans une intimité que la curiosité des critiques n’a presque aucune raison de troubler. […] Nulle critique ne pourrait le deviner. […] Serao et quelques autres, il faut toute la bonne volonté de la critique, amie par nature des généralisations qui simplifient sa besogne. […] Parmi les critiques français qui se sont déjà occupés de la question, je signalerai M.
Cependant quelques esprits dont c’est la forme favorite et la propension intérieure n’ont pas cessé d’écrire des réflexions morales, des pensées : nous autres critiques, à qui l’on s’ouvre volontiers de ses désirs ou de son faible, et qu’on traite confidentiellement comme des directeurs ou des médecins, nous recevons beaucoup de livres dont le public n’est pas informé, et qui nous montrent que la série des principaux genres a sa raison dans le jeu naturel et dans le cadre permanent des facultés. […] Je demande pardon au lecteur de revenir ainsi sur un détail qui est de peu d’importance : pourtant, nous autres critiques qui n’avons que notre jugement, nous devons tenir à ne point paraître nous être trompés du tout au tout sur le caractère d’un ouvrage nouveau.
J’ai voulu fournir à de jeunes esprits l’occasion de réfléchir sur les moyens par lesquels ils pourront donner à leurs écrits la bonté qu’ils ont dû rêver souvent et désespérer d’atteindre, sur les meilleures et plus courtes voies par où ils pourront se diriger à leur but et nous y mener ; leur inspirer des doutes, des scrupules, des soupçons d’où leur méditation pourra tirer ensuite des principes et des certitudes, sur toutes les plus importantes questions que l’écrivain doit résoudre et résout, bon gré mal gré, sciemment ou non, par cela seul qu’il écrit d’une certaine façon ; donner le branle enfin à leur pensée, pour que, s’élevant au-dessus de l’empirisme, ils cherchent et conçoivent la nature et les lois générales de l’art d’écrire, pour qu’ils développent en eux le sens critique, et que, mettant la conscience à la place de l’instinct, ils arrivent à bien faire en le voulant et en le sachant. […] Bouhours, c’est-à-dire qu’il enseigne à juger les écrivains et à faire la critique des livres.
La critique de Boileau, par exemple, et celle de Voltaire, sont inséparables de la notion de la tragédie racinienne. J’ai aussi essayé de classer ces sources, et de les distribuer d’une manière qui en fût la critique, mais cette classification est trop imparfaite encore, — et c’est pourquoi je n’y insiste pas.
— n’existe plus, on verra sur-le-champ s’élever contre nous une insurrection d’amours-propres, tout autant que quand nous disons que la critique n’existe pas en France et que nous le prouvons, de la plus humble manière, par de la statistique et des faits. […] Voilà ce qu’il importe, à nous critiques, de connaître !
Des hérésies étranges se sont glissées dans la critique littéraire. […] Il y a encore dans cette critique légèreté, irréflexion. […] Il serait prodigieux qu’un critique devînt poëte, et il est impossible qu’un poëte ne contienne pas un critique. Le lecteur ne sera donc pas étonné que je considère le poëte comme le meilleur de tous les critiques. […] Diderot, Goethe, Shakespeare, autant de producteurs, autant d’admirables critiques.
Mais ne le trouvez-vous pas, vous tous qui êtes au courant de la critique théâtrale et du feuilleton dramatique contemporain ? […] Il n’avait pas mis moins de six ans de sa vie à ce travail d’exacte et minutieuse critique. […] Mézières : « Sarcey est tout simplement en train de devenir notre premier critique de théâtre. » 166. […] Avec les différences d’application qui tiennent à l’individualité des esprits, on y sent les fruits d’une même méthode, d’une même culture critique saine et sûre. […] Bossuet orateur Études critiques sur les Sermons de la jeunesse de Bossuet (1866). — Il eût été plus exact d’intituler le livre : Bossuet prédicateur ; car tout l’orateur est loin d’être compris dans cette Étude.
Un abondant commentaire critique a élucidé son art et sa vie. […] Il y parviendra sûrement, puisqu’il a pu, à regarder vivre Balzac, ne pas se laisser étourdir et ne rien perdre de sa faculté critique. […] Triple début de critique, de romancier et de poète. […] Ces soucis qui avaient asservi Edgar Poe aux besognes du journalisme ramenèrent également Baudelaire à la critique. […] Vous n’avez pas, d’ailleurs, tout à fait tenu votre promesse et quelques-uns de ses monuments n’ont pas échappé, à votre critique.