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453. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Devenu étudiant en droit, toujours à Dijon, il commença à se distinguer par un talent réel de parole dans des conférences qu’avaient établies entre eux les étudiants et de jeunes avocats. […] Il commençait à plaider, et avec succès. […] Il rendit témoignage de ce sentiment dès l’instant où il commença à se produire devant le public : c’était auprès de M. de Lamennais, au lendemain de 1830. […] Chemin faisant, et tandis qu’il la menait à fin, il ne négligea point d’éclaircir la question historique, et commença par la dégager des déclamations que les échos du xviiie  siècle avaient grossies.

454. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

De ces divers écrivains, ainsi agrégés, qui avaient commencé ou qui continuèrent alors de concert la fortune du journal, quatre noms sont restés de loin associés dans le souvenir comme représentant la critique littéraire sous l’Empire : Geoffroy, Dussault, Hoffman et M. de Féletz, qui vient de mourir le dernier. […] Il s’appliquait aussi, à propos de ces attaques qu’on insérait contre lui dans son propre journal, ce que disait Louis XIV d’un courtisan qui critiquait Versailles ou Marly : « Il est étonnant que Villiers ait choisi ma maison pour en dire du mal. » Geoffroy commençait à s’entêter de lui-même et de son importance, ce qui est un signe de faiblesse. […] Il commence par les séances de l’Athénée, qui étaient alors en possession de défrayer les fins railleurs. […] La leçon fut longue, disait Hoffman, elle fut sévère ; mais cependant elle commença par une exposition pleine de modération et même de douceur.

455. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

» Et comme si elle avait cherché pourtant quelque chose au-delà, quand elle avait découvert cette réalité, elle n’était pas satisfaite, et le dégoût, l’ennui commençait. […] Ajoutez-y une activité dévorante qui ne savait comment se donner le change, et vous commencerez à la comprendre. […] Après quelques détails sur ses propres variations d’impressions et d’humeur depuis son arrivée : À présent, ajoutait-il, je commence, tout à fait à l’anglaise, à m’octroyer le droit d’être à ma guise. […] J’engage les curieux à relire le passage qui commence par ces mots : « Dites-moi pourquoi, détestant la vie, je redoute la mort… » et qui finit par ces mots : « J’avoue qu’un rêve vaudrait mieux. » Un critique anglais, au moment où les Lettres parurent à Londres, remarquait avec justesse que Mme Du Deffand semble avoir combiné dans la trempe de son esprit quelque chose des qualités des deux nations, le tour d’agrément et la légèreté de l’une avec la hardiesse et le jugement vigoureux de l’autre.

456. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Il a commencé par entendre, de la bouche de Voltaire, une fable de La Fontaine : cette leçon fructifiera. […] Il joue un berger blanc et rose avec sa bergère : c’est commencer déjà l’innocente pastorale d’Estelle et Némorin. […] Dans sa fable d’Hercule au ciel, Florian commence par ces lignes prosaïques : Lorsque le fils d’Alcmène, après ses longs travaux, Fut reçu dans le ciel, tous les dieux s’empressèrent De venir au-devant de ce fameux héros… Certes, La Fontaine, ayant à peindre Hercule enlevé de son bûcher dans l’Olympe, et s’asseyant tout en feu entre les dieux, s’y serait pris autrement. […] Lacretelle, dans ses Dix années d’épreuves, nous a raconté plus d’un trait qui témoigne de l’effroi que commençait à ressentir Florian, et de l’altération qui en résultait dans sa nature, jusque-là si sociable et si expansive.

457. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Il y a certainement des coins du génie russe que Rulhière n’a point pénétrés ni appréciés ; n’ayant vécu qu’à Saint-Pétersbourg et dans le grand monde, il a vu surtout dans ce peuple plein de disparates les mœurs d’un Bas-Empire, il a cru y voir une sorte d’Empire grec finissant, et il n’a pas assez signalé, sous ce vernis de civilisation avancée, un peuple jeune qui commence. […] Rulhière, chargé en 1768 d’écrire l’histoire de l’anarchie de Pologne, anarchie qui commençait à éclater à cette époque, mais dont les suites se prolongèrent jusqu’au dernier démembrement de la Pologne, consommé en 1797, avait affaire à un sujet qui n’était pas défini, qui était, si l’on peut dire, en cours d’exécution, et qu’il ne pouvait par conséquent embrasser dans son ensemble. […] Lorsqu’il aborde enfin sa vraie matière, qui commence avec l’élection du roi Stanislas Poniatowski, Rulhière a l’inconvénient d’avoir à se prononcer sur des caractères vivants qui n’ont pas eu leur entier développement, sur des personnages qui n’ont pas donné leur dernier mot. […] Il a conçu une vaste composition historique, il a commencé à l’exécuter et l’a poussée durant plus de onze livres avec aisance, harmonie et largeur.

458. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Je me laissai donc aller à l’amour des grandeurs ; le penser m’en parut doux, j’y rêvais seul quelquefois, et faisais avec mes femmes mille châteaux en Espagne, qui commençaient, sans que je fusse en état de m’en apercevoir, l’esclavage de mon cœur et de mon esprit. […] Pendant la campagne, d’Antin commence à réfléchir, et il en vient à comprendre que, si porté qu’il semble devoir être par la faveur, c’est encore par ses services et sa conduite qu’il peut espérer le plus d’acquérir cette distinction qui est son ardent désir : il va désormais appliquer tout son esprit (et il en a beaucoup) à se faire une place. […] Cherchant à rassembler dans sa raison toutes ses forces et tous ses motifs de renoncement, il se dit qu’il n’a guère plus de quarante ans ; qu’il y a moyen, après avoir consacré sa jeunesse au service du roi et de sa patrie, de vivre chez soi en honnête homme ; il se trace le plan d’une vie heureuse et privée : « Avoir du bien honnêtement, n’avoir rien à se reprocher (et, pour cela, commencer par payer toutes ses dettes), avoir mérité d’avoir des amis, et savoir s’amuser des choses simples. » Toutes ces conditions pourtant ne laissent pas d’être difficiles à rencontrer dans le même homme, et il suffit d’une seule qui échappe, ou d’un goût étranger qui se réveille, pour faire tout manquer, et pour corrompre ce tranquille bonheur. […] Ceux qui n’avaient point encore découvert leur attachement pour lui commençaient à lever la tête ; on allait, on venait, on s’assemblait ; on réglait tout, on partageait tout.

459. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Lorsque sous la Restauration, à cette heure brillante des tentatives valeureuses et des espérances, de jeunes générations arrivèrent et essayèrent de renouveler les genres et les formes, d’étendre le cercle des idées et des comparaisons littéraires, elles trouvèrent de la résistance dans leurs devanciers ; des écrivains estimables, mais arrêtés, d’autres écrivains bien moins recommandables et qui eussent été de ceux que Boileau en son temps eût commencé par fustiger, mirent en avant le nom de ce législateur du Parnasse, et, sans entrer dans les différences des siècles, citèrent à tout propos ses vers comme les articles d’un code. […] Ménage, et par la guerre civile qu’il a causée dans l’Académie, est un jeune homme qui a commencé de bonne heure à se gâter soi-même, et que, depuis, ont achevé de gâter quelques approbateurs… » Gilles Boileau, quand il était en voyage, portait dans son sac de nuit les Satires de Régnier, et, d’ordinaire, il présidait au troisième pilier de la grand-salle du Palais, donnant le ton aux clercs beaux esprits. […] Mais l’abbé Boileau, qui s’aperçut de la malice, fit semblant d’être interdit et étonné, et commença ainsi son compliment avec une crainte affectée : « Monseigneur, Votre Altesse ne doit pas être surprise de me voir trembler en paraissant devant Elle à la tête d’une compagnie d’ecclésiastiques, car si j’étais à la tête d’une armée de trente mille hommes, je tremblerais bien davantage. […] Par ses premières Satires, composées en 1660 et qui commençaient à courir (Damon, ce grand auteur, etc. ; Les Embarras de Paris), par celles qui suivirent immédiatement : Muse, changeons de style (1663), et la Satire dédiée à Molière (1664), Boileau se montrait un versificateur déjà habile, exact et scrupuleux entre tous ceux du jour, très préoccupé d’exprimer élégamment certains détails particuliers de citadin et de rimeur, n’abordant l’homme et la vie ni par le côté de la sensibilité comme Racine et comme La Fontaine, ni par le côté de l’observation moralement railleuse et philosophique comme La Fontaine encore et Molière, mais par un aspect moins étendu, moins fertile, pourtant agréable déjà et piquant.

460. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

En Italie, il commence par Gênes, par Milan ; son goût pour la peinture et pour les marbres se déclare. […] C’est ainsi que dans un genre tout différent et dans une pensée toute parisienne, après avoir discuté avec impartialité des deux musiques italienne et française, il ajoutera : « Je souhaiterais seulement voir établir à Paris un Opéra italien, en laissant subsister le nôtre tel qu’il est. » C’est ainsi encore qu’en visitant le Forum, et en se rappelant que la première pierre milliaire était au milieu, et que c’était de là que partaient toutes les grandes routes dans l’Empire, il proposera quelque chose de pareil dans notre pays : En France, où nous avons fait sous ce règne-ci, disait-il, tant de beaux grands chemins, ne ferait-on pas bien de placer, de lieue en lieue, de pareilles petites colonnes numérotées, à commencer par la première, placée au centre de Paris sur le Pont-Neuf, au pied de la statue de Henri IV ? […] … La musique leur doit beaucoup à Paris, ils ont commencé d’y apprendre (d’y enseigner) ce que c’était que du coup d’archet, des nuances et de l’accompagnement, choses dont on n’avait pas même de soupçon. Il est étonnant Combien ils ont perfectionné l’orchestre de l’Opéra, qui commence à être un bon écolier.

461. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

… » Le dîner a commencé gaiement, mais voici que Tourguéneff parle d’une constriction du cœur, survenue la nuit, il y a quelques jours, constriction mêlée à une grande tache brune, sur le mur en face de son lit, et qui dans un cauchemar, où il se trouvait moitié éveillé, moitié dormant, était la Mort. […] Il a commencé à dessiner à l’école des Beaux-Arts de Naples, mais s’est refusé à faire des études au Musée. […] Dans la cohue insouciante, et qui trouve l’enterrement long, commence à sourire l’idée d’une petite fête. […] * * * — Un terrible mot pour peindre la marche des gens, attaqués d’une maladie de la moelle épinière : « Oui il commence à stepper ! 

462. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

La poésie écrite et chantée commence son œuvre, déduction magnifique et efficace de la poésie vue. […] Or, le règne du livre commence. […] Un savant géomètre magicien, le même qui conseilla à Valens de décapiter tous ceux dont le nom commençait par Théod. […] Ce réquisitoire, commencé par Pline contre Hipparque, est continué par l’inquisition contre Campanella.

463. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Elle l’a signée encore Daniel Stern, tout court, tenant à garder les culottes que le monde et le temps commencent à lui ôter… Madame la comtesse d’Agoult doit être, si je ne me trompe, la petite-fille, par mariage, ou la petite-nièce, de ce capitaine des gardes-françaises qui mit si prestement à la porte les premiers polissons parlementaires de la Révolution, féconde depuis en polissons du même genre, et qui, s’il revenait au monde, ce capitaine Haut-la-Main ! […] Les commencements, c’est le plus beau, en tout ; mais particulièrement en républiques, lesquelles d’ordinaire commencent en belles femmes, un peu affolées, mais finissent toujours en queue de poisson, et de poisson vitement pourri, à faire mal au cœur aux républicains les plus solides ! […] Son histoire commencée en 1581, ne va que jusqu’en 1625, après la mort de Barneveldt ; et cette histoire que je viens de lire n’a changé en rien mon opinion sur Mme Stern en particulier, ni sur son sexe en général, à, qui je ne reconnais pas le droit, démontré par la puissance, d’écrire l’histoire. […] Quand le bas-bleuisme qui est la Révolution en littérature, car le bas-bleu est pour la femme ce que pour l’homme est le bonnet rouge ; quand le bas-bleuisme qui a commencé par être grotesque, mais qui devient sérieux, touchera à son triomphe définitif, qui est prochain et que je prévois avec un mépris joyeux, pourquoi ne mettrait-on pas Mme Daniel Stern aux Sciences morales et politiques ?

464. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

II La critique, en effet, malgré les éloges que lui donne dans son volume l’auteur des Jugements nouveaux, le quel s’en est constitué l’historien et même le champion, la critique littéraire, qui n’est ni la grammaire ni la rhétorique, et qui n’est que d’hier dans le monde, robuste enfant, — terrible parfois, mais enfant encore, — n’a guères brillé jusqu’ici, comme tout ce qui commence, que par ses côtés inférieurs. […] La critique a donc commencé comme les positivistes — ces derniers savants, qui se croient les premiers, — prétendent qu’il faut finir, c’est-à-dire par la description et par la nomenclature. […] Dieu a déjà commencé à lui mettre sur sa tête brune, à l’aspect toujours jeune, la pincée de cendre des quarante ans qui sont le Mercredi des Cendres de la vie, la fin de ce Carnaval qu’il faut traduire : Adieu à la chair ! […] Seulement, c’est ici que la critique va commencer, si les femmes des nouvelles de Xavier Aubryet sont délicieuses, le cadre dans lequel elles se meuvent est moins irréprochable qu’elles.

465. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Lucrèce, sous une inspiration moins heureuse, rompt tout à coup le charme commencé de ses vers par cette singulière explication qu’il donne de l’ivresse de ses convives : « Comme si, dit-il173, dans la mort, la plus grande peine pour eux devait être une soif ardente qui les brûle et les dévore, ou quelque autre besoin qui les obsède. » O grand poëte, qu’êtes-vous devenu ? […] Enfin Démocrite, lorsque le déclin de l’âge l’avertit que son esprit commençait à languir, vint par un choix volontaire se livrer à la mort. […] Ici donc l’imitation lyrique de la Grèce commençait par le plus entier oubli de cette foi candide qui seule aurait pu l’inspirer. […] Elles commenceront le chant ; et il vous appartiendra de répondre : Hymen, ô dieu de l’hyménée !

466. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Ce n’est pas seulement aux nobles et aux chevaliers qu’il s’adresse : Je demande aussi à tous ceux qui savent les noms de plusieurs simples soldats que j’ai marqués comme j’ai pu, pour avoir commencé l’impulsion dans un combat, servi de guide à une brèche, ou mis le premier le genou sur les créneaux ou retranchements, qu’il leur plaise m’aider de tels noms sans avoir égard à la pauvre extraction et condition ; car ceux-là montent davantage qui commencent de plus bas lieu. […] Le duc de Mayenne était incommodé d’une grande masse de corps qui ne pouvait supporter ni les armes ni les corvées : l’autre, ayant mis tous les siens sur les dents, faisait chercher des chiens et des chevaux pour commencer une chasse ; et, quand ses chevaux n’en pouvaient plus, forçait une sandrille65 à pied.

467. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Ainsi, la seconde moitié du xviiie  siècle voit s’épanouir avec une force singulière la sensibilité française, qui commençait, depuis une vingtaine d’années, à reprendre, aux dépens de la raison, une place croissante dans la littérature et la philosophie. […] Il y a sous Louis XVI des pièces officielles qui commencent ainsi : « La sensibilité de mon cœur me porte à…, etc. » La Révolution fut le paroxysme, le déchaînement, l’éruption brûlante de la passion accumulée dans les cœurs, comme une lave volcanique, depuis plus d’un demi-siècle. […] Au temps de Louis XIV, la France, à ne considérer que les hautes classes, est de sang riche ; la saignée est le grand remède des médecins ; il y a foison, à commencer par le roi, de grands mangeurs, de corps solides, de tempéraments robustes.

468. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Dans les temps modernes, cette alliance commence à se renouer vers le xvie  siècle ; elle se resserre en Angleterre au xviie . […] Il nous apprend « que toutes choses ne sont pas dans le monde comme elles devraient l’être. » Il nous assure que lorsque le peuple aura le suffrage universel, « les enfants ne demanderont plus à leurs pères le pain qui leur manque et que le vieillard rassasié de jours se réjouira dans le pressentiment intime et mystérieux d’un nouveau printemps et d’une nature nouvelle. » Les seules idées qui aient un peu de corps dans ces écrits sont celles qu’il emprunte à l’école socialiste, école plus riche en penseurs que l’école démocratique, et qui précisément à cette époque commençait à s’allier à elle. […] Le socialisme, dont le dernier mot a été : guerre au capital, a commencé par proposer le règne du capital.

469. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Délicieuse et charmante histoire que cette histoire de la toilette chinoise du pauvre lazariste, par laquelle Huc commence son voyage ! […] C’est là sans doute aussi ce qui explique le peu de foi qu’inspire à Huc cette révolution commencée en Chine et dont il ne nous dissimule pas les progrès. […] Aussi corrompus, aussi lâches, aussi impuissants les uns que les autres, les Chinois de l’attaque lutteront avec des chances diverses contre les Chinois de la défense, et cette lutte pourrait, pendant longtemps, immobiliser le jeu aléatoire de toutes les horreurs, n’était l’idée de la condamnation par le sort de la race Mandchoue (actuellement régnante), qui commence déjà d’envahir ces têtes fatalistes et qui décidera probablement de la victoire !

470. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Chez une race mobile, enthousiaste, charmée des fêtes et des plaisirs comme de la gloire, ce génie prend part à tout : il commence où cesse le récit épique ; il donne à l’hexamètre majestueux l’accompagnement d’un second vers plus court, et, gravant ainsi la pensée, soutient le son poétique par l’accent musical. […] Solon, comme s’il eût prévu de quel appui et de quelle gloire Salamine serait un jour pour Athènes, vient, non pas comme un poëte, mais comme un malade dont l’esprit est troublé, sur la place publique ; et, bravant une loi tyrannique, il commence par ces paroles célèbres : Je viens, messager de l’aimable Salamine, avec le chant pour parure à mes paroles, en guise de harangue. » Et, sans être interrompu, il récite en cent vers un appel aux Athéniens, qui se terminait par ce cri de guerre75 : « Allons à Salamine combattre pour la possession de cette île aimable, ayant, chassé loin de nous le poids insupportable de la honte. » Jamais poésie n’eut tant d’empire : la loi est abrogée, la guerre décrétée et le poëte élu général. […] Mais que chacun marche droit, l’épée haute et le bouclier ct tendu sur la poitrine, quand la mêlée commence.

471. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il faut bien commencer par là, car la politique est la grande commande. […] Au lieu que le paysan rit de tout, et, pour commencer, de lui-même. […] On commence à la confondre avec le Sénat. […] Mais ce n’étaient pas eux qui avaient commencé. […] Avant d’écrire ces lignes, j’ai commencé par relire les œuvres et la correspondance de Darwin.

472. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Sans doute cette faculté puissante et féconde, à laquelle nous devons tant de nobles jouissances, tant d’heures d’une émotion pure, tant de créations merveilleuses qui sont devenues une portion de nous-mêmes et de nos souvenirs, sans doute cette belle faculté commençait à faiblir sensiblement ; on n’osait plus en attendre des chefs-d’œuvre comparables aux anciens ; on craignait même de la voir se complaire dans une postérité de plus en plus débile, comme il arrive aux plus grands hommes en déclinant comme le bon Corneille ne sut pas assez l’éviter dans sa vieillesse. […] Mais lorsque Byron eut débuté vers 1812, Scott nous avoue ingénument qu’il sentit qu’un trop dangereux rival allait entrer dans la lice ; et comme d’ailleurs la veine poétique qu’il avait suivie commençait à tarir, il se hâta de l’abandonner, et se jeta dans la prose et le roman.

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