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369. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Mise soignée et même coquette ; pantalon gris, gilet blanc, simple cravate bleu ciel, d’ancien style. […] Elle portait sans cesse à son nez un gros flacon d’éther, puis renversait sa tête sur le dossier et regardait le ciel noir. […] Toutes les splendeurs du ciel peuvent se refléter dans un étang. […] Hauteurs peu élevées, mais dont les crêtes découpent sur le ciel un zigzag de lignes très nettes. […] Il aime aussi les accès de gaieté qui dérident brusquement leurs mélancolies, comme une éclaircie de ciel bleu entre deux « grains ».

370. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Cette voix angélique, qui semble venir des profondeurs du ciel, sait prendre, quand il le faut, l’accent mâle de l’homme. […] Ce demi-dieu qui se souvenait du ciel fit des romans, des brochures et des articles comme nous. […] Mais le ciel est avare de ces bienfaits. […] Le palmier rêvait des neiges du pôle sous la pluie de feu de l’équateur ; le sapin, frissonnant sous les frimas de la Norvège, rêvait de ciel bleu et de soleil brûlant. […] Dans le ciel, un essaim de grues vole en formant le Y ou le delta.

371. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

À peine une étoile du ciel qu’un œil humain puisse maintenant apercevoir ; les brouillards pestilentiels, les impures exhalaisons devenues incessantes, excepté sur les plus hauts sommets, ont effacé toutes les étoiles du ciel. […] Ton âme serait bien morte, si jamais, à aucune heure, à l’heure gémissante de minuit, quand le spectre de cette église pendait dans le ciel, et que l’être était comme englouti dans les ténèbres ; tu serais bien inerte, si elle ne t’a pas dit des choses indicibles qui sont allées jusqu’à l’âme de ton âme. […] Et pourtant ce vêtement est tissé dans le ciel et digne de Dieu1426. » — « Car la matière est esprit, manifestation de l’esprit. […] » Ôte les écailles de tes yeux, et regarde. « Tu verras que ce sublime univers, dans la moindre de ses provinces, est, à la lettre, la cité étoilée de Dieu ; qu’à travers chaque étoile, à travers vers chaque brin de gazon, surtout à travers chaque âme vivante rayonne la gloire d’un Dieu présent. —  Génération après génération, l’humanité prend la forme d’un corps, et, s’élançant de la nuit cimmérienne, apparaît avec une mission du ciel. […] Les lois de Dieu sont transformées en principes du plus grand bonheur possible, en expédients parlementaires ; le ciel ne dresse sa coupole au-dessus de nous que pour nous fournir une horloge astronomique, un but aux télescopes d’Herschel, une matière à formules, un prétexte à sentimentalités.

372. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Mais il me priait de ne pas tenir de pareils discours, parce qu’ils pourraient me nuire, et d’attendre tranquillement ce que le ciel voudrait faire en ma faveur. […] m’écriai-je en levant les mains au ciel. […] m’écriai-je, qui êtes ressuscité et monté au ciel, faites que mon moule se remplisse bien vite ! […] La tête de Persée n’avait pas moins bien réussi, et j’en fus surpris davantage ; car la matière avait servi tout juste pour la remplir entièrement, et je regardai cela comme un coup du ciel. […] On jetait sa vie ou son immortalité à croix ou pile, pourvu qu’un pape eût le temps de vous pardonner et de vous renvoyer du gibet au ciel.

373. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

non, il n’est point ici-bas de mortelle « Qui se puisse avouer plus heureuse que moi ; « Mais à certains moments, et sans savoir pourquoi, « Il me prend des accès de soupirs et de larmes ; « Et plus autour de moi la vie épand ses charmes, « Et plus le monde est beau, plus le feuillage vert, « Plus le ciel bleu, l’air pur, le pré de fleurs couvert, « Plus mon époux aimant comme au premier bel âge, « Plus mes enfants joyeux et courant sous l’ombrage, « Plus la brise légère et n’osant soupirer, « Plus aussi je me sens ce besoin de pleurer. » C’est que, même au-delà des bonheurs qu’on envie, Il reste à désirer dans la plus belle vie ; C’est qu’ailleurs et plus loin notre but est marqué ; Qu’à le chercher plus bas on l’a toujours manqué ; C’est qu’ombrage, verdure et fleurs, tout cela tombe, Renaît, meurt pour renaître enfin sur une tombe ; C’est qu’après bien des jours, bien des ans révolus, Ce ciel restera bleu quand nous ne serons plus ; Que ces enfants, objets de si chères tendresses, En vivant oublieront vos pleurs et vos caresses ; Que toute joie est sombre à qui veut la sonder, Et qu’aux plus clairs endroits, et pour trop regarder Le lac d’argent, paisible, au cours insaisissable, On découvre sous l’eau de la boue et du sable. Mais comme au lac profond et sur son limon noir Le ciel se réfléchit, vaste et charmant à voir, Et, déroulant d’en haut la splendeur de ses voiles, Pour décorer l’abîme y sème les étoiles, Tel dans ce fond obscur de notre humble destin Se révèle l’espoir de l’éternel matin ; Et quand sous l’œil de Dieu l’on s’est mis de bonne heure, Quand on s’est fait une âme où la vertu demeure ; Quand, morts entre nos bras, les parents révérés Tout bas nous ont bénis avec des mots sacrés ; Quand nos enfants, nourris d’une douceur austère, Continueront le bien après nous sur la terre ; Quand un chaste devoir a réglé tous nos pas, Alors on peut encore être heureux ici-bas ; Aux instants de tristesse on peut, d’un œil plus ferme, Envisager la vie et ses biens et leur terme, Et ce grave penser, qui ramène au Seigneur, Soutient l’âme et console au milieu du bonheur. […] Dans l’île Saint-Louis, le long d’un quai désert, L’autre soir je passais : le ciel était couvert, Et l’horizon brumeux eût paru noir d’orages, Sans la fraîcheur du vent qui chassait les nuages ; Le soleil se couchait sous de sombres rideaux ; La rivière coulait verte entre les radeaux ; Aux balcons çà et là quelque figure blanche Respirait l’air du soir ; — et c’était un dimanche. […] C’est la source du Nil que les voyageurs anciens et modernes n’ont pu découvrir, et qui semble découler directement du ciel à travers les nuées de l’Abyssinie. […] Sa constitution délicate et les maux de poitrine dont il était affecté le déterminèrent, vers l’année 714 ou 715, vers l’âge de trente ans, à chercher un ciel plus chaud…” « Mais ceci tombe dans la conjecture. — Le plus voyageur des critiques, M. 

374. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Quand donc nous parlons d’expression humaine de la notion divine, nous entendons une idée analogue à celle que Shelley a radieusement exprimée : Ô terre heureuse, réalité de ciel ! […] Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme, Battant toute vendange aux collines, couchant Toute moisson de la vallée et ravageant Le ciel tout bleu, le ciel chanteur qui te réclame. […] Le poète est bien cet être, ce Jésus éternellement ravi d’une vision de ciel, cet éternel enfant à qui, quelque jour, des puissances inconnues sont venues faire le triple don. […] « Générations après générations, écrit admirablement Carlyle, l’humanité prend la forme d’un corps, et, s’élançant de la nuit cimmérienne, apparaît avec une mission du ciel. […] Ah, jusqu’alors, écueil ou phare, on pourra voir Dans la fureur du ciel mon Rêve qui s’élève Et défie les assauts de l’aurore et du soir.

375. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Un ciel absolument cerise, un ciel coupé, rayé, haché par les branches, les branchettes, les brindilles des arbres, y mettant le dessin noir et persillé d’une agate arborisée. […] Quand je me réveille sur la place de la Concorde, sous un ciel d’un bleu noir, sans étoiles, et ou mortuairement brillent six ou huit flammes électriques, dans de hauts lampadaires, j’ai, une seconde, le sentiment de n’être plus vivant, et de suivre une Voie des Âmes, dont j’aurais lu la description dans Poe. […] Les années de choléra, j’ai été frappé par un certain bleu neutralteinte, bleu violacé, qu’il me semble retrouver dans le ciel, cet an. […] Un ciel tout zébré de noir, et au milieu duquel il éclaire, parmi les senteurs écœurantes des orangers, parmi le bruit, comme brisé, de jets d’eau las. […] J’ai vu d’autres enfants de son âge, dessiner, et dessiner aussi bien que lui, mais je n’en ai pas vu faire des ciels, des colorations d’orage, des feux d’artifice de soleil couchant, enfin se livrer à des barbouillages, ressemblant mieux à la marbrure brouillée d’une palette de peintre de talent.

376. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

La triste condoléance de son sourire, la profondeur d’affection qui brillait dans ses yeux à travers ses larmes, ouvraient au roi et à la reine un coin de ciel intérieur où les regards se reposaient confidentiellement de tant de trouble. […] Il y a des événements qui sortent du ciel, comme des bouches de volcan, sans avoir été allumés par aucune main, ou qui sortent du ciel comme des météores, sans que personne puisse dire d’où ils viennent, ce qu’ils vont frapper et où ils vont s’éteindre. […] Des fédérés et des républicains fanatiques montèrent sur les planches, trempèrent les pointes de leurs sabres et les lances de leurs piques dans le sang, et les brandirent vers le ciel en poussant le cri de : “Vive la République ! […] Si donc Louis XVI, roi trop récemment dépossédé de la toute-puissance, roi à qui toute restitution du pouvoir au peuple devait paraître déchéance, roi mal satisfait de la part de règne qui lui restait, aspirant à reconquérir l’autre part, tiraillé d’un côté par une assemblée usurpatrice, tiraillé de l’autre par une reine inquiète, par une noblesse humiliée, par un clergé qui faisait intervenir le ciel dans sa cause, par une émigration implacable, par ses frères courant en son nom par toute l’Europe pour chercher des ennemis à la Révolution ; si Louis XVI, roi, paraissait à la nation une conspiration vivante contre sa liberté, si la nation le soupçonnait de trop regretter dans son âme le pouvoir suprême, de faire trébucher volontairement la nouvelle constitution pour profiter de ses chutes, de conduire la liberté dans des pièges, de se réjouir de l’anarchie, de désarmer la patrie, de lui souhaiter secrètement des revers, de correspondre avec ses ennemis, la nation avait le droit de le citer jusque sur son trône, de l’en faire descendre, de l’appeler à sa barre et de le déposer au nom de sa propre dictature et de son propre salut.

377. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Le monde sensible (toute la rue si vous êtes à Paris, le ciel et les arbres si vous êtes à la campagne) vous entre, si je puis dire, dans les yeux. […] Le ciel était gris. […] Et, si la lune éclaire, comment le ciel peut-il être « gris » ? […] En réalité, il note sans dessein, sans nul souci de ce qui les lie, les sensations et les sentiments qui surgissent obscurément en lui, un soir, en regardant le ciel rouge encore du soleil éteint. «… Crépuscule ; souvenir… Il rougeoie ; espérance… Il fleurit ; dahlia, lis, tulipe, renoncule ; treillis de serre ; parfums chauds… On pâme, on s’endort… ; souvenir ; crépuscule… » Ni le rapport entre les images et les idées, ni le rapport des images entre elles n’est énoncé. […] » Et elle meurt, et son âme monte au ciel  Une femme est amoureuse d’un homme qui est le diable.

378. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

partout ton nom console mon oreille… …………………… Tu sais que dans le mien le ciel daigna l’écrire ; On ne peut m’appeler sans t’annoncer à moi, Car depuis mon baptême il m’enlace avec toi. […] Un autre m’écrit : « … Ce nom, que Marceline Desbordes-Valmore voile de cette indication, Tu sais que dans le mien le ciel daigna l’écrire, ne serait-il pas celui d’un des Marcellus ? […] Un troisième correspondant a eu une autre idée : « … Les vers que vous citez : Ton nom… Tu sais que dans le mien le ciel daigna l’écrire, me semblent s’appliquer parfaitement à Saint-Marcellin, fils naturel de Fontanes, auteur dramatique et journaliste, et qui fut tué en duel en 1819 ou 1820. » Eh bien ! […] Que dites-vous de cette phrase sur les émeutiers massacrés à Lyon : « Tomber ainsi en martyr, sous l’atroce barbarie des rois, c’est aller au ciel d’un seul bond, et ce qui nous reste à voir peut-être dans cette ville infortunée nous faisait par moments envier l’élite qui montait à Dieu » ? […] Alexandre Dumas (cette colère qui m’a fait entrevoir un moment le ciel d’une mère, le cœur de son enfant soulevé en sa faveur), c’est que ce n’est pas ici, dans ce monde comme il est fait, qu’il faut prétendre être jugé suivant ses vertus et ses fautes… » J’emprunte ici quelques détails à des fragments de Mémoires : Un projet de mariage de Sainte-Beuve, publiés par la Gazette anecdotique du 31 janvier 1889.

379. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

La jeunesse pourtant, cette  puissance d’illusion et de tendresse dont elle est douée, cette gaieté naturelle qui en formait alors le plus bel apanage et dont notre poëte avait reçu du ciel une si heureuse mesure, toutes ces ressources intérieures triomphèrent, et la période nécessiteuse qu’il traversait brilla bientôt à ses yeux de mille grâces. […] Il faut que, toutes les deux ou trois secondes, la pensée revienne faire acte de présence à un coin marqué, jaillir à travers un nœud étroit et fixe, rebondir sur une espèce de raquette inflexible et sonore : elle est à cent lieues, au bout du monde, dans le ciel ; n’importe, il faut qu’elle revienne et qu’elle touche à point. […] La Sainte Alliance des Peuples, composée dès 1818, est en quelque sorte un magnifique pavillon dressé au centre et au sommet de cette chaîne de collines, dont le dieu des Bonnes Gens décore le ciel. […] Du moins plus haut que les luttes humaines, Fixant tes yeux sur les places sereines, L’âme invisible errait souvent au ciel !

380. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Les livres sacrés sont presque universellement composés de chants, comme si le chant était la forme du langage qui descendît le plus naturellement du ciel et y remontât le plus naturellement aussi. […] C’était de l’arabe concentré, une langue forte et brève, qui n’exposait pas la pensée, mais qui la lançait au ciel ou aux hommes. […] En les lisant, on entend d’ici le chœur ou le peuple, auquel on jette le refrain, qui le reçoit sur les lèvres et qui le faire retentir en le prolongeant jusqu’au ciel. […] Toute âme qui jouit, qui souffre, qui combat, qui triomphe, qui prie, qui gémit, qui sanglote, qui se reconsole, qui se repent, qui se replie du monde et qui se réfugie au ciel, cherche en elle-même des paroles, et, ne les trouvant pas en elle, elle ouvre les Psaumes et elle trouve des milliers de versets qui jouissent, souffrent, luttent, prient, gémissent, pleurent, invoquent ou s’extasient à l’unisson de son âme.

381. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Plût au ciel que j’en puisse faire d’autre et sortir de moi ! […] Voici la fin d’une de ces joyeuses énumérations : Zeb plante une forêt de gibets à Nicée ; Christiern fait tous les jours arroser d’eau glacée Des captifs enchaînés nus dans les souterrains ; Galéas Visconti, les bras liés aux reins, Râle, étreint par les nœuds de la corde que Sforce Passe dans les œillets de sa veste de force ; Cosme, à l’heure où midi change en brasier le ciel, Fait lécher par un bouc son père enduit de miel ; Soliman met Tauris en feu pour se distraire ; Alonze, furieux qu’on allaite son frère, Coupe le bout des seins d’Urraque avec ses dents ; Vlad regarde mourir ses neveux prétendants, Et rit de voir le pal leur sortir par la bouche ; Borgia communie ; Abbas, maçon farouche, Fait, avec de la brique et des hommes vivants, D’épouvantables tours qui hurlent dans les vents… etc… car ça continue. […] Et, s’il me fallait avouer, à mon corps défendant, que Musset n’a peut-être pas la puissance des deux autres, du moins je ne pourrais me prononcer entre ces deux-là, et je me redirais les vers du poète Charles de Pomairols, parlant de Lamartine : (…) Et son génie aisé, que la grâce accompagne, N’a pas le rude élan de la haute montagne Assise pesamment sur ses lourds contreforts, Miracle de matière, orgueilleuse géante, Qui redresse les flancs de sa paroi béante, Et tend au ciel lointain sa masse avec efforts. Plutôt son œuvre douce où coulent tant de larmes Fait songer à la mer triste, pleine de charmes, Dont l’Esprit langoureux, fluide et palpitant, Mollement étendu sur sa couche azurée, S’unit de toutes parts à la voûte éthérée Et berce tout le ciel sur ses flots en chantant.

382. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Que de fois, laissant tomber ma plume et abandonnant mon âme à ces mille sentiments qui, en se croisant, produisent un soulèvement instantané de tout notre être, j’ai dit au ciel : Donne-moi seulement la vie, je me charge du reste ! […] Nul ne peut dire de quel point du ciel apparaîtra l’astre de cette rédemption nouvelle. […] Que dire de ceux qui attendent tous les jours la fin du monde et la venue d’un corps humain qui descendra du ciel pour régner ? […] Jean Journet, de nos jours, a été mis à Bicêtre ; or Jean Journet ne croit pas faire de miracles, parler des langues qu’il n’a pas apprises, avoir été au troisième ciel, etc.

383. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Ils n’éclairaient pas le ciel ; ils l’incendiaient. […] De là un nouveau ciel historique au-dessus de nos têtes. […] Il n’y a pas de plus pathétique et de plus sublime spectacle ; l’humanité délivrée d’en haut, les puissants mis en fuite par les songeurs, le prophète anéantissant le héros, le balayage de la force par l’idée, le ciel nettoyé, une expulsion majestueuse. […] Pendant que, du côté de l’engloutissement, de plus en plus penchante au gouffre, la flamboyante pléiade des hommes de force descend, avec le blêmissement sinistre de la disparition prochaine, à l’autre extrémité de l’espace, là où le dernier nuage vient de se dissoudre, dans le profond ciel de l’avenir, azur désormais, se lève éblouissant le groupe sacré des vraies étoiles : Orphée, Hermès, Job, Homère, Eschyle, Isaïe, Ézéchiel, Hippocrate, Phidias, Socrate, Sophocle, Platon, Aristote, Archimède, Euclide, Pythagore, Lucrèce, Plaute, Juvénal, Tacite, saint Paul, Jean de Pathmos, Tertullien, Pelage, Dante, Gutenberg, Jeanne d’Arc, Christophe Colomb, Luther, Michel-Ange, Kopernic, Galilée, Rabelais, Calderon, Cervantes, Shakespeare, Rembrandt, Kepler, Milton, Molière, Newton, Descartes, Kant, Piranèse, Beccaria, Diderot, Voltaire, Beethoven, Fulton, Montgolfier, Washington ; et la prodigieuse constellation, à chaque instant plus lumineuse, éclatante comme une gloire de diamants célestes, resplendit dans le clair de l’horizon et monte, mêlée à cette immense aurore, Jésus-Christ !

384. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il semble toujours que cette étrange et magnifique épopée, qui résume toutes les conceptions du Moyen Âge, où tout est mêlé, la fable et la théologie, les guerres civiles et la philosophie, le vieil Olympe et le ciel chrétien, n’a pas encore trouvé d’interprète d’un esprit assez patient ou assez flexible pour se prêter aux formes si variées d’un drame qui touche tout, d’une poésie qui chante sur tous les tons. […] Sincèrement épris de l’Italie, de sa musique, de son ciel et de ses grands auteurs, M.  […] Mais nous autres que la philosophie du Moyen Âge intéresse moins que ce qui y perce d’imagination gracieuse et d’éternelle sensibilité humaine, ce sera toujours à un point de vue plus réel et plus ému que nous nous plairons, au milieu de toutes les difficultés et des énigmes du voyage, à noter des endroits comme ceux-ci, où le poète, guidé par Béatrix dans les cercles du ciel, et approchant de la dernière béatitude, se montre ingénument suspendu à son regard, et nous la montre, elle, dans l’attitude de la vigilance et de la plus tendre maternité : Comme l’oiseau, au-dedans de son feuillage chéri, posé sur le nid de ses doux nouveau-nés, la nuit, quand toutes choses se dérobent ; qui, pour voir l’aspect des lieux désirés, et pour trouver la nourriture qu’il y va chercher pour les siens et qui le paiera de toutes ses peines, prévient le moment sur la branche entr’ouverte, et d’une ardente affection attend le soleil, regardant fixement jusqu’à ce que l’aube paraisse : ainsi ma dame se tenait droite et attentive, tournée vers l’horizon, etc., etc.

385. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Marthe, la pauvre jeune fille sacrifiée, cette Mignon du Nord exilée sous le ciel de Naples, et regrettant sa chère Allemagne où elle veut qu’on la ramène, ne fût-ce que dans le cercueil, a de la tendresse et du charme sans fadeur. […] Dès l’enfance, elle s’annonce comme un prodige : encore dans les langes, et comme on avait placé son berceau, un soir d’été, près d’une fenêtre ouverte, elle pleure et crie jusqu’à avoir des convulsions : c’est qu’elle voyait une étoile au ciel et qu’elle la voulait. […] Quelqu’un de bien informé, ce semble, et d’initié à ces mystères me dit par avance : « Je vous livre Raoul, Gandrax, Clotilde, et tout ce vigoureux feuillage dans lequel il encadre une pervenche, dont la destinée est de refléter le ciel un jour et de se fondre aussitôt en rosée.

386. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Sur la branche un petit oiseau dit alors, par son chant : « Ne troublez pas l’eau, ô jeune fille, de cette façon, avec vos deux petits pieds ; Car je ne pourrai plus y voir mon image, ni davantage les étoiles du ciel : écoutez la prière d’un petit oiseau, ne troublez pas l’eau, la belle enfant !  […] Aniel, l’œil de larmes humide : Sois sans crainte, l’onde saura Redevenir bientôt limpide, Et le ciel s’y reflétera. […] c’était sous le vert feuillage, Quand le front près du mien penché, Le jeune Erinn sur mon visage Tenait son regard attaché, C’était à lui qu’il fallait dire : Ne trouble pas le cœur d’Aniel ; Cœur troublé, qui d’amour soupire, Ne peut plus réfléchir le ciel.

387. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Ils plaçaient dans le ciel les délices de la vengeance. […] Ils croyaient que du haut du ciel, Odin les animait au carnage. […] Elle porta vers le ciel des regards souillés par les vices de la terre.

388. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

On trouve, par exemple, ces vers sur l’union du pouvoir spirituel et temporel, au seizième Chant du Purgatoire : De la terre et du ciel les intérêts divers Avaient donné longtemps deux chefs à l’univers ; Rome alors florissait dans une paix profonde, Deux soleils éclairaient cette reine du monde : Mais sa gloire a passé quand l’absolu pouvoir A mis aux mêmes mains le sceptre et l’encensoir3. […] Arrivés à l’hémisphère qui répond au nôtre, ils découvrent un nouveau ciel et d’autres étoiles. […] C’est une colline dont le sommet se perd dans le ciel, et qui peut avoir en hauteur ce qu’a l’Enfer en profondeur.

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