Necker, et prépara la Révolution française, sans être philosophe ni novateur. » Protégée et abritée jusqu’au sortir des plus affreux malheurs sous l’aile de son excellente mère, la jeune Clary, dans une profonde retraite de campagne, prolongeait, près de sa sœur cadette236, une enfance paisible, unie, studieuse, et abordait sans trouble la tendre jeunesse, ne cessant d’amasser chaque jour ce fonds inappréciable d’une âme sainement sensible et finement solide : telle la nature l’avait fait naître, telle une éducation lente et continue la sut affermir. […] Mariée dès seize ans, et par affection, à M. de Rémusat, ancien magistrat de cour souveraine237, elle trouva en cet époux du double de son âge un guide instruit, un ami sûr, et entre sa mère, sa sœur et lui, durant les premières années de son mariage, elle continua sa vie de retraite, de bonheur caché et de culture intérieure. […] M. de Rémusat continuait de remplir le sien près de l’Empereur avec plus d’exactitude et de conscience que d’empressement. […] Cette vie de province, qui n’était pas d’ailleurs sans d’assez fréquents retours, laissait à Mme de Rémusat plus de loisirs ; elle ne continuait pas moins de participer au mouvement le plus intime de Paris par la précocité de son fils, qui entrait alors dans le monde, et qui correspondait de tout avec sa mère.
Je continue sans doute de faire mes réserves, et je demeure récalcitrant ou, si l’on veut, classique sur quelques points ; mais en lisant certaines Chansons de geste, en étant obligé par profession de les étudier, de les analyser et de les démontrer à d’autres, comment n’en pas venir à en apprécier la matière, à en admirer le jet et la sève ? […] Et, même sans sortir de chez nous, du moyen âge à ce temps-ci, de Rutebeuf à Béranger, par Villon, Rabelais, Marguerite de Navarre, Bonaventure Des Périers, etc., la veine est visible et continue ; la race gauloise est demeurée en ce sens fidèle à elle-même, — plus fidèle dans ces choses de la malice et du rire que dans la poésie élevée et généreuse. […] Quoi qu’il en soit de ces meilleures veines entremêlées et persistantes, et de quelques honorables exceptions qui retardent sur le siècle, telles que la Chronique rimée de Du Guesclin et le Combat des Trente, ce fragment épique du plus rude et du plus grand caractère, ce poème d’honneur qui nous rappelle le ton de la Chanson de Roland, la décadence durant tout le xiv e siècle se continue et, qui pis est, elle s’ignore, elle s’applaudit, elle foisonne et se diversifie à plaisir en toute sorte de subtilités et de fausses gentillesses. […] Du Bellay, dans son séjour à Rome, et déjà découragé, a fait d’excellentes et de savoureuses poésies ; Ronsard déjà lassé, et sur une corde un peu détendue, a trouvé ses meilleurs accents ; il a composé après 1555 mainte pièce qui échappe presque entièrement à tous les reproches que l’on continue de lui adresser et qu’il ne mérita qu’à ses débuts.
Cependant sa moralité militaire avait à souffrir à la vue des désordres, suite de la victoire ; il y eut en effet de grands excès commis après tant de privations, à l’arrivée dans ces riches plaines, à l’entrée dans la terre promise : La richesse du pays rend à notre armée son amour du pillage, et je fais peste et rage auprès du général en chef pour faire fusiller quelques coupables ; car je prévois de grands malheurs si elle continue. […] Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur.
Au commencement du mois de mai 1737, un jeune homme et une jeune femme arrivent à Vevey, dans le canton de Vaud, et là, au bord du beau lac, interrompant leur voyage, ils font choix d’une habitation élégante et rustique ; ils continuent, durant des années, d’y vivre dans l’amour fidèle, dans l’admiration de la nature et l’adoration du créateur. […] Fortoul va continuer sa série de romans dans la même voie morale.
Tout ce dont nous avons connaissance directement, nous pouvons l’observer directement70. » « Les successions des phénomènes mentaux ne peuvent être déduites des lois physiologiques de notre organisation nerveuse ; et nous devons continuer à chercher longtemps encore, sinon toujours, toute la connaissance réelle que nous pouvons en acquérir dans l’étude directe des successions mentales elles-mêmes. » « Il existe donc une science de l’Esprit, distincte et séparée. […] Cette manière d’interpréter les phénomènes de l’esprit, continue M.
Le règne des maîtresses continua. […] Après le mariage de la princesse, il continua à intriguer près d’elle.
Le théâtre de Maurice Magre continue le romantisme wagnérien, les autres pièces, toutes historiques — on le remarquera — ont des orientations différentes. […] Il n’a qu’à continuer.
Aussitôt que, par Richelieu qui continue Louis XI, et par Louis XIV qui Continue Richelieu, l’unité politique est réalisée, — l’unité littéraire se fait, la centralisation littéraire (avec Paris, ou Versailles qui est alors le pseudonyme de Paris), la centralisation littéraire existe ; le seizième siècle, puis le dix-septième siècle, se lèvent, — la littérature française est née !
Mais je ne conçois point ce choix arbitraire et raisonné, dans nos anciennes illusions : les unes sont impitoyablement condamnées, et l’on voudrait continuer d’accueillir encore les autres, pendant que toutes se tiennent, que toutes sont en harmonie entre elles, que toutes doivent tomber ou subsister ensemble. […] Les conceptions littéraires, pour produire le même effet qu’elles auraient produit autrefois, pour jouir de la même estime, pour exercer une influence semblable, doivent être essentiellement différentes ; et si nos chefs-d’œuvre n’étaient pas consacrés par une admiration traditionnelle, par une renommée continue, je pense que nous les apprécierions fort peu.
Les idées répandues dans ses livres ou qui en découlent, ne continuent pas moins de s’infiltrer dans tous les esprits ; et comme l’huile, dont le temps grandit toujours la tâche, à envahir de plus en plus nos mœurs. […] la femme, qui est le petit cercle, passera-t-elle la jambe à l’homme, qui est le grand, ou l’homme continuera-t-il de la lui passer ?
Il s’expose au ridicule, le dernier bourreau de ceux qui continuent de livrer les chrétiens aux bêtes. […] Il va continuer et s’accroître si on ne s’en repent déjà, et si on ne lui préfère, avec l’intelligence de la haine, l’étouffement lâche du silence.
— Lamartine continue ses incartades et ses programmes.
— Les vers d’Alfred de Vigny, Lettre à Éva, n’ont pas semblé continuer les poëmes philosophiques mieux qu’ils n’avaient commencé ; c’est élevé, c’est distingué assurément, mais d’une distinction qui se raffine de plus en plus et d’une élévation qui s’évapore.
Le Franc, dont j’honore le talent, l’a tentée, et je lui ai prédit qu’il échouerait. » — « Cependant, continue Delille en son récit, le fils du grand Racine voulut bien me donner un rendez-vous dans une petite maison où il se mettait en retraite deux fois par semaine, pour offrir à Dieu les larmes qu’il versait sur la mort d’un fils unique… Je me rendis dans cette retraite (du côté du faubourg Saint-Denis) ; je le trouvai dans un cabinet au fond du jardin, seul avec son chien qu’il paraissait aimer extrêmement. […] Au xvie siècle Du Bartas, au xviie le Père Lemoyne et les jésuites, continuèrent, soit dans le didactique, soit dans le descriptif ; mais ce qui s’était perpétué assez obscurément, comme dans les coulisses du siècle de Louis XIV, revint sur la scène au xviiie . […] Malgré les critiques qu’on fit des Jardins, Delille ne continua pas moins d’être le plus brillant et le plus enfant gâté des poëtes. […] Ce qui est vrai à mon sens, c’est que le genre de style poétique de Boileau et même de Racine avait besoin d’être modifié après eux pour être vraiment continué. […] La poésie était morte en esprit, perdue dans le délayage et les fadeurs : nous l’avons sentie, nous l’avons relevée, les uns beaucoup, les autres moins, et si peu que ce soit dans nos œuvres, mais haut dans nos cœurs ; et l’Art véritable, le grand Art, du moins en image et en culte, a été ressaisi et continué !
Bien loin donc de me croiser les bras dans une oisiveté digne ou indigne, l’ otium cum dignitate (c’est le travail, selon moi, qui est la vraie dignité), je vais, pendant toutes les années saines que Dieu me laisse, redoubler d’étude et de zèle pour continuer en l’améliorant l’œuvre de ce Cours familier de Littérature, œuvre que j’ai entreprise avec votre appui. […] « Ce serait ici le lieu, continue le savant historien, de caractériser ces cérémonies, de les mettre sous les yeux, dans le détail le plus exact, telles qu’elles se pratiquent, en traduisant simplement cet article du cérémonial authentique de la nation, sans aucune réflexion de ma part. […] Les vainqueurs ont été forcés de prendre les mœurs des vaincus ; la pensée a triomphé de la force ; le palais des souverains tartares a continué à être le sanctuaire de la philosophie et de la littérature. […] Je sens tout le poids du fardeau que je porte, mais je continuerai de le porter autant de temps que les forces me le permettront. […] Quelque mécontentement que j’en eusse, rien ne transpirait au dehors, et je continuais à me conduire à son égard comme je l’avais toujours fait.
Sa puissance opère en se jouant ; entre ses mains tout est souple, rien ne lui résiste ; pour lui tout est moyen, même l’obstacle, et les irrégularités produites par l’opération des êtres libres viennent se ranger dans l’ordre général. » Cela continue ainsi pendant plusieurs pages, pages plus semblables à une ode d’Orphée célébrant la Divinité dans ses lois qu’à un pamphlet de publiciste dépaysé contre la révolution qui l’exile. […] Voilà un prophète de consolation qui nous vient des montagnes. » Il continue, il console ses coexilés par une magnifique théorie de l’irrésistible puissance de la Révolution qui broie tout devant elle, ses amis comme ses ennemis. […] Il continue à prophétiser, sans se troubler des contradictions qu’une si haute prétention de confident et de commentateur de la Providence fait encourir à son don de prévision. […] Il continue : « Si la maison de Bourbon est décidément proscrite, il est bon que le gouvernement se consolide en France. […] « Je comptais commencer la conversation avec Bonaparte, continue-t-il, à peu près de cette manière : Ce que j’ai à vous demander, avant tout, c’est que vous ne cherchiez point à m’effrayer, car vous pourriez me faire perdre le fil de mes idées, et fort inutilement, puisque je suis entre vos mains.
« Il a été donné au seul Arioste, continue-t-il, d’aller et de revenir des descriptions les plus terribles aux peintures les plus gracieuses, et de ces peintures, à la morale la plus sage. […] Continuons. » Le professeur nous lut alors, sans l’interrompre, tout le premier chant ; on y voit avec plus de charme que de clarté comment Charlemagne, à la tête de l’armée d’Occident, attendait au pied des Pyrénées l’armée des Sarrasins commandée par Agramant ; comment le paladin Roland, neveu de Charlemagne et revenant des Indes avec Angélique, reine du Cathay, dont il était amoureux jusqu’au délire, arriva au camp de Charlemagne pour lui prêter son invincible épée ; comment Charlemagne, craignant que la passion de Roland pour Angélique ne lui fît oublier ses devoirs de chevalier et de chrétien, lui enleva Angélique, dont Renaud de Montauban, son autre neveu, était également épris ; comment Angélique fut confiée par Charlemagne au vieux duc de Bavière, afin de la donner comme prix de la valeur à celui de ses deux neveux qui aurait combattu avec le plus d’héroïsme ; comment les chrétiens sont défaits par les Sarrasins ; comment Angélique s’évade pendant la bataille à travers la forêt ; comment elle y aperçoit Renaud courant à pied après son cheval Bayard, qui s’était échappé ; comment Angélique, qui a Renaud en aversion alors, s’éloigne de lui à toute bride ; comment, arrivée au bord d’une rivière, elle est aperçue par le chevalier sarrasin Ferragus qui a laissé tomber son casque au fond de l’eau en buvant au courant du fleuve ; comment Ferragus, enflammé à l’instant par la merveilleuse beauté d’Angélique, tire l’épée pour la défendre contre Renaud ; comment Angélique profite de leur combat pour échapper à l’un et à l’autre ; comment Renaud et Ferragus, s’apercevant trop tard de sa fuite, montent sur le même cheval pour la poursuivre, l’un en selle, l’autre en croupe ; comment ils se séparent à un carrefour de la forêt pour chercher chacun de leur côté la trace d’Angélique ; comment Renaud retrouve son bon cheval ; comment Angélique, après une course effrénée de trois jours, descend de cheval dans une clairière obscure de la forêt. […] Le malheur veut, continue la suivante Olinde, que Zerbin, le frère de Ginevra, ne soit pas en ce moment en Écosse. […] On respirait à peine ; on n’entendait d’autre bruit dans la grotte que celui de la rigole qui accompagnait, comme une basse continue, la musique des vers. […] Elles continuèrent à jouer ainsi l’une avec l’autre devant moi, comme une jeune brebis avec son agneau devant un enfant qui les contemple.
Pendant mon séjour à Naples, j’eus recours une seconde fois à la ruse ; ce fut pour obtenir de la cour de Turin, par l’entremise de notre ministre de Sardaigne, la permission de quitter mon gouverneur et de continuer seul mon voyage. […] « Cependant le mauvais temps continuait avec une obstination incroyable ; depuis plus de quinze jours que j’étais à Paris, je n’avais pas encore salué le soleil, et mes jugements sur les mœurs, plus poétiques que philosophiques, se ressentaient toujours un peu de l’influence de l’atmosphère. […] Outre les compositions dont j’ai parlé, j’y continuai avec persévérance et avec fruit l’étude des classiques latins, de Juvénal entre autres, qui me frappa vivement, et que dans la suite je n’ai cessé de relire non moins qu’Horace. […] Il signor principe, ainsi l’appelaient les Romains, continuait à chercher dans le vin l’oubli de ses infortunes, et une fois ivre il battait ses gens, ses amis, les lords et les barons de sa cour, comme il battait à Preston-Pans les soldats du général Cope. […] Ce qu’il y souffrit des tourments de l’absence, il l’a dit lui-même avec sa vivacité habituelle. » « “Elle partit donc pour Rome”, continue Alfieri sans dire comment ; il l’accompagna dans les premières postes, le pistolet au poing, avec l’Anglais Gehegan, ami de son ami, en sorte que deux cavaliers servants enlevaient deux femmes à leurs maris dans la même voiture.
Je m’assis, et il continua son monologue comme si ma présence l’eût ranimé au lieu de l’interrompre. […] Sa touchante protection continua au logis paternel, où plus d’une fois il se laissa punir pour moi, sans trahir ma culpabilité. […] « “Autre sinistre : le café fait d’affreux gribouillis par terre ; il faut beaucoup d’eau pour réparer le dégât ; or, l’eau ne montant pas naturellement dans ma céleste mansarde (elle y descend seulement les jours d’orage), il faudra aviser, après l’achat du piano, à l’établissement d’une machine hydraulique, si le café continue à s’enfuir, pendant que maître et serviteur bayent aux corneilles. […] XXIII Mais jugez-le aussi par sa nature, continuait-il. […] Il règne : si c’est avec folie, il tombe entraînant avec lui armée et nation ; si c’est avec réflexion et mesure, il continue ou perpétue son règne, il peut même fonder une dynastie ou une monarchie héréditaire.
Pendant deux heures à peu près, cette opération fut continuée avec la plus grande diligence ; puis, voulant se donner un peu de bon temps, il se posa sur la plus haute branche de la haie où il modula sa douce et joyeuse chanson qu’interrompit une personne qui vint à passer par là. […] Cependant, quelques semaines plus tard, j’en vis arriver du nord, et qui s’arrêtèrent un moment, comme pour se reposer ; puis ils continuèrent aussi dans la direction du sud. […] Ils purent donc encore être heureux, comme le sont généralement les esclaves dans cette contrée, et continuer à nourrir l’un pour l’autre ce tendre attachement, source de leurs infortunes, mais aussi en définitive de leur bonheur. […] Partout où j’ai rencontré de ces vénérables patriarches des forêts, que la décadence et l’âge avaient ainsi rendus habitables, j’ai toujours trouvé des nids d’hirondelles qui elles-mêmes continuaient d’y vivre jusqu’au moment de leur départ. […] Autour de la coquette qui semble indécise, vous voyez quelquefois douze ou treize danseurs voltigeant ; les jeux continuent jusqu’au moment où elle donne la préférence à l’un des rivaux, qu’elle attaque de son bec lorsqu’il passe près d’elle.