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642. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

A ses débuts donc, on le trouve dans toute la vivacité des goûts et des modes d’alors, très-imbu de cette fin de Louis XV et vivant comme vivaient la plupart des jeunes gentilshommes de Versailles, contemporains ou à peu près de cette première jeunesse du comte d’Artois. […] Il y a là, selon nous, bien du mélange ; mais enfin l’impression des contemporains était telle, et Voltaire, qui avait salué le traducteur des Géorgiques du nom de Virgilius-Delille, avait le temps, avant de mourir, et dans son dernier voyage de Paris, de donner l’accolade à Parny en lui disant : Mon cher Tibulle ! […] Il serait vraiment fâcheux pour nous que ce qui a paru une nuance si délicate et en même temps si vive aux contemporains de Parny nous échappât presque tout entier, et qu’en le refeuilletant après tant d’années, nous eussions perdu le don de discerner en quoi il a pu obtenir auprès des gens de goût ce succès d’abord universel, en quoi aussi sans doute il a cessé, à certains égards, de le mériter. […] Si touchés que les contemporains aient pu être des grâces vives et naturelles de Parny, et de ses traits de passion, il ne faudrait pas croire que certains défauts essentiels leur aient entièrement échappé.

643. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

M. de Crebillon & de Voltaire qui font une classe à part, nous en avons eu quelques-uns très-supérieurs aux Poëtes contemporains des deux héros de la scène françoise. […] Saint Gelais, son contemporain, dit des choses fort communes en rimes riches. […] Les succès de la Fontaine exciterent l’émulation de ses contemporains. […] Furetiere, contemporain de la Fontaine, osa publier sous les yeux en 1651. cinquante fables que peu de gens connoissent & que personne ne lit.

644. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

La physiologie contemporaine a pénétré dans le sanctuaire même de la vie morale ; elle entend y régner et y dicter ses arrêts comme dans le domaine de la vie physique. […] Ce qui est certain, c’est la tendance générale de l’esprit contemporain à appliquer à l’étude des phénomènes moraux, soit la méthode historique, soit la méthode physiologique, soit cette méthode d’observation indirecte et d’induction que pratique l’école de Bacon, négligeant de plus en plus l’observation intime et directe, qu’elle n’est pas éloignée de confondre avec la spéculation métaphysique proprement dite. […] On vit bientôt les plus célèbres physiologistes contemporains, Gall, Broussais, Pinel, Esquirol, Richerand, Magendie, Flourens, s’engager plus avant dans la voie ouverte par l’école de Buffon, de Bonnet et de Cabanis, mais avec des méthodes d’observation plus conformes aux progrès des sciences naturelles. […] C’est Flourens qui eut l’immortel honneur d’avoir ouvert à la physiologie contemporaine la voie des expériences fécondes et décisives.

645. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Le fait est que la civilisation prêche d’exemple ; elle opère peu à peu ; sans prétendre s’imposer, elle gagne insensiblement, et tous ceux qui sont contemporains, fussent-ils et se crussent-ils de doctrines et de croyances très opposées, la respirent comme l’air et s’en ressentent. […] Ce que la génération contemporaine pourrait faire du globe, si l’on s’entendait, est inimaginable.

646. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Il faut avoir vécu contemporain d’une révolution religieuse ou politique, pour savoir quelle est la force de cette passion. […] L’injustice décourage de la recherche de la vérité ; la gloire est rarement contemporaine, et la renommée elle-même est tellement investie par l’esprit de parti, que l’homme vertueux et grand peut ne pas obtenir son recours sur les siècles.

647. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Mais par quelques refrains d’un caractère ancien et populaire, qui leur ont sans doute appartenu, par les traces qu’elles ont laissées dans les refrains, les motets, les ballettes du xiiie et du xive  siècle, par les poésies déjà littéraires qu’elles ont suscitées en Sicile, en Allemagne, en Portugal, l’érudition contemporaine a pu nous en donner une idée. […] Ces vieilles romances anonymes67, contemporaines des anciennes chansons de geste, nous offrent le même sentiment violent, grossier, sans nuances ni raffinement.

648. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Nous donnerons aussi une place importante au mouvement artistique contemporain, aux efforts des jeunes artistes qui cherchent leur formule dans la voie ouverte par le Maître. […] On lui doit La légende du Parnasse contemporain (Bruxelles, 1884) ; Richard Wagner, (Paris, 1886) ainsi que Le roi vierge (Paris, 1881).

649. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

En 1675 pourtant, il fut saisi d’une idée qui parut extraordinaire et qui causa une grande admiration à ses contemporains : c’était de renoncer au chapeau, et, se dépouillant de la dignité de cardinal, d’aller vivre en Lorraine dans une retraite absolue. […] Il nous suffit que plusieurs de ses contemporains, et qui l’approchaient de près, aient paru croire à sa persuasion finale du christianisme et d’une autre vie, pour nous imposer la réserve et le respect sur ce point suprême.

650. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il a fait faire un pas de plus que ses contemporains, à l’évolution scientifique du roman. […] Une réclame de parfumerie se termine par une citation de Martial ; le « plus de copahu » est déjà le cri de ralliement des médecins de certaines maladies, qu’on appelait si poliment alors des maladies confidentielles ; un journal contemporain publie « les mémoires de Mme Saqui, première acrobate de S.

651. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Après André Chénier — et je suis surpris que ce sujet n’ait tenté aucun des grands poètes contemporains — il restait à glorifier la même patrie, mais sous un tout autre aspect, dans l’éclat de ses actes héroïques, dans le rayonnement de ses idées, dans l’illumination de ses chefs-d’œuvre ; il restait à chanter l’hymne filial, non plus seulement à ce corps toujours renouvelé de la France, mais à son âme transmise d’âge en âge et non moins opulente et non moins féconde, l’hymne à la France pensante et créatrice, nourricière des intelligences et fertile pour le genre humain. […] Il faudrait encore bien rechercher si la sonorité de l’espagnol ne produit pas un cliquetis de mots parfois vide et vain, si la douceur italienne ne dégénère pas aisément en mollesse banale et ne fait point penser à ce « latin bâtard » dont parle Byron, si ces deux idiomes arrêtent et retiennent suffisamment l’idée, si dans ces deux langues la facilité toute spontanée de la musique ne se dérobe pas aux nuances psychologiques du sentiment, aux profondes analyses de la pensée, à la dialectique soutenue, à cette harmonieuse alliance de la philosophie morale et de l’art, qui recommandent la prose et la poésie française depuis leurs origines jusqu’aux chefs-d’œuvre contemporains.

652. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Ainsi l’auteur de la Parthénéide a commis une erreur plus grande encore, car il a placé un sujet contemporain sous l’intervention des divinités de la Grèce. […] Ce n’est point assez qu’un petit nombre de savants s’enfoncent dans les profondeurs du sanscrit, toutes nouvelles pour nous, il faut que la génération contemporaine soit devenue, par l’éducation, habile à comprendre les investigateurs de l’ère qui va s’ouvrir ; car l’homme ne sait bien que ce qu’il peut communiquer aux autres : tant on rencontre à chaque pas le sentiment social, et le besoin de ce sentiment.

653. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Mme Colet, sur la fin de sa vie, s’accrocha à l’histoire ; et comme on suspend une robe à un clou, suspendit sa médiocrité à des événements contemporains, qui allaient la mettre en vue, puisqu’ils étaient contemporains.

654. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Se basant sur la quasi-subsistance de l’âme médiévale ou plutôt sur sa persistance à ne pas s’éteindre, Huysmans, à la fin du dix-neuvième siècle, considère la cathédrale comme l’expression toujours vivante et toujours adéquate de la pensée religieuse contemporaine. […] Ils vivent à la même époque mais l’âme du romancier n’est pas contemporaine de celle du peintre.

655. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

J’aime plus d’une pièce de votre volume, ces Tristesses de la lune, par exemple, délicieux sonnet qui semble de quelque poète anglais contemporain de la jeunesse de Shakespeare.

656. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Voici la lettre que j’ai reçue de l’un des anciens élèves de l’École normale, contemporain de MM. 

657. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Note Cette suite d’articles sur La Mennais exprime et accuse plus nettement qu’aucune autre l’espèce de difficulté où je me suis trouvé plus d’une fois engagé vis-à-vis de mes modèles contemporains.

658. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

Remarquons seulement un singulier progrès : en voyant les inversions nombreuses, autrefois si chères à l’auteur, un journal qui a trop de sens pour ne pas en supposer aux autres, la Revue d’Édimbourg pensa que M. d’Arlincourt pouvait bien être le Cervantes du siècle, que ses romans n’étaient après tout que des critiques ingénieuses et voilées, et qu’en forçant la bizarrerie, il avait voulu faire honte au goût de ses contemporains : ainsi dans un autre genre, Machiavel, en professant le despotisme aux princes, n’avait fait, selon quelques-uns, que prêcher la liberté aux peuples.

659. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

I Ce n’est pas d’aujourd’hui que madame de Genlis fait les avances envers le public ; il y a longtemps qu’elle se croit comptable d’explications envers lui, et qu’elle lui distribue son histoire, comme une dette, en précis de conduite, en souvenirs, en romans : mais ce n’étaient là que des à-compte trop légers envers les contemporains et la postérité ; voici venir enfin, sous forme de mémoires, la plus considérable, la plus officielle, et probablement aussi la dernière édition de sa vie.

660. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Il faut se reporter, pour la suite et la fin de l’article à partir de ce passage, au tome II, page 516, des Portraits contemporains, édition de 1869.

661. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Augier, Émile (1820-1889) »

Que, dans Gabrielle, qui est une comédie d’une haute moralité, il mît hardiment, dans la bouche des personnages contemporains, le ferme alexandrin du xviie  siècle ; que, dans l’Aventurière, il fît passer, à travers ce même vers classique le souffle du lyrisme et de la fantaisie ; que, pris d’une vertueuse indignation, il marquât, dans le Mariage d’Olympe, la fille triomphante avec le fer rouge de la satire ; qu’après un regard épouvanté sur les progrès d’un luxe corrupteur, il dénonçât la courtisane mariée, la lionne pauvre ; — toujours il nous faisait admirer et applaudir des œuvres d’une composition solide et harmonieuse, d’un intérêt poignant et irrésistible.

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