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624. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il n’est guère de visage de femme qui, dans sa jeunesse, ne trouve son adorateur ; il n’est guère de poète ni d’auteur qui, en vieillissant, n’ait ses admirateurs et ses disciples. […] Livet sortant à peine du collège fut conduit par son père dans une bibliothèque de province : il y avait de ces vieux auteurs français ; il les lut. […] Saint-Amant et Théophile sont de vrais poètes ayant verve, mouvement et une sorte d’originalité ; ils se distinguent entre tous ceux de cette époque intermédiaire (j’excepte bien entendu Rotrou et Corneille, par nobile fratrum, dans l’ordre des auteurs dramatiques). […] Cependant ç’a été un défaut de beaucoup d’auteurs : Buchanan a décrit une vieille avec toutes les figures de sa rhétorique ; Saint-Amant a fait une Chambre de débauché avec toute la naïveté de son style. […] Les vers sont mous et lâches comme le seraient des vers de Scudéry ; l’auteur ne paraît pas se douter de l’art d’écrire en vers sérieux.

625. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

L’auteur le trouvait trop joli pour l’ensevelir. […] Sandeau n’était évidemment qu’une fiction de l’auteur, qu’il est bien clair que tout ce que dit M.  […] cette tentation, sous la seule forme où elle pouvait se présenter à un homme de sa sorte, l’auteur des Jeudis l’a éprouvée, et il n’a pas su y résister. […] Pour les rendre plus piquants, l’auteur a outré dans quelques-uns les traits, ce qui est, dit-il, le droit du satirique : il a, dans d’autres, altéré la vérité, ce qui n’est le droit de personne. […] Sans cesse tiraillé entre Paris et la province, l’auteur se raille de tous deux, et de la province comme de Paris ; il abuse même étrangement du nom de Gigondas, lequel lieu, des mieux habités, me dit-on, n’est pas celui de sa commune, et qui aurait droit de réclamer, pour être ainsi sans raison livré au ridicule ; mais enfin c’est à Paris qu’il en veut surtout, c’est Paris qu’il dénigre, contre lequel il a à exercer ses plus amères rancunes ; c’est à Paris qu’il disait tous les six mois en le quittant et en le menaçant du geste, comme Danton, ce grand auteur, ou comme le boudeur Jean-Jacques : Adieu, Paris, ville de fumée et de boue !

626. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Au moment où il conçut l’idée de son ouvrage, l’abbé Barthélemy avait lu ses anciens auteurs ; il les relut alors plume en main, « marquant sur des cartes tous les traits qui pouvaient éclaircir la nature des gouvernements, les mœurs et les lois des peuples, les opinions des philosophes ». […] … » Ici Barthélemy a beau mettre une note pour citer son auteur, ce mot de singe, prononcé tout d’abord et dès l’exorde, en un tel lieu et dans un tel ordre d’idées, détonne et jure. […] Au xvie  siècle, au lendemain de la Renaissance et, dans l’ivresse qui la suivit, nos poètes français imitèrent les Grecs sans sobriété et sans goût ; ils manquèrent les grandes parties par l’excès de leur imitation même ; ils ne réussirent à bien rendre que les petits auteurs, les odes gracieuses, anacréontiques, quelques idylles tombées du trésor de l’Anthologie. […] Le chevalier de Boufflers lui répondit, et eut les honneurs de la séance par une analyse brillante du Jeune Anacharsis, dont il comparait l’auteur à Orphée. […] Il trouva partout de l’écho, et il n’y eut qu’une voix opposante : ce fut celle d’un auteur autrefois très protégé de la Cour, Laignelot, qui avait fait une tragédie d’Agis quelques années avant la publication et le succès d’Anacharsis, et qui en avait conçu de la jalousie de métier.

627. (1903) Zola pp. 3-31

C’est là qu’on trouve, aveu naïf que l’auteur se serait gardé de faire plus tard : « Elle en vint à… par un lent travail d’esprit qu’il serait très intéressant d’analyser » ; et que l’auteur n’analysait point du tout. […] Il lisait peu et uniquement des auteurs contemporains pour les traiter avec un mépris souverain dans quelques essais de critique ou plutôt de polémique littéraire. Il est évident que, non seulement il n’a jamais su un mot d’histoire, mais qu’il n’a jamais ouvert un historien, ni un auteur de mémoires. […] Non seulement ils ne sentent pas la réalité, mais ils révèlent l’horreur qu’a leur auteur à l’égard de la vérité. […] Et le tic est un geste énorme, parce que l’auteur a une imagination grossissante en même temps qu’elle est pauvre et peu nourrie ; mais ce n’est qu’un tic.

628. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Saint-Marc Girardin : on voit que l’œuvre et l’auteur tiennent par tous les liens à la famille de l’Université comme à la famille du Journal des débats : ils en portent le cachet, et ils font honneur à l’une et à l’autre. Pour nous, qui n’avons pas l’avantage d’appartenir à cette double famille, mais qui savons en apprécier bien des qualités et des mérites, nous demandons à dire quelques mots de l’intéressant ouvrage que nous annonçons, à le louer comme il convient, et en même temps à soumettre à l’auteur quelques critiques ou observations, soit sur des points particuliers, soit sur l’ensemble. Enfin, quoique n’ayant pas grade pour siéger en Sorbonne ni pour être juge dans le tournoi, nous ferons à notre manière notre argumentation, et nous pousserons une ou deux pointes, dont l’auteur en définitive, tout à la riposte et armé d’esprit comme il esth, n’aura pas à s’effrayer ni à se plaindre. […] Classique à tant d’égards et si au courant de l’art des anciens, l’auteur n’a pas assez profité de l'avantage inappréciable d’avoir un sujet limité. Cela dit sur la composition, et en entrant dans le détail, on n’a qu’à louer et à approuver ; c’est à peine si ceux qui ont déjà étudié quelque point de la question trouveraient à ajouter de temps en temps une remarque ou un fait à tous ceux que l’auteur assemble et combine.

629. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Qui de l’un ou de l’autre est auteur des fameux couplets ? […] Les tribunaux se mirent en devoir de sévir, & recherchèrent l’auteur des Couplets. […] Il prétend y révéler les auteurs d’un affreux mystère d’iniquité. […] L’auteur du Siècle de Louis XIV pense que Boindin ne les a chargés tous trois que par esprit de vengeance & de haine personnelle. […] Il se peut cependant qu’il ne soit pas l’auteur des derniers couplets, qu’il saille même les attribuer à Saurin.

630. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

M. de Montalembert22 [Le Pays, 14 août 1860] I M. le comte de Montalembert a publié les deux premiers volumes d’un livre qu’on n’attendait pas, à la place d’un livre qu’on n’attendait plus, Les Moines d’Occident se sont dégagés, peu à peu, de la pensée de leur auteur. […] L’auteur a manqué à la promesse de sa jeunesse et au rêve de sa vie. […] Nous aimerions mieux lire chez eux qu’ici les auteurs que M. de Montalembert cite, parce que chez eux ils sont complets et qu’ici ils ne le sont pas. […] Si la vue de l’auteur des Moines d’Occident s’élève ou si son style s’avise de briller, c’est qu’un autre que lui regarde par son œil et écrit par sa main ! […] Enfin si le récit de l’auteur des Moines d’Occident roule, comme une perle, quelque légende, prise à cette fontaine de larmes qui filtre l’image d’un ciel renversé entre toutes les ruines de l’Histoire, la légende a été trouvée déjà par quelque pécheur aux légendes et aux perles, comme M. de la Villemarqué.

631. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Jeune, vingt-trois ans à peine, l’âge à peu près de lord Byron quand il publia ses Heures de loisir, l’auteur du livre que voici nous le jette à la tête comme un défi, avec des airs qu’assurément lord Byron n’avait pas quand il débuta. […] Victor Hugo, comme l’auteur du présent poème, et comme d’ailleurs tous les béats et les béants de la Libre Pensée, qui croient aux perdrix tombant toutes rôties dans le bec humain, croit, par conséquent, à la déification progressive et nécessaire de l’homme. […] C’est ainsi que pourrait l’être, et que l’a été à plusieurs places de son poème, l’auteur du Poème humain,  qui nous invente une mythologie de l’avenir tout aussi fausse que les mythologies du passé, mais moins facile à trouver, car, ainsi que l’auteur des Métamorphoses, il ne l’avait pas sous la main et il l’a cherchée dans sa tête. Ovide n’avait qu’à orner de son génie les traditions fabuleuses et les légendes du monde païen, qui, après le plus éblouissant épanouissement, allait s’évanouir, tandis que l’auteur du Poème humain — qui ne relève que d’une philosophie abstraite — n’a que le rêve de cette irréalisable philosophie ! […] C’est l’enthousiasme, le Dieu en nous, comme traduisait madame Staël ; c’est l’enthousiasme, cet élargisseur des poitrines et des cœurs, qui donne aux poètes cette longue haleine et cette force d’enlever leurs vers comme sur des ailes, en plein ciel, en plein air, en pleine étendue, et, quoiqu’il se perde ici dans la chimère, l’auteur du Poème humain en a le foyer.

632. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Il y a quelque temps, le hasard, qui n’est pas toujours un imbécile, jeta dans nos mains un recueil de vers dont on a parlé bien sobrement, — l’auteur n’était pas de Paris, — et c’est ce recueil, très-inconnu en raison du peu qu’en ont dit les hospitaliers généreux de cette ville charmante, c’est ce recueil d’un luxe typographique qui est une poésie à lui seul que nous voulons signaler à l’attention de ceux-là qui aiment la poésie, et on ne peut l’aimer maintenant qu’avec désespoir. […] C’est un artiste qui voit l’œuvre avant tout, ne pensant qu’après à la gloire, et c’est déjà une fière distinction à une époque où l’on donnerait toutes les beautés du génie pour quelque argent et quelque bruit… C’est déjà assez humouristique, cela, de la part de l’auteur des sonnets qui portent ce nom ! […] Aujourd’hui l’auteur de ces Sonnets humouristiques, M.  […] Charles Asselineau, auteur d’une spirituelle monographie du Sonnet en France, quand il dit : « Le Sonnet est un symptôme en histoire littéraire. […] L’auteur des Sonnets humouristiques serait à coup sûr un puissant poète, s’il plaçait son imagination et ses qualités dans des milieux plus faits pour elles.

633. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

L’auteur, qui a sa fierté après tout, a beau se mettre de la famille de Noé vis-à-vis des animaux de l’arche, purs ou impurs, il est englobé, à tout instant, par eux. […] … Or, par cela même qu’elle a la passion du devoir… abstrait, sans doute, l’auteur, qui sait rire comme tout Ægipan, nous fait de Clémentine une caricature ! […] L’amour même, comme les auteurs semblent l’admettre un instant, l’amour virginal de Rosette pour le jeune Paul ne la purifie point, ne l’arrache point à l’abominable concubinage dans lequel elle vit avec son beau-frère. […] C’est là-dessus que les auteurs du livre se sont retirés. […] Qu’importe, du reste, aux auteurs ?

634. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

C’est à propos d’une lettre où Mme Taine proteste contre la publication faite par le Figaro de douze sonnets signés de Taine et qui, selon le vœu de leur auteur, devaient rester à jamais inédits. […] Taine, qui pour Sainte-Beuve professait une admiration à peu près complète, ne souscrirait-il pas au jugement de cet écrivain : « Tant qu’on ne s’est pas adressé sur un auteur un certain nombre de questions et qu’on n’y a pas répondu, on n’est pas sûr de le tenir tout entier. — Que pensait-il en religion ? […] parce que, Sainte-Beuve l’a vu, aucune de ces questions n’est indifférente pour juger l’auteur d’un livre et le livre lui-même. Et les auteurs, cela est fort juste, veulent qu’on les comprenne, eux et leurs livres.‌

635. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

et, en donnant la bride à leur sensibilité, que font-ils, comme l’auteur des Confessions, que se confesser eux-mêmes. […] Même la nationalité de l’auteur, à défaut de son individualité, ne se trahit pas dans son œuvre. […] La prévention fut la plus forte ; le nom de l’auteur fit valoir le poème ; et douze ou quinze ans s’écoulèrent avant que le poème à son tour discréditât le nom de l’auteur. […] » nous demande l’auteur des Dialogues, en mettant sous nos yeux un passage quelconque de Pindare ou d’Homère. […] Représentez-vous, de nos jours, quel serait l’embarras, l’embarras des Anglais ou généralement des étrangers, si, dans nos histoires de la littérature, nous mettions constamment l’auteur du Glorieux ou celui du Légataire au-dessus de l’auteur de Tartufe !

636. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

L’auteur du Roi d’Yvetot n’est pas tombé dans le domaine public, il y est né, il y a vécu, il y triomphe. […] Victor Hugo a conquis la gloire qui s’est offerte à l’auteur des Méditations. […] L’admirable auteur de l’Aveugle n’appartient à son temps ni par l’inspiration ni par la facture et la qualité du vers. […] La Dryade, quoi qu’en dise l’auteur, ne rappelle en aucune façon Théocrite. […] Cependant, l’auteur des Iambes n’a jamais témoigné, que je sache, de convictions politiques accusées.

637. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Ce doit être, en ce cas, un puissant génie que l’auteur des lignes suivantes. […] C’est ce qui résulte du « Traité du Verbe » dont l’auteur est M.  […] Quant au Geste ingénu, ingénument, je confesse ne découvrir que l’ingénuité de l’auteur. […] Il fait une noce effroyable, l’auteur de Sagesse. […] J’avais l’air, dans ce compte rendu, d’un auteur piqué et furieux, qui piétinait rageusement ses ennemis.

638. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 437-438

Palaprat n’avoit que de l’esprit : l’Auteur du Grondeur avoit du génie. L’Abbé Brueys ne se soucioit point de paroître Auteur des Comédies qu’il avoit faites, & refusoit de les retoucher, quand on y exigeoit des changemens ; son Ami alors y mettoit quelquefois des Préfaces ou des Prologues, & l’on a conclu de là mal-à-propos, qu’il avoit part au fond de l’Ouvrage. […] Le Ballet extravagant, ainsi que le Secret révélé, deux autres petites Comédies en un Acte chacune, n’ont pour elles que le mérite de la vivacité du style, & le naturel du Dialogue, caractere principal de l’Auteur.

639. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Malgré cela il s’impatienta bien vite du métier, et, de dépit, comme un enfant mutin, il déchira son auteur. […] De plus et toute jalousie à part, un auteur renommé, en devenant critique, embrasse rarement tout le domaine de l’art. […] La critique c’est la main du public étendue vers les jeunes auteurs. […] — accueille le jeune auteur, écoute le premier acte, demande les suivants et promet une lecture. […] L’auteur de Profils et grimaces s’efforce de prouver que M. 

640. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Après avoir si fort appuyé sur la pointe de leur burin, les auteurs se relâchent et ne vont pas plus avant. […] À part les quelques faux plis que lui a fait faire la prétention des auteurs, Renée Mauperin n’est pas plus une bourgeoise du xixe  siècle qu’autre chose. […] Mais c’est, nous dit l’auteur, « une tentative dans la réalité poétique ». […] il faut tristement conclure, malgré la sympathie qu’on a pour M. de Goncourt, que Les Frères Zemganno sont un mauvais livre, échappé au talent de l’auteur. […] C’est moi — écrit-il dans la préface de son roman — qui suis l’auteur de cette expression si blaguée (sic) de document humain !

641. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Alors les romans de Delatouche tombaient à plat et la rancune envahissait l’âme de l’auteur. […] Si, par hasard, nous jugeons qu’il lui arrive de contrarier le secret de l’auteur, qu’importe ! […] Il me semble que l’auteur lui-même refuse de soutenir toute la rigueur de ses arguments. […] Personne n’aide l’auteur pendant les répétitions. […] Comment l’auteur français a-t-il traité cette même scène ?

642. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Je me suis donc borné à parler de maint auteur ancien et moderne à tort et à travers, sans m’attaquer aux critiques mêmes de ma plus étroite connaissance. […] — les meilleurs auteurs latins et français dans leurs éditions les plus estimées, dans leurs conditions les plus parfaites et les plus irrépréhensibles ; pas trop de curiosité, pas de ces goûts d’exception qu’on voit présider au choix singulier de quelques cabinets rares ; une bibliothèque à la fois de luxe et de bon sens, et faite pour être lue. […] Ne lui demandez pas de retourner les idées reçues sur un personnage et sur un auteur, ou de dire des choses connues d’un air de paradoxe et de gentillesse. […] Je pourrais, en feuilletant ces volumes, continuer mon énumération, ma liste d’auteurs, que je ne veux cependant pas épuiser. […] qui ralentit à tout instant son débit pour avertir d’admirer, et qui s’applaudit du geste comme s’il était l’auteur.

643. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il va sans dire qu’en parlant avec éloge de ces portraits, de la science comparée qu’y déploie l’auteur, du talent d’analyse et de discussion qu’il y porte, de la netteté, du nerf, de l’incisive, je ne prends point à ma charge la responsabilité de ses conclusions sur les individus. […] L’auteur y est entré tout d’abord et sans peine en traitant de Joseph de Maistre, avec qui l’on n’a pas tant de ménagements à garder puisqu’il n’en a eu pour personne. […] D’un côté, on s’étonne qu’un si grand et, à certains égards, un si puissant esprit ait pu se faire autant d’illusion sur la valeur de ses idées ; on rougit pour l’auteur de la faiblesse, nous dirions presque de la puérilité de son argumentation. […] L’auteur s’y est montré dénué du sens pratique, violent, déclamateur. […] Malheureusement, cette tendance se développa à mesure que l’auteur entra plus avant dans la carrière politique ; son rôle d’opposition, le vague de ses principes, ses emportements le poussaient à la phrase.

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