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384. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Paul Margueritte l’aurait écrit, sans déconcerter ses contemporains, il y a vingt-cinq ans. […] Quel avertissement, si le bandit fait usage de la même formule que ses légères et jolies contemporaines ! […] Las des « physiologies du roman contemporain », M.  […] Aucun des mots récents qui servent à désigner des découvertes contemporaines n’est mystérieux. […] Il a réussi de telle sorte que ses contemporains l’ont pris pour un mystificateur.

385. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

La connaissance qu’il eut de la nature de son esprit m’explique l’infaillibilité de ses jugements sur ses contemporains. […] Rien ne troubla la main qui pesait ainsi les réputations contemporaines. […] La raison d’un contemporain fut aussi infaillible que la raison des siècles, laquelle met toute chose à sa place et tout homme à son rang. […] Toute la querelle de Boileau avec les poètes contemporains porte sur la rime qui ne sert pas au sens. […] C’est le moment d’affermir les conquêtes que l’esprit français vient de faire sur le tour d’esprit contemporain, et de donner des lois à la poésie rentrée dans le devoir.

386. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Le bénéfice d’une grosse méprise de ses contemporains. […] Car si la France compte parmi les poètes contemporains de grands poètes, il n’en est pas un jusqu’ici qui ait jeté dans un moule immortel l’expression et la pensée de ce siècle. […] Baudelaire, déchu de sa renommée de surprise, ne sera plus cité désormais que parmi les fruits secs de la poésie contemporaine. […] Chénier ; la Chaumière indienne. — Caractère révolutionnaire de la littérature contemporaine. — Les comédies de MM.  […] C’est qu’à vrai dire, si l’on s’en tient exclusivement aux œuvres de l’esprit contemporaines de la période révolutionnaire, il est trop évident que la Révolution n’a point eu de littérature.

387. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Quel besoin nos nerveux contemporains, qui vibrent comme des lyres au moindre souffle, ont-ils d’être émus, attendris et raffinés ? […] Loin de trouver les âmes de nos contemporains trop molles, je les trouve trop fortes encore pour mon goût. […] Il révèle les contemporains à eux-mêmes et transmet à la postérité l’insaisissable idéal de son temps. […] J’imagine que Shakespeare n’a eu qu’à prendre les traits épars que ses contemporains lui fournissaient pour former ce personnage d’Hamlet. […] En face de la réalité contemporaine qui remplit tout le roman, ils représentent l’ancien idéal, la poésie du vieux monde en train de disparaître.

388. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Mais les hommes perspicaces n’eurent pas, en général, l’audition de leurs contemporains. […] Les pères, mes contemporains, ont besoin d’être désengourdis et instruits. […] Mais on lit encore les Mémoires d’Outre-Tombe, pour la splendeur de leurs cadences ; et l’esprit d’hypocrisie profonde, qui est au fond de Chateaubriand, revit, par mimétisme, chez nombre de nos contemporains et contemporains. […] Elle est d’Oscar Wilde (railleur puissant et méconnu, un des maîtres de l’ironie contemporaine, le malheureux !) […] Il apparaissait à ses contemporains, saturés de sottise, comme inclassable, comme morbide.

389. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gramont, Ferdinand de (1815-1897) »

Il est le seul des poètes contemporains et peut-être est-il le premier des poètes français qui ait osé s’attaquer aux difficultés de la Sextine… Cette poésie feuillue, plantureuse, a le parfum généreux de l’air des forêts, tout imprégné de saveurs âcres et salutaires ; et dans sa couleur sombre et grave on peut retrouver aussi l’aspect sévère et grandiose des vieux chênes versant leur ombre grise sur les bruyères mélancoliques.

390. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Fèvre-Deumier, Jules (1797-1857) »

Eugène Crépet Il a, dans ses volumineuses œuvres, laissé d’admirables vers que les plus illustres contemporains signeraient hardiment, et cependant c’est à peine si son nom est sorti de cette pénombre qui confine à l’oubli… Entre toutes ces pièces, une surtout fut remarquée c’est celle qui a pour titre : Hommage aux mânes d’ André Chénier , et qui se termine par ces vers : Adieu donc, jeune ami, que je n’ai pas connu un de ces vers-proverbes qui profitent plus au public qu’à leur auteur, car tout le monde s’en souvient et les cite, sans que personne puisse dire qui les a écrits.

391. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mourey, Gabriel (1865-1943) »

[La Célébrité contemporaine (avril 1889).]

392. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Avoir rappelé ces deux courants de pensée me ramène aux différences d’enthousiasme entre les contemporains de Hugo et aussi entre les écrivains ou publics des générations succédantes. […] Il semble qu’en le livre ci-étudié une part surtout souffre déjà l’injure du temps, et cela parce qu’elle fut plus vivement écrite, plus imprégnée du souffle contemporain. […] La vision du poète est monotone dans ces grands changements, et, sauf un cataclysme, tout est pour elle équivalent et contemporain. […] Vivant sur le même fonds que leurs contemporains, ils perçoivent mille images, mille possibilités, mille détours fantaisistes et vrais des choses, que les autres ne voient point. […] C’est peut-être faute de recul, et par difficulté d’établir sur des contemporains un de ces classements simples où excella l’ancienne critique.

393. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Je n’exagère pas : il suffit de recueillir et de savoir écouter les témoignages des contemporains. […] Mais cet art de Bourdaloue ne sera tout à fait sensible aux lecteurs d’aujourd’hui que quand j’aurai démontré, par un exemple déterminé et bien choisi, de quelle manière il s’y prenait pour mêler à la gravité morale de son enseignement une de ces intentions précises, et quelque allusion non équivoque à un incident ou à un personnage contemporain. […] En parlant ainsi, on omet et l’on oublie cette longue et continuelle réfutation qu’en fit Bourdaloue dans sa prédication publique ; il n’y manque bien souvent que les noms propres ; mais, les contemporains étant très au fait de ces questions et les agitant en sens divers avec beaucoup de vivacité, les noms se mettaient d’eux-mêmes.

394. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Les souvenirs de 1815 et du retour de l’île d’Elbe y sont racontés avec détail et avec le feu d’un contemporain et presque d’un témoin : le passé chevaleresque y est senti avec noblesse. […] Pendant son séjour dans l’État romain, tout en faisant des fouilles et en déterrant des vases noirs « qui ont 2700 ans, à ce qu’ils disent » (je doute là, comme ailleurs, ajoutait-il), il avait mis ses économies à acheter le droit de faire des copies dans des archives de famille gardées avec une jalousie extrême, et d’autant plus grande que les possesseurs ne savaient pas lire : J’ai donc, disait-il, huit volumes in-folio (mais la page écrite d’un seul côté) parfaitement vrais, écrits par les contemporains en demi-jargon. […] Il se demandait s’il pourrait intituler ce recueil : « Historiettes romaines, fidèlement traduites des récits écrits par les contemporains, de 1400 à 1650. » Son scrupule (car il en avait comme puriste) était de savoir si l’on pouvait dire historiette d’un récit tragique.

395. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Mitis, de ses Père Joseph ; je ne parle pas même de Béranger avec ses Missionnaires et ses Hommes noirs, déjà un peu effacés ; mais lorsque plus tard un romancier célèbre, à l’imagination robuste, a jeté dans la circulation le type odieux de Rodin qui, toutes les fois qu’on le lui représente encore, émeut le peuple bien autrement que Tartuffe parce que c’est un type plus réellement contemporain, il ne fit que s’inspirer des animosités et des rancunes de sa jeunesse. […] Lamartine disait hier dans un Entretien, à propos de Victor Hugo, quelque chose de charmant sur ce que c’est qu’être contemporains. […] S’il faut qu’il y ait une mêlée, choisissons d’autres noms pour les frapper ; car, tous ceux-là, ils ont été vraiment contemporains au sens de Lamartine : ils se doivent quelque chose entre eux.

396. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

L’idée récente encore et, pour ainsi dire, présente de son amie était si grande et si honorable, son image empreinte dans l’âme de tous les amis de la patrie et de l’humanité était si noble et si touchante, qu’il fallait, en quelque sorte, avoir pour elle un respect religieux et ne rien laisser paraître sous son nom qui pût mêler une idée de malignité d’esprit, de préventions et de petitesses féminines, à celle d’un si beau caractère, d’une telle virilité d’âme et d’un si auguste malheur. » Tel était le sentiment des contemporains immédiats, et il ne faut jamais le perdre de vue dans nos appréciations à distance. […] Nous avons vu de quelle nature étaient les reproches adressés par la Décade et par les contemporains amis au premier éditeur : écoutons le dernier éditeur maintenant, et admirons la contrariété des points de vue : « Nous avons poussé le scrupule, dit M.  […] Mais ne voyez-vous pas que c’est aux dépens de la société, qui a intérêt à ce que, devant ses contemporains comme devant la postérité, chacun soit jugé selon ses œuvres, estimé à son prix, et qui peut tirer un immense profit de la sincérité de l’expérience dont on lui a transmis les résultats ?

397. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Chaque fait du xviiie  siècle est pour eux un fait contemporain qui vit, qui fourmille de mille incidents, qui chatoie de mille reflets, qui s’anime de mille circonstances ; ils le voient comme s’ils y étaient ; ils s’en souviennent comme d’un souvenir à eux ; ils en veulent tout rendre à la fois. — Présentez-leur un tableau quelconque de cette époque, signé ou non signé, et ils vous diront aussi sûrement que personne de qui il ne peut pas être, de qui probablement il est. […] L’indépendance des idées est nécessaire à l’indépendance de l’admiration. » Ils veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres : « En littérature, on ne fait bien que ce qu’on a vu ou souffert. » L’Antiquité leur paraît encore à juger ; ils ne paraissent accepter rien de ce qu’on en dit ; ils croient que tout est à revoir, et que le procès à instruire n’est pas même commencé ; ce respect du passé en littérature, ce culte des anciens à tous les degrés, qu’il s’agisse des temps d’Homère ou du siècle de Louis XIV, est, selon eux, la dernière des religions qu’on se prendra à examiner et à percer à jour : « Quand le passé religieux et politique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire. » Ils ne font grâce entre les anciens qu’à Lucien, peut-être à Apulée, à cause de l’étonnante modernité qu’ils y retrouvent : ce sont pour eux des contemporains de Henri Heine ou de l’abbé Galiani. […] Et puisque j’ai commencé de me découvrir, je ne m’arrêterai pas en si beau chemin et j’achèverai, s’il le faut, de me perdre dans l’esprit, de beaucoup de mes contemporains et des plus chers : oui, en matière de goût, j’ai, je l’avoue, un grand faible, j’aime ce qui est agréable.

398. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Nous demandons aux provinces qui ont le mieux conservé leur cachet antique, à notre Bretagne, par exemple, tout ce qu’elle recèle de poésie à elle, et nous regrettons de ne rien trouver de contemporain. Là où nous rencontrons un contemporain imprévu qui, pour être tout à fait du peuple, n’en est que plus poëte selon son cœur, et selon notre propre génie français, ne disons pas : C’est différent ; sachons le reconnaître sans pruderie et l’honorer. […] Jasmin, par la façon dont il travaille ses vers, par son soin de la composition et ses scrupules de style, est véritablement de l’école de Boileau et d’Horace, beaucoup plus que tel de nos grands poëtes contemporains qui écrivent en français.

399. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Les Russes eux-mêmes, dans ce qui concerne leur histoire, et une histoire si contemporaine, ne sauraient avoir ni exprimer un avis indépendant. […] Le ministre, M. de Choiseul, le chargea en 1765 d’écrire, pour l’instruction du Dauphin (Louis XVI), l’histoire des troubles de Pologne ; c’est cette histoire toute contemporaine, dont la matière se déroulait chaque jour sous ses yeux, que Rulhière s’étudia à traiter durant vingt-deux ans à la manière des anciens, sans parvenir à la mener à fin, et qui forme aujourd’hui son titre le plus considérable. […] C’est une histoire qui, pour être si contemporaine, ne paraît pas assez voisine des sources et qui sent trop la rédaction, ou, si vous aimez mieux, la palette.

400. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Contemporaine du grand mouvement de la Renaissance, elle y participa graduellement ; elle s’efforça d’en tout comprendre et de le suivre dans toutes ses branches, ainsi qu’il seyait à une personne de haut et sérieux esprit, d’entendement plein et facile, et de plus de loisir que si elle fût née sur le trône. […] » On sent que même les honnêtes gens et les femmes comme il faut de ce temps-là sont, quoi qu’ils fassent, des contemporains de Rabelais. […] Ne lui demandez rien de ces éclairs de talent et de passion qu’on rencontre chez sa jeune contemporaine Louise Labé, la Belle Cordière.

401. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Mais, en 1855, Émile Augier prend possession du théâtre contemporain. […] Son esprit, éminemment français, qui n’empruntait rien ni à Lope de Vega, ni à Goethe, ni à Shakespeare, qui prenait sa langue dans Rabelais, dans Montaigne, dans Beaumarchais, et peignait ses contemporains sur le vif, tels qu’il les voyait, bourgeois, financiers, aventuriers et aventurières, honnêtes gens, femmes vertueuses et coquines, de son temps, s’était obstinément refusé à s’enrôler sous la bannière du grand maître. […] Poirier, en collaboration avec Jules Sandeau, placèrent Augier au premier rang incontesté des auteurs contemporains.

402. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

par lequel Aubryet tranche nettement sur les critiques contemporains, qui jugent au détail comme les petits marchands y vendent. […] Je l’ai constaté : progrès marqué sur les autres critiques contemporaines, cette critique d’âme et d’idée, avant tout, ne sort pas assez nettement d’une métaphysique dont on voie les termes et qui donne à l’esprit éclairé et affermi de son auteur la règle suprême, le dictamen inflexible, le bâton de longueur qui vaut sceptre et avec lequel le critique, qui est juge et roi à force d’être juge, prend la mesure des œuvres et des hommes. […] Ainsi, en restant sur le fond des choses et dans les généralités d’opinion, la critique de Xavier Aubryet a, dès son premier pas, pris une forte avance sur les autres critiques contemporaines, mais en continuant dans le sens de son premier mouvement, elle les distancerait tout à fait.

403. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

À considérer les sociétés contemporaines, on ne voit pas l’industrialisme exclure le militarisme, mais on voit souvent, au contraire, l’un s’appuyer sur l’autre. […] V. un article sur « les Transformations de la Russie contemporaine », par A. […] Jannet, Les États-Unis contemporains, I, p. 92.

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