/ 3655
1883. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Le paganisme même a connu l’amertume qui se lève de fonte leporum. […] Le premier en date de ces récurrents, Lamennais, a connu les foudres : de Grégoire XVI. […] C’est là que Naundorff l’aurait connu et reçu ses confidences, ce qui expliquerait qu’il fut en possession de certaines particularités et détails concernant l’évasion et l’arrestation de Varennes dont il se servait pour s’accréditer dans l’opinion et s’imposer à ses interlocuteurs.

1884. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Jean, qui était connu dans la maison, fut admis sans difficulté ; mais Pierre fut arrêté à l’entrée, et Jean fut obligé de prier la portière de le laisser passer. […] Tous les actes de Pilate qui nous sont connus le montrent comme un bon administrateur 1123. […] C’était un personnage fort connu 1139 ; il avait été arrêté à la suite d’une émeute accompagnée de meurtre 1140.

1885. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Lélut, celui de Raphaël, celui de Voltaire, dont la petite tète est assez connue, celui de Napoléon, dont le crâne mesurait à peine une circonférence au-dessus de la moyenne. […] Je n’hésite pas à penser que dans ces conditions un enfant de n’importe quelle race (à moins qu’il n’appartint à une variété maladive28, ce dont il faudrait tenir compte), ne fût susceptible d’un développement intellectuel peu différent de celui des autres races29 ; mais, sans faire de telles hypothèses, on peut déjà conclure des faits mêmes que nous connaissons, que dans toute race il peut y avoir tel individu capable de s’élever au niveau moyen de l’espèce humaine. […] Vogt : La race nègre a donné un correspondant à l’Institut30 ; connaissez-vous beaucoup de singes dont on puisse en dire autant ?

1886. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Si ces principes, connus ensuite de Louis XIV, plus de quinze ans après, occasionnèrent la disgrâce de Fénélon, on peut juger de la manière dont La Fontaine aurait été reçu, s’il se fût avisé d’imiter jusqu’au bout l’original italien. […] Ils n’avaient appris à connaître Que les hôtes des bois ; était-ce un si grand mal ? […] Mademoiselle de Montpensier, qui ne la connaissait pas, qui même ne l’avait jamais vue, dit, dans ses Mémoires, que le « marquis de Lafare et nombre d’autres passaient leur vie chez une petite bourgeoise, savante et précieuse, qu’on appelait madame de la Sablière. » Cela veut dire seulement, en style de princesse, que madame de la Sablière avait de l’esprit et de l’instruction, qu’elle voyait bonne compagnie à Paris, et n’avait pas l’honneur de vivre à la cour.

1887. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Il serait à désirer qu’on eût aussi des catéchismes de morale et de politique, c’est-à-dire des livrets où les premières notions des lois du pays, des devoirs des citoyens, fussent consignées pour l’instruction et l’usage du peuple ; et une espèce de catéchisme usuel, qui donnât une idée courte et claire des choses les plus communes de la vie civile, comme des poids et mesures, des différents états et professions, des usages que le dernier d’entre le peuple a intérêt de connaître, etc. […] Le spectacle de l’industrie humaine est en lui-même grand et satisfaisant : il est bon de connaître les différents rapports par lesquels chacun contribue aux avantages de la société. […] Par Grimm, par le prince Henri de Prusse, par les Nassau-Saarbrttck, par les visites assez fréquentes de jeunes Allemands qu’il signale dans sa correspondance, et même par sa traversée de l’Allemagne pour se rendre en Russie, Diderot pouvait connaître assez bien un pays qu’il n’avait pas habité, il est vrai, mais que ceux qui y avaient séjourné assez longtemps, comme Voltaire, ne paraissent pas avoir apprécié comme lui.

1888. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Ce n’est plus un fait dont on puisse douter que la filiation des langues de l’Orient et des langues de l’Occident ; mais il ne nous suffit point de connaître le Nil par ses bienfaits ; il faut remonter, s’il est possible, jusqu’à sa source mystérieuse et connue. […] L’homme sera toujours à lui seul un fonds inépuisable, la nature peut être mieux connue, mais les sentiments de l’homme seront toujours immenses et sans limites.

1889. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Varron, à l’appui de ce témoignage, ajoutait que, chez les Romains du temps des rois, cette déesse n’était connue, ni sous le nom grec, ni sous l’appellation latine qu’elle reçut plus tard. […] Cela même y jeta parfois cette variété de mélodie, ces nombres impétueux et divers qu’avait connus l’ode grecque, et qui seuls pouvaient suivre par la musique, comme par l’expression, toutes les secousses de l’âme. […] Quant à Pollion, que Virgile comparait à Sophocle, nous ne connaissons de ses drames que le conseil d’Horace lui disant : « Laisse quelque temps la Muse sévère de la tragédie manquer au théâtre171. » Et rien, dans les monuments trop rares de cette époque, ne nous apprend que cette interruption ait cessé.

1890. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Celui qui connaît le plus à fond les règles subtiles de son art est souvent celui qui a l’air de les observer le moins. […] Car il connaît tout cela, et soi ; et les corps, rien. […] Je sens mon cœur, et je connais les hommes. […] Qu’il s’agisse d’une chose, d’un être ou d’une simple idée, nous éprouvons une joie infinie à retrouver, à revenir vers ce qui est déjà connu, déjà ami par conséquent. […] On connaît la légende persane.

1891. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Les autres étaient tous connus, et jusqu’à Méphistophélès, qui n’est que le Méphistophélès de la légende. […] Pour ma part, j’ai connu, étant enfant, un vieillard qui en était plein, qui en débordait, de Voltaire ! […] D’un autre côté, pas un portrait non plus qui fasse voir un homme, et quels hommes Gœthe n’a-t-il pas connus ? Il avait connu Herder, qui, par parenthèse, avait beaucoup pesé sur lui, Klopstock, Schiller, Lavater, une foule d’autres célèbres dont il parle, et qu’il ne montre pas. […] Des vices, je ne lui en connais qu’un, — car le vice, c’est une habitude… Il fut un concubinaire pendant plus de quinze ans de sa vie.

1892. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Je connois peu l’amour : mais j’ose te répondre qu’il n’est pas condamné, puisqu’on veut le confondre. […] C’est qu’il craint le péril qu’elle courroit, si on parvenoit à la connoître. […] Leur est-il indifférent de connoître un art dont ils s’amusent ? […] Enfin, monsieur, quoique j’aime les vers autant que personne, je suis pourtant bien-aise de les connoître pour ce qu’ils sont. […] Il y a une infinité de gens de bon sens, dites-vous, qui n’aiment point la poësie faute de la connoître.

1893. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Il y était disciple de l’école de 1828, et quelques vers tendres rappelaient deux ou trois des seules élégies charmantes qu’on connaisse de Charles Nodier. […] Quand, par ces nuits d’hiver, l’homme de la campagne,   Si vigilant et soucieux, Veut connaître l’instant de quitter sa compagne   Pour le travail, alors ses yeux Cherchent le Chariot qui toujours au ciel reste    Exposant ses trains éclatants : Là sept étoiles d’or dans le livre céleste Indiquent le chiffre du temps.

1894. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

L’esprit répugne de lui-même à ce qui est incomplet, il aime l’ensemble, il tend au but, et de même qu’il s’élance vers l’avenir, il aspire à connaître un nouvel enchaînement de pensées qui s’offre en avant de ses efforts et de son espérance. […] Quelques anciens, exaltés sur les jouissances de l’étude, se sont persuadés que le paradis consistait seulement dans le plaisir de connaître les merveilles du monde ; celui qui s’instruit chaque jour, qui s’empare du moins de ce que la Providence a abandonné à l’esprit humain, semble anticiper sur ces éternelles délices et déjà spiritualiser son être.

1895. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

« De taille moyenne et assez spontanément épanoui, il porte, pas trop haut, une longue tête enfantine ; cheveux châtains s’avançant en pointe sur un front presque sacré et retombant, plats et faibles, partagés par une pure raie droite, celer deux mignonnes oreilles de jeune fille ; masque imberbe sans air glabre, d’une pâleur un peu artificielle mais jeune ; deux yeux bleu-gris partout étonnés et timides, tantôt frigides, tantôt réchauffés par les insomnies ; un nez sensuel ; une bouche ingénue, ordinairement aspirante, mais passant vite du mi-clos amoureux à l’équivoque rictus des gallinacés… Il ne s’habille que de noir et s’en va, s’en va, d’une allure traînarde et correcte, correcte et traînarde5. » Il dit encore : Mon père (un dur par timidité) Est mort avec un profil sévère ; J’avais presque pas connu ma mère, Et donc vers vingt ans je suis resté. […] « Tu ne peux te figurer, écrit-il à sa sœur, combien cette simple phrase m’est allée au cœur » ; et il conclut : « Le bon moyen de maintenir le patriotisme dans le cœur des Français est de les faire voyager. » Au bout de cinq ans, il se démet de son poste pour se marier avec une jeune Anglaise pauvre, qu’il a connue à Berlin et chez qui il prenait des leçons d’anglais.

1896. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

« On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P. […] Il étoit d’autant plus aisé de faire connoître le monarque feuillant, qu’on le détestoit dans son petit royaume.

1897. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Un mousquetaire, qui ne le connoissoit point, & dont il s’obstinoit à ne vouloir pas être connu, prit sa perruque & son chapeau qu’il jetta sur le théâtre, le battit, & voulut, pour venger Pradon, percer de son épée Pradon lui-même. […] Son épitaphe est connue :         Ci gît le poëte Pradon, Qui, durant quarante ans, d’une ardeur sans pareille,         Fit, à la barbe d’Apollon,         Le même métier que Corneille.

1898. (1865) Du sentiment de l’admiration

Or, je le proclame au nom de tous ceux qui vous connaissent, de ceux dont l’expérience m’autoriserait au besoin, vous ne savez plus, hélas ! […] De pareils élèves existent, et j’en connais parmi vous.

1899. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Il faut donc les connaître…. […] J’ai connu un jeune homme plein de goût qui avant de jeter le moindre trait sur sa toile, se mettait à genoux et disait, Mon Dieu, délivrez-moi du modèle.

1900. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Cette objection contre l’usage de composer et d’écrire en note la déclamation, auroit pû paroître considerable avant qu’on connût les opera, mais le succès de ce spectacle, où l’acteur est astreint, comme nous venons de le dire, à suivre la note et la mesure, rend l’objection frivole. […] Ainsi parce que des gens qui auront toûjours declamé sans connoître d’autres regles que l’instinct et la routine désaprouveront l’usage des anciens par un premier mouvement, il ne s’ensuit pas que cet usage fut mauvais.

1901. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Elle ne put jamais débusquer Adam Smith de la tête de son singulier amant pour s’y établir à sa place, et c’est là aussi la première peine que lui infligea ce prélat qui ne connaissait pas la volupté, dit-elle, mais qui, sans volupté, lui fit un enfant. […] Mais elle a beau me parler de l’héroïque sincérité de l’âme ardente et forte dont elle recommande le volume présent au public ; elle a beau m’exalter cette âme indépendante et fidèle, qui n’oublie aucun de ses amours en les variant et qui ne combat rien dans son âme par la très morale raison que le temps qu’on perd à combattre contre soi, on ne fait pas Corinne, si on fait Mme de Staël, je me connais trop en logomachie pour ne pas reconnaître les idées, les façons de dire, les affectations du bas-bleu moderne, cette espèce à part et déjà si commune et pour être infiniment touché du spectacle que me donnent, à la fin de cette préface sur laquelle on a compté, ces deux antiques Mormones du bas-bleuisme contemporain dont l’une couronne l’autre de roses à feuilles de chêne, avec un geste tout à la fois si solennel et si bouffon !

1902. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Molière, le sérieux, le pensif et mélancolique Molière, n’est point gai, en ses sublimes comédies, et il n’est pas moins le plus grand comique qui soit dans les littératures du monde connu. […] … Eh bien, cette plaisanterie, qui est, en fin de compte, tout le livre, cette plaisanterie qui pourrait être originale et appartenir au tour d’esprit de l’écrivain, cette plaisanterie qui n’est pas française, puisqu’elle n’est pas gaie, il me semble que j’en connais l’accent, et qu’ailleurs je l’ai entendue !

/ 3655