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1696. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

« Il a une conscience naïve de sa gloire qui ne peut déplaire, parce qu’il est occupé de tous les autres talents. » Mais la lettre citée se terminait par cette phrase assez épigrammatique : « Vous allez croire que la manie admirative des Allemands pour leur poète m’a gagné. […] Il le savait lui-même mieux que personne, et il se le dira, non sans regret, aux heures de sincérité et d’examen de conscience.

1697. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

» J’ai parlé du rôle et de ce qui s’y glisse inévitablement de factice à la longue, même pour les plus vertueux ; mais ici la solitude est profonde, la rentrée en scène indéfiniment ajournée ; au sein d’une agriculture purifiante, dans le sentiment triste et serein de l’abnégation, en présence des amis morts, tout inspire la conscience et l’affranchit ; ces pages du prisonnier d’Olmütz devenu le cultivateur de Lagrange ont un accent fidèle des mâles et simples paroles de Washington ; elles feront aisément partager à tout lecteur quelque chose de l’émotion qui les dicta. […] J’omets vite Mirabeau, dont on voudrait absoudre la conscience du même mouvement par lequel on salue son génie et sa gloire ; mais Danton, mais Dumouriez, mais Barrère, on ose compter avec eux.

1698. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

» Ces éloges, qui faisaient entendre d’avance à M. de Saint-Pierre le jugement de la postérité, le pénétrèrent de joie, et lui rendirent cette confiance qu’un excès de modestie fait perdre quelquefois au talent, et qu’une conscience secrète lui rend toujours presque malgré lui. […] Dans les jours de désordre, on ne vous demande pas de suivre votre conscience, mais de suivre un parti.

1699. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Le tréfonds de leur pensée et de leur conscience ne vous apparaît pas. […] j’ai la conscience d’avoir dit la vérité, et d’avoir signalé la tyrannie des brasseries et de la bohème à l’égard de tous les travailleurs propres, de tous les gens de talent qui n’ont pas traîné dans les caboulots, d’avoir signalé ce socialisme nouveau, qui dans les lettres recommence tout haut la manifestation du 20 mars, et pousse son cri de guerre : « À bas les gants ! 

1700. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

, qui fait de la conscience humaine une plaisanterie, et qui, sous forme romanesque, n’est qu’un odieux pamphlet contre la divine Providence. […] On ne sait pas un mot de ce qu’en son âme et conscience il était… On ne sait de lui que son génie, et son génie, c’est tous les personnages de ses drames, les uns après les autres.

1701. (1884) La légende du Parnasse contemporain

L’auteur de la Comédie de la Mort et des Émaux et Camées se recueillait dans la sérénité que donne aux grands artistes la conscience de l’œuvre accomplie. […] Il était le bon conseiller des probités littéraires ; sans gêner jamais l’élan personnel de nos aspirations diverses, il fut, il est encore notre conscience poétique elle-même. […] Je ne dirai pas les souriantes douceurs d’une familiarité dont nous étions si fiers, les cordialités de camarade qu’avait pour nous le grand poète, ni les bavardages au coin du feu, — car on était très sérieux, mais on était très gai, — ni toute la belle humeur presque enfantine de nos paisibles consciences d’artistes, dans le cher salon peu luxueux, mais si net et toujours en ordre comme une strophe bien composée, pendant que la présence d’une jeune femme, au milieu de notre respect ami, ajoutait sa grâce à la poésie éparse. […] Ils ne s’adresseront pas à votre raison, mais ils arriveront à elle en passant par votre conscience.

1702. (1925) Proses datées

De cette nécessité, et c’est là un des mérites dont il faut lui être reconnaissant, Moréas eut conscience un des premiers. […] Quoi qu’il en fût et bien que la défense d’un pareil cas paraisse facile, bien que la parfaite conscience de l’écrivain eût dû plaider pour lui autant que le caractère strictement poétique du délit, Baudelaire et son livre n’en furent pas moins condamnés par le tribunal correctionnel, celui-ci à une amende de 300 francs, celui-là à la suppression de cinq de ses pièces, dont l’une, les Femmes damnées (Delphine et Hippolyte), est un des plus beaux poèmes de la langue française et l’un des chefs-d’œuvre de la poésie érotique de tous les temps. Absurde en son principe et en ses considérants, fâcheux en ses conséquences, puisque l’offense faite au poète en sa conscience d’écrivain contribua à entretenir dans son âme orgueilleuse et susceptible cette morosité et cette amertume auxquelles il n’était que trop enclin et que les difficultés de la vie ne firent qu’envenimer, ce jugement valut à Baudelaire, de chaudes et compensatrices sympathies. […] Hugo seul, peut-être, eut conscience de l’importance profonde de Baudelaire quand il lui écrivit : « Vous avez créé un frisson nouveau ».

1703. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Quelquefois pourtant elle veut paraître émue profondément, se croit la plus nette et la plus puissante conscience de la vie universelle. « Un malaise inexprimable m’étreint quand le soleil s’évanouit à l’horizon ; je me détache de la vie, à l’automne, comme les feuilles des arbres, et le sang bouillonne dans mes veines, comme la sève des plantes, quand le premier soleil de mars troue le plafond de nuages gris ». […] C’est une honnête conscience protestante. […] Elle est une conscience. […] Elle est au Correspondant, avec autant de conscience mais moins de talent et de sourire, ce que sont à la Revue des Deux Mondes Bentzon et Arvède Barine.

1704. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Le président, comme les hommes peu sûrs de leur conscience, était avide de commencer par un coup d’éclat, qui mît la sienne en honneur, et qui affichât hautement son impartialité.

1705. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

M. de Rémusat continuait de remplir le sien près de l’Empereur avec plus d’exactitude et de conscience que d’empressement.

1706. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» Puis, passant sans transition de l’ordre matériel à l’ordre moral, le poète chante en strophes réfléchies la sagesse de Jéhovah empreinte dans la conscience de l’homme vertueux.

1707. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Dans cet emploi de Dieu et du miracle, pas plus que dans celui des magiciens et des enchantements, je n’aperçois la fraîche naïveté des âmes primitives : ce sont presque toujours des ficelles de littérateurs sans conscience et sans génie.

1708. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Cela les rend dupes, j’imagine, d’une espèce d’illusion de la conscience.

1709. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

L’invention au théâtre ne doit être qu’une conjecture approuvée par la conscience du genre humain ; le plan, que la suite invincible des pensées et des actions, et comme la trace encore fraîche que les personnages ont laissée de leurs pas.

1710. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

C’est cette vision profondément réelle de Wagner, cette prophétie mille fois réalisée et de jour en jour plus réalisable, cette palpitation d’une renaissance par l’avènement de la vie sociale et de la maturité féminine, cette aurore qui croît, cette bienheureuse conscience de notre voie véritable, que nous devons entendre par le nouveau mode « Selige Morgentràum. » Pierre Bonnier   La bibliographie sera publiée dans le prochain numéro.

1711. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

. — « Je les ai laissés morts, précipités de leurs vaisseaux tyriens, sur l’âpre plage de Salamine. » — La confession se poursuit, l’examen de la conscience royale se déroule ; l’armée morte défile devant le roi, survivant, et chaque chef rappelé semble lui jeter son sang au passage. — « Hélas !

1712. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Il a exploité leurs splendeurs et leurs décadences, leurs rhumes de poitrine et leurs remords de conscience, leur impénitence et leur repentir ; il les a promenées du Jardin Mabille au couvent, de l’hôpital à l’hôtel ; il les a fait rire et pleurer, chanter et râler, marivauder et tousser jusqu’à extinction.

1713. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

S’il y a quelque chose de plus que je ne me rappelle pas, vous l’y joindrez, m’en rapportant absolument, je ne dis pas à votre conscience qui est inaltérable, mais à votre mémoire sans contredit meilleure que la mienne.

1714. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Il nomme magnifiquement Apollon « la conscience de Jupiter ».

1715. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

… Quand un homme et une poésie en sont descendus jusque-là — quand ils ont dévalé si bas, dans la conscience de l’incurable malheur qui est au fond de toutes les voluptés de l’existence, poésie et homme ne peuvent plus que remonter.

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