— Ô temps où des peuples sans nombre Attendaient, prosternés sous un nuage sombre, Que le ciel eût dit oui ! […] Voici la première, celle de la fin, l’avant-dernière ; on commence peut-être à la savoir : Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ; Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ; Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre Brillait à l’occident, et Ruth se demandait. […] — Ô temps où des peuples sans nombre Attendaient, prosternés sous un nuage sombre, Que le ciel eût dit oui ! […] Par une secrète, par une ardente anticipation intérieure, par une secrète prise de possession antérieure de ses palmes, humble, chrétienne, secrète, mais si évidente, pour tous, pour lui-même, par une secrète prise de commandement antérieure, par une secrète saisie antérieure de sa future, de sa prochaine autorité de béatitude il parle, il prie déjà pour sa femme comme un martyr dans le ciel prie pour sa femme qui est restée sur terre. […] Cet amour, cette piété, cette religion de la terre, d’une terre devient l’amour, la piété, la religion du ciel.
Pour mon compte, je n’ai jamais mieux saisi la sublimité du ciel qu’en gravissant avec effort une haute montagne, alors que je me sentais entrer pour ainsi dire dans le ciel même, le conquérir à chaque pas avec effort, et que le désir d’infini semblait devoir être rassasié sans cesse à mesure qu’il s’éveillait en moi plus intense. […] Le bleu du ciel lui-même, si impalpable qu’il soit, acquiert parfois une apparence du velouté, qui augmente son charme en lui prêtant une douceur indéfinissable. […] Fechner, Méphistophélès, cet habitant du feu éternel, vêtu d’azur, la couleur du ciel, ou un berger d’idylle drapé dans un manteau rouge ? […] La science, parce qu’elle a l’œil fixé sur la nature, n’est pas nécessairement terre à terre : le ciel n’est-il pas aussi dans la nature ? […] Et le ciel ne voit point — d’amant plus heureux (Voiture.)
Il demande au ciel et à la terre des espaces non explorés encore, un coin où mettre sa statue comme dans un cimetière encombré. […] Dans la première forme de société, chez les Klephtes, chez les montagnards des Asturies, par exemple, chacun plus ou moins était poëte, chacun exhalait au ciel sa romance ou sa chanson, et n’en vivait que mieux et plus allègrement de toutes les saines et énergiques facultés de l’âme et du corps : ici, à cette autre phase extrême de la société, il se crée une situation inverse : la faculté poétique qui, aux époques intermédiaires, s’était successivement amortie et calmée dans beaucoup d’organisations occupées ailleurs, et s’était tenue à part et distincte en quelques hautes organisations couronnées, cette faculté revient avec une sorte de recrudescence, et se remue, se loge dans un nombre croissant de jeunes âmes. […] Au milieu de ce calme général, solennel, il se passe en un clin d’œil des mouvements prodigieux qui mesurent deux fois l’infini, comme dans ce vers sur l’aigle blessé : Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend. […] Nisard a dit récemment, en parlant d’Érasme : « Dans ce temps-là on ne connaissait pas le poëte, cet être tombé du ciel et qui meurt sans enfants, et pour qui le monde contemporain n’est qu’un piédestal d’où il s’élance, et où il vient replier de temps en temps ses ailes fatiguées. » Or c’est précisément ce poëte, contesté par l’homme de lettres et par le mondain, que M. de Vigny a voulu, non pas justifier dans des actes de frénésie28, mais plaindre, expliquer et venger aussi d’une oppression que peut-être la défense exagère.
maintenant reviens et descends encore. » Volontiers aussi notre tendre élégiaque, les mains levées au ciel, se fût écriée en sa naïve démence, avec une autre âme aimante, une autre muse voilée, sœur de la sienne49, et dont l’écho seul m’a, par hasard, apporté la voix : Secrets du cœur, vaste et profond abîme, Qui n’a pitié ne connaît rien de vous ! […] Jeune, à vingt ans, les cheveux au vent, le front au ciel, le bâton d’Oberman ou d’Ahasvérus à la main, on ferait le tour du monde en les récitant. […] Elle a rempli tous ses devoirs envers Dieu, envers nous. — Épargnons-nous ce remords de frapper cet esprit pur et divin. » Et après la mort : « (11 septembre 1850)… La volonté du Ciel est terrible, quand elle s’accomplit sur des êtres si faibles et si tendres que nous. » Mais tout à coup, dans ce ciel si lourd, si chargé, si sombre, un éclair inespéré a lui : « (14 janvier 1851)… Ondine se marie ! […] Mais quelle différence, me disais-je, entre les douleurs de l’une et celles de l’autre : l’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge : l’autre, dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ?
Avec eux, il est naïf, vrai, plein de verve ; il touche le ciel. […] L’homme mûr ne peut plus croire ce que croit l’enfant ; l’homme ne peut plus croire ce que croit la femme ; et ce qu’il y a de terrible, c’est que la femme et l’enfant joignent leurs mains pour vous dire : « Au nom du ciel, croyez comme nous, ou vous êtes damné. » Ah ! […] ne vaudrait-il pas mieux nous asseoir les uns et les autres à côté de la pauvre humanité, assise, morne et silencieuse, sur le bord du chemin poudreux, pour relever ses yeux vers le doux ciel qu’elle ne regarde plus ? […] I, p. 345 Comparez, dans le poème de saint Brandan, la peinture de cette île merveilleuse, où les moines ne vieillissent pas et reçoivent leur pain du ciel, où les lampes s’allument d’elles-mêmes pour les fêter ; vie de silence, de liberté, de calme, idéal de la vie monastique au milieu des flots.
Toutes les fables éparses du monde hellénique viennent, d’Argos ou de Thèbes, de Delphes ou de Corinthe, se transfigurer sous le ciel d’Athènes, et s’élever à la vie de l’art. […] Au lieu de l’échappé de la défaite qui se lamentait tout à l’heure, on croit entendre un héraut radieux, lancé par une armée victorieuse, qui tombe, comme du ciel, sur la place publique, et raconte sa délivrance au peuple resté dans la ville, en jetant au pied d’un autel des faisceaux de palmes. […] C’est alors que se déploie, sous la lumière d’un chant rayonnant, la plus belle bataille navale de l’antiquité. — Le Jour se lève, poussant ses chevaux blancs dans le ciel, et son premier rayon fait jaillir par mille voix, de la flotte hellène, le Pœan sacré. […] Le rêve réalisé de l’industrie moderne, perçant des isthmes, desséchant des mers, éventrant ou renversant des montagnes, n’aurait été pour un Grec qu’un abus monstrueux de la force humaine, défiant la revanche irritée du ciel.
Le ciel, qui veillait sur votre ami, n’a pas voulu qu’il entrât dans cette carrière où il ne se trouvait qu’un peu d’honneur parmi beaucoup de dangers. […] Je ne sais ce que le ciel me destine ; mais jamais il n’a versé tant de joie dans mon âme. […] Puisse le ciel me rapprocher un jour de vous et me donner bientôt l’occasion de m’acquitter des services que vous m’avez rendus ! […] Cette 2e édition s’écoule donc un peu lentement, mais elle s’écoule, et j’ai lieu de bénir le ciel qui a permis qu’en un an et demi j’aie tiré du fruit de mes travaux de quoi payer mes dettes, acquitter tous les frais de la présente édition qui m’appartient, et acquérir une petite maison qui sera, s’il plaît à Dieu, la retraite de ma vieillesse.
Pourquoi pas la vie entière de saint Antoine, qui ne fut pas qu’un homme tenté, mais un des plus grands hommes du christianisme naissant, un de ces puissants contemplateurs qui, du désert ou du ciel qu’ils portaient dans leur cœur, regardaient le monde et l’ont quelquefois gouverné ? […] Après le vigoureux hoquet panthéiste à travers lequel saint Antoine s’écrie qu’il « voudrait se mêler à tout, voler, nager, aboyer, beugler, hurler, souffler de la fumée, avoir une carapace, porter une trompe, s’émanier avec les odeurs, couler comme l’eau, se développer comme la plante, briller comme la lumière, pénétrer les atomes, Être la matière » , tout à coup, on ne sait pourquoi, le ciel se découvre dans les nuages d’or, « et on voit dans le disque même du soleil la figure rayonnante de Jésus-Christ ». […] Nous n’avons qu’à prier le ciel de l’arracher à la voie littéraire — si cela peut s’appeler une voie littéraire — dans laquelle il s’est engagé et morfondu. Il n’y a certainement que le ciel qui puisse le tirer de ce mauvais pas.
Ensuite le monde agrandi par les découvertes sur la terre et dans le ciel. […] Il n’y a pas plus de temps que les hommes savent que la terre est ronde, qu’elle est petite et que le ciel est infini. […] Le monde tout petit du moyen âge, avec son ciel très bas et Dieu tout près, cela a disparu presque brusquement. […] Et ce sont là, comme l’histoire le prouve, les seuls vœux que le ciel tienne pour justes. […] Si l’on fait l’acte bon pour mériter le ciel, il n’est plus bon.
Lorsque l’auteur de Simiane nous montre Juliette s’enivrant des douces paroles amoureuses dont la musique se môle à l’oscillation du bateau, quand il nous murmure un peu longuement quelques-unes de ces tendresses infinies : « A quoi servirait au ciel d’être la plus étincelante merveille qui soit sortie des mains du créateur, s’il ignorait lui-même sa beauté ? […] Étendu tout du long, il écoutait les sons que Juliette tirait de son clavecin, et en même temps il suivait des yeux les nuages qui flottaient au gré du vent dans l’azur du ciel.
Nous ne craignons vraiment que la chute du ciel, et, même quand le ciel croulerait, nous nous endormirions tranquilles encore sur cette pensée : l’Être, dont nous avons été l’efflorescence passagère, a toujours existé, existera toujours.
… au lieu du coup de tonnerre du Christianisme tombant du ciel, de ce coup de tonnerre comme le monde n’en avait jamais entendu. […] Dieu descendit du ciel, et pour qu’on le vît mieux par le repoussoir de cet épouvantant contraste, il se fit attacher à la croix des scélérats.
Enfin, comme tous les utopistes de ce temps et de tous les temps, qui ont renversé le grand aperçu chrétien, M. l’abbé Mitraud semble prendre la société pour un état définitif, au lieu de la concevoir comme un état de passage, et alors la question devient pour lui ce qu’elle fut, par exemple, pour Fourier, Saint-Simon et tant d’autres réformateurs, c’est-à-dire — qu’elle consiste à trouver des institutions qui établissent le ciel sur la terre, — ce qu’on cherchera probablement longtemps encore, — au lieu de faire monter la terre dans le ciel, comme la Religion nous l’enseigne, et, dans son affranchissement des âmes, sait l’exécuter tous les jours !
Œil épanoui, Je peins, ébloui Ou triste, Le ciel radieux, Et, mélodieux Artiste, Près du fleuve grec Murmurant avec Les cygnes Fiers de leur candeur, Je dis la splendeur Des lignes. […] La nature et ses grands spectacles, — car pour les poètes qui manquent de cœur il y a encore la nature, — la nature et ses grands spectacles : la mer, le ciel, les paysages, n’arrivent à la perception de Banville que de seconde main, par l’intermédiaire de quelque peintre dont il a vu les toiles ou de quelque poète dont il a lu et admiré les vers.
Au moment même où elle lui avait fait monter, de lettres en lettres et d’aveux enivrants en aveux enivrants, jusqu’au bonheur suraigu et coupable qui est le point fatal et final de l’amour heureux, jusqu’à ce ciel d’une minute qui est le ciel de l’amour, celui dont parle madame de Staël avec tant de poésie — et qui n’est souvent qu’un bourreau vulgaire — frappa, et la faute fut punie !
En passant des Grecs aux Romains, nous éprouvons à peu près le même sentiment qu’un voyageur, qui, après avoir parcouru les îles de l’Archipel et le climat voluptueux de l’ancienne Ionie, serait tout à coup transporté au milieu des Alpes ou des Apennins, d’où il découvrirait un horizon vaste et une nature peut-être plus majestueuse et plus grande, mais sous un ciel moins pur, et qui ne porterait point à ses sens cette impression vive et légère qu’il éprouvait sous le ciel et dans la douce température de la Grèce.
Que de poésie dans ces vapeurs bleuâtres tourbillonnant dans un ciel serein pour se mêler aux nuées diaphanes qui cachent la cime du Péguère et du Cabaliros ! […] Déjà l’orage gronde sur la colline, déjà le ciel s’obscurcit, déjà les flocons de neige se précipitent sur l’aile de l’ouragan. […] Que le ciel te conserve avec ton noir museau ! […] Nous assistons à ces complots de petite ville plate et bête, qui empoisonnent l’air le plus pur et voilent le ciel le plus riant. […] — Oui, je l’aime, je l’aime, et le ciel, qui m’entend, — ferait un miracle, je l’aime et ne me soucie de rien autre que de lui !
Les Anglais ont l’esprit public, et nous l’honneur national ; nos belles qualités sont plutôt des dons de la faveur divine que les fruits d’une éducation politique : comme les demi-dieux, nous tenons moins de la terre que du ciel.
Alors, par un jeu de l’optique, l’horizon recule et les galeries suspendues en l’air se découpent sur les fonds du ciel et de la terre.
On lui mit, suivant les rites, trois grains de riz sur les lèvres, comme pour reporter au ciel (le Tien) le plus grand bienfait qu’il eût accordé à l’empire chinois dans cet aliment qui devait multiplier à l’infini le nombre des hommes sur la terre d’Asie. […] En présence de tous ses courtisans il se reprocha le tort qu’il avait eu de ne pas l’employer assez, et dit en peu de mots tout ce qu’on pouvait dire de plus honorable en faveur de celui qu’il regrettait. « Le ciel suprême, dit-il, est irrité contre moi ; il m’a enlevé le trésor le plus précieux de mon royaume en m’enlevant le sage qui en faisait la principale gloire et le plus bel ornement. » Ce magnifique éloge, tout mérité qu’il était, aurait pu être regardé comme un tribut que ce prince payait à la coutume, s’il ne l’eût fait suivre par quelque chose de plus durable que les paroles. […] J’en prends à témoin le ciel, la terre et mes ancêtres. […] « Ô ciel ! […] C’est un paysage qui n’a point de ciel ; c’est un temple qui n’a point de mystères ; c’est un jour qui n’a point de songes dans sa nuit !